Sexualité humaine (Paradigme)

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Ce chapitre présente une courte analyse sociohistorique et épistémologique, ainsi qu'une comparaison point à point entre l'ancien et le nouveau modèle de la "sexualité" humaine.

Le modèle classique de la "sexualité", basé sur la reproduction, l' "instinct" sexuel et l'hétérosexualité, serait progressivement remplacé par un nouveau paradigme, "érotique", basé sur le plaisir, l'apprentissage et la potentialité pansexuelle des pratiques érotiques.


Introduction

Les conclusions de l'étude psychobiologique relative à ce qui est communément appelé la "sexualité" humaine semblent mettre en évidence un nouveau paradigme, celui du comportement "érotique".

Ce nouveau paradigme "érotique" peut être comparé point par point à l'ancien paradigme du comportement "sexuel", celui qui a dominé la pensée occidentale depuis plusieurs siècles, afin de bien mettre en évidence les caractéristiques clés qui opposent ces deux modèles du comportement dit "sexuel".

Remarques

La principale conclusion de ce travail de recherche est la dissociation de l'ancienne notion globale de "sexualité" en trois aspects psychobiologiques distincts : le comportement érotique, la reproduction (maturation physiologique et comportement coïtal) et les représentations sexuelles.

La comparaison ci-dessous porte uniquement sur l'aspect majeur et comportemental de ce qui est appelé "sexualité", c'est-à-dire la stimulation des corps destinée à provoquer des plaisirs intenses.


La comparaison complète entre tous les aspects de la "sexualité" (ancien modèle du comportement "sexuel", comportement érotique, comportement coïtal, maturation physiologique des organes génitaux, représentations "sexuelles") sera disponible prochainement.

La comparaison met en évidence les réponses différentes et parfois opposées qui sont données par l'ancien et le nouveau modèle à la question : quels sont les facteurs biologiques qui provoquent le comportement de recherche des plaisirs physiques intenses d'émoi érotique et de jouissance.


Ancien paradigme "sexuel" vs Nouveau paradigme "érotique"

Sex-e-sexualite ancien et nouveau paradigme.gif

Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Les deux paradigmes relatifs au comportement dit "sexuel" sont comparés par rapport à plusieurs points clés :

– La finalité téléologique : quelle est, si elle existe, la finalité suprahumaine et ultime du comportement dit "sexuel" ?

– La finalité pragmatique : quelle est, si elle existe, la finalité pragmatique et immédiate du comportement dit "sexuel" ?

– Les processus psychobiologiques : quels sont les processus psychobiologiques clés, les processus "initiateurs" qui sont à l'origine du développement du comportement dit "sexuel" ?

– La motivation psychique : quels sont les phénomènes psychiques clés qui motivent le comportement dit "sexuel" ?

– Les modalités préalables de réalisation : quelles sont les caractéristiques fondamentales, minimales et essentielles, préalables à l'accomplissement du comportement dit "sexuel" ?

– Le comportement crucial : quelles sont le ou les comportements clés, minimaux et essentiels, nécessaires à l'accomplissement du comportement dit "sexuel" ?

– Les signaux déclencheurs : quelles sont les signaux fondamentaux, minimaux et essentiels, nécessaires au déclenchement du comportement dit "sexuel" ?

– Les neuromédiateurs : quels sont les principaux neuromédiateurs impliqués dans le fonctionnement des processus neurobiologiques sous-tendant le comportement dit "sexuel" ?

– Le développement : quelles sont les caractéristiques clés du développement du comportement dit "sexuel" ?

– La variabilité du comportement : quelle est la marge de variabilité "normale" du comportement dit "sexuel" ?

– La pathologie : quels sont les critères qui permettent de définir un état pathologique du comportement dit "sexuel" ?

Finalité téléologique / pragmatique

Partie a & b Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, le comportement sexuel a comme finalité téléologique la reproduction de l'espèce.

Dans le nouveau paradigme, le comportement érotique n'a pas de finalité téléologique. La seule finalité, pragmatique et immédiate, est la recherche et l'obtention de plaisir intense, principalement physique (émoi érotique et jouissance).

Processus psychobiologiques

Partie c Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, le comportement sexuel est supposé dépendre d'un "instinct", c'est-à-dire d'un ensemble de séquences comportementales préexistantes à toutes expériences ou à tout apprentissage.

Dans le nouveau paradigme, la genèse et la dynamique du comportement érotique dépendent principalement des processus émotionnels liés au plaisir somatique, à savoir l'émoi érotique et l'orgasme.

Motivation psychique

Partie d Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, la motivation psychique du comportement sexuel est supposée dépendre d'une "pulsion" sexuelle innée, préexistante à toutes expériences ou à tout apprentissage.

Dans le nouveau paradigme, la motivation psychique du comportement érotique est la recherche de sensations de plaisirs intenses, acquises au cours des expériences érotiques singulières du sujet.

Modalités préalables de réalisation

Partie e Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, pour que le comportement sexuel puisse être réalisé, il faut au préalable un homme et une femme sexuellement matures. (La maturité sexuelle correspond à la capacité physiologique de reproduction - principalement après la puberté et, secondairement, avant la ménopause / andropause.)

Dans le nouveau paradigme, pour que le comportement érotique puisse être réalisé, il faut au préalable une ou plusieurs personne(s) érotiquement mature(s). (La maturité érotique correspond à la capacité de provoquer intentionnellement et de ressentir des sensations de plaisirs intenses, sous-tendues par les processus d'émoi érotique et d'orgasme.)

Comportement crucial

Partie f Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, la séquence comportementale fondamentale du comportement sexuel est le coït vaginal avec éjaculation, nécessaire à la reproduction. (Il est supposé que tous les processus physiologiques et neurologiques sont harmonieusement organisés afin d'assurer la réalisation de cet acte, ainsi que la fécondation subséquente.)

Dans le nouveau paradigme, la séquence comportementale fondamentale du comportement érotique est la stimulation du corps (stimulations somatosensorielles hédoniques) provoquant du plaisir intense (émoi érotique ou jouissance).

Signaux déclencheurs

Partie g Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, les signaux déclencheurs fondamentaux qui provoquent la réalisation du comportement sexuel sont des signaux innés et très spécifiques : phéromones sexuelles, fesses, seins, et organes reproducteurs externes.

Dans le nouveau paradigme, les signaux déclencheurs fondamentaux qui provoquent la réalisation du comportement érotique sont des signaux acquis et très divers. (Ces signaux sont acquis au cours des activités érotiques singulières du sujet, en raison des processus d'association, de conditionnement, et de tous les processus qui participent aux apprentissages - il est à noter que ces processus ne sont pas des processus spécifiques au comportement érotique.)

Orientation sexuelle

Partie h Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, l'orientation sexuelle "normale" du comportement sexuel est l'hétérosexualité, innée, nécessaire à la reproduction. (L'homosexualité a un statut à part, mais n'est plus actuellement considérée comme une maladie.)

Dans le nouveau paradigme, l'orientation sexuelle du comportement érotique se définit plutôt par le concept de "préférences sexuelles". Les "préférences sexuelles" seraient acquises au cours des expériences érotiques, et correspondraient à des sensation sensorielles devenues préférentielles (sensations visuelles, tactiles, somesthésiques, olfactives et affects hédoniques, provoqués par des caractéristiques principalement morphologiques ou comportementales des partenaires érotiques). L'apprentissage des "préférences sexuelles" dépendrait d'un traitement particulier de l'information (association, renforcement, conditionnement, catégorisation, signification) ayant lieu au cours des activités érotiques singulières et propres à chaque sujet. (Les "préférences sexuelles" n'ont qu'un rapport indirect avec le genre (masculin ou féminin) ou toutes autres caractéristiques "abstraites" des partenaires érotiques. Les concepts d'hétérosexualité, d'homosexualité ou de bisexualité deviennent caducs car ils ne peuvent décrire précisément les "préférences sexuelles".)

Neuromédiateurs

Partie i Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, les neuromédiateurs les plus fondamentaux du comportement sexuel sont les androgènes et les œstrogènes.

Dans le nouveau paradigme, les neuromédiateurs putatifs les plus fondamentaux du comportement érotique seraient les endomorphines (sous réserve de confirmation expérimentale ultérieure).

Développement

Partie j Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, le développement "normal" du comportement sexuel comporte une chronologie d'étapes successives de maturation (principalement l'action des hormones sexuelles, la puberté, et la maturation psychique) qui s'étendent sur une période relativement longue (plus d'une quinzaine d'années). Chacun de ces stades est spécifique à la sexualité et la maturation sexuelle est principalement cognitive (identité et orientation sexuelles, résolution de complexes psychiques, ...). Quant au développement normal des activités sexuelles, en l'absence de problèmes durant les différentes étapes de maturation (physiologiques et surtout psychiques), il est plutôt stéréotypé et doit tendre vers l'hétérosexualité et le coït vaginal reproducteur.

Dans le nouveau paradigme, le développement "normal" du comportement érotique ne comporte que quelques étapes spécifiquement érotiques (maturation des processus liés au plaisir) d'une durée relativement brève (moins de cinq ans). La plupart des processus nécessaires au développement du comportement érotique ne sont pas spécifiques au plaisir et la maturation érotique est principalement émotionnelle. Quant au développement normal des activités érotiques, il est très varié, non linéaire, peut être très précoce ou tardif, voire quasi inexistant, et ne peut être décrit exactement car particulier à chaque individu.

Variabilité du comportement

Partie k Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, la variabilité du comportement sexuel est faible et se limite, hormis les préliminaires, à quelques variations autour du coït vaginal.

Dans le nouveau paradigme, la variabilité du comportement érotique est très importante, en raison de la possibilité d'obtenir du plaisir physique par des moyens extrêmement variés.

Pathologie

Partie l Figure 10 Sexualité : ancien et nouveau paradigme réduit

Dans l'ancien paradigme, les critères de la pathologie du comportement sexuel se définissent par rapport à des écarts à la fonction de reproduction. (On observe en règle générale que tout comportement qui n'est pas destiné à provoquer le coït vaginal a été susceptible, dans l'histoire, d'être considéré comme pathologique : masturbation, homosexualité, activités oro-génitales, ...)

Dans le nouveau paradigme, les critères de la pathologie du comportement érotique se définissent par rapport à la fonction hédonique (ou plus précisément par rapport aux processus liés au plaisir somatosensoriel intense : émoi érotique et orgasme).

Il existerait une pathologie dans les cas suivants :


– Anhédonie : incapacité à ressentir du plaisir (quel que soit la situation et quels que soient les partenaires).


– Érotomanie : état obsessionnel caractérisé par des préoccupations quasi exclusives et incoercibles de fantasmes érotiques (l'obsession érotique est telle que le sujet n'est plus en état de faire face aux diverses nécessités de son existence).

Cohérence interne des deux paradigmes

Le concept de paradigme

Dans cette étude, le concept de "paradigme" fait référence à un ensemble organisé d'éléments théoriques et expérimentaux (théories, modèles, hypothèses, données, ...) qui ont une grande cohérence interne et qui permettent d'expliciter, de manière logique et rationnelle, la majorité des faits observés dans un domaine particulier.

Paradigme du comportement "sexuel"

L'ancien paradigme du comportement "sexuel" est constitué de toutes les anciennes hypothèses relatives à la sexualité, mais qui sont compatibles et cohérentes entre-elles.

Les thèmes centraux et organisateurs de l'ancien paradigme sexuel sont la téléologie et la reproduction. Il est supposé exister quelque chose de l'ordre d'une "organisation supérieure", qui régit le monde du vivant. Le comportement sexuel est "prévu" afin d'assurer la reproduction et la perpétuation de l'espèce.

Dans ce cadre général, il est tout à fait logique et cohérent qu'il existe des structures neurales, des hormones, des neuromédiateurs et des phéromones spécifiques, ainsi qu'un "instinct" sexuel, tous innés et ne nécessitant quasiment aucune expérience ou apprentissage préalable, et spécifiquement prévus pour assurer la réalisation de l'accouplement fécondant nécessaire à la reproduction.

Par rapport à la déviance ou à la pathologie, il est tout à fait logique et cohérent de considérer comme anormal ou pathologique tout comportement de type "sexuel" qui s'écarte du coït vaginal entre une femme et un homme sexuellement mature.

Par contre, les hypothèses qui supposent la normalité de la masturbation ou de l'homosexualité ne peuvent être intégrées dans ce paradigme, dans la mesure où ces pratiques ne sont pas liées à la reproduction, thème central et organisateur du paradigme du comportement "sexuel". Ces hypothèses sont des hypothèses ad hoc, élaborées en dehors de tout cadre plus général, uniquement pour donner une explication de type scientifique à des faits psychologiques ou sociologiques actuellement considérés comme "normaux".

Paradigme du comportement "érotique"

Le nouveau paradigme du comportement "érotique" est constitué de toutes les nouvelles hypothèses relatives à la recherche du plaisir corporel, qui sont compatibles et cohérentes entre-elles.

Les thèmes centraux et organisateurs du nouveau paradigme érotique sont le plaisir et les capacités d'apprentissage (principalement), le "hasard contraint" et les processus de traitement de l'information (secondairement). Il est supposé que le hasard (ou plutôt le "hasard contraint") est une des clés de l'évolution, et qu'il n'existe aucune "organisation supérieure". Le comportement érotique n'a pas de finalité téléologique, et la reproduction est une conséquence - heureuse - de la recherche du plaisir physique. Le comportement érotique se développe par apprentissage et conditionnement, en fonction du plaisir.

Dans ce cadre général, il est tout à fait logique et cohérent que le comportement érotique soit appris au hasard des expériences de sensations de plaisirs intenses, qu'il puisse être très différent d'une personne à l'autre, et qu'il n'existe quasiment aucune structure neurale spécifique à ce qui est culturellement défini comme "sexualité".

Par rapport à la déviance ou à la pathologie, il est tout à fait logique et cohérent de considérer comme anormal ou pathologique tout comportement de type "érotique" où existerait une anomalie de la fonction hédonique.

Remarques

À noter de manière toute spéculative que ce cadre théorique implique que s'il n'existait pas de processus neurobiologiques liés au plaisir physique, l'être humain n'aurait vraisemblablement aucune activité érotique, ne se reproduirait pas, et l'espèce humaine se serait éteinte depuis longtemps.


Limitations de l'ancien paradigme "sexuel"

L'élaboration d'un nouveau paradigme relatif à la sexualité était nécessaire en raison des insuffisances de l'ancien paradigme à rendre compte tant de toutes les données scientifiques que de toute la diversité des pratiques liées à la sexualité.

– Comment expliquer la diversité de la sexualité humaine, observée lors des études ethnologiques (avec ou sans préliminaires, en groupe, entre personnes de même sexe, d'âge différent, avec des animaux, ...) ?

– Comment expliquer l'existence de comportements n'ayant aucun lien avec la reproduction, tels le baiser, les activités oro-génitales, anales ou la masturbation ?

– Comment expliquer au niveau génétique le codage cognitif des signaux innés et spécifiquement sexuels, tels que la reconnaissance lors du traitement visuel des fesses ou des seins ?

– Comment expliquer au niveau neurobiologique, de manière précise et détaillée, des concepts psychologiques tels que la pulsion, l'instinct ou la libido ?

Par rapport à la pathologie, l'ancien paradigme n'a jamais pu être une référence fiable pour évaluer le degré de normalité ou de déviance des activités sexuelles.

Dans l'histoire contemporaine, en cohérence avec le paradigme sexuel, les comportements non reproducteurs suivants ont été considérés comme pathologique ou à la limite de la pathologie :

– L'homosexualité (sexualité entre personnes de même sexe).

– Les activités non reproductrices : activités oro-génitales (fellation, cunnilingus, ...), les activités anales (coït anal, anulingus, ...) et l'autosexualité (masturbation).

– L'hétérosexualité entre personnes ne pouvant procréer : principalement entre jeunes non pubères ou entre un sujet pubère et un sujet non pubère, et, secondairement, entre adultes après la ménopause ou l'andropause.

– La zoophilie ou bestialité (sexualité avec une autre espèce animale).

Néanmoins ces comportements non reproducteurs, d'une part, n'ont été considérés comme pathologiques qu'à certaines époques et par contre ont été considérés comme normaux à d'autres périodes, et, d'autre part, ces changements d'évaluation n'ont jamais été basés sur des données neurobiologiques rigoureuses.

De plus, il existe des exceptions au critère de la reproduction. Par exemple :

– Le baiser, pourtant non reproducteur, qui n'a jamais été considéré comme pathologique.

– L' "excès" de sexualité : satyriasis et nymphomanie, qui, bien que reproducteurs, ont été considérés comme pathologiques.

– L'hétérosexualité reproductrice entre personnes de races différentes a été considérée comme pathologique (à une époque où l'existence des races humaines était admise).

Il semble que l'attribution du statut de maladie relevait plus de croyances culturelles que de rigueur et de connaissances scientifiques.

En conclusion, l'ancien paradigme sexuel, bien que rationnel, cohérent et fondé sur certaines données objectives ne correspondrait qu'approximativement à la réalité de la sexualité humaine.

Ces limitations de l'ancien paradigme, ainsi que des facteurs sociologiques et psychologiques (affectivité et subjectivité), rendraient compte des nombreux changements, au cours de l'histoire, du statut des activités sexuelles.


Émergence progressive du nouveau paradigme "érotique"

L'ancien paradigme du comportement sexuel n'a jamais pu expliquer toute la diversité de la sexualité humaine. De surcroît, il était nécessaire d'adjoindre de nombreuses hypothèses ad hoc pour justifier la normalité de certains comportements non reproducteurs, tels la masturbation ou l'homosexualité.

Suivant les époques, suivant les croyances et suivant les problèmes rencontrés, tel ou tel aspect de la sexualité humaine était considéré comme normal, bizarre, déviant, illégal ou pathologique.

Depuis les années 1960 / 1970, en raison entre autres du phénomène sociologique de la "libéralisation sexuelle", on observe dans les sociétés occidentales une évolution des théories sexologiques de l'ancien paradigme sexuel vers le nouveau paradigme érotique.

Dans les dernières décennies du XXe siècle, malgré l'incompatibilité avec le paradigme sexuel classique, la sexualité infantile, la masturbation, l'homosexualité, les activités oro-génitales et anales sont devenues des activités sexuelles "normales".


Il convient de noter que cette "normalité" semble bien plus une "normalité" de type sociologique que scientifique, dans la mesure où il n'existait à l'époque aucun modèle biologique ou psychologique capable d'expliciter la "normalité" psychobiologique de ces activités.


On observe que depuis deux siècles, la seule constante en sexologie est le changement, et sans qu'il n'existe de données réellement objectives. Il semble que le regard porté sur la sexualité dépende plutôt de facteurs psychologiques ou sociologiques que d'études scientifiques objectives. La problématique d'objectivation demeure entière : comment éviter que les jugements "médicaux" ou "scientifiques" à propos de la sexualité ne reflètent essentiellement que les normes morales d'une époque ou les croyances subjectives des chercheurs ou des sexologues ?

Il semble que sous l'influence des facteurs sociologiques de "libéralisation" de la sexualité, les personnes ont pu "choisir" une sexualité qui correspondait le plus à leur vrai nature et à la véritable nature de la sexualité humaine.

Il semble également que les représentations scientifiques et médicales aient évolué en rapport avec ces phénomènes sociologiques, de telle sorte qu'il se serait produit une "rationalisation" scientifique et médicale des représentations sociologiques.

Par ailleurs, les progrès des neurosciences ainsi que la prise de conscience de la nécessité de la transdisciplinarité en recherche, ont permis l'élaboration de nouveaux modèles de la sexualité humaine.

S'inscrivant dans cette évolution, le paradigme du comportement érotique, basé sur la synthèse des dernières données scientifiques, est un nouveau modèle qui pourrait permettre de rendre compte, de manière globale, logique et cohérente, de toute la diversité de ce qui est communément appelé la "sexualité" humaine.

Remarques

Si les hypothèses concernant le comportement "érotique" s'avèrent exactes, elles devraient entraîner des modifications notables dans les comportements, les attitudes et les représentations liées au domaine de la sexualité.