Modèle psychobiologique: sexualité

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L'objectif d'un modèle psychobiologique de la sexualité vise a expliciter l'élaboration et le développement des représentations et des comportements relatifs à la notion de "sexualité". Ce modèle de la "sexualité" humaine est basé sur les processus neurobiologiques qui sont à l'origine des comportements dits "sexuels". il tient compte des connaissances les plus récentes en neurosciences.


Comportement érotique

Introduction

Il est proposé d'appeler "comportement érotique" le comportement de recherche conscient et volontaire de plaisirs intenses, principalement d'émoi érotique et de jouissance (orgasme). Ces sensations seraient initialement et principalement provoquées par la stimulation physique du corps.

Le comportement érotique serait la composante somatosensorielle d'un comportement plus général de recherche du plaisir, le comportement hédonique.

L'objectif de ce chapitre est l'étude globale et complète du comportement érotique chez l'Homme. Les différents facteurs clés, psychobiologiques et culturels, qui permettent de comprendre la genèse et la dynamique de l'activité érotique sont étudiés à partir des dernières connaissances en neurosciences.

Questions ouvertes

Les principales questions relatives au comportement érotique seraient :

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Figure 1 Comportement érotique : présentation synoptique réduit

· Dès la fécondation, quels sont les processus et les contraintes neurobiologiques qui interviennent dans le développement du comportement érotique ? ( cf. Partie 1 de la Figure 1 )

· Peut-on définir et caractériser des états de maladie et des états de développement dysfonctionnel du comportement érotique ? ( cf. Partie 2 de la Figure 1 )

· Peut-on, dans un premier temps, définir et caractériser un développement neurobiologiquement "normal" du comportement érotique ? ( cf. Partie 3 de la Figure 1 )

· Quels sont les différents facteurs psychobiologiques et culturels qui sous-tendent le développement et la dynamique du comportement érotique ? ( cf. Partie 4 de la Figure 1 )

· Peut-on définir et caractériser, si elles existent, toutes les possibilités alternatives mais "biologiquement normales" du développement du comportement érotique ? ( cf. Partie 5 de la Figure 1 )

· Par rapport à toutes les possibilités de développement du comportement érotique, peut-on définir des normes éthiques qui permettraient de proscrire et/ou de favoriser dans l'action éducative et sociale certaines formes de ce comportement ? ( cf. Partie 6 de la Figure 1 )

Remarques

Le terme "comportement érotique" utilisé dans cet ouvrage n'est pas équivalent à l'expression courante de "comportement sexuel". Le terme "comportement érotique" correspond à toutes les stimulations, généralement du corps, qui produisent un plaisir intense d' "émoi érotique" ou de "jouissance".


Observations : attitudes et comportements types

Quelles sont toutes les variations d'expression du comportement érotique, tant chez les primates que dans les différentes sociétés humaines ?

Chez l'homme, où l'on observe la plus grande diversité d'expression de ce comportement, on remarque que les caractéristiques du comportement érotique dépendent principalement du contexte culturel. L'influence des diverses cultures sociales se traduit par la construction de nombreux systèmes de valeurs et de codes culturels, légaux ou philosophiques, allant du tabou, de l'interdit et l'immoralité jusqu'à la quête hédonique systématique, voire la sacralisation.

Globalement, le comportement érotique se traduit par la recherche de toutes les actions qui produisent un plaisir physique intense (émoi érotique et/ou jouissance) : recherche de la chaleur, du contact physique intime, des caresses sensuelles, la stimulation des zones dites érogènes, la masturbation, le coït, ...

À l'état adulte

Chez de nombreuses espèces de mammifères, on observe des comportements qui semblent être motivés par la recherche du "plaisir" (frottement contre les arbres des parties génitales de certains cervidés, masturbation du dauphin, ...). Néanmoins il est difficile de dire si ces comportements sont "érotiques", c'est-à-dire motivés par une sensation de type hédonique, ou bien s'ils sont provoqués par d'autres types de processus cérébraux.

Chez les primates hominoïdes, en particulier chez les chimpanzés pan paniscus (bonobos), on observe de nombreux comportements de stimulations physiques, isolément ou en groupe, et parfois avec des objets, destinés à provoquer ce qui semble être vraisemblablement du plaisir.

Chez l'espèce humaine, on observe, mais avec de très grandes variations et différences en fonction du contexte culturel, des comportements similaires à ceux des autres primates (caresses, masturbation, stimulations des zones érogènes, coït, ...) et d'autres plus élaborés (utilisation d'objets mécaniques, d'aliments, de liquides, de substances psychotropes, ...). Ces comportements sont indiscutablement "érotiques" chez l'Homme, c'est-à-dire délibérément effectués pour ressentir des sensations de plaisirs intenses.

Au cours du développement

Chez les primates juvéniles, espèce humaine y comprise, on observe des comportements de recherche du plaisir physique dès les premières années après la naissance. Ces comportements tendent rapidement à ressembler à ceux des individus adultes, au fur et à mesure du développement moteur et cognitif.

Dans l'espèce humaine, le facteur culturel ayant une importance majeure, on observe d'importantes différences dans le développement du comportement érotique suivant les groupes sociaux. Dans les sociétés où le comportement érotique est valorisé et intégré dans l'éducation (certaines tribus amérindiennes, sociétés océaniennes, ...), on observe des jeux érotiques dès l'âge de 3-4 ans et des comportements de type adulte avant la dixième année (bien avant la puberté). À l'autre extrémité du continuum, dans les sociétés où le comportement érotique est dévalorisé et/ou interdit (du moins pour les jeunes avant la puberté), on n'observe quasiment pas de comportements érotiques avant l'âge adulte.

Conclusion

On observe une très grande diversité d'expression du comportement érotique chez les primates, et tout particulièrement dans l'espèce humaine. 1 , 2 , 3 , 4

De plus on observe chez l'Homme que le développement et la diversité d'expression du comportement érotique sont étroitement dépendants du contexte culturel.

Approfondissement : Diversité d'expression du comportement "érotique" chez les mammifères. (disponible prochainement)

Remarques

La diversité d'expression du comportement érotique, tant chez l'animal que chez l'homme, semble remettre en question le modèle social et actuel du comportement dit "sexuel", celui fondé sur l'hétérosexualité, la monogamie et la finalité reproductrice.

Ouvrages complémentaires

De nombreux exemples de la diversité du comportement érotique, tant chez l'animal que chez l'Homme, sont donnés dans les ouvrages de synthèse suivants :

¨ "Patterns of sexual behavior", de Clellan S. FORD & Frank A. BEACH • Methuen & Co, London, 1965

¨ "Biological exuberance", de Bruce BAGEMIHL • St Martin Press, New York, 2000


Caractéristiques principales du comportement érotique

Les caractéristiques principales du comportement érotique seraient les suivantes :

– La "prépondérance du plaisir" : La caractéristique la plus fondamentale du comportement érotique est la recherche du plaisir intense (émoi érotique et jouissance), principalement par des stimulations physiques du corps.

– La "non innéité du comportement érotique" : le comportement érotique ne serait pas génétiquement préprogrammé, il n'existerait pas chez le nouveau-né et il ne s'exprimerait pas spontanément à la naissance, ni à l'adolescence, ni même à l'âge adulte. Il semble qu'à la naissance il n'existerait aucun désir érotique, ni aucun imaginaire ou idéation érotique, ni aucune sensation ou représentation érotique. Le comportement érotique serait entièrement acquis, et son développement ne débuterait qu'après la naissance.

– La "non spécificité des stimuli érotiques" : Chez l'Homme, il n'existerait pas de stimuli érotiques spécifiques (tels que des phéromones sexuelles). Les récepteurs somatosensoriels sont des mécanorécepteurs, et donc tous les types de stimuli mécaniques, quels qu'ils soient, sont susceptibles de provoquer du plaisir physique. Cette caractéristique clé serait une des raisons neurobiologiques de la variabilité d'expression du comportement érotique.

– La "diversité d'expression" : Les activités érotiques peuvent être extrêmement diverses, car il existe de multiples façons de se procurer du plaisir physique intense (en différentes régions du corps, par différents types de stimulations, seul, avec des objets, avec un ou plusieurs partenaires, ...).

– L' "exclusivité hominoïde" : Le comportement érotique n'existerait que chez les animaux ayant une structure cérébrale capable de produire les processus d'ÉMOI ÉROTIQUE et d'ORGASME. Vraisemblablement, ces animaux seraient uniquement les primates hominoïdes.


Facteurs organisateurs du comportement érotique : les facteurs en présence

Il semble que le comportement érotique s'acquiert dans les premières années de la vie en raison de l'interaction entre des facteurs psychobiologiques et des facteurs culturels.

Partie 4 Figure 1 Comportement érotique : présentation synoptique réduit

L'objectif de ce sous-chapitre est de présenter, un à un, tous les facteurs psychobiologiques et culturels qui ont une influence notable dans le développement et la dynamique du comportement érotique.

Le sous-chapitre suivant, "dynamique du développement", montrera comment ces facteurs interagissent entre eux. Enfin, le sous-chapitre "étapes du développement" montrera la chronologie d'intervention de ces facteurs.


Facteurs psychobiologiques

Sex-a2-comportement erotique et traitement information.gif

Les facteurs psychobiologiques qui interviendraient dans le développement du comportement érotique seraient de deux types : des processus "initiateurs" qui seraient directement à l'origine de l'émergence de ce comportement, et des processus "modulateurs" qui induiraient des variations particulières dans le développement et dans l'expression de ce comportement. Quelques autres processus, ayant une influence plus mineure, sont également présentés.

Les principaux facteurs psychobiologiques seraient :

– Des processus initiateurs :

  • "Émoi érotique"
  • "Orgasme"
  • "Renforcement"
  • "Causalité"
  • Système somatosensoriel
  • Des processus modulateurs :
  • "Association"
  • "Conditionnement"
  • "Attachement"
  • "Exploration"
  • "Imitation"
  • "Catégorisation"
  • "Signification"
  • "Épistémique"
  • "Anticipation"
  • "Planification"

– Autres phénomènes biologiques :

  • Facteurs hormonaux
  • Thermorégulation
  • Puberté
  • Coordination motrice

Figure 2 Comportement érotique & traitement de l'information réduit


Processus "initiateurs"

Ce sous-chapitre a comme objectif de présenter les facteurs psychobiologiques "initiateurs", absolument nécessaires au développement du comportement érotique. Les processus "initiateurs" seraient les processus psychobiologiques clés, la base biologique fondamentale du comportement érotique.

Partie 4a Figure 1 Comportement érotique : présentation synoptique réduit

Les processus de traitement de l'information, "initiateurs", à l'origine du développement du comportement érotique, seraient :

  • Les processus "initiateurs" principaux, liés au plaisir, en particulier au plaisir physique intense :
  • L' ÉMOI ÉROTIQUE.
  • L' ORGASME.
  • Les processus "initiateurs" secondaires :
  • Le RENFORCEMENT.
  • La CAUSALITÉ.
  • Le système somatosensoriel.

Les paragraphes suivants présentent brièvement ces processus.


Processus "initiateurs" principaux

Les processus psychobiologiques les plus directement responsables de l'émergence du comportement érotique seraient les processus d' ÉMOI ÉROTIQUE et d' ORGASME.

Ces processus "initiateurs" seraient responsables des sensations de plaisirs physiques intenses que chacun peut éprouver lorsque le corps est stimulé de façon adéquate.

Il semble que si les êtres humains ne pouvaient pas ressentir de l'émoi érotique et de la jouissance, il n'existerait aucune activité érotique et aucun comportement érotique.

Émoi érotique

L' ÉMOI ÉROTIQUE 1 serait une sensation émotionnelle de plaisir intense (plaisir dit "sexuel"), qui correspondrait à l'activation dans le cerveau de certaines régions hypothalamiques et/ou limbiques.

Cette sensation de plaisir physique intense serait un des facteurs principaux à l'origine de l'apparition du comportement érotique.

Une fois que le sujet a pris conscience que certaines stimulations du corps procurent du plaisir physique intense, il rechercherait de plus en plus à provoquer et à intensifier ces sensations. Cette caractéristique serait à l'origine de l'apprentissage graduel d'un comportement érotique de plus en plus typique, élaboré et délibéré.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Émoi érotique"

Orgasme

L' ORGASME serait un processus neurobiologique responsable de la genèse d'une sensation consciente et intense de "jouissance", point culminant et paroxystique du plaisir physique (ou plaisir dit "sexuel).

L' ORGASME, déclenché principalement par la stimulation physique du corps, correspondrait à l'activation de certaines régions limbiques du cerveau : septum, amygdale (plus prononcé à droite qu'à gauche), noyau caudé (gauche) et thalamus (ventral latéral postérieur droit et central droit) ; le cortex ne serait pas activé. 1 , 2 , 3

Cette sensation de plaisir physique intense et paroxystique serait un des facteurs principaux à l'origine de l'apparition du comportement érotique.

Une fois que le sujet a pris conscience que certaines stimulations du corps procurent un plaisir physique paroxystique, il rechercherait de plus en plus à provoquer et à intensifier cette sensation. Cette caractéristique serait à l'origine de l'apprentissage graduel d'un comportement érotique de plus en plus typique, élaboré et délibéré.

La jouissance deviendrait l'objectif principal du comportement érotique.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Orgasme"

Processus "initiateurs" secondaires

Les autres processus psychobiologiques absolument nécessaires à l'émergence du comportement érotique seraient les processus de RENFORCEMENT et de CAUSALITÉ, ainsi que les processus somatosensoriels.

Renforcement

Le RENFORCEMENT est un phénomène d'apprentissage qui se traduit dans le fait qu'un comportement devient progressivement plus vigoureux.

Dans le cerveau, le RENFORCEMENT serait sous-tendu par des structures situées le long du faisceau médian du télencéphale pour les renforcements appétitifs, et par des structures centrales mésencéphaliques et diencéphaliques pour les renforcements aversifs (substance grise centrale, hypothalamus médian, lemnisque médian, tegmentum latéral). 1 , 2

Les processus liés aux RENFORCEMENTS semblent être fondamentaux pour induire la répétition des actes de recherche de plaisir.

Le phénomène de RENFORCEMENT provoquerait la répétition de toutes les situations génératrices de plaisirs physiques. Dès qu'une personne vivrait une expérience physique hédonique, celle-ci serait renforcée, et cette personne chercherait ensuite à répéter cette expérience. Par exemple, de façon toute spéculative, si les processus de RENFORCEMENT n'existaient pas, l'être humain ne chercherait jamais à répéter une situation qui est source de plaisir. Chaque personne ressentirait de temps en temps du plaisir, au hasard de ses expériences, sans pouvoir apprendre à reproduire et à améliorer cette situation. Et le comportement érotique ne se développerait pas.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Renforcement"

Causalité

Le processus de CAUSALITÉ est défini dans cette étude comme étant le processus neurobiologique qui permet la compréhension d'un lien de cause à effet entre un agent et le résultat qu'il provoque.

Cette capacité cognitive de compréhension de l'existence d'un lien de cause à effet serait également un facteur cognitif clé dans le développement du comportement érotique.

La compréhension et la connaissance des causes qui provoquent du plaisir intense permettraient au sujet de rechercher volontairement et avec efficacité de nouvelles situations érotiques.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Causalité"

Système somatosensoriel

Le système somatosensoriel est un ensemble de systèmes sensoriels du corps, fondamentaux et prépondérants dans la dynamique fonctionnelle de l'organisme. Le système somatosensoriel produit des sensations tactiles, thermiques, proprioceptives, kinesthésiques et nociceptives, élaborées à partir d'états spécifiques des tissus de l'organisme. 1 , 2 , 3 , 4 , 5

En raison d'une organisation particulière du système nerveux, le système somatosensoriel serait le seul système sensoriel à provoquer les sensations de plaisir intense d'émoi érotique et de jouissance. Pour cette raison les processus somatosensoriels seraient des processus clés dans le développement du comportement érotique. Par exemple, de façon toute spéculative, si les processus somatosensoriels n'existaient pas, il serait sans doute impossible de déclencher les processus d'ÉMOI ÉROTIQUE et d'ORGASME, et le comportement érotique ne se développerait pas !

Présentation & Explications : voir le chapitre "Système somatosensoriel" (disponible prochainement)

Processus "modulateurs"

Les processus psychobiologiques "modulateurs", à l'origine des importantes variations du développement et de l'expression du comportement érotique, seraient principalement des processus dits "émotionnels" et "cognitifs".

Partie 4b Figure 1 Comportement érotique : présentation synoptique réduit

Ces processus n'auraient aucune spécificité érotique et interviendraient également dans le développement et l'apprentissage des autres comportements (alimentaire, émotionnels, agression, ...) et des processus cognitifs.

Parmi ces processus, on pourrait en distinguer 3 types : des processus ayant un effet modulateur direct sur le comportement érotique de l'Homme, des processus ayant un effet indirect, et des processus circonstanciels, n'ayant des effets modulateurs directs ou indirects que dans certaines conditions particulières.


Processus "modulateurs" directs

Association De nombreuses théories psychologiques considèrent la notion d' "association" comme centrale et comme susceptible de rendre compte à elle seule d'un très grand nombre de phénomènes psychiques. 1 , 2

Les processus d'ASSOCIATION correspondraient, à l'intérieur du système nerveux, à la réunion physique et/ou fonctionnelle de deux ou plusieurs structures et/ou fonctions.

Les processus d'ASSOCIATION seraient fondamentaux dans l'acquisition et la diversification de nouveaux stimuli érotiques.

Il semble que durant chaque expérience de plaisir érotique certaines caractéristiques du ou des partenaires, voire de l'environnement, seraient associés avec les sensations de plaisirs intenses. Ces caractéristiques, perçues par les systèmes sensoriels, pourraient devenir ultérieurement des stimuli à valeurs érotiques. Par exemple, lors d'un coït, le fait de regarder les fesses du partenaire provoquerait une association entre l'image visuelle et la sensation érotique. Ultérieurement, la seule vision de fesses similaires réactiverait partiellement l'état érotique : les fesses seraient devenues un stimulus érotique. De façon toute spéculative, si les processus d'ASSOCIATION n'existaient pas, il semble que seule la stimulation somatosensorielle pourrait déclencher des sensations d'émoi érotique ou d'orgasme, et il serait impossible d'être excité par des stimuli visuels, auditifs ou olfactifs.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Association"

Conditionnement

Le CONDITIONNEMENT correspond à une acquisition de comportements, rendue possible par les relations existant entre les stimulations du milieu et les réactions de l'organisme. 1 , 2

Les processus de CONDITIONNEMENT seraient responsables des modifications du comportement érotique induites par les actions et réactions de l'entourage du sujet, et tout particulièrement du jeune enfant.

Les processus de CONDITIONNEMENT rendraient compte de l'aspect idiosyncrasique du comportement érotique.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Conditionnement"

Attachement

Le processus d' ATTACHEMENT serait à l'origine de la formation d'un lien affectif entre les partenaires érotiques. 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6

Les attitudes et le comportement érotique seraient différents suivant qu'il existe ou non un attachement affectif entre les partenaires.

Ainsi, il semble qu'un attachement très intense entre des partenaires érotiques correspondrait à ce qui est culturellement appelé "amour".

Présentation & Explications : voir le chapitre "Attachement"


Imitation

L' IMITATION consiste en la reproduction du comportement d'un modèle observé. 1 , 2 , 3

La capacité cognitive d' IMITATION jouerait un rôle dans le développement du comportement érotique. L'enfant et/ou l'adolescent reproduirait par imitation les comportements érotiques qu'il aura observés, favorisant ainsi le développement de ce comportement.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Imitation"

Catégorisation

La CATÉGORISATION serait un processus cognitif induisant le regroupement dans une même classe des objets ou des personnes de même nature. 1

Le processus de CATÉGORISATION serait à l'origine de la formation de catégories abstraites de partenaires, d'activités et de valeurs qui, en fonction des croyances du sujet, peuvent modifier les activités érotiques. Par exemple, de façon toute spéculative, si le processus de CATÉGORISATION n'existait pas, l'être humain ne pourrait penser en terme d'Homme ou de Femme, d'adulte ou d'enfant, de bien ou de mal, et par exemple il ne pourrait dire qu'il existe des comportements homosexuel ou hétérosexuel, puisqu'il serait incapable de se représenter les catégories Homme/Femme !

Présentation & Explications : voir le chapitre "Catégorisation"

Signification

La SIGNIFICATION serait un processus cognitif d'attribution, à des expériences ou à des connaissances personnelles, d'un sens supplémentaire, d'une signification particulière, qui devient prépondérante dans le vécu subjectif du sujet. La SIGNIFICATION serait un facteur cognitif majeur de la dynamique psychique et comportementale.

Le processus de SIGNIFICATION serait à l'origine de la formation de significations et de valeurs abstraites qui, en fonction des croyances du sujet, peuvent modifier radicalement les activités érotiques. Par exemple, de façon toute spéculative, si le processus de signification n'existait pas, l'être humain ne pourrait donner aucun sens particulier à ses actions, et par exemple il ne pourrait dire que tel ou tel comportement érotique est bien ou mal, puisqu'il serait incapable d'élaborer un sens à ce comportement. Et donc il ne pourrait ressentir de fierté ou de culpabilité pour avoir bien ou mal agi !

Le processus de SIGNIFICATION, associé au processus de CATÉGORISATION, serait fondamental dans la modulation du comportement érotique.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Signification"

Besoin exploratoire / Curiosité

La tendance innée à l'exploration et à la curiosité 1 , 2 serait un facteur du développement du comportement érotique et un facteur de diversification des activités érotiques.

Le besoin exploratoire favoriserait la découverte des régions érogènes, l'expérimentation de nouvelles activités érotiques et la recherche de connaissances liées aux plaisirs physiques.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Exploration"

Anticipation & Planification

L' ANTICIPATION correspondrait à une action cognitive de prévision, d'imagination des situations ou des événements futurs. 1

La PLANIFICATION serait un processus cognitif d'organisation et de structuration généralement temporelle d'éléments intellectuels ou d'une suite d'événements.

Les capacités cognitives d' ANTICIPATION et de PLANIFICATION seraient des facteurs du développement d'activités érotiques élaborées.

Présentation & Explications : voir le chapitre "Anticipation"


Présentation & Explications : voir le chapitre "Planification"

Processus "modulateurs" indirects

Thermorégulation

Il serait éventuellement possible que le processus de thermorégulation intervienne, de manière indirecte, dans le développement du comportement érotique.

Le maintien de l'équilibre thermique est un besoin vital pour tous les animaux homéothermes 1 , 2 , 3 , 4. Il semblerait que toutes les situations permettant le maintien de l'homéothermie seraient renforcées et reproduites par le sujet.

Chez l'être humain, durant toute la période prénatale, le fœtus est baigné par la chaleur maternelle. Après la naissance, le contact physique lors des soins ou de la tétée, permet l'absorption de la chaleur émise par le corps de l'autre personne.

On pourrait supposer que les sensations agréables de chaleur thermique ressenties durant ces contacts physiques, en particulier le contact peau à peau, pourraient inciter le jeune enfant à renouveler ces expériences, c'est-à-dire à rechercher le contact physique et le plaisir qui en découle.

Cette recherche du plaisir liée à la chaleur, en particulier par l'intermédiaire des contacts physiques, favoriserait le développement du comportement érotique.

Hormones

Les hormones sont des molécules sécrétées dans le milieu intérieur d'un organisme et qui stimulent une réponse physiologique ou comportementale 1 , 2 , 3.

Les principales hormones impliquées dans le comportement érotique sont les endomorphines et les stéroïdes sexuels (androgènes, œstrogènes et progestérones).

Les endorphines (ou morphines endogènes) participeraient à la genèse de la sensation de plaisir physique intense qui accompagne l'activité érotique.

Les stéroïdes sexuels auraient un effet indirect sur le comportement érotique, principalement en modulant les seuils de sensibilité des organes sensoriels 1. Ils seraient également responsables de l'augmentation de l'intensité du désir érotique (ou désir dit "sexuel").

Approfondissement : Étude détaillée des effets des hormones sur le comportement érotique. (disponible prochainement)

Puberté

Contrairement aux hypothèses classiques, il semble que la puberté ne joue aucun rôle direct dans le développement du comportement érotique.

La puberté chez l'Homme est caractérisée principalement par une augmentation de la vitesse de croissance de l'organisme, ainsi que par une maturation des organes reproducteurs (production de spermatozoïdes et d'ovules, cycles menstruels). 1

Les processus principaux et spécifiques au comportement érotique (ÉMOI ÉROTIQUE, ORGASME, érection, lubrification vaginale) sont fonctionnels dès les premières années de la vie, bien avant la puberté. 1 , 2 , 3 , 4

Le seul facteur pubertaire ayant une influence sur le comportement érotique serait l'augmentation du taux d'hormones stéroïdes. À la période de la puberté, mais uniquement pour un adolescent ayant déjà vécu des sensations érotiques, il semble que la modification hormonale entraînerait une augmentation du désir érotique. (cf. ci-dessus § "b.2 - Processus indirects" : Hormones)

La puberté augmenterait le désir érotique préexistant.

Coordination motrice

Le développement de la coordination motrice 1 , 2 serait un facteur indirect important dans le développement du comportement érotique. La capacité de coordination motrice permet à l'enfant de réaliser des gestes précis, en particulier les stimulations corporelles qui sont essentielles au comportement érotique.

La maturation de la coordination motrice permettrait l'exploration du corps et ainsi la découverte, puis la stimulation des régions érogènes (comportement auto-érotique, masturbation). La maturation de la coordination motrice permettrait également l'exploration du corps des autres, et, éventuellement, la stimulation de leurs régions érogènes (comportement érotique).

Facteurs pré- et post-nataux Un certain nombre d'expériences pré- et post- natales pourraient faciliter l'émergence du comportement érotique.

Durant la période prénatale, sous toutes réserves, il semblerait que la chaleur physique et les stimulations corporelles qui existent quotidiennement durant toute la période embryonnaire et fœtale auraient un effet sur le développement et la sensibilité des processus somatosensoriels.

Durant la période néonatale, également sous toutes réserves, la transition dans un nouveau milieu au moment de la naissance, par effet de contraste thermique et sensoriel, donnerait une valence fortement positive à tous les contacts physiques concomitant aux soins parentaux.

Processus "modulateurs" circonstanciels

Ce sous-chapitre a pour objectif de présenter tous les autres processus psychobiologiques qui pourraient éventuellement avoir, en fonction de certaines circonstances, un effet sur le comportement érotique.

Facteurs émotionnels négatifs Les états émotionnels négatifs qui modifient le comportement érotique ne sont pas provoqués par l'activité érotique elle-même, mais sont généralement provoqués par un cadre particulier, tels que des croyances dysfonctionnelles ou une agression sexuelle.

Les principaux états émotionnels négatifs généralement observés lors des activités érotiques ayant lieu dans un cadre particulier peuvent être la DOULEUR, la PEUR, le DÉGOÛT, la HONTE ou la CULPABILITÉ.

  • La DOULEUR 1 , 2 , 3 , 4 peut provenir de positions ou de pratiques morphologiquement inappropriées, ou bien de contraintes et de coups en cas d'agression sexuelle. On observe en général que plus la douleur et la contrainte sont importantes, plus la probabilité est grande que le sujet en gardera des séquelles psychologiques.
  • La PEUR 1 , 2 , 3 , 4 provient en général de situations bien spécifiques : agressions sexuelles ; maladies (MST, SIDA, ...) ; opprobre, rejet social, brimades ou persécutions (entre autres, envers de nombreuses minorités sexuelles) ; etc. On observe en général que plus la peur est importante, plus la probabilité est grande que le sujet en gardera des séquelles psychologiques.
  • Le DÉGOÛT 1 , 2 peut provenir de certaines activités érotiques, principalement les activités orales et anales, tout particulièrement lorsque le contexte culturel a induit le dégoût des régions anales et génitales.
  • La HONTE et la CULPABILITÉ proviennent en général du fait que le sujet a vécu ou subi des activités érotiques culturellement dévalorisées ou interdites. On observe en général que plus la honte ou la culpabilité sont importantes, plus la probabilité est grande que le sujet en gardera des séquelles psychologiques.
  • De surcroît, on observe que plus une personne vit simultanément plusieurs émotions négatives et intenses (PEUR panique, terreur, DOULEUR intense, DÉGOÛT et HONTE), généralement durant une agression (lors d'un viol, ou en raison d'opprobre social et de persécutions physiques, ...), plus la probabilité est grande qu'elle en gardera des séquelles psychologiques.

Processus quasiment sans effets chez l'Homme

Ce sous-chapitre a pour objectif de présenter les processus neurobiologiques qui ont un effet sur les comportements érotique ou coïtal chez les autres mammifères, mais qui n'ont quasiment aucun effet notable chez l'Homme.

  • Phéromones

Les phéromones sont des molécules sécrétées par un organisme dans le milieu extérieur et qui stimulent une réponse physiologique ou comportementale chez un autre membre de la même espèce.

Les phéromones jouent un rôle crucial chez les insectes et ont un rôle important chez les mammifères inférieurs. On observe que l'importance des phéromones décroît avec la complexité de la structure cérébrale.

Chez l'Homme on observe quelques effets physiologiques limités (par exemple la synchronisation des cycles menstruels chez des femmes qui vivent ensemble - religieuses), mais aucun effet comportemental.

Des différentes expériences menées chez l'Homme, on peut conclure que les phéromones ont un rôle marginal dans le développement et l'expression du comportement érotique. 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6

Approfondissement : Étude détaillée des effets des phéromones sur le comportement érotique. (disponible prochainement)

  • Hormones : mélatonine

La mélatonine semble être l'hormone qui régule le caractère saisonnier des activités liées à la reproduction chez les mammifères inférieurs.

Cette hormone, sécrétée par l'épiphyse (ou glande pinéale), dépend du taux de luminosité capté au niveau oculaire. Il semble que ce soit la modification de la durée de luminosité qui déclenche la modification de sa sécrétion.

On observe que l'effet de cette hormone décroît avec le degré de complexité de la structure cérébrale. Chez l'Homme, on n'observe qu'une très faible variation de l'activité érotique en fonction des saisons.

On peut donc conclure que la mélatonine n'a qu'un rôle marginal dans le développement et l'expression du comportement érotique humain.

Approfondissement : Étude détaillée des effets des hormones sur le comportement érotique. (disponible prochainement)

Ouvrages complémentaires

Des résumés de ces facteurs psychobiologiques, accessibles à un large public, sont donnés dans les ouvrages de synthèse suivants :

¨ "Grand dictionnaire de la psychologie", de Henriette BLOCH, Roland CHEMAMA, Alain GALLO, Pierre LECONTE, Jean-François LE NY, Jacques POSTEL, Serge MOSCOVICI, Maurice REUCHLIN & Éliane VURPILLOT, (Ed) • Larousse 1994

Facteurs culturels

Partie 4c Figure 1 Comportement érotique : présentation synoptique réduit

Les observations ethnologiques montrent qu'il existe une grande différence dans le développement et dans l'expression du comportement érotique en fonction des influences culturelles 1. L'activité érotique peut être quasiment absente jusqu'à l'âge adulte dans certaines sociétés et présente dès l'enfance dans d'autres, elle peut être rare et codifiée ou très fréquente et diversifiée. On peut même observer que certaines pratiques très valorisées dans certaines cultures, sont inconnues et même inconcevables dans d'autres (activités en groupe, avec des animaux, ...).

Cette diversité et ces contrastes marqués suggèrent une influence majeure du facteur culturel dans l'activité érotique.

Comme il sera expliqué plus loin, il semble que le comportement érotique soit le résultat d'un apprentissage. Apparemment, il n'est ni l'expression d'un besoin, ni l'expression d'un instinct ou d'une "programmation" génétique ou hormonale. De plus il semble que la potentialité d'apprentissage du comportement érotique existe dès les premières années après la naissance.

Il semble que ce soit l'influence du contexte culturel qui permette ou non le développement de ce comportement durant l'enfance et l'adolescence. L'influence culturelle favoriserait également l'expression de la diversification des activités érotiques (orales, anales, oro-génitales, hétéro- ou homosexuelles, initiatiques, ...).

Globalement, une analyse transculturelle des mœurs relatives au comportement érotique met en évidence de nombreux facteurs clés autour desquels s'organise les distinctions, les règles, les valeurs et les attitudes sociales : l'espèce, la race, le genre, la parenté biologique ou sociale, l'âge, le statut social, les pratiques érotiques, ...

Il semble que ce seraient les capacités intellectuelles qui seraient à l'origine de ces facteurs abstraits et conceptuels. Les capacités cognitives étendues de l'être humain sont à l'origine, entre autres, de processus de catégorisation, d'abstraction, de signification et de symbolisation. Le cerveau humain crée de manière automatique différentes catégories abstraites et élabore du sens, des symboles et des valeurs.

Par rapport au comportement érotique, l'observation des différentes sociétés humaines met en évidence un certain nombre de catégories conceptuelles autour desquelles s'organise le comportement érotique :

  • Des catégories de personnes.
  • Des catégorie d'états des personnes.
  • Des catégories de relations entre les personnes.
  • Des catégories d'activités érotiques.
  • Des catégories de valeurs.

Remarques

Les facteurs culturels ne sont pas indépendants de la psychobiologie. Ils dépendent étroitement des processus néocorticaux, tels l'abstraction, la catégorisation ou la symbolisation.

Le développement des croyances et des valeurs culturelles relatives à la notion conceptuelle de "sexualité" est étudié dans le chapitre "«Construction culturelle» de la notion de «sexualité»".


Catégories de personnes

On observe l'existence de deux grands types de catégories de personnes, basés sur des critères biologiques ou sociaux.

Les catégories basées sur des critères biologiques sont des catégories de sexe (ou de genre), d'âge, de race ou d'espèce.

Les catégories basées sur des critères sociaux sont des catégories d'ethnie ou de classe sociale (clan, totem, tribu, ...).

  • Âge

Globalement, on observe l'existence culturelle de quatre grandes classes d'âge : les enfants jusqu'à la puberté, les adolescents jusqu'à une étape "initiatique" (mariage, rite initiatique, épreuve rituelle, ...), les adultes et les personnes âgées.

Suivant les sociétés, le facteur "âge" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra classe peut être favorisé, ignoré ou interdit.

  • Sexe (ou Genre)

Globalement on observe l'existence culturelle de trois grandes classes de sexe (ou de genre) : masculin, féminin et parfois un troisième sexe (ou genre), distinct des deux autres (par exemple Berdaches amérindiens ou Hijras hindous 1 ).

Suivant les sociétés, le facteur "genre" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra genre peut être favorisé, ignoré ou interdit.

  • Race (ce concept est inadapté à l'espèce humaine)

Lorsqu'il existe des croyances culturelles favorables à la croyance de l'existence de races humaines distinctes, le facteur "race" peut devenir une caractéristique importante du comportement érotique.

Dans ces sociétés, le facteur "race" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra raciale peut être favorisé, ignoré ou interdit.

  • Espèce

Dans la majorité des sociétés, l'Homme s'est toujours considéré comme étant radicalement distinct des autres animaux, et les activités érotiques avec d'autres espèces ont souvent été vivement condamnées.

Le facteur "espèce" a souvent été considéré comme important pour condamner les activités érotiques inter espèces.

  • Ethnie

L'ethnie est en général définie comme étant une communauté de langue et de culture.

Suivant les sociétés, le facteur "ethnique" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra ethnique peut être favorisé, ignoré ou interdit.

  • Classe sociale

La "classe sociale" est généralement définie comme étant, dans un groupe social, un ensemble des personnes qui ont en commun une fonction, un genre de vie, une idéologie, etc. La notion de "classe sociale" est ici considérée comme un concept générique, qui englobe également les entités telles que les clans, les tribus, les totems, les castes, etc.

Suivant les sociétés, le facteur "classe sociale" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra classe peut être favorisé, ignoré ou interdit.


Catégorie d'état des personnes

On observe l'existence de deux grands types de catégories d'état des personnes, basés sur des critères biologiques ou sociaux.

Les catégories basées sur des critères biologiques sont des catégories de santé, de maladie ou d'états particuliers.

Les catégories basées sur des critères sociaux sont des catégories de statut institutionnel.

  • Santé

Quelle que soit la société, l'état de santé, réel ou supposé, est en général un état considéré comme favorable aux activités érotiques.

  • Maladie

Quelle que soit la société, l'état de maladie, réel ou supposé, est en général un état justifiant la modification ou la prohibition des activités érotiques.

  • États particuliers

Dans de nombreuses sociétés, des états particuliers du corps, tels la menstruation ou la gestation, sont des états justifiant la modification ou la prohibition des activités érotiques.

  • Statut

Suivant les sociétés, le facteur "statut social" (dirigeant, enseignant, chaman, chasseur, ...) peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra statut peut être favorisé, ignoré ou interdit.


Catégorie de relations entre les personnes

On observe l'existence de plusieurs catégories de relation entre les personnes : parenté (biologique ou sociale), affective, d'autorité.

  • Parenté

Globalement, on observe l'existence culturelle de deux grandes classes de parenté : une parenté biologique ou une parenté sociale.

La parenté biologique peut être prise en compte de façon limitée, uniquement aux liens de parentés immédiats (père/enfant, mère/enfant, frère/sœur), soit être plus large et inclure jusqu'au 7ème degré de parenté (en Occident au Moyen-Âge 1 ).

La parenté sociale peut être très diverse, en fonction des liens sociaux plus ou moins formels ou institutionnalisés qui peuvent être contractés dans telle ou telle société. 1

Suivant les sociétés, le facteur "parenté" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra catégories de parenté peut être favorisé, ignoré ou interdit.

  • Affective

Les relations affectives interpersonnelles peuvent être très diverses, en fonction du contexte culturel : amour, amitié, affection filiale, "saine" camaraderie, ...

Suivant les sociétés, le facteur "affectif" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation inter ou intra catégories affectives peut être favorisé, ignoré ou interdit.

  • D'autorité

Les relations interpersonnelles d'autorité peuvent être très nombreuses et diverses (autorité "autocratique", autorité "démocratique", autorité entre familiers ou entre inconnus, ...).

Suivant les sociétés, le facteur d' "autorité" peut être considéré comme important ou non, et chaque type possible de relation d'autorité peut être à l'origine d'interdits ou de valorisation des activités érotiques.


Catégorie d'activités érotiques

Les différentes pratiques érotiques morphologiquement possibles, caresses, baisers, actes oro-génitaux, coït anal ou vaginal, ainsi que d'autres caractéristiques telles que la taille, la position ou le nombre des partenaires, peuvent chacune faire l'objet de prescriptions spécifiques. Par exemple, le baiser buccal, avec interaction linguale (le french kiss), n'existe que de un nombre restreint de cultures. Dans la plupart des sociétés, cette pratique est considérée comme bizarre ou dégoûtante. La masturbation, le coït anal et les activités oro-génitales (fellation, cunnilingus, ...) ont longtemps été considérées comme pathologiques ou déviantes dans la culture occidentale.

Les diverses possibilités d'activités érotiques sont déterminées par l'organisation anatomofonctionnelle (zones érogènes buccale, génitale ou anale ; existence des mains, de la bouche, du pénis, du vagin et de l'anus ; la combinaison des diverses actions des organes avec les différentes zones érogènes détermine les activités érotiques possibles). La mise en œuvre de ces diverses activités érotiques possibles dépendra du contexte culturel.

Suivant les sociétés, chaque type de pratique érotique peut être considéré comme important ou non, et chaque type d'activité érotique peut faire l'objet d'interdits ou de valorisations.


Catégorie de valeurs

On observe l'existence de trois grandes catégories de valeurs : positives, neutres et négatives.

Chaque type de valeurs peut être attribué à des personnes, à des types de relation, à des états de personnes ou à des activités érotiques.

On observe que d'une société à l'autre, non seulement les valeurs attribuées diffèrent, mais également les catégories de personnes, d'état, de relation ou de pratiques. Il semble difficile de trouver deux sociétés ayant un système de valeur relatif aux pratiques érotiques qui soit identique.


Synthèse

Les combinaisons de tous ces différents facteurs caractérisent les nombreuses situations érotiques possibles, où pour chacune peut exister une attitude sociale qui peut aller, suivant les sociétés et leurs croyances, de l'éducation active, la valorisation sociale, la tolérance, la neutralité, l'indifférence, la dévalorisation ou l'hostilité, jusqu'à l'interdit passif ou actif, avec des sanctions qui peuvent aller de la simple réprobation jusqu'à la peine capitale.

Dynamique générale du développement du comportement érotique : les interactions entre les facteurs

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L'objectif de ce sous-chapitre est de comprendre et d'expliquer les interactions entre les principaux facteurs clés qui sont à l'origine du développement du comportement érotique. Les hypothèses les plus plausibles de la dynamique du développement sont présentées.

Caractéristiques principales du développement

Les caractéristiques principales du développement du comportement érotique seraient :

  • Non innéité : Le développement n'est pas inné, ou génétiquement préprogrammé. Il ne semble exister aucun facteur neurobiologique provoquant directement le développement de ce comportement.
  • Potentialité : Le développement est potentiel. Lorsque le milieu culturel est défavorable, le développement est retardé et/ou considérablement restreint et limité.

Les facteurs culturels semblent être prépondérants

  • Continuité : le développement serait continu sur l'ensemble de la vie.
  • Périodes particulières : il existerait quatre périodes particulières :
  • La prime enfance (3-7 ans) : la prime enfance serait une période sensible, où se déterminerait plusieurs caractéristiques psychologiques liées à l'activité érotique.
  • La puberté (12-15 ans) : à la puberté, on observe une augmentation importante de l'intensité de la motivation érotique.
  • L'adolescence et les premières années de l'âge adulte (15-25 ans) : période active d'expérimentation et de diversification, en parallèle avec la courbe d'activité générale de l'organisme.
  • La vieillesse (après 60-80 ans) : déclin des fonctions physiologiques et régression du comportement érotique.

Facteurs clés de la dynamique générale

La dynamique générale du développement du comportement érotique s'articulerait autour de quatre facteurs clés :

  • Un facteur interne primordial et fondamental : La découverte et la recherche du plaisir physique (facteur biologique).
  • Un facteur externe majeur : Les actions et réactions des autres personnes (facteur culturel).
  • Deux facteurs internes secondaires :
  • Les connaissances et les croyances relatives au plaisir érotique (facteur cognitif).
  • Les états émotionnels associés aux activités érotiques (facteur émotionnel).

Figure 3 Comportement érotique : dynamique générale réduit


Facteur psychobiologique : découverte et recherche du plaisir physique

La caractéristique neurobiologique cruciale à l'origine du comportement érotique est l'existence de "centres" du plaisir, innés, qui peuvent produire des sensations de plaisirs intenses (émoi érotique et jouissance).

Comme il semble que ces sensations hédoniques ne se produisent pas de façon spontanée, le facteur clé à l'origine du développement du comportement érotique serait la découverte du plaisir physique, après la première stimulation appropriée d'une région érogène.


Par exemple : durant l'exploration manuelle du corps ; au hasard des soins parentaux ; au cours d'un corps à corps non érotique ; par un contact avec un animal ou un objet chaud et doux ; lors de "jeux" érotiques avec un(e) camarade ; au cours de la première masturbation ; ou directement, lors de la première initiation érotique avec un partenaire expérimenté. A noter que le facteur crucial de l'initiation du développement est la perception de la première sensation de plaisir intense, et non la nature (érotique ou non érotique) de l'action qui provoque la stimulation : que le pénis/clitoris (ou les fesses, la bouche, ...) soit stimulé par un(e) camarade (activité dite "sexuelle"), une peluche (accidentel), de l'eau bien chaude (toilette) ou une application d'un médicament (acte médical) est relativement indifférent.


La perception des premières sensations érotiques, ainsi que la compréhension du lien de cause à effet entre la stimulation du corps et le plaisir intense, seraient le facteur clé à l'origine du développement du comportement érotique.

Il semble qu'à la naissance un enfant n'ait aucun souvenir, aucune idéation, aucun fantasme, aucun désir érotique. Il semble également que le développement du comportement érotique ne soit pas spontané ou programmé génétiquement.

Il semble que ce n'est qu'a partir du moment où une personne a éprouvé ses premières sensations érotiques qu'il soit possible pour elle de se remémorer une sensation érotique, d'avoir des idéations érotiques et d'avoir des désirs érotiques.

Il semble que ce n'est qu'a partir du moment où une personne a éprouvé ses premières sensations érotiques qu'elle essayera de les reproduire, qu'elle tentera d'en varier les sensations ou les intensités, et qu'elle cherchera à explorer toutes les possibilités érotiques qui seront à sa portée.

C'est-à-dire qu'il semble que ce n'est qu'a partir du moment où une personne a éprouvé ses premières sensations érotiques, et comprit comment les reproduire, que débute le développement du comportement érotique.

Dynamique basique du comportement érotique

Le texte ci-dessous tente d'expliquer, étape par étape, la caractéristique la plus basique et la plus fondamentale du comportement érotique, qui serait la recherche continue de sensations de plaisirs intenses.

Partie A Figure 3 Comportement érotique : dynamique générale réduit

  • Étape 1 : Stimulation mécanique : Le plaisir intense (émoi érotique et/ou jouissance) serait provoqué par la stimulation mécanique du corps. Cette stimulation mécanique peut être effectuée par le sujet lui-même, par un ou des partenaires ou par tout autre élément capable de produire des stimulations mécaniques.

Il semble que la stimulation des autres modalités sensorielles (visuelle, auditive, olfactive, gustative, ...) ne peut provoquer un plaisir aussi intense que la modalité somatosensorielle. ( cf. Partie A1 de la Figure 3 )

  • Étape 2 : Transduction somatosensorielle : Les stimuli mécaniques sont détectés par des récepteurs sensoriels, présents dans la peau. Les récepteurs impliqués dans les sensations de plaisir intense seraient des mécanorécepteurs 1 , 2, c'est-à-dire des récepteurs qui réagissent à la stimulation mécanique du corps.

Cette particularité neurophysiologique implique que tous les stimuli mécaniques, quels qu'ils soient, peuvent provoquer des sensations de plaisir physique intense. Plus précisément encore, cette particularité neurophysiologique semble être la raison biologique première qui expliquerait pourquoi un être humain peut avoir des activités érotiques avec n'importe quel autre être humain, voire avec des animaux et/ou des objets : ce qui semble être déterminant, c'est que l'élément avec lequel la personne a une activité érotique puisse provoquer des stimulations mécaniques (exemple type : vibromasseur). ( cf. Partie A2 de la Figure 3 )

  • Étape 3 : Perception hédonique : Les stimuli mécaniques seraient ensuite transmis jusqu'au cerveau par la moelle épinière 1 , 2, dans les "centres" du plaisir où ils seraient perçus par le sujet en tant que sensations de plaisir physique intense.

( cf. Partie A3 de la Figure 3 )

  • Étape 4 : Rétroaction érotique : La perception de sensations de plaisir intense inciterait le sujet, de manière volontaire et délibérée, à renouveler activement les activités érotiques.

Au cours de l'activité érotique, à chaque répétition des étapes, le sujet peut modifier les stimulations mécaniques en fonction des sensations produites, par rétroaction, afin de diversifier et d'intensifier le plaisir. ( cf. Partie A4 de la Figure 3 )

Remarques

À noter qu'une particularité neurophysiologique fait que la masturbation (autostimulation) procure moins de plaisir que la stimulation par un partenaire (interstimulation). Cette caractéristique serait due aux capacités d'anticipation du système nerveux : les signaux somesthésiques seraient anticipés et produiraient un effet amoindri.

De manière toute spéculative, on peut supposer que si cette particularité neurophysiologique était inverse (si l'autostimulation procurait un plaisir bien plus intense que l'interstimulation), ne se développerait quasiment que des comportements d'autoérotisme, il n'y aurait quasiment pas de coït reproducteur, et l'espèce humaine se serait sans doute éteinte depuis longtemps (on peut en effet exclure tout comportement reproducteur intentionnel, car il est fort douteux qu'à l'aube de l'humanité l'Homme ait su que le coït vaginal est nécessaire à la fécondation).

Il semble dans certain cas qu'il suffise d'une modification neurophysiologique minime pour provoquer des modifications psychiques, comportementales et évolutives majeures ...

Conclusion

En conclusion, la caractéristique psychobiologique fondamentale et "biologiquement normale" du comportement érotique serait la recherche répétitive de diverses sensations de plaisirs intenses, provoqués par la stimulation mécanique du corps.

À partir de ce schéma de base, d'autres facteurs, liés aux actions et réactions des personnes de l'entourage, vont diversifier et complexifier les activités érotiques.


Facteur culturel : les actions et réactions des autres personnes

Partie B Figure 3 Comportement érotique : dynamique générale réduit

D'après les données ethnologiques, il semble que le contexte culturel aurait une influence majeure et prépondérante sur le développement et sur l'expression du comportement érotique.

Pour cette étude, on s'intéressera surtout, d'une part, à l'influence du contexte culturel sur le développement du comportement érotique, et, d'autre part, à l'influence du contexte culturel dans la diversification des activités érotiques.

Modalité de l'influence culturelle

Il semble que le contexte culturel n'ait pas d'influence directe sur le développement des personnes et sur le développement de leurs comportements. L'influence du facteur culturel serait indirecte : les croyances culturelles modifieraient les actions et les réactions des individus les uns envers les autres, et, par rapport au développement des comportements, modifieraient les attitudes des adultes envers les enfants.

Le "contexte culturel" est une abstraction. Ce qui existe réellement serait des croyances en fonction desquelles agissent et réagissent les individus.

En fonction de leurs croyances culturelles, les membres d'un groupe social organiseraient le milieu matériel d'une certaine manière, organiseraient les relations interpersonnelles d'une certaine façon et adopteraient certaines attitudes alimentaires, érotiques, morales, religieuses ou autres.

En fonction du milieu culturel de sa naissance, un enfant aura un certain type d'environnement matériel, un certain type de relations interindividuelles et sera confronté à des situations spécifiques à sa culture.

Quelle que soit la culture, ce serait toujours les interactions avec le milieu écologique et avec les autres qui agiraient sur le développement. Mais suivant le contexte culturel, les caractéristiques de ces interactions changeraient et moduleraient ainsi le développement.

Concrètement, l'influence d'un contexte culturel se ferait par l'intermédiaire des actions et des réactions des personnes du groupe social. Ce serait les actions et les réactions des adultes qui provoqueraient des modifications du développement psychique et comportemental des enfants.

Remarques

Les facteurs culturels, par l'intermédiaire des actions et réactions des autres personnes, agiraient sur le développement, sur l'expression et sur la diversification des activités érotiques.

En aucun cas les facteurs culturels n'auraient une influence sur les processus psychobiologiques clés du comportement érotique (émoi érotique, orgasme, renforcement, causalité, ...).

Le développement des croyances et des valeurs culturelles relatives à la notion conceptuelle de "sexualité" est étudié dans le chapitre "«Construction culturelle» de la notion de «sexualité»".

Variations des actions et réactions des adultes en fonction du contexte culturel

On observe qu'en fonction du contexte culturel, les attitudes, les actions et réactions des adultes vont être différentes.

Parmi les quelques 3.000 sociétés humaines connues, il semble assez difficile d'établir une typologie simple des attitudes culturelles envers les pratiques érotiques.

On observe qu'il existe tout un ensemble d'interdits, d'obligations, d'attitudes prohibitives, permissives ou incitatrices, qui peuvent être tabous, implicites ou clairement exprimés, et qui portent sur différentes activités érotiques, à différents âges, en fonction du sexe, du cycle menstruel, de l'appartenance sociale, du statut marital ou religieux, ou d'autres caractéristiques propres à chaque groupe humain. 1

Le plus souvent les normes culturelles ne sont ni globalement restrictives ni globalement permissives. Certains types de comportements érotiques sont proscrits pour tel ou tel âge, tel ou tel sexe, telles ou telles raisons de parenté, de prescriptions religieuses ou magiques, tandis que d'autres types de comportements érotiques sont valorisés ou obligatoires, tandis que d'autres sont tout simplement ignorés. (Par exemple les activités génitales peuvent être favorisées tandis que les activités orales sont dévalorisées ; ou bien les activités hétérosexuelles peuvent être favorisées tandis que les activités homosexuelles sont interdites ; ...).

Afin de mettre en évidence les facteurs culturels qui vont avoir un impact majeur sur le développement du comportement érotique, il est proposé de regrouper les diversités d'attitudes culturelles envers ce comportement en trois grandes catégories :

  • Un ensemble d'attitudes favorisant le développement des activités érotiques culturellement acceptées.
  • Un ensemble d'attitudes inhibant le développement des activités érotiques culturellement prohibées.
  • Un ensemble d'attitudes provoquant des situations dysfonctionnelles.

Chacun de ces ensembles d'attitudes produit un développement particulier du comportement érotique.

Attitudes favorisant le développement

On observe que dans certains groupes sociaux les adultes considèrent que certaines activités érotiques sont un facteur très positif de l'existence et qu'ils mettent en place des moyens qui permettent aux enfants d'apprendre les types d'activités érotiques culturellement acceptés. 1 , 2

En général, on observe dans ces groupes sociaux les caractéristiques suivantes :

  • La valorisation sociale des activités érotiques des enfants et/ou adolescents, du moins pour celles qui sont culturellement acceptées.
  • L'observation par les enfants et/ou adolescents des activités érotiques culturellement acceptées, pratiquées par d'autres personnes (d'autres enfants et/ou adolescents, ou des adultes).
  • Des incitations verbales à pratiquer les activités érotiques culturellement acceptées.
  • L'autorisation explicite pour les enfants et/ou adolescents à pratiquer les activités érotiques culturellement acceptées.
  • Des explications franches et directes, détaillées, théoriques et/ou pratiques concernant les activités érotiques culturellement acceptées.
  • L'initiation pratique grâce un partenaire expérimenté des formes culturellement acceptées de l'activité érotique.
  • Des structures éducatives spécialisées dans l'apprentissage des activités érotiques culturellement acceptées.

Dans ce contexte, les enfants et/ou adolescents reçoivent tous des stimuli favorables au développement rapide des formes culturellement acceptées du comportement érotique.

D'après les données ethnologiques, on observe dans ces groupes sociaux que les enfants acquièrent le répertoire érotique culturellement accepté en étroite concordance avec les pratiques éducatives.

À l'extrême, dans les sociétés "incitatives" qui considèrent que quasiment toute forme d'activité érotique est importante et qui en favorisent activement l'éducation pratique et théorique durant l'enfance, on observe les premières manifestations d'activités auto-érotiques avant l'âge de deux ans, et d'activités érotiques à partir de la troisième année. Le répertoire érotique adulte est quasiment acquis avant la dixième année (exemple de certaines sociétés hindoues ou amérindiennes 1 et de nombreuses sociétés océaniennes 1 ).

Attitudes inhibant le développement

On observe que dans certains groupes sociaux les adultes considèrent que certaines activités érotiques sont inappropriées et/ou pathogènes pour les enfants et qu'ils mettent en place des moyens qui empêchent l'apprentissage des activités érotiques culturellement prohibés. 1

En général, on trouve dans ces sociétés les caractéristiques suivantes :

  • Dévalorisation sociale des activités érotiques des enfants et/ou adolescents, du moins pour celles qui sont culturellement prohibées.
  • Absence de discussions, avec les enfants et/ou adolescents, des activités érotiques culturellement prohibées.
  • Interdictions, aux enfants et/ou adolescents, d'observer les activités érotiques culturellement prohibées.
  • Interdictions explicites à pratiquer les activités érotiques culturellement prohibées.
  • Absence d'éducation érotique concernant les activités culturellement prohibées.

Dans ce contexte, les enfants et/ou adolescent ne reçoivent pas de stimuli susceptibles de permettre le développement des formes culturellement prohibées du comportement érotique.

D'après les données ethnologiques, on observe dans ces groupes sociaux que les enfants n'acquièrent pas, pour la plus grande majorité, le répertoire érotique culturellement prohibé.

À l'extrême, dans les sociétés "prohibitives" qui considèrent que quasiment toute forme de pratique érotique est néfaste ou inappropriée pour les enfants et qui en interdisent activement l'expression, on observe une quasi absence de ces activités ainsi qu'une absence du développement du comportement érotique, jusqu'à l'âge où les règles sociales autorisent son expression. (Dans ces sociétés, on observe des périodes de latence qui correspondent à la durée des interdits culturels.) Dans le cas d'interdits ou de valeurs sociales extrêmement défavorables, on peut même constater un quasi non développement de l'activité érotique, même à l'âge adulte (exemple des femmes de l'ethnie So en Afrique noire qui n'ont des rapports sexuels douloureux que pour avoirs des enfants, source de richesse et de valorisation sociale 1 ).

À noter que les activités érotiques prohibées ne sont pas toujours clairement définies et explicitées, que certaines sont plus prohibées que d'autres, et que quelques unes doivent parfois être déduites d'indices sociaux. De même, les attitudes sociales défavorisant telles ou telles pratiques peuvent être très diverses et peu explicites, voire parfois être contradictoires entre-elles.


Un bon exemple en Occident est les activités homosexuelles, qui sont légales, présentées dans les médias et les magazines, mais qui véhiculent des connotations négatives de sexualité inférieure, voire déviante et pathologique. Les adolescents, qui sont à une période clé du développement érotique, bien qu'il n'existe aucun interdit officiel et explicite à l'homosexualité, vivent néanmoins dans un contexte où un des pires états est d'être "pédé" (ou "gouine"), objet de toutes les moqueries et humiliations.


Attitudes provoquant des situations dysfonctionnelles

On observe que dans certains groupes sociaux les attitudes vis à vis du comportement érotique sont inappropriées et qu'elles produisent des situations dysfonctionnelles.

En général, on observe dans ces groupes sociaux les caractéristiques suivantes :

  • Attitudes d'ignorance feinte, d'attitudes élusives, de refus de dialogue.
  • Attitudes de dévalorisations sous-entendues, de condamnations allusives et d'interdictions implicites.
  • Attitudes non verbales de gêne en rapport avec des sujets érotiques, souvent marquées de réactions émotionnelles importantes et négatives.
  • Absence de discussions relatives au plaisir physique. Existence de sujets tabous (la problématisation du sujet et la charge émotionnelle sont telles qu'on ne peut même pas parler du fait que ce sujet ne peut être abordé).
  • Absence d'éducation érotique (ni pour les activités autorisées, ni pour les activités prohibées : les enfants/ adolescents ne reçoivent aucun repère).
  • Attitudes éducatives inappropriées :
  • Réactions affectives disproportionnées (colère, mépris, dégoût, invectives, ...) en relation avec un thème érotique anodin.
  • Apprentissage du dégoût pour les régions corporelles liées aux activités érotiques.
  • Inculcation de significations négatives pour l'activité érotique en général.
  • ...
  • Sanctions inappropriées :
  • Moqueries, dévalorisation, humiliation, ...
  • Menaces de maladies (folie, ...) ou de sanctions irrémédiables (pécher mortel, ...).
  • ...

On observe que les enfants et/ou adolescents qui ont été longtemps en contact avec ce type d'attitudes développent à l'âge adulte des problèmes liés aux activités érotiques : difficulté à parler du plaisir physique, difficulté à exprimer les sentiments et désirs érotiques, honte, culpabilité, gêne ou dégoût des activités érotiques, troubles sexuels, absence de connaissances objectives induisant des comportements dommageables, voire des problèmes psychologiques majeurs, ...


Facteur cognitif : les connaissances relatives au plaisir érotique

Les connaissances théoriques et pratiques semblent être un facteur important du développement du comportement érotique.

Partie C Figure 3 Comportement érotique : dynamique générale réduit

Il est à noter que les connaissances ou l'absence de connaissances sont une caractéristique directement dépendante des actions du groupe social, c'est-à-dire du contexte culturel. Les connaissances ne peuvent s'acquérir, pour la majeure partie, que grâce aux autres.

Il semble que plus l'enfant et/ou l'adolescent (ou l'adulte) a de connaissances relatives aux activités et au plaisir érotique, en particulier des connaissances pratiques et pragmatiques, plus le développement de ce comportement sera rapide et diversifié.


Facteur affectif : les effets de l'état émotionnel

Il semble que les émotions vécues au cours des activités érotiques aient une influence non négligeable dans le développement et la dynamique de ce comportement.

Partie D Figure 3 Comportement érotique : dynamique générale réduit

Il est à noter que les états émotionnels sont une caractéristique directement dépendante des actions du groupe social, c'est-à-dire du contexte culturel. Les états émotionnels sont provoqués, pour la majeure partie, par l'attitude des autres.

Les émotions semblent participer à des conditionnements aversifs et/ou appétitifs qui modifient l'activité et l'état psychique d'un sujet.

Émotions positives

Il semble que tous les états émotionnels positifs qu'une personne peut éprouver au cours des activités érotiques vont avoir un impact très positif sur son état psychologique général.

Les principaux états émotionnels positifs généralement observés lors des activités érotiques peuvent être le plaisir, l'émoi érotique, la jouissance, la joie, l'intérêt et l'amour.

Par rapport au développement du comportement érotique, il semble que plus une personne éprouve des émotions positives durant les activités érotiques, plus elle se sentira bien et plus elle considérera l'activité érotique comme positive et plus elle cherchera à reproduire et diversifier ces activités de plaisir physique.

Émotions négatives

Il semble au contraire que tous les états émotionnels négatifs qu'une personne peut éprouver au cours des activités érotiques vont avoir un impact plutôt négatif sur son état psychologique général.

Par rapport au développement du comportement érotique, il semble que plus une personne éprouve des émotions négatives durant ou après les activités érotiques, plus elle considérera les autres personnes (ayant des activités érotiques) et/ou l'activité érotique comme partiellement ou globalement négatifs et plus elle cherchera à éviter en partie ou en totalité ces activités de plaisir physique et évitera certains types de relations sociales.

Remarques

Les émotions positives semblent être des composantes intrinsèques du comportement érotique. L'activité érotique provoque directement du plaisir, de l'émoi érotique, de l'orgasme, de la joie et de l'intérêt.

Par contre, les émotions négatives sont extrinsèques aux processus érotiques. L'activité érotique, c'est-à-dire la stimulation agréable du corps, ne provoque directement aucune émotion négative. Les émotions négatives ne participeraient au développement du comportement érotique que dans certaines situations, qui dépendent du contexte ou de la culture.

À noter que ces états émotionnels négatifs sont provoqués, pour la majeure partie, par les actions et réactions des autres. Ce ne serait pas l'activité érotique qui serait responsable des états émotionnels négatifs, mais l'attitude des autres.


Autres dynamiques notables du développement du comportement érotique

Deux autres dynamiques notables existant durant le développement du comportement érotique sont la diversification des activités érotiques et la formation de "préférences érotiques".


Développement de la diversification des activités érotiques

La diversification des activités érotiques aurait comme origine deux types de facteurs :

  • Des facteurs psychiques : exploration, curiosité, habituation, nouveauté, ...
  • Des facteurs morphologiques : formes du corps, des membres et des organes génitaux.

Facteurs psychiques

Certaines caractéristiques sensorielles, émotionnelles et cognitives, telles la somesthésie, l'exploration, la curiosité, l'habituation et la recherche de la nouveauté, provoquent indirectement la diversification des activités érotiques :

  • De la tendance spontanée à l'exploration du corps découle la découverte de différents plaisirs provoqués par le contact avec différentes régions corporelles.
  • De la curiosité découle la recherche et la découverte d'informations relatives à la "sexualité" et à l'érotisme : nouveaux plaisirs provoqués par différents types d'activités avec différents partenaires et avec différents types de stimulations corporelles.
  • Des effets de l'habituation 1 découle la recherche de nouveaux plaisirs plus intenses et gratifiants.

Facteurs morphologiques

Les particularités de l'organisation anatomique et physiologique de l'organisme humain engendrent des contraintes structuro-fonctionnelles qui déterminent des potentialités d'activités érotiques distinctes et spécifiques.

Les principales contraintes structuro-fonctionnelles seraient :

  • La répartition morphologique des zones érogènes :
  • La zone orale (lèvres et langue).
  • La zone génitale (organes sexuels externes, principalement le gland du pénis ou le clitoris).
  • La zone anale (fesses, anus et rectum).
  • La disposition et les caractéristiques de certains membres et organes :
  • Caractéristiques et positions des mains.
  • Caractéristiques et positions des organes génitaux.
  • Position des zones érogènes.
  • La différence morphologique suivant le sexe :
  • Présence de seins, d'un vagin et d'un clitoris.
  • Présence d'un pénis.

Ces contraintes structuro-fonctionnelles, d'une part, ne permettent que certains types d'activités érotiques, et, d'autre part, induisent une nette distinction entre ces types d'activités.

Les principales activités érotiques potentielles et bien distinctes les unes des autres, induites par les contraintes structuro-fonctionnelles, sont données ci-dessous :

  • La masturbation.
  • Le baiser.
  • La fellation.
  • Le cunnilingus.
  • Le coït vaginal.
  • Le coït anal.
  • Les caresses manuelles.

Les quelques six cents positions "sexuelles" connues sont, pour les plus pratiquées, des combinaisons et des variations de positions corporelles autour de ces activités érotiques principales.

Exemple : Masturbation

Les caractéristiques anatomo-fonctionnelles de l'organisme humain créent les conditions pour que la masturbation soit potentiellement une des premières activités érotiques de l'enfant.

Cette activité érotique peut être pratiquée seule et la position des mains est adéquate.

Dès que la maturation des réflexes moteurs permet l'exploration du corps et la découverte, puis la stimulation des organes génitaux 1, les sensations d'émoi érotiques 1 seraient à l'origine d'une répétition d'un comportement d'autostimulation. Si le jeune enfant n'est pas empêché, ce comportement se poursuivrait et deviendrait plus fréquent et les sensations d'émoi érotique plus intenses. On peut supposer qu'au début de la période de la prime enfance (vers environ 3 ans), ce comportement puisse être qualifié de masturbatoire, dans la mesure où il deviendrait conscient, volontaire et délibéré (du moins s'il n'est pas interdit 1 ).

La curiosité et la recherche de la nouveauté, en fonction des capacités intellectuelles du sujet et des informations disponibles dans son environnement, entraîneront une diversification des activités masturbatoires (différents types de manipulations, différentes substances, différents objets, ...).

Ce comportement autoérotique serait plus ou moins diversifié et fréquent en fonction de la pratique ou non d'autres comportements érotiques, du nombre des activités érotiques avec d'autres personnes, de la dynamique du groupe social où vit le sujet, ainsi que des croyances culturelles relatives à l'autosexualité.

Conclusion

Les capacités intellectuelles, les particularités de la somesthésie, les émotions et la cognition, la forme du corps, des membres et des organes génitaux, l'existence de différentes régions érogènes en différents endroits du corps, ainsi que l'existence de deux sexes distincts, mâle et femelle, sont des facteurs induisant des contraintes physiques et psychiques de diversification.

L'existence et la combinaison de ces différents facteurs impliquent que l'activité érotique ne peut que se diversifier continûment, mais uniquement d'une certaine manière : certaines diversifications sont impossibles, certaines sont quasi obligatoires, certaines hautement probables et d'autres seulement potentielles.


Développement des "préférences érotiques"

Les "préférences érotiques" auraient comme origine trois caractéristiques clés :

  • Le traitement de l'information.
  • Les caractéristiques physiques et psychologiques des partenaires, variables d'une personne à l'autre.
  • Les caractéristiques de l'environnement social et relationnel du sujet.

L'environnement social et relationnel du sujet conditionne les possibilités d'expériences érotiques. Des prescriptions culturelles ou certaines organisations sociales (séparation des sexes, ...), le niveau d'instruction, le niveau de richesse, la profession, le nombre et la qualité des relations interpersonnelles, etc. peuvent empêcher ou favoriser le vécu de certaines pratiques érotiques. Il semble évident que des pratiques non vécues ne peuvent devenir préférentielles.

Le fait que chaque personne soit différente, entre autres, au niveau de la forme de son corps, de la texture de sa peau, de ses réactions émotionnelles et de son caractère, implique que les sensations érotiques, tant au niveau physique que psychique, seront différentes d'un partenaire à l'autre.

Le traitement de l'information, en raison des processus de conditionnement aversifs, appétitifs et émotionnels, en raison des phénomènes d'habituation, d'extinction ou d'intérêt à la nouveauté, rendrait compte du fait qu'au cours des diverses expériences érotiques du sujet, certaines activités, ou certaines caractéristiques des partenaires, ou certains types de partenaires procureraient plus de plaisir et deviendraient préférentiels.

Les préférences érotiques se porteraient sur des ensembles saillants de régularité :

  • Des caractéristiques morphologiques (forme de visage, taille, couleur des cheveux, ...).
  • Des zones érogènes (bouche, pénis, vagin, ...).
  • De certaines pratiques érotiques (baiser, fellation, coït, ...).
  • Des attitudes comportementales (provocation, tendresse, ...).
  • Des réactions émotionnelles (plaisir, dégoût, douleur, ...).
  • De caractéristiques psychologiques (humour, libertinage, ...).
  • Certains partenaires (telle ou telle personne, à l'exclusion d'autres).

Il semble que toutes les personnes développent au cours des années des "préférences érotiques", spécifiques à chacune en raison de leurs vécus érotiques singuliers. Pour certaines personnes, toujours en raison de leurs vécus érotiques particuliers, les "préférences érotiques" recouvriront un ensemble assez large de pratiques, tandis que pour d'autres l'éventail préférentiel sera plus limité.

Théoriquement, d'après les caractéristiques des processus de traitement de l'information impliqué dans le développement et la dynamique du comportement érotique, les préférences érotiques peuvent recouvrir une gamme très vaste de possibilités. Pratiquement, on observe que ces préférences érotiques sont plus ou moins limitées suivant les individus, et que, dans la gradation de ces préférences, les pratiques les plus préférentielles sont peu nombreuses.

Il semble que les préférences érotiques d'une personne ne puissent être définies simplement, par des concepts généraux tels l'hétérosexualité, l'homosexualité ou la bisexualité. Ces concepts sont trop vagues et trop vastes pour décrire précisément les caractéristiques particulières des préférences érotiques de chacun. Les préférences érotiques d'une personne ne pourraient être décrites précisément que par l'énumération de toutes les caractéristiques diverses, variées, hétéroclites et personnelles qui éveillent chez elle différents niveaux d'intérêt érotique.

Remarques

Il semble que la toxicomanie aux dérivés morphiniques (morphine, héroïne, ...) puisse être considéré comme un type de préférences érotiques particulières. En effet l'injection de morphine provoque une sensation similaire à l'émoi érotique, l'injection d'héroïne provoque une sensation proche de la jouissance, et la dépendance observée semble dépendre de mécanismes neurophysiologiques proches de ceux de l'addiction érotique.

Étapes du développement du comportement érotique : la chronologie des facteurs

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Ce sous-chapitre a comme objectif de comprendre et d'expliquer les principales étapes du développement du comportement érotique. Les hypothèses les plus plausibles de la chronologie du développement sont présentées.

Périodes du développement

Le développement du comportement érotique comporterait six étapes principales :

  • Une période "préliminaire".
  • Une éventuelle période de "latence".
  • Une période d' "initiation".
  • Une période de "diversification".
  • Une période de "préférenciation".
  • Une période d' "involution".

Figure 4 Développement du comportement érotique réduit


Période préliminaire

La première période relative au développement du comportement érotique serait la période dénommée "préliminaire".

Partie 1 Figure 4 Développement du comportement érotique réduit

Le substantif "préliminaire" a été choisi car cette période est une phase préliminaire, où n'existe aucune activité érotique, mais qui est nécessaire et préalable au développement de ce comportement.

Cette période préliminaire correspondrait à la maturation fonctionnelle des processus psychobiologiques "initiateurs" d'ÉMOI ÉROTIQUE, d'ORGASME, de RENFORCEMENT et de CAUSALITÉ. Ces processus sont absolument nécessaires pour que le développement du comportement érotique puisse débuter.

Il semble que cette période s'étendrait sur les trois premières années après la naissance.

À la fin de la période préliminaire, vers l'âge de trois ans, les processus fondamentaux liés au plaisir physique intense sont fonctionnels et le développement du comportement érotique peut débuter, ou, plus exactement, est potentiellement en mesure de se développer si le contexte culturel le permet.

Données ethnologiques

Les observations ethnologiques, provenant de sociétés où l'expression du comportement érotique chez les enfants est permise ou favorisée, sont concordantes avec ces données psychobiologiques. 1 , 2 , 3

Remarques

Certains phénomènes connexes pourraient éventuellement être inclus dans la période préliminaire :

  • Les expériences somatosensorielles anté- et périnatales : il semblerait que ces expériences aient une influence dans le développement ultérieur du comportement érotique.
  • Les processus "modulateurs" : ces processus (coordination motrice, exploration, conditionnements, catégorisation, imitation, signification, ...), qui deviennent progressivement fonctionnels durant les quatre premières années après la naissance, influencent le développement du comportement érotique.


Période de latence

La seconde période relative au développement du comportement érotique serait la période dénommée de "latence".

Partie 2 Figure 4 Développement du comportement érotique réduit

Le substantif "latence" a été choisi car cette période est une phase où le développement du comportement érotique est latent, c'est-à-dire qu'il ne s'effectue pas mais qu'il est susceptible de commencer à tout moment.

Cette période de latence correspondrait à l'effet inhibiteur de certains types de contextes culturels, défavorables à l'expression du comportement érotique durant l'enfance ou l'adolescence.

La durée de cette période serait comprise entre zéro et une dizaine d'années, au maximum.

Données ethnologiques Les observations ethnologiques montrent que le comportement érotique ne se développe pas systématiquement dès la fin de la période préliminaire. 1

Le contexte culturel devient prépondérant à cette période. Lorsque les attitudes sociales empêchent le développement du comportement érotique, on observe une période de latence où n'existe quasiment aucune activité érotique chez l'enfant.

À partir de l'âge où l'enfant (ou l'adolescent ou le jeune adulte) est censé avoir une activité érotique, on observe alors une reprise du développement de ce comportement.

Remarques importantes

La période de latence serait potentielle. S'il n'existe aucune restriction culturelle à l'expression du comportement érotique, cette période n'existerait pas. 1

Par ailleurs, il semble que la période de latence est souvent sélective, c'est-à-dire qu'elle ne concerne que certaines activités érotiques (celles culturellement prohibées), tandis que les activités socialement acceptées se développent normalement.

Autres remarques

La durée de la période de latence est variable, plus ou moins longue, en rapport étroit avec les croyances sociales. Mais il semble néanmoins que les interdits culturels ne peuvent empêcher indéfiniment le développement du comportement érotique.

Au cours des premières années de la vie, l'enfant et surtout l'adolescent expérimente quasi inéluctablement au hasard de ses activités des expériences de plaisirs physiques intenses (au minimum autoérotique) et/ou accède à des informations relatives à des activités érotiques.

Les interdits sociaux, même extrêmement stricts, ne pourraient que retarder et/ou rendre moins visible le développement du comportement érotique, mais ne pourraient le supprimer complètement.


Période d' "initiation"

La troisième période relative au développement du comportement érotique serait la période dénommée d' "initiation".

Partie 3 Figure 4 Développement du comportement érotique réduit

Le néologisme "initiation" a été choisi car cette période est la phase où le développement du comportement érotique commence, et, étymologiquement, initiare en latin signifie "commencer".

La période d'initiation correspondrait à des modifications psychiques permettant le commencement du développement du comportement érotique.

Cette période aurait une durée variable, de l'ordre de quelques semaines à plusieurs mois, en fonction du contexte, de l'âge et des expériences érotiques du sujet.

La période d'initiation comprendrait trois stades cognitifs, successifs, qui modifieraient la dynamique psychique du sujet. Les phénomènes neurobiologiques de la période d'initiation créerait un état de motivation psychique, volontaire et délibéré, de recherche du plaisir physique. L'existence d'une motivation psychique de recherche du plaisir physique est un facteur absolument nécessaire, d'une part, à la répétition des activités érotiques, et, d'autre part, à la poursuite et à la continuité du développement de ce comportement.

Les trois stades cognitifs de la période d'initiation seraient :

  • Le stade sensoriel.
  • Le stade causal.
  • Le stade intentionnel.

Stade sensoriel : Premières sensations érotiques

Le facteur déclencheur du développement du comportement érotique serait les tout premiers contacts physiques provoquant l'activation des sensations d'émoi érotique.


À noter que les sensations d'émoi érotique peuvent être provoquées par de nombreuses situations qui, pour la majorité, ne sont pas "sexuelles" (par rapport au sens occidental du terme). Comme exemple classique on peut donner l'intimité physique et le contact peau à peau du nourrisson avec sa mère au cours de la tétée.


En général, il semble que ces premiers contacts physiques intenses aient lieu entre le nourrisson et le parent qui s'occupe de lui.


En général la mère et, dans les sociétés occidentales, le plus souvent au cours de la tétée, des soins corporels ou des marques physiques d'affection (caresses, étreintes, ..). À noter que si les contacts avec le nourrisson sont "mécaniques", "froids" et sans "affection", il n'existerait aucune sensation de plaisir physique intense et le comportement érotique ne s'initierait pas à cet âge.


Les premières sensations hédoniques intenses peuvent également être découvertes plus tard, après l'âge de deux ans, par l'intermédiaire de l'exploration et/ou de la stimulation sensuelle du corps (pas nécessairement des organes sexuels), au cours de contacts physiques intimes avec des camarades ou au cours de "jeux" dits "sexuels".

À ce stade on ne peut guère parler de "comportement érotique". Le jeune enfant ressent de temps en temps, au hasard des situations, des sensations hédoniques qui seraient graduellement plus distinctes, mieux perçues et identifiées. À ce stade, l'enfant est surtout un récepteur passif d'intenses sensations plaisantes qu'il découvre. Plus nombreuses seraient ces sensations, plus rapide serait l'apprentissage et plus court serait ce stade.

À partir de ce stade, le jeune enfant a vécu et expérimenté des sensations érotiques et pourrait alors avoir des souvenirs et un imaginaire érotiques et ressentir du désir érotique.

Il semblerait que le comportement érotique ne se développe qu'à partir des premières sensations de plaisir physique intense. À l'extrême, si ces sensations ne sont vécues qu'à vingt ou trente ans par exemple, le comportement érotique ne se développerait qu'à partir de la vingtième ou trentième année.

Stade causal : Compréhension de la cause à l'effet

Un autre stade clé de la période d' "initiation" serait la compréhension du lien de cause à effet entre certains types de stimulations physiques et les sensations de plaisirs intenses.

Il semble que l'enfant soit capable d'inférence causale vers l'âge de deux ou trois ans. Lorsque cette capacité cognitive est fonctionnelle, le stade causal débuterait dès les premières expériences de sensations érotiques.


Plus jeune, le nourrisson ou l'enfant ressentirait du plaisir, mais ne pourrait comprendre les actions qui le provoquent. Il ne pourrait donc agir intentionnellement pour reproduire ce plaisir. Le comportement érotique ne pourrait continuer à se développer avant la maturité de la capacité cognitive de causalité.

Le stade causal serait bref, de l'ordre de quelques jours, et débuterait au plus tôt à l'âge de deux ou trois ans, ou plus tard, voire à l'adolescence, en fonction de l'âge où sont vécues les premières sensations érotiques postérieures à la capacité d'inférence causale.

À partir de ce stade, le sujet a compris que certaines des stimulations physiques qu'il a vécues provoquent des sensations très agréables, et il est alors en mesure de pouvoir les rechercher volontairement et délibérément.

Stade intentionnel : Recherche délibérée du plaisir érotique

Le dernier stade de la période d' "initiation" est le stade intentionnel. Ce stade correspondrait à un nouvel état psychologique, conscient, où existe une motivation de recherche volontaire et délibérée du plaisir érotique.

Il semble que ce soit seulement à partir ce stade que l'on puisse réellement qualifier ce comportement de "comportement érotique".


Période de diversification

La quatrième période relative au développement du comportement érotique serait la période dénommée "diversification".

Partie 4 Figure 4 Développement du comportement érotique réduit

Le substantif "diversification" a été choisi car cette période est une phase de diversification des activités qui procurent du plaisir physique intense.

La période de "diversification" correspondrait, en fonction du profil psychologique, des connaissances du sujet et des prescriptions ou interdictions culturelles, à une recherche exploratoire des possibles érotiques.

Plus le contexte culturel serait favorable, plus le sujet aurait de connaissances relatives au plaisir érotique et plus ses activités érotiques se diversifieraient : activités masturbatoires, coïtales vaginales et anales, orales ou oro-génitales, variation des positions, du genre et du nombre des partenaires, etc.

Cette période pourrait s'étendre, en fonction du contexte culturel, de l'âge de cinq ans environ jusqu'au début de la vieillesse, avec une phase privilégiée entre 15 à 25 ans. Cette phase privilégiée correspondrait à la phase maximale de l'activité générale de l'organisme humain.


Période de "préférenciation"

La cinquième période relative au développement du comportement érotique serait la période dénommée "préférenciation".

Partie 5 Figure 4 Développement du comportement érotique réduit

Le néologisme "préférenciation" a été choisi car cette période est une phase où se forment des "préférences érotiques".

La période de "préférenciation" correspondrait, en fonction des expériences érotiques du sujet et de son vécu affectif, à la formation, par conditionnements aversifs, appétitifs et culturels, de stimuli érotiques préférentiels.

Au cours du temps, avec la multiplication et la diversification des activités érotiques du sujet, certaines de ces activités, celles qui procureraient le plus de plaisirs et de gratifications, deviendraient préférentielles.

Cette période, immédiatement consécutive puis simultanée à la période de diversification, s'étendrait sur les mêmes durées, entre l'âge de cinq ans environ jusqu'au début de la vieillesse. Il pourrait exister une phase sensible dans l'enfance en raison du plus grand impact des conditionnements à cet âge.


Période d' "involution"

La sixième période relative au développement du comportement érotique serait la période dénommée "involution".

Partie 6 Figure 4 Développement du comportement érotique réduit

Le substantif "involution" a été choisi car cette période est une phase de diminution et de retour des activités et de la motivation érotiques au niveau initial.

La période d' "involution" correspondrait au déclin des fonctions physiologiques et neurophysiologiques, entraînant une diminution des capacités physique ainsi qu'une diminution du désir érotique.

Cette période correspondrait à la vieillesse, et s'étendrait de l'âge de 60-80 ans jusqu'à la mort.

Maturité

La période de maturité du comportement érotique correspondrait à une période où le sujet a accumulé suffisamment de connaissances et d'expériences érotiques pour avoir des activités hédoniques intenses, adaptées et gratifiantes. La période de maturité correspondrait également, au niveau psychobiologique, à la fin du développement d'abstractions, de catégorisations, de représentations, de significations et de symboles liés à l'activité érotique.

L'âge auquel une personne accède à la maturité érotique est variable suivant le contexte culturel et suivant ses expériences singulières. Au plus tôt vers l'âge de 15 ans dans les sociétés les plus favorables, et vers la trentaine dans les sociétés plutôt prohibitives. La période de maturité érotique durerait ensuite jusqu'à la vieillesse, vers 60-80 ans, âge où le déclin des fonctions physiologiques ne permettrait plus au sujet d'avoir une activité érotique optimale.

A la maturité, en fonction de son vécu singulier, chaque sujet aurait une perception très subjective et personnelle de l'activité érotique. Cette perception subjective ne correspondrait que très approximativement à la réalité psychobiologique et aurait les caractéristiques suivantes :

  • Il semble que les activités érotiques qu'une personne aura connues et observées au cours des vingt premières années de sa vie seraient subjectivement considérées comme "naturelles" et "évidentes" (même si ces activités sont très éloignées du coït hétérosexuel : sadomasochisme, zoophilie, ...).
  • Il semble que les types d'activités érotiques les plus fréquents du groupe culturel d'appartenance d'une personne seraient subjectivement considérés comme les plus "normaux".
  • Il semble que l'activité érotique d'une personne serait fortement influencée par sa propre expérience du plaisir. Chaque personne aurait une activité érotique organisée autour du type de pratique qui lui procure le plus de plaisir ("Préférences érotiques" : préférence pour la zone orale, vaginale, anale, préférence pour un certain type de partenaire(s) et d'activités, ...).
  • Il semble que chaque personne ne pourrait percevoir que le plaisir et le désir liés à sa propre expérience érotique, et ne pourrait se représenter le plaisir et le désir liés à d'autres types d'activités érotiques. (une personne n'ayant que des activités hétérosexuelles ne pourrait avoir un désir homosexuel ; à moins que la personne du même sexe présente des caractéristiques du sexe opposé).

Ouvrages complémentaires

Le sous-chapitre "Maturité" est volontairement court, dans la mesure où l'essentiel du développement est terminée. Les ouvrages suivants détaillent à l'âge adulte les caractéristiques du comportement érotique :

Caractéristiques physiologiques :

  • "Human Sexual Response", de William H. Masters & Virginia E. Johnson • Boston, Little, Brown, 1966 / "Les réactions sexuelles" • Paris, Laffont, 1968

Caractéristiques psychosociologiques : (à noter que ces caractéristiques sont valables essentiellement pour des sociétés occidentales)

  • "Sexual behavior in the human male", de Alfred C. KINSEY, Wardell B. POMEROY & Clyde E. MARTIN • Philadelphie, Saunders, 1948 / "Le comportement sexuel de l'homme" • Paris, Éditions du Pavois, 1948
  • "Sexual behavior in the human female", de Alfred C. KINSEY & al. • Philadelphie, Saunders, 1953 / "Le comportement sexuel de la femme" • Paris, Amiot-Dumont, 1954
  • "Les joies du sexe", de Alex COMFORT • Arthaud 1992

Idéation érotique

Il semble que les idéations érotiques (ou l'imagerie érotique) ne puissent exister avant que le sujet n'ait ressenti des sensations érotiques.

Il semble également que les idéations érotiques d'un sujet soient très dépendantes d'une part, de ses préférences érotiques (principalement), et, d'autre part, de ses expériences érotiques singulières (secondairement).

Identité, orientation & rôle "sexuels"

Identité de genre (identité sexuelle)

L'identité de genre, c'est-à-dire le fait de se définir comme étant un être masculin ou féminin proviendrait plus d'une construction culturelle que d'un déterminisme inné, dans la mesure où des observations ethnologiques montrent qu'il peut exister plus de deux catégories de genre 1 et que le genre génétique peut différer du genre culturel. 1

Par exemple, il existe des sociétés où les individus se définissent par rapport à trois genres (Berdache amérindiens et Hijras indiens). Ce troisième genre ne correspond guère ni au transsexualisme, ni à un nouveau genre biologique. Il semble donc s'agir d'une construction culturelle.

En synthèse de nombreuses études psychologiques, il semblerait que l'identité de genre soit acquise en fonction du genre culturel assigné par les parents, indépendamment du genre chromosomique, gonadique, génital ou hormonal.

Préférence érotiques (Orientation sexuelle)

L'orientation sexuelle, c'est-à-dire le choix du genre des partenaires érotiques, proviendrait plus d'une influence et d'une construction culturelle que d'une structure cérébrale ou psychique innée. Ce concept ne semble d'ailleurs guère correspondre à la dynamique du comportement érotique et il conviendrait mieux d'utiliser le concept de "préférences érotiques", qui traduirait de manière plus satisfaisante le choix des partenaires.


Les concepts d'hétérosexualité, d'homosexualité ou de bisexualité ne semblent pas avoir de pertinences réelles, dans la mesure où il semble que chaque individu, en fonction de ses expériences érotiques et des normes culturelles de son groupe d'appartenance, développe des préférences érotiques qui recouvrent des modalités sensorielles (préférences pour des odeurs, préférences pour des sensations gustatives, préférence pour des formes visuelles, préférences pour des sensations tactiles, ...) ou des caractéristiques psychologiques (préférence pour des attitudes libertines, préférence pour des caractères énergiques, préférence pour des tempéraments passionnés, ...), préférences qui ne recoupent pas la séparation homme/femme. Par ailleurs, il convient de noter que dans un contexte culturel où les relations érotiques duelles (en couple, par deux) sont le modèle dominant, la distinction activité hétérosexuelle/homosexuelle s'impose de façon évidente. Par contre, dans le cadre d'activités avec simultanément plusieurs partenaires (en groupe), il est bien plus difficile de catégoriser des activités hétéro ou homosexuelles. On pourrait dire que les notions d'hétérosexualité et d'homosexualité se "diluent" avec l'augmentation du nombre des partenaires ... De surcroît, il semble qu'une personne ne puisse être hétérosexuelle (ou homosexuelle, ou bisexuelle), c'est à dire avoir une structure cérébrale ou psychologique spécifique à son orientation sexuelle (cf. les hypothèses classiques génétiques ou hormonales, où par exemple les homosexuels ont un corps d' "homme" et un cerveau de "femme" - ou vice versa). Par contre, une personne peut acquérir des préférences hétérosexuelles (ou homosexuelles, ou bisexuelles) qui peuvent être plus ou moins typés et exclusives. Par exemple un homme peut réagir exclusivement à des pénis, des corps musculeux, des attitudes viriles et des visages barbus : ses préférences érotiques sont alors "homosexuelles" strictes. Une femme peut réagir à des attitudes libertines, à un caractère enjoué et attentionné, à des formes corporelles minces, aux fesses et à des couleurs de cheveux claires : ses préférences érotiques sont alors "bisexuelles".


Plutôt qu'une "orientation sexuelle" assignée par la culture, il semble que chaque personne, en raison de la spécificité des processus de traitement de l'information, et en raison de son vécu érotique singulier, acquière des "préférences érotiques" qui lui sont propres, correspondant à des caractéristiques saillantes et régulières de ses partenaires et de ses états émotionnels.

Néanmoins, en raison de la prégnance du modèle culturel, et malgré le fait que personne ne soit réellement hétérosexuel/homosexuel (attiré que et par tous les individus du sexe opposé/identique), et que chacun ait des choix préférentiels de partenaires, chaque sujet se définit subjectivement en tant qu'hétérosexuel, homosexuel ou (bien plus rarement), bisexuel (car le concept de "bisexualité" ne fait pas réellement partie du modèle culturel dominant de la sexualité 1 ).


Par exemple un homme attiré préférentiellement par certaines caractéristiques féminines (qui peuvent se trouver chez des hommes et qui correspondent à seulement 25% de la population féminine) se définira quand même comme hétérosexuel, par référence à un modèle valorisé et qu'il connaît.


Il semble que les "préférences érotiques" objectives, résultantes de processus neuraux sous-corticaux (système limbique), soient réinterprétées par des processus néocorticaux et soient subjectivement perçues en concept culturel d' "orientation sexuelle" hétéro, homo ou, plus rarement, bisexuelle.

Rôle érotique (Rôle sexuel) Le rôle érotique (ou sexuel), c'est-à-dire l'ensemble des comportements et des valeurs rattachées à l'identité sexuelle, semble, sans équivoque possible, être déterminé par des considérations culturelles.

Comportement érotique & (psycho)pathologie

Les problèmes de pathologie ou de psychopathologie liés à la pratique du comportement érotique sont de deux types : spécifiques et non spécifiques.

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Figure 5 Comportement érotique & (psycho)pathologie réduit


Problèmes (psycho)pathologiques spécifiques

Les problèmes spécifiques sont des problèmes directement liés au comportement érotique, c'est-à-dire aux stimulations physiques du corps (caresses, étreintes, pénétrations vaginales ou anales).

On peut distinguer parmi les problèmes spécifiques des problèmes internes ou externes à l'organisme.


Problèmes spécifiques internes à l'organisme

Le seul type de problème interne à l'organisme qui semble être directement provoqué par la stimulation hédonique du corps serait la dépendance psychologique à l'activité érotique.

Néanmoins les cas d'addiction érotique, où le sujet est tellement obsédé par la recherche du plaisir érotique qu'il n'est plus en état de faire face aux nécessités du quotidien semblent être relativement rares, voire anecdotiques.


Problèmes spécifiques externes à l'organisme

Les problèmes spécifiques externes à l'organisme sont des problèmes liés aux "traumas somatiques", c'est-à-dire des lésions tissulaires des muqueuses, des tissus cutanés ou musculaires provoqués par des stimulations mécaniques trop intenses (en force ou en durée).

Ces blessures surviennent généralement lorsque l'activité érotique est inappropriée à la morphologie des partenaires (taille du pénis, dimension du vagin ou du rectum, diamètre de l'anus, ...). On peut donner comme exemples la pénétration d'un pénis de gros diamètre dans un anus de taille inférieure ou l'introduction d'objets volumineux (de type godemiché ou autres) ou du poing (fist fucking) dans le rectum.

D'autres blessures peuvent avoir comme origine des traumatismes volontaires (généralement des coups) lors des activités érotiques de type sadomasochiste.

Néanmoins il est à noter que ces traumatismes physiques sont en général (hormis certaines activités sadomasochistes) peu fréquents et relativement bénins.


Problèmes (psycho)pathologiques non spécifiques

Les problèmes non spécifiques sont des problèmes provoqués par des facteurs qui n'ont aucun lien direct avec les contacts physiques.

On peut distinguer parmi les problèmes non spécifiques des problèmes internes ou externes à l'organisme.


Problèmes non spécifiques internes à l'organisme

Les problèmes non spécifiques internes à l'organisme sont directement liés à des pathologies physiologiques, ou aux processus d' "attachement" et de "signification".

Pathologies (neuro)physiologiques

Le premier type de pathologies physiologiques sont les problèmes physiologiques ou neurophysiologiques périphériques : certaines dysfonctions érectiles, l'anorgasmie, l'éjaculation rétrograde, la dyspareunie, ... Ces problèmes de pathologie nécessitent une consultation auprès d'un spécialiste, urologue ou gynécologue.

Le second type de pathologies physiologiques sont les problèmes neurophysiologiques centraux, où des altérations cérébrales provoquent divers troubles du comportement érotique. Ces problèmes de neurophysiologie nécessitent une consultation auprès d'un spécialiste, psychiatre ou neurologue.

Comme autres pathologies qui peuvent avoir une incidence sur le comportement érotique, on peut citer les anomalies génétiques du développement. Ces pathologies ne sont pas directement liées à l'activité érotique, mais certaines peuvent perturber l'activité érotique dans la mesure où des organes ou des processus peuvent être absents ou altérés, empêchant le sujet d'avoir une activité érotique "normale".

Attachement

Par rapport au processus d' "attachement", on constate que l'activité érotique induit fréquemment un attachement réciproque des partenaires chez de nombreuses espèces de mammifères. Chez l'Homme, lorsqu'il existe un attachement réciproque, la séparation des partenaires peut provoquer un syndrome de détresse qui se caractérise par une souffrance psychique qui peut être très intense. À noter que dans ce cas, ce n'est pas l'activité érotique qui pose directement problème, mais la rupture de l'attachement. (cf. le chapitre "Attachement")

Signification

Il semble que le processus de signification soit un processus crucial dans la dynamique psychique de l'être humain. (cf. le chapitre "Signification")

Par rapport au processus de "signification", il semble que l'état psychique d'un sujet ayant eu des activités érotiques est principalement le résultat d'une appréciation cognitive basée sur le sens qu'il donne à ce qu'il a vécu. Par exemple, un adolescent ayant eu une activité homosexuelle, même très agréable physiquement, peut finalement ressentir de la honte ou de l'anxiété s'il pense être "pédé" et être "malade". Une femme ayant eu des activités érotiques épanouissantes avec un homme peut finalement en ressentir du dégoût si plus tard, en y réfléchissant, elle pense que le type d'activité qu'elle a eu (par exemple rapport anal et ingestion de sperme) est répugnant. Au contraire, une adolescente ayant eu un premier rapport sexuel douloureux peut finalement en ressentir beaucoup de bonheur si elle pense qu'elle a trouvé l' "âme sœur" et qu'il est normal d'avoir mal lors d'un premier rapport.

Il semble que beaucoup de problèmes "psychologiques" apparemment liés à des activités érotiques dépendent en fait du contexte socioculturel et de la signification subjective que le sujet leur attribue.

À noter que dans ce cas, ce n'est pas l'activité érotique qui pose directement problème, mais la signification qui est donnée à cette activité érotique.

De plus, il semble qu'il n'existe pas de données indiquant que le comportement érotique puisse provoquer directement des troubles psychologiques.


Problèmes non spécifiques externes à l'organisme

Les problèmes non spécifiques externes à l'organisme sont des problèmes liés aux Infections sexuellement transmissibles (I.S.T.) ou aux agressions.

I.S.T.

Les problèmes consécutifs à des infections sexuellement transmissibles (il en existe plus d'une vingtaine : syphilis, SIDA, chancrelle, candidoses, ...) ne sont pas des problèmes directement liés au comportement érotique, mais directement liés aux caractéristiques de l'agent pathogène. Les problèmes consécutifs à une MST sont du même type que ceux provoqués par n'importe quel autre type de maladies contagieuses.

Par ailleurs, les activités érotiques n'engendrent pas de MST ; c'est en ayant des activités érotiques avec un partenaire qui est déjà atteint par une MST que l'on peut contracter ce genre de maladie.

Agression sexuelle

Les problèmes consécutifs à une agression sexuelle ne semblent pas être des problèmes directement liés au comportement érotique. Quel que soit le type d'agression (au sens définit dans cet ouvrage, ici), qu'elle soit sexuelle ou non sexuelle, il semblerait que les problèmes observés soient similaires et dépendent des émotions intenses et négatives que le sujet ressent durant l'agression (terreur, douleur extrême, humiliation, ...). (cf. le chapitre "comportement d'agression")

De plus, il semble qu'il n'existe pas de données indiquant que le comportement érotique puisse provoquer directement des troubles psychologiques. Il semble que ce soit les attitudes, les gestes et les mots spécifiques de l'agression (insultes, menaces, humiliation, contraintes physiques et psychologiques, coups, blessures, ...) qui provoqueraient tant les états émotionnels intenses et négatifs que les troubles psychologiques.


Conclusion

Il semblerait que les seuls problèmes réels qui soient directement liés à l'activité érotique seraient soit des traumatismes physiques généralement mineurs, soit un problème peu fréquent mais qui peut être majeur de dépendance au plaisir érotique (émoi érotique et/ou orgasme).

Il semblerait que tous les autres problèmes, quel qu'ils soient, concomitants ou apparemment liés au comportement érotique, ne seraient en fait que des problèmes indirects, ayant une autre origine que l'activité érotique. En conséquence, ces problèmes ne pourraient être résolus que par des remédiations prenant en compte leurs causes réelles et non par des actions sur le comportement érotique.

En conclusion, l'activité érotique, c'est-à-dire la stimulation physique du corps destinée à provoquer du plaisir intense, ne provoquerait directement quasiment aucun problème notable de pathologie ou de psychopathologie.

Corrélats : voir le chapitre "Dynamique (psycho)pathologique"

Comportement érotique & dynamique psychosociologique

Questions ouvertes

– Quel est l'impact du comportement érotique sur la dynamique psychique du sujet adulte ?

– Quel est l'impact du comportement érotique sur la dynamique psychique du sujet en développement ?

– Quel serait l'impact de l'expérience ou de la non-expérience durant l'enfance et/ou l'adolescence du comportement érotique sur la dynamique psychique du sujet adulte ?

Éléments de réponse

D'après une étude transculturelle de J.W. Prescott portant sur 49 sociétés dites "préindustrielles", il semblerait que les sociétés où le plaisir physique est culturellement accepté, en particulier pour les enfants ou les adolescents, sont des sociétés où existe peu de violence physique. 1

Prescott a noté que les sociétés prohibant le plaisir somatosensoriel durant l'enfance et/ou l'adolescence présentent les caractéristiques sociales suivantes :

  • Forte probabilité d'un statut inférieur de la femme.
  • Forte probabilité d'un faible niveau d'affection envers les enfants.
  • Forte probabilité de sévices physiques envers les enfants.
  • Forte probabilité d'existence de l'esclavage.
  • Forte probabilité d'existence de divinités plutôt agressives.

Au contraire, il semblerait que les sociétés tolérant le plaisir somatosensoriel durant l'enfance et/ou l'adolescence présentent les caractéristiques sociales suivantes :

  • Faible probabilité de meurtre, d'acte de torture ou de mutilation des ennemis.
  • Faible probabilité de sévices physiques envers les enfants.
  • Faible probabilité de vol.
  • Faible probabilité d'activité religieuse.

Bien qu'il semble difficile de conclure à un effet direct et simpliste entre plaisir physique et agression/attitudes dysfonctionnelles, ces observations demanderaient une réflexion plus approfondie.

Ces observations semblent mettre en évidence que la modification d'un comportement n'entraîne pas des modifications limitées uniquement à ce comportement, mais que la modification d'un comportement durant la période de développement entraînerait une réorganisation globale de la dynamique psychique et comportementale du sujet à l'âge adulte.

Intérêts de l'activité érotique

Quels sont les intérêts de l'activité érotique ? L'activité érotique est-elle nuisible, annexe ou facteur de progrès social ?

Il semble que l'activité érotique, c'est-à-dire la stimulation physique du corps destinée à provoquer du plaisir intense, puisse être un facteur de socialisation 1 et d'équilibre psychologique.

Il semblerait que le plaisir, et tout particulièrement le plaisir érotique, puisse être utilisé comme motivation intrinsèque à vivre et à agir avec les autres, à coopérer afin d'accroître le niveau de gratifications mutuelles.

De surcroît, il semble que l'activité érotique ne provoque aucune pathologie ou perturbation psychologique, et qu'elle soit économique et écologique.

Il semble que l'activité érotique pourrait être, sous réserve d'être intégrée éducativement et socialement, un puissant facteur de cohésion sociale et d'épanouissement individuel.

Conclusion

D'un point de vue strictement psychobiologique (c'est-à-dire en dehors des influences culturelles), il semblerait que l'organisme humain puisse acquérir un comportement érotique dès le plus jeune âge, à partir de la troisième année. Le désir érotique semble pouvoir s'exprimer envers différents types de partenaires, indépendamment de leur genre, leur nombre, leur âge, leur parenté, voire même de leur espèce.

Le comportement érotique ne serait ni un besoin inné, ni l'expression d'un instinct. Il peut, suivant le contexte culturel, se développer de différentes façons, voire ne se développer que de façon limitée. Bien que le comportement érotique n'existe pas à la naissance, il ne peut que se développer, tôt ou tard. Inévitablement, chaque sujet expérimentera des stimulations somatosensorielles qui produiront du plaisir physique plus ou moins intense. Dès lors, le sujet cherchera à reproduire ces sensations, amorçant ainsi le développement du comportement érotique.

Par rapport au facteur culturel, suivant que le comportement érotique est favorisé ou non, l'individu peut avoir soit un comportement érotique dès les premières années, avec un répertoire complet avant l'âge de dix ans tels les enfants de certaines sociétés océaniennes, soit, dans le cas extrême contraire, ne pas avoir de comportement érotique, telles les femmes So qui n'ont des rapports sexuels douloureux que pour avoirs des enfants, source de richesse et de valorisation sociale. Toujours par rapport au facteur culturel, suivant les formes et les pratiques favorisées ou proscrites, la diversification des activités érotiques peut être faible (en général génitale hétérosexuelle en couple) ou importante (activités hétéro, homo et bisexuelles, avec un ou plusieurs partenaires, en groupe, orales, génitales, buccogénitales, dans diverses positions, avec des aliments, des objets, voire des animaux, ...).

Les multiples formes d'expression du comportement érotique se développent d'autant plus qu'il ne semble pas exister chez l'homme - de façon significative - de mécanismes biologiques inhibiteurs (pas d'inhibition saisonnière par la mélatonine), ou contrôlant et limitant le comportement sexuel (pas de phéromones sexuelles).

Bien que des facteurs biologiques nombreux et importants interviennent dans l'activité érotique, on observe qu'il existe un découplage entre les croyances culturelles et la Réalité. Ce qui est intéressant à noter, c'est que les croyances culturelles peuvent prendre en compte ou non ces réalités biologiques, et leur donner une importance qui peut être très nettement supérieure ou inférieure à celle qu'elles ont réellement. Les croyances sociales modèlent grandement le comportement érotique et peuvent lui donner, en bien ou en mal, une importance sociale et psychologique qui dépasse de très loin la simple sensation de plaisir intense qu'il procure.

Extrêmement dépendant du contexte culturel et des expériences érotiques personnelles, les caractéristiques du comportement érotique à l'âge adulte peuvent être d'une grande diversité et sont propres à chaque sujet. Le comportement érotique serait un construit hédonique et idiosyncrasique, s'exprimant à l'âge adulte par des "préférences érotiques" singulières, résultant de l'expérience personnelle de chaque individu.

Ainsi, chez l'homme, le comportement érotique ne serait pas organisé et construit autour de gènes ou de molécules spécifiques qui orientent son comportement dans une finalité reproductrice. L'éros humain ne serait pas un instinct mais un construit cognitif qui se structure principalement autour des facteurs hédoniques et culturels.

L'activité érotique, c'est-à-dire la stimulation physique du corps destinée à provoquer du plaisir intense, d'une part, ne provoquerait directement quasiment aucun problème notable, et, d'autre part, pourrait être, sous réserve d'être intégrée éducativement et socialement, un puissant facteur de cohésion sociale et d'épanouissement individuel.

Problématique de la reproduction

Introduction

Pour tous les êtres vivants, la problématique centrale de la reproduction est la perpétuation de l'espèce. Chez les mammifères, le facteur absolument nécessaire de la reproduction est la fécondation de la femelle par le mâle.

L'objectif de ce chapitre est l'étude détaillée des processus neurobiologiques qui permettent la reproduction chez les mammifères.

Caractéristiques de la reproduction Suivant les espèces vivantes, la reproduction est réalisée de manière très diverse. Chez les espèces animales les plus simples il semble exister un comportement de reproduction, c'est-à-dire tout un ensemble d'éléments sensoriels, endocriniens et moteurs qui, uniquement en présence d'un mâle fécondant et d'une femelle fécondable, déclenchent une séquence d'actes moteurs successifs et contrôlés, éventuellement préprogrammés, dont le seul objectif et résultat est l'accouplement (permettant la fécondation et la reproduction subséquente).

Chez les primates, bien qu'on observe l'existence de séquences comportementales isolées ayant un rapport avec la reproduction, en raison de l'absence d'éléments neurobiologiques contrôlant spécifiquement un coït vaginal fécondant, il semble que les actes moteurs observés ne relèvent pas à proprement parler d'un "comportement de reproduction". En particulier chez les primates hominoïdes, la fécondation serait plus le résultat d'un heureux hasard que d'un comportement à finalité reproductrice. Il convient d'ailleurs de noter qu'il n'est pas important que l'acte de fécondation soit le résultat de processus neurobiologiques spécifiques, "déterminés" et "programmés", ou le résultat fortuit du "hasard". Le seul critère déterminant de la reproduction est la réussite de la fécondation, peu importe la manière dont elle se réalise.

Chez l'Homme, la reproduction ne semble pas dépendre d'un "instinct" téléologique ou de séquences motrices spécifiques. Elle semble plutôt être le résultat indirect de divers apprentissages, aboutissant dans la plupart des cas à l'acquisition d'un comportement érotique dont une des (heureuses) conséquences, au cours des diverses activités de recherche de plaisirs intenses, est la fécondation.

Compléments de définitions

Comportement de reproduction

Proposition de définition (objectivation du comportement) : Le comportement dont l'objectif (non conscient) est la fécondation d'une femelle par un mâle est appelé "comportement de reproduction".

Ce comportement correspond à la mise en jeu organisée de différents processus psychobiologiques qui vont permettre d'assurer la fonction de reproduction, fondamentale à la survie de l'espèce.

Ce comportement est constitué, suivant les espèces animales étudiées, en plusieurs comportements, réflexes et processus sensoriels distincts et spécifiques : processus de détections des signaux sexuels, généralement olfactifs (phéromones) ou parfois visuels ; réflexes autonomes d'érection pénienne et clitoridienne, de lubrification vaginale et pénienne, d'éjaculation, d'ovulation et de contractions utérines ; réflexes moteurs de lordose et de poussées pelviennes ; comportements d'approche, de monte et coïtal.

L'organisation finalisée de ces différents éléments provoque, après l'analyse des signaux sexuels d'un mâle fécondant et d'une femelle fécondable, le déclenchement d'une séquence d'actes moteurs successifs et contrôlés qui permettent l'accouplement et la fécondation.

Comportement de monte

Proposition de définition (objectivation du comportement) : il est proposé d'appeler "comportement de monte" la séquence comportementale produite par le mâle de nombreuses espèces et qui consiste en général à se positionner sur le dos de la femelle, en préalable au coït.

Comportement coïtal (ou comportement de copulation)

Proposition de définition (objectivation du comportement) : il est proposé d'appeler "comportement coïtal" la séquence comportementale constituée de l'intromission du pénis dans le vagin et des poussées pelviennes - qui provoquent l'éjaculation réflexe - permettant ainsi d'assurer la fécondation et la reproduction.

Comportement de lordose

Proposition de définition (objectivation du comportement) : il est proposé d'appeler "comportement de lordose" la séquence comportementale produite par la femelle de nombreuses espèces de mammifères et qui consiste principalement à préparer le coït par la cambrure du dos, la présentation du vagin et l'écartement de la queue.

Comportement d'approche

Proposition de définition (objectivation du comportement) : il est proposé d'appeler "comportement d'approche" la ou les séquences comportementales qui sont produites par le mâle ou la femelle de certaines espèces, juste avant l'accouplement.


Observations : attitudes et comportements types

Chez les mammifères, les attitudes et les séquences motrices du comportement de reproduction, à part la phase préliminaire d'approche, sont relativement stéréotypées en raison principalement des contraintes morphologiques.

L'aspect crucial du comportement de reproduction consiste essentiellement en trois phases :

– Le positionnement du mâle et de la femelle (généralement une lordose pour la femelle et une monte par le mâle). La position face à face n'est observée que chez pan paniscus et homo sapiens.

– L'intromission du pénis dans le vagin.

– Des poussées pelviennes provoquant l'éjaculation.

Remarques

La phase la plus critique est le positionnement, qui nécessite un apprentissage, la phase la moins critique est les poussées pelviennes, qui sont réflexes.


Caractéristiques principales du comportement de reproduction

Les caractéristiques principales relatives au comportement de reproduction seraient :

– L'existence d'une organisation anatomique sexuée et complémentaire, qui permet la reproduction. Ces aspects anatomiques et physiologiques seraient fonctionnels à partir de la puberté.

– L'existence de quelques "modules fonctionnels", responsables du contrôle de réactions physiologiques et/ou de séquences comportementales nécessaires au coït et à la fécondation.


– Lubrification vaginale et pénienne.


– Érection pénienne et clitoridienne.


– Poussées pelviennes.


– Éjaculation.


– Ovulation (uniquement chez certaines espèces).


– Contractions utérines.

– Chez les mammifères, l'existence de capacités de traitement de l'information qui permettent de suppléer à l'absence d'une programmation comportementale complète de l'accouplement. Par apprentissage, les mammifères arrivent, en général, à exécuter les différentes séquences comportementales de l'accouplement de manière adaptée à la reproduction.


Développement du comportement de reproduction

Pour expliciter en détail les processus psychobiologiques à l'œuvre dans la reproduction humaine, l'expérimentation animale permet d'obtenir un certain nombre de connaissances concernant les processus neurobiologiques impliqués.


Chez les rongeurs

Par exemple, chez les rongeurs, c'est la combinaison de divers processus neurobiologiques, en interaction avec des caractéristiques de l'environnement, qui, dans la plupart des cas, permet l'émergence et l'apprentissage d'une série d'actes comportementaux aboutissant au coït et ainsi à la reproduction subséquente.

Modélisation du comportement de reproduction

Des processus cognitifs seraient impliqués dans le déroulement du comportement de reproduction des rongeurs, car les influences hormonales et les informations phéromonales ne semblent pas suffisantes. L'intégration cognitive de l'ensemble des différentes modalités sensorielles, bien que ces dernières n'aient pas toutes la même importance, semble également être nécessaire (tout particulièrement pour le comportement de monte du mâle).

Plusieurs types de processus neurobiologiques semblent impliqués :

– Développement de la sensibilité génitale.

– Familiarisation.

– Représentation du "schéma corporel".

– Mémorisation contextuelle.

Développement de la sensibilité génitale

Le développement de la sensibilité génitale s'effectue progressivement par l'intermédiaire du léchage maternel, phéromone-dépendant, de la région anogénitale. La privation expérimentale de cette stimulation perturbe le comportement d'intromission et d'éjaculation. Ce léchage anogénital semblerait faciliter le développement de circuits spinaux contrôlant les réflexes sexuels, abaissant ainsi les seuils d'activation et permettant un meilleur fonctionnement de ces réflexes. 1

Familiarisation

La familiarisation (par exemple à certaines odeurs maternelles) est également un facteur intervenant dans le développement normal du comportement de reproduction. La familiarisation (ainsi que le traitement de la nouveauté) sont des processus cognitifs pouvant, suivant le contexte, faciliter ou inhiber le comportement de reproduction. 1

Représentation du "schéma corporel"

La construction d'un "schéma corporel" semblerait être un processus cognitif critique, nécessaire à la réalisation de certaines étapes du comportement de monte. En effet des animaux ayant été isolés depuis leur naissance présentent des déficits sélectifs qui concernent, exclusivement, les postures en rapport avec le coït, sans perturber l'excitation dite "sexuelle" ou l'éjaculation. Ce serait la déprivation de la modalité sensorielle somatique qui serait responsable des perturbations comportementales. Il semblerait exister un traitement particulier des informations somesthésiques et kinesthésiques permettant à l'animal d'adopter la position corporelle appropriée à la monte. Des processus cognitifs seraient donc responsables, par des contacts tactiles variés lors des "jeux" avec les partenaires durant la période juvénile, de la représentation du corps ("schéma corporel") et de sa position dans l'espace. 1 , 2

Ce type de processus cognitif semble même pouvoir suppléer partiellement la suppression expérimentale des informations olfactives, déprivation normalement critique chez des animaux sexuellement naïfs. 1

Mémorisation contextuelle

Des processus cognitifs de mémorisation contextuelle, centrés sur le comportement en cours et/ou sur les caractéristiques de l'environnement, semblent également intervenir.

La mémorisation contextuelle relative au comportement de reproduction en cours consisterait en une mémorisation de l'ensemble des stimuli et des comportements (endogènes et ceux produits par le partenaire) qui seraient associés les uns aux autres. Ultérieurement, l'évocation partielle de ces stimuli serait suffisante à réactiver l'ensemble des éléments mémorisés, permettant ainsi la réalisation complète du comportement de reproduction, même en l'absence de certains stimuli. On constate ce phénomène par exemple chez des animaux sexuellement expérimentés qui n'ont plus besoin des informations phéromonales, contrairement à des animaux naïfs. 1 , 2 , 3

La mémorisation contextuelle relative aux caractéristiques de l'environnement consisterait en une mémorisation, lors du comportement de reproduction, de l'ensemble des stimuli de l'environnement (ou du moins de ceux ayant une signification pour l'animal), qui seraient ainsi associés avec l'état d'excitation interne. Ultérieurement, l'évocation partielle de ces stimuli environnementaux pourrait réactiver l'état d'excitation interne, de façon similaire aux stimuli spécifiquement "sexuels". 1

Divers

La modulation du comportement par les processus cognitifs se ferait, entre autres, par une action sur l'hypothalamus, qui est chez les rongeurs un des centres régulateurs du comportement de reproduction. 1 , 2

Approfondissement : Étude détaillée du comportement de reproduction chez les rongeurs. (disponible prochainement) Approfondissement : Étude du comportement coïtal chez les rongeurs. (disponible prochainement)

Remarques

Le comportement de reproduction étant la résultante d'une combinaison de différents processus, on observe, suivant la vitesse différentielle de maturation de chacun de ces processus, l'expression isolée de tel ou tel processus, lorsqu'il arrive à maturité. Ceci expliquerait les séquences partielles et incomplètes du comportement de reproduction que l'on observe chez les animaux avant leur maturité reproductive.


Extrapolation aux primates hominoïdes et à l'Homme

Les données obtenues chez les rongeurs montrent que le comportement de reproduction est la résultante de nombreux processus neurobiologiques non spécifiques, et ne correspond pas à un "instinct" ou à l'expression d'une instance de "contrôle".

Chez les primates hominoïdes, les phéromones ne semblent pas avoir d'effets comportementaux notables 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 et les hormones ont un effet plutôt au niveau de l'organisation corporelle 1 que des processus psychiques.

Chez l'Homme, il semble que la reproduction soit encore plus dépendante des apprentissages et des facteurs cognitifs et hédoniques, que chez les autres primates.


Chez les primates hominoïdes

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Ce sous-chapitre a comme objectif de comprendre et d'expliquer les principales étapes du développement relatif à la reproduction. Les hypothèses les plus plausibles de la chronologie du développement sont présentées.

Il semble que chez l'Homme, ce soit le comportement érotique qui permette, de façon indirecte, le coït et la fécondation subséquente, assurant ainsi la fonction de reproduction, nécessaire à la perpétuation de l'espèce humaine.

Ce sous-chapitre traite, d'une part, du développement du comportement coïtal, et, d'autre part, du développement physiologique et végétatif (système nerveux autonome) des organes reproducteurs.

Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit


Physiologie de la reproduction

Périodes du développement

Le développement des aspects physiologiques et autonomes de la reproduction comporterait trois étapes principales :

– Une période "préliminaire".

– Une période de "fécondabilité".

– Une période d' "involution".

Partie A Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit


Période "préliminaire"

La première période relative au développement des aspects physiologiques et autonomes de la reproduction serait la période dénommée "préliminaire".

Partie 1 Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le substantif "préliminaire" a été choisi car cette période est une phase préliminaire, où n'existe aucune possibilité physiologique de reproduction, mais qui est nécessaire et préalable au développement de cette capacité.

Cette période préliminaire correspondrait à la maturation fonctionnelle des organes reproducteurs. Cette maturation est absolument nécessaire pour que l'organisme puisse se reproduire.

Il semble que cette période s'étendrait sur les quinze premières années après la fécondation.

À la fin de la période préliminaire, vers l'âge de quinze ans, les processus et les organes liés à la reproduction sont fonctionnels et l'organisme peut se reproduire.

La période préliminaire comporterait trois stades successifs de maturation :

– Un stade de sexuation, correspondant à la différenciation en organisme mâle ou femelle.

– Un stade de maturation des réflexes sexuels autonomes d'érection, de lubrification et d'éjaculation.

– Un stade de maturation des organes reproducteurs : la puberté.

1er stade : Sexuation

Le stade de sexuation correspond à la différentiation des organes sexuels internes et externes en organe mâle et femelle. Cette différenciation s'effectue entre la 7e et la 16e semaine après la fécondation, sous l'effet des hormones stéroïdes. 1

2ème stade : Réflexes sexuels

Le stade des réflexes sexuels, entre la fin de la grossesse et la première année postnatale, correspond à la maturation des réflexes sexuels, contrôlés par le système nerveux autonome.

Ces réflexes seraient chez le mâle :

– L'érection du pénis (observée in utero par échographie). 1 , 2 , 3

– L'éjaculation (du moins la maturation des contractions spasmodiques de l'urètre). 1

et chez la femelle :

– La lubrification vaginale. 1 , 2

– L'érection du clitoris et des lèvres.

– L'éjaculation (du moins les contractions des muscles lisses similaires aux organes équivalent chez le mâle).

3ème stade : Puberté

Le stade de la puberté, entre l'âge de 11 et 15 ans, correspondrait principalement à la maturation, sous contrôle hormonal, des organes reproducteurs internes.

On observerait chez le mâle : 1

– La spermatogenèse : formation de spermatozoïdes et de substances par les glandes annexes (prostate, vésicules séminales et bulbo-urétrales).

– L'éjaculation consciente entre 13 et 14 ans, avec du sperme fécondant.

– Le développement des caractères sexuels secondaires : voix grave, poils pubiens, croissance du pénis et des testicules.

et chez la femelle : 1

– L'ovogenèse : reprise et fin de la formation des ovules (ayant débuté au 8ème mois fœtal).

– La maturation du tractus génital (vagin, utérus, trompe, ovaire).

– L'apparition des cycles menstruels, sous contrôle hypothalamique.

– Le développement des caractères sexuels secondaires : poils pubiens, croissance des seins et du clitoris.

Après la puberté, l'être humain est physiologiquement apte à procréer.


Période de "fécondabilité"

La seconde période relative au développement des aspects physiologiques et autonomes de la reproduction serait la période dénommée "fécondabilité".

Partie 2 Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le substantif "fécondabilité" a été choisi car cette période est une phase où l'organisme peut féconder (mâle) ou peut être fécondé (femelle).

Cette période de fécondabilité correspond à possibilité physiologique de l'organisme de se reproduire.

Cette période s'étendrait de la fin de la puberté, vers la quinzième année, jusqu'à la ménopause chez les femmes (entre 35 à 55 ans, 51 ans en moyenne) ou l'andropause chez les hommes (graduellement entre 70 à 80 ans).


Période d' "involution"

La troisième période relative au développement des aspects physiologiques et autonomes de la reproduction serait la période dénommée "involution".

Partie 3 Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le substantif "involution" a été choisi car cette période est une phase de modification régressive de la fonction reproductrice.

Cette période d'involution correspond à l'arrêt de la gamétogenèse, mettant un terme au capacité de reproduction de l'organisme.

Cette période s'étendrait de la ménopause chez les femmes (entre 35 à 55 ans, 51 ans en moyenne) ou de l'andropause chez les hommes (graduellement entre 70 à 80 ans), jusqu'à la mort.

Développement du comportement coïtal

Par rapport à la fécondation, le seul aspect moteur crucial est le comportement coïtal, que l'on pourrait décomposer en positionnement, intromission vaginale, poussées pelviennes et éjaculation.

Périodes du développement

Le développement du comportement coïtal comporterait cinq étapes principales :

– Une période "préliminaire".

– Une période de "latence".

– Une période d' "initiation".

– Une période "coïtale".

– Une période d' "involution".

Partie B Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit


Période "préliminaire"

La première période relative au développement du comportement coïtal serait la période dénommée "préliminaire".

Partie 1' Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le substantif "préliminaire" a été choisi car cette période est une phase préliminaire, où n'existe aucune activité coïtale, mais qui est nécessaire et préalable au développement de ce comportement.

Cette période préliminaire correspondrait à la maturation fonctionnelle des processus psychobiologiques "initiateurs" : les réflexes de poussées pelviennes et la formation cognitive du "schéma corporel". Ces processus sont absolument nécessaires pour que le développement du comportement coïtal puisse débuter.

Il semble que cette période s'étendrait sur les trois premières années après la naissance.

A la fin de la période préliminaire, vers l'âge de trois ans, les processus fondamentaux liés au coït seraient fonctionnels et le développement du comportement coïtal peut débuter, ou, plus exactement, est potentiellement en mesure de se développer si le contexte culturel le permet.


Période de "latence"

La seconde période relative au développement du comportement coïtal serait la période dénommée de "latence".

Partie 2' Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le substantif "latence" a été choisi car cette période est une phase où le développement du comportement coïtal est latent, c'est-à-dire qu'il ne s'effectue pas mais qu'il est susceptible de commencer à tout moment.

Cette période de latence correspondrait à l'effet inhibiteur de certains types de contextes culturels, défavorables à l'expression du comportement coïtal durant l'enfance ou l'adolescence.

La durée de cette période serait comprise entre zéro et une quinzaine d'années, au maximum.

Données ethnologiques

Les observations ethnologiques montrent que le comportement coïtal ne se développe pas systématiquement dès la fin de la période préliminaire. 1

Le contexte culturel devient prépondérant à cette période. Lorsque les attitudes sociales empêchent le développement du comportement coïtal, on observe une période de latence où n'existe quasiment aucune activité coïtale chez l'enfant.

À partir de l'âge où l'enfant (ou l'adolescent ou le jeune adulte) est censé avoir une activité coïtale, on observe alors une reprise du développement de ce comportement.

Remarques

La période de latence est potentielle. S'il n'existe aucune restriction culturelle à l'expression du comportement coïtal, cette période n'existerait pas.

La durée de la période de latence est variable, plus ou moins longue, en rapport étroit avec les croyances sociales. La période de latence du comportement coïtal peut être bien plus longue que celle du comportement érotique, dans la mesure où sans informations bien spécifiques le coït ne semble pas être un acte évident. Mais il semble néanmoins que les interdits culturels ne peuvent empêcher indéfiniment le développement du comportement coïtal.

Dans le cadre d'un contexte culturel extrêmement défavorable, l'adolescent ou le jeune adulte accède d'une façon ou d'une autre à des informations relatives aux activités coïtales. De surcroît, la nécessité de la reproduction implique à un moment donné (au plus tard au moment du mariage, par exemple) d'informer les individus des modalités de la reproduction.


Période d' "initiation"

La troisième période relative au développement du comportement coïtal serait la période dénommée d' "initiation".

Partie 3' Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le néologisme "initiation" a été choisi car cette période est la phase où le développement du comportement coïtal commence, et, étymologiquement, initiare en latin signifie "commencer".

La période d'initiation correspondrait à des modifications psychiques et cognitives permettant le commencement du développement du comportement coïtal.

Cette période serait brève, de l'ordre de quelques jours au maximum, en fonction du contexte, de l'âge et des capacités motrices et cognitives du sujet. Cette période prendrait place, suivant l'existence ou non d'une période de latence, en général entre la troisième et la vingtième année.

La caractéristique cruciale de la période d'initiation est la compréhension cognitive et la maîtrise motrice de l'acte d'intromission du pénis dans le vagin.

Tous les primates hominoïdes mâles ont besoin d'apprendre à coïter. Les primates mâles élevés en isolement présentent un état d'excitation, des érections, des poussées pelviennes, mais n'introduisent pas leur pénis dans le vagin de la femelle 1 , 2. L'homme naïf sans connaissances ignore qu'il est possible et nécessaire d'introduire son pénis dans le vagin afin de féconder sa partenaire. Néanmoins cet apprentissage est simple et peut s'effectuer, vraisemblablement à partir de l'âge de trois ans, dès que, d'une part, l'enfant a construit son "schéma corporel" et a acquis son autonomie motrice, et, d'autre part, que les capacités cognitives permettent la compréhension de cet acte moteur.


Période "coïtale"

La quatrième période relative au développement du comportement coïtal serait la période dénommée "coïtale".

Partie 4' Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le substantif "coïtal" a été choisi car cette période est une phase où les mammifères ont des activités régulières de coït.

Cette période pourrait s'étendre, en fonction du contexte culturel, de l'âge de trois ans environ jusqu'au début de la vieillesse.

Remarques

À noter qu'un facteur limitant pour le mâle est la longueur du pénis. Un jeune primate mâle peut très bien avoir compris l'acte coïtal, exécuter la séquence motrice, mais ne pouvoir coïter en raison d'un pénis trop court. Chez l'Homme, la croissance du pénis est faible durant l'enfance et maximale durant l'adolescence. En raison de la longueur du pénis, qui est variable d'un individu à l'autre (quelques centimètres durant l'enfance, et entre » 10 à » 20 cm en érection à l'âge adulte – moyenne » 15-16 cm 1 , Richard Edwards , Durex survey , Lifestyle condom survey ), certains hommes doivent attendre la fin de la puberté pour pouvoir coïter.

À noter également que contrairement au comportement érotique, il n'existe pas réellement de période de diversification de l'activité coïtale, dans la mesure où les contraintes morphologiques limitent le coït vaginal à deux grands types de position : le coït ventro-ventral (Homme et Chimpanzé bonobo) et le coït ventro-dorsal (tous les mammifères).


Période d' "involution"

La cinquième période relative au développement du comportement coïtal serait la période dénommée "involution".

Partie 5' Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Le substantif "involution" a été choisi car cette période est une phase de modification régressive du comportement coïtal.

Cette période d'involution correspond principalement à l'impotence érectile de l'homme et secondairement à l'arrêt de la lubrification vaginale chez la femme.

Avec le déclin des fonctions physiologiques liées à la vieillesse, les capacités de reproduction disparaissent en raison principalement de la ménopause chez la femme et de l'impotence érectile chez l'homme.

Cette période s'étendrait de l'âge de 50-60 ans chez les femmes et de 70-80 ans chez les hommes, jusqu'à la mort.


Développement de la capacité de reproduction

Partie C Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

En synthèse des développements physiologique, autonome et comportemental des différents processus et actes moteurs nécessaires à la reproduction, il semble exister trois grandes périodes relatives à la capacité de reproduction :

– Une période pré-reproductive.

– Une période reproductive.

– Une période post-reproductive.

Période pré-reproductive

La période pré-reproductive correspond à la maturation des processus physiologique et autonome, et à l'acquisition du comportement coïtal. Durant cette période, la reproduction est impossible en raison soit de l'ignorance des actes à accomplir, soit de l'impotence due à la longueur insuffisante du pénis ou soit de l'infécondité du mâle ou de la femelle.

Partie a Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Période reproductive

La période reproductive correspond à la capacité de reproduction d'un organisme, qui elle-même dépend de la capacité simultanée de fécondité et d'accomplissement du coït.

Cette période s'étendrait, en fonction du contexte culturel, de la fin de la puberté ou du début de l'âge adulte jusqu'à la vieillesse.

Partie b Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit

Période post-reproductive

La période post-reproductive correspond au déclin des fonctions liées à la reproduction : fin de la gamétogenèse ou impotence érectile. Le déclin est progressif, atténué en partie par les progrès technologiques et médicaux.

Partie c Figure 6 Développement relatif à la reproduction réduit


Maturité

Dans les sociétés technologiquement développées du XXIe siècle, la caractéristique principale des actions liées à la reproduction, durant la période de maturité, est leur nature volontaire et consciente.

Cette caractéristique de la reproduction humaine est bien différente de celles des animaux plus simples, tels par exemple les insectes. À la maturité, chez ces arthropodes, le comportement de reproduction est automatiquement déclenché et contrôlé sous l'effet de signaux successifs.

Ayant des connaissances et disposant de moyens médicaux, n'étant pas contraint par des "pulsions" ou un "instinct" de la reproduction, chaque être humain peut décider, volontairement et à dessin, de procréer.


Reproduction & comportement érotique

On observe au cours de l'évolution phylogénétique une dissociation graduelle entre le comportement de reproduction et le comportement érotique.

Cette dissociation comportementale semble être sous-tendue par des processus neurobiologiques bien spécifiques, en particulier l'évolution des structures limbiques liées au plaisir.

Il semblerait que chez les animaux les plus corticalisés, la reproduction soit assurée par un ensemble fortuit de facteurs hédoniques et situationnels. Ces facteurs rendent possibles le coït et la fécondation subséquente, permettant ainsi la reproduction et la perpétuation de l'espèce.

Ainsi, par rapport au comportement de reproduction, l'acte reproducteur (c'est-à-dire le coït vaginal, qui fait généralement partie des activités érotiques), peut être réalisé indépendamment du comportement érotique et être effectué uniquement à fin de reproduction.

Et par rapport aux activités érotiques, le comportement coïtal, crucial et absolument nécessaire à la reproduction, n'est qu'une variante possible et facultative du comportement érotique.


Reproduction & technologie

On observe que le développement technologique et médical a une influence non négligeable sur la reproduction humaine.


Dissociation Reproduction / Comportement

L'influence majeure des technologies se traduirait par une réévaluation de la problématique de la reproduction, en diminuant la part comportementale et en augmentant la part physiologique.

Dissociation Reproduction / Comportement de reproduction

D'une part, avec le développement technologique, la problématique de la reproduction est de moins en moins liée au comportement. Dans un futur proche, il est même possible d'envisager que la reproduction devienne un problème exclusivement physiologique ou médical.

En effet, les techniques de procréation assistée permettent d'assurer la reproduction en dehors de tout comportement coïtal.

Ces techniques médicales rendent ainsi possible une dissociation quasi totale entre la reproduction et le comportement de reproduction.

Dissociation Reproduction / Comportement érotique

D'autre part, il est également possible dans un futur proche, que non seulement la reproduction devienne un acte principalement médical, mais que l'union des corps devienne uniquement un acte et une problématique du plaisir.

En effet, les moyens médicaux permettent le contrôle volontaire de la reproduction, en particulier grâce à des hormones qui agissent au niveau des organes reproducteurs internes.

Le contrôle hormonal rend ainsi possible une dissociation quasi totale entre le comportement érotique et la reproduction.

Conclusion

Les moyens technologiques modernes tendent à faire de la reproduction une problématique principalement physiologique et médicale, et tendent à la dissocier complètement des aspects comportementaux, coïtal et érotique.

L'être humain aurait ainsi un comportement érotique bien distinct, centré exclusivement sur le plaisir, et assurerait volontairement et à dessein sa reproduction par des moyens médicalisés agissant sur sa physiologie.


Andropause et ménopause

Un autre effet plus mineur du développement médical et des technologies (cryogénie, d'insémination artificielle, supplémentation hormonale, ...) est qu'il permet actuellement de reculer artificiellement l'âge limite de la reproduction de 10 à 20 ans.


Reproduction & (psycho)pathologie

Il ne semble pas exister de pathologies directement provoquées par le comportement de reproduction.

Pour l'Homme, l'activité de reproduction étant incluse dans le comportement érotique, les problèmes de type (psycho)pathologique sont les mêmes que ceux produits par les activités érotiques. (Cf. le § "Comportement érotique & (psycho)pathologie")


Conclusion

Le comportement de reproduction, dépendant de processus neurobiologiques spécifiques, semble disparaître progressivement au fur et à mesure de l'évolution de la structure cérébrale.

Chez les animaux les plus corticalisé, il semble que la reproduction, essentielle à la survie de l'espèce, dépende de quelques réflexes résiduels, coordonnés après apprentissage en activités reproductrices adaptés.

Depuis des milliers d'années, dans l'espèce humaine et peut-être chez les autres primates anthropoïdes, la reproduction semble être un heureux aléa, conséquence fortuite de la recherche du plaisir physique.

Mais aujourd'hui, le développement récent dans l'Histoire de l'humanité des connaissances scientifiques et des moyens technologiques tend à dissocier complètement l'activité érotique de la reproduction, et à faire de cette dernière un acte médicalisé, volontaire et conscient.


Construction culturelle de la notion de sexualité

Introduction

Définition

Il est proposé d'appeler "sexualité" toutes les représentations subjectives relatives à la reproduction et au comportement érotique.

La notion de "sexualité" recouvrirait l'ensemble des comportements, attitude, systèmes de valeurs et de représentations qui sont subjectivement considérés, dans une culture et à une époque donnée, plus ou moins lié à la reproduction, au coït, aux sensations d'émoi érotique et de jouissance, au plaisir physique et aux activités érotiques.

Le contenu de la notion de "sexualité", ainsi que des termes dérivés (sexuel, comportement sexuel, érotisme, pornographie, ...), sont donc, en raison de l'inhérente subjectivité humaine, sujet à de grandes variations qualitatives et quantitatives en fonction des cultures et des époques.


Observations : formes observées des représentations dites "sexuelles"

On observe à travers l'histoire et les cultures une très grande diversité des représentations relatives à la notion de "sexualité". 1

Les croyances subjectives relatives à la notion de sexualité sont quasiment infinies, et sont très liées aux croyances générales de la société.

Pratiques considérées comme "sexuelles"

Le statut "sexuel" est attribué de manière très diverse suivant les époques et suivant les sociétés.

Le baiser buccal, avec interactions linguales, n'est pas considéré comme "sexuel" dans la majorité des cultures.

Certaines activités oro-génitales ne sont pas considérées comme "sexuelles" dans plusieurs sociétés.

Les seins ne sont pas considérés comme des régions "sexuelles" dans de nombreuses cultures.

Des activités considérées comme "sexuelles" pour les adultes peuvent ne pas être considérée comme telle pour les enfants.

En conclusion, la seule activité qui soit constamment considérée, à travers les âges et les cultures, comme réellement "sexuelle" est le coït vaginal.

Valeurs attribuées aux activités considérées comme "sexuelles"

Une activité ayant le statut de "sexuelle" peut avoir des valeurs morales ou sociales variables suivant le contexte culturel.

Le baiser buccal, avec interactions linguales, est le plus souvent considéré comme une pratique dégoûtante dans les sociétés où cette activité n'est pas considérée comme "sexuelle".

Les activités oro-génitales ont également été le plus souvent considérées comme des pratiques dégoûtantes dans les sociétés où ces activités ne sont pas considérées comme "sexuelles". Dans les sociétés attribuant le statut de "sexuel" à ces pratiques, ces dernières peuvent être considérées comme dégoûtantes, sous-sexualité, activités préliminaires annexes, ou bien être autant valorisées que les autres activités dites "sexuelles".

La masturbation a été considérée soit comme une pathologie, soit comme une activité infantile et immature, soit comme une étape normale du développement "sexuel" et comme un moyen valorisant d'épanouissement "sexuel". 1

Les activités anales sont fréquemment considérées comme étant dégoûtantes, inférieures, voire relevant de la pathologie.

Les activités avec les animaux sont très fréquemment considérées comme relevant de la pathologie. Il existe néanmoins quelques rares sociétés où ces pratiques sont considérées comme "normales". 1

Quant à la sexualité en général, particulièrement en Occident, elle est souvent perçue de manière ambiguë : elle peut être magnifiée dans l'amour romantique, mais elle peut également être considérée comme un acte "avilissant", qui "souille" irrémédiablement ceux qui la pratique, particulièrement si des "vertus" de "pureté" ou d' "innocence" leur sont attribuées : une "jeune" femme "vierge", "pure", "déshonorée" par un "vieil" homme "lubrique" ; un "jeune" enfant, "innocent", "souillé" par la masturbation ; ... Après la libéralisation sexuelle des années 60-70, la sexualité était associée avec l'aventure, le plaisir et la joie. Depuis les années 80, elle est plutôt perçue comme source de troubles, d'anxiété, de souffrances ou de dangers. D'après le sexologue John Money : «Un nouveau mythe est créé, celui que toute relation sexuelle est un acte de violence par lequel les hommes dominent et avilissent les femmes et les enfants». 1

Représentations sexuelles et pathologie

Les activités ayant le statut de "sexuel" ont souvent également eu le statut de "pathologique".

Le critère subjectif le plus fréquent ayant entraîné l'attribution du statut de "pathologique" est la différence, l'écart à une référence perçue comme "normale".

Plus l'écart à ce qui est considéré comme "normal" est perçu comme grand, plus l'état de "pathologie" est considéré comme important ou grave.

Ce qui est actuellement le plus souvent considéré dans les sociétés occidentales comme pathologique sera donc les activités érotiques suivantes, du plus "pathologique" au moins "anormal" :

– Avec des animaux : plus les animaux sont inhabituels, voire exotiques, plus l'activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique".

– Avec d'autres "races" humaines (dans les sociétés où existent des croyances raciales) : plus la "race" est "inférieure", plus l'activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique".

– Le long d'un continuum de parenté : plus le degré de parenté biologique (principalement) ou sociale (secondairement) est fort, plus l'activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique".

– Par rapport à l'âge : À noter que le critère d'âge semble d'autant plus important qu'il existe des classes sociales d'âge (telle l'enfance, l'adolescence ou la vieillesse) et que l'espérance de vie est longue (les différences entre les âges deviennent plus marquées).


– En fonction des extrêmes du continuum des âges : Plus un adulte a une activité érotique avec un sujet situé aux âges extrêmes, plus son activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique" : avec des enfants (principalement) et des adolescents (secondairement) d'une part, avec des personnes âgées (secondairement) et des vieillards (principalement) d'autre part. Plus un sujet est dans les âges extrêmes, plus son activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique".


– En fonction d'un écart d'âge : plus l'écart d'âge entre deux sujets est grand, plus l'activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique". Dès qu'il existe plus de 3 ans d'écart pour des "jeux" "sexuels" entre des enfants, plus de 4 à 5 ans d'écart entre des adolescents, et plus d'une vingtaine d'années d'écart (une génération) entre des adultes.

– Avec des personnes du même sexe : homme/homme, femme/femme, mais également dans certaines sociétés entre personnes du troisième genre : Hijras/Hijras hindous 1 et Berdache/Berdache amérindiens.

– En fonction du nombre des partenaires : la référence "normale" étant 2, le couple.


– La valeur inférieure, 1, concerne l'autosexualité (masturbation). La masturbation n'est plus vraiment considérée comme "pathologique". Actuellement, ce ne serait plus l'activité en elle-même qui serait "pathologique", mais plutôt la personne adulte qui la pratique (si un adulte se masturbe "fréquemment", c'est qu'il aurait des "pathologies" qui l'empêchent d'accéder à une sexualité plus "normale").


– Les valeurs supérieures à 2 concernent les "sexualités" de groupe. Il semble que plus le nombre des participants est important, plus les activités "sexuelles" seraient "pathologiques".

– Aux extrêmes d'un continuum de fréquence ou d'intensité : trop (princi-palement) ou trop peu (secondairement) d'activité "sexuelles", par rapport à un référent moyen considérée comme "normal", est considéré comme "pathologique". Tout particulièrement, plus la fréquence est grande, plus l'activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique". Par contre, l'abstinence est plutôt considérée comme un "choix" que comme une "pathologie".

– Avec des personnes ayant un état particulier et/ou considéré comme "particulier" : handicaps physique ou mental, maladie, menstruation, ... Plus l'état est considéré comme "particulier", plus l'activité érotique est considérée comme "anormale" et/ou "pathologique".


Caractéristiques principales des représentations dites "sexuelles"

Les caractéristiques principales de la notion de "sexualité" seraient les suivantes :

– Subjectivité : Toutes les représentations dites "sexuelles" sont subjectives.

– Affectivité : Toutes les représentations dites "sexuelles" sont plus ou moins colorées d'affectivité.

– Croyances : Quasiment toutes les représentations dites "sexuelles" sont des croyances, qui ne présentent aucune garantie de validité et de Réalité.

– Prépondérance du culturel : Toutes les représentations dites "sexuelles" sont quasiment entièrement déterminées par le contexte culturel.

Le problème majeur qui découle de ces caractéristiques principales est le découplage entre les représentations dites "sexuelles" et la Réalité de la reproduction et du comportement érotique.

Ce découplage des croyances "sexuelles" subjectives avec le Réel serait la source fondamentale de la majorité des problèmes sociaux et humains relatifs à la "sexualité".


Développement des représentations dites "sexuelles"

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Ce sous-chapitre a comme objectif de comprendre et d'expliquer les principales étapes du développement des conceptualisations relatives à la notion de "sexualité". Les hypothèses les plus plausibles de la chronologie du développement sont présentées.

Périodes du développement

Le développement des conceptualisations relatives à la "sexualité" comporterait quatre étapes principales :

– Une période "préliminaire".

– Une éventuelle période de "latence".

– Une période d' "initiation".

– Une période de "sexualisation".

Figure 7 Développement des conceptualisations relatives à la "sexualité" réduit


Période "préliminaire"

La première période relative au développement des conceptualisations "sexuelles" serait la période dénommée "préliminaire".

Partie 1 Figure 7 Développement des conceptualisations relatives à la "sexualité" réduit

Le substantif "préliminaire" a été choisi car cette période est une phase préliminaire, où n'existe aucune notion "sexuelle", mais qui est nécessaire et préalable au développement de ces conceptualisations.

Cette période préliminaire correspondrait à la maturation fonctionnelle des processus psychobiologiques "initiateurs", en particulier les processus d'ABSTRACTION et de SIGNIFICATION. Ces processus sont absolument nécessaires pour que le développement des concepts liés à la "sexualité" puisse débuter.

Il semble que cette période s'étendrait entre l'âge de 3 à 7 ans.

A la fin de la période préliminaire, vers l'âge de six-sept ans, les processus fondamentaux liés aux capacités de conceptualisation sont fonctionnels et le développement des représentations relatives à la notion de "sexualité" peut débuter, ou, plus exactement, est potentiellement en mesure de se développer si le contexte culturel le permet.


Période de "latence"

La seconde période relative au développement des conceptualisations "sexuelles" serait la période dénommée de "latence".

Partie 2 Figure 7 Développement des conceptualisations relatives à la "sexualité" réduit

Le substantif "latence" a été choisi car cette période est une phase où le développement des conceptualisations "sexuelles" est latent, c'est-à-dire qu'il ne s'effectue pas mais qu'il est susceptible de commencer à tout moment.

Cette période de latence correspondrait aux caractéristiques de certains types de contextes culturels, où, soit il n'existe aucune conceptualisation relative à la sexualité ou à l'érotisme, soit les mœurs sont défavorables à l'expression de ces conceptualisations durant l'enfance ou l'adolescence.

La durée de cette période serait comprise entre zéro et une quinzaine d'années, au maximum.

Remarques La période de latence est potentielle. Si le contexte culturel induit le développement des conceptualisations relatives à la "sexualité" dès l'enfance, cette période n'existerait pas.

La durée de la période de latence est variable, plus ou moins longue, en rapport étroit avec les caractéristiques du contexte culturel.


Période d' "initiation"

La troisième période relative au développement des conceptualisations "sexuelles" serait la période dénommée d' "initiation".

Partie 3 Figure 7 Développement des conceptualisations relatives à la "sexualité" réduit

Le néologisme "initiation" a été choisi car cette période est la phase où le développement des conceptualisations "sexuelles" commence, et, étymologiquement, initiare en latin signifie "commencer".

La période d'initiation correspondrait à des modifications psychiques permettant le commencement du développement des conceptualisations "sexuelles".

Cette période serait relativement brève, de l'ordre de quelques mois, en fonction du contexte, de l'âge et des capacités intellectuelles du sujet.

Le facteur déclencheur du développement des conceptualisations relatives à la notion de "sexualité" serait les premières désignations verbales employant des termes liés à la notion de "sexualité" (sexe, sexuel, homosexualité, érotisme, pornographie, ...). Un autre facteur déclencheur important, concomitant au discours verbal, serait les attitudes et les réactions émotionnelles plus ou moins particulières qui sont généralement associées aux discours relatifs à la "sexualité".

À partir de cette période, l'enfant a connaissance d'une notion particulière qui est la "sexualité".


Période de "sexualisation"

La quatrième période relative au développement des conceptualisations "sexuelles" serait la période dénommée "sexualisation".

Partie 4 Figure 7 Développement des conceptualisations relatives à la "sexualité" réduit

Le substantif "sexualisation", à ne pas confondre avec celui de "sexuation" (différenciation morphologique en organisme mâle ou femelle), a été choisi car cette période est une phase où est attribué à l'individu des caractéristiques abstraites et subjectives de "sexualité".

La période de "sexualisation" correspondrait à l'attribution de tout un ensemble complexe de connaissances ou de croyances spéciales, de règles et d'interdits, de non-dits, d'attitudes singulières, de morales et de valeurs spécifiquement "sexuelles" à tout un ensemble de parties spécifiques du corps, d'activités et de situations particulières.

Cette période s'étendrait de l'âge de 7 ans au minimum (en fonction de l'existence ou non et de la durée de la période de latence) jusqu'à la mort.

La sexualisation, phénomène hautement intellectuel, évoluerait toute la vie en fonction du contexte culturel, même durant la vieillesse après la disparition des réactions physiologiques spécifiques et des activités érotiques.

Maturité

Après de longues années d'enfance et d'adolescence vécues dans un contexte culturel spécifique, l'imprégnation quotidienne de croyances et de valeurs particulières relatives à la "sexualité" semble déterminer à l'âge adulte une structure psychologique bien caractéristique.

À la période de maturité la notion subjective et culturelle de "sexualité", et tout ce qu'elle englobe en terme de comportements, de morales et de valeurs, est perçue comme "évidente", "normale" et "naturelle". Même si, par rapport à d'éventuels critères supérieurs, ces notions "sexuelles" peuvent apparaître comme étranges et particulières, ou irrationnelles. Le découplage entre la croyance subjective et la Réalité peut être quasi total.

Le "sexuel" et le "non sexuel" sont subjectivement perçus comme étant radicalement distinct. Le "sexuel" possède des propriétés spécifiques et particulières que ne possède pas le "non sexuel".

On observe que ce qui est considéré comme "sexuel" organise et détermine des actions et des jugements, voire une certaine partie de l'existence de chaque individu.

Ouvrages complémentaires

Le sous-chapitre "Maturité" est volontairement court, dans la mesure où il existe plusieurs ouvrages intéressants qui décrivent au stade de la maturité les caractéristiques des représentations "sexuelles". (à noter que ces caractéristiques sont valables essentiellement pour des sociétés occidentales)

¨ "Sexualité humaine", de Albert Richard ALLGEIER & Elisabeth Rice ALLGEIER • De Boeck Université 1992

¨ "Amour et sexualité : mieux vivre sa vie sexuelle dans le monde d'aujourd'hui", de William H. MASTERS, Virginia E. JOHNSON & Robert C. KOLODNY • Interéditions, 1987

¨ "The bisexual option", de Fritz KLEIN • Harrington Park Press, 2nd edition, 1993


"Sexualité" & Représentations

Certains exemples permettent de montrer combien les représentations liées à la notion de "sexualité" sont une construction culturelle et subjective.

Par exemple, les activités considérées comme "sexuelles" peuvent être actuellement subdivisées en catégories telles l' "hétérosexualité", l' "homosexualité" ou la "bisexualité".

Mais, d'une part, ces catégories ont été créées récemment (dans l'Antiquité, la notion d' "homosexualité" n'existait pas), et, d'autre part, il n'existe aucune caractéristique biologique connue distinguant un "homosexuel" d'un "hétérosexuel".

De plus, on observe qu'une personne pratiquant une de ces catégories d'activités "sexuelles" peut ensuite être définie à partir de cette catégorie : une personne ayant des activités "homosexuelles" devient un "homosexuel". L' "homosexuel", en raison de ses activités "sexuelles" particulières, devient distinct des autres : un être ontologiquement différent.


À un bien moindre degré, on observe un phénomène similaire avec les personnes qui ne mangent pas de viande : leur alimentation végétarienne les fait devenir des "végétariens". Par contre, il faudrait se demander pour quelles raisons les personnes qui n'écoutent que de la musique classique ne deviennent pas des "classiquiens" ?

Par ailleurs, on observe que certaines personnes se définissent et se considèrent comme "bisexuelles", bien qu'objectivement elles n'ont pas d'activités "sexuelles" bisexuelles. Mais à certaines époques et dans certains milieux sociaux, la "bisexualité" était un moyen de se distinguer des autres ; une tendance culturelle à la mode ... 1

Plus intéressant encore, on observe dans certaines sociétés l'existence culturelle d'un troisième sexe (ou genre), en plus du sexe masculin et féminin. On peut ainsi observer qu'un Hijras hindou 1 ou un Berdache amérindien, biologiquement mâle (c'est-à-dire objectivement de sexe masculin), ayant des relations "sexuelles" avec un homme (donc également de sexe masculin) sont malgré tout considérés comme "hétérosexuels", bien que leurs relations dites "sexuelles" soient, objectivement, biologiquement "homosexuelles".

Ce dernier exemple montre bien combien les représentations liées à la notion de "sexualité" sont des constructions culturelles et subjectives, qui peuvent être complètement indépendantes et distinctes de la réalité biologique.


"Sexualité" & (psycho)pathologie

Au contraire de l'activité érotique, les croyances attachées à la notion de "sexualité" peuvent être à l'origine d'une infinité de types de problèmes et de pathologies psychologiques.

Cette potentialité psychopathogène majeure est en fait indirecte. Les croyances "sexuelles" déterminent et organisent une grande partie des actions et des réactions des personnes. Les troubles psychologiques, voire la pathologie, apparaîtraient lorsque la dynamique relationnelle d'un groupe de personnes, en raison de croyances "sexuelles" inappropriées (dysadéquates), bascule dans des états ou des situations dysfonctionnelles.

Le cœur du problème résiderait dans l'état émotionnel provoqué par l'attitude des autres. Les croyances "sexuelles", subjectives et culturelles, lorsqu'elles sont déconnectées de la réalité psychobiologique, peuvent induire n'importe quel type de dynamique relationnelle interindividuelle. Les troubles et la pathologie psychologiques s'installeraient lorsque les relations interindividuelles deviendraient, de manière intense et durable, source d'agressivité verbale et physique, de rejet social, d'opprobres, d'humiliations, de honte, de culpabilité, de dégoût de soi et de non-satisfaction des besoins psychiques fondamentaux. Ces états et situations dysfonctionnels provoqueraient directement des états émotionnels intenses et négatifs (souffrances psychiques), à l'origine de divers troubles psychiques et comportementaux.


Par exemple, on observe que les adolescents homosexuels se suicident nettement plus que les adolescents hétérosexuels. Pourtant, il n'existe aucune donnée scientifique montrant que l'activité homosexuelle induit directement des pathologies psychologiques. Mais le fait d'être considéré comme "pédé" ou "gouine", en raison des croyances sociales liées à l' "homosexualité", provoque des réactions extrêmement hostiles du groupe social. Moqueries, brimades, rejet social et agressions physiques, quasi quotidiens durant des années, induisent généralement dévalorisation de soi, sentiment d'anormalité, peur, dépression, haine et souffrances psychiques telles que la mort peut apparaître comme une solution préférable.

Corrélats : "Comportement érotique & (psycho)pathologie"

Approfondissement : Explicitations détaillées & Données scientifiques : voir le chapitre "Dynamique (psycho)pathologie"


"Sexualité" & Comportement "érotique"

Il existerait une certaine indépendance entre la notion subjective et culturelle de "sexualité" et les activités érotiques objectives.

Certaines activités érotiques peuvent ne pas être qualifiées de "sexuelles", tandis qu'au contraire certaines activités non érotiques peuvent être qualifiées de "sexuelles".

Une personne peut avoir des activités érotiques tout en ignorant la notion de "sexualité". À l'opposé, on peut trouver des personnes qui parlent de "sexualité" sans jamais avoir vécu d'activités érotiques. Le développement du comportement érotique et le développement de la notion de "sexualité" ne sont pas liés. La notion de "sexualité" peut même ne jamais exister sans aucunement perturber le développement et la dynamique du comportement érotique.

Il semblerait important, dans la mesure où les processus cognitifs de l'être humain tendent naturellement à élaborer des représentations subjectives du Réel, de faire correspondre au mieux la notion de "sexualité" avec la réalité du comportement érotique.


Conclusion

Au cours de l'évolution phylogénétique, l'important développement du néocortex, en particulier dans l'espèce humaine, a permis l'apparition de capacités intellectuelles élaborées.

Ces capacités intellectuelles sont à l'origine du développement de "représentations abstraites et subjectives" plus ou moins en rapport avec la Réalité.

Par rapport à la "sexualité", on observe que chaque société a élaboré des systèmes de représentation de la "sexualité" très différents les uns des autres. On observe également que ces représentations ont très peu de correspondance avec le Réel.

Pour un individu vivant dans une société donnée, le développement de ses propres représentations "sexuelles" dépendra, principalement, des caractéristiques du contexte culturel, et, secondairement, de sa propre expérience de ce qui est défini dans sa culture comme "sexuel".

A la maturité "sexuelle", suivant le contexte culturel, la "sexualité" sera un aspect marginal ou majeur de l'existence de l'individu. En raison de la diversité des croyances et de leur impact comportemental et affectif, la "sexualité" peut devenir source d'épanouissement individuel ou de graves perturbations psychologiques.

En fonction des données psychobiologiques, ethnologiques et médicales, il semblerait absolument nécessaire de favoriser le développement de représentations subjectives liées à la notion de "sexualité" qui correspondent au mieux à la réalité objective du comportement érotique, de la reproduction et de la dynamique psychique de l'être humain.


Conclusion générale " Pansexualité Potentielle "

En synthèse générale de cette étude, il serait possible de présenter deux niveaux, objectif et subjectif, d'hypothèses rendant compte des phénomènes physiologiques, psychiques et comportementaux relatifs à la notion culturelle de "sexualité".

– Le niveau "objectif" présente les hypothèses qui semblent actuellement les plus probables pour expliquer, dans la Réalité biologique et écologique, le développement de la capacité de reproduction, le développement du comportement érotique et le développement des représentations "sexuelles" subjectives.

– Le niveau "subjectif" présente un nouveau modèle de la sexualité humaine, celui de la "pan-sexualité potentielle", conforme aux perceptions syncrétiques, subjectives et individuelles par le psychisme de chaque sujet de ce qui est appelé "sexualité".


Niveau objectif : Ontogenèse et phylogenèse de la "sexualité"

En fonction des résultats des différentes études présentées dans les chapitres précédents, il semblerait nécessaire de dissocier l'ancien modèle de la "sexualité" en 3 phénomènes relativement distincts : reproduction, plaisir et conceptualisation.

Remarques

Les hypothèses présentées dans ce sous-chapitre relèvent d'un niveau "objectif ", car elles rendraient compte de phénomènes qui existeraient dans la Réalité, indépendamment des perceptions subjectives et personnelles des êtres humains.

Ces hypothèses expliqueraient les aspects objectifs du développement de la capacité de reproduction, du comportement érotique et des représentations "sexuelles" subjectives.


Hypothèses ontogénétique

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Les deux tableaux ci-dessous récapitulent les étapes du développement des différents processus, comportements et concepts liés à la notion de "sexualité", à savoir :

– Le développement de la capacité de reproduction :


– La maturation physiologique des organes génitaux internes et externes.


– L'acquisition du comportement coïtal.

– Le développement et l'acquisition du comportement érotique.

– Le développement et la "construction culturelle" des représentations subjectives liées à la "sexualité".

Le premier tableau présente toutes les périodes et stades des différents développements, incluant en particulier les périodes de latence. Ce tableau serait, grosso modo, représentatif du développement de ce qui est appelé "sexualité" dans les sociétés occidentales.

Figure 8 Tableau récapitulatif : développement observé de la "sexualité" réduit

Le second tableau présente toutes les périodes et stades des différents développements, à l'exception des périodes de latence. Ce tableau serait représentatif, en dehors de toutes influences culturelles, du développement qui semblerait le plus psychobiologiquement probable des comportements érotique et coïtal, ainsi que du développement potentiel (mais ni obligatoire ni essentiel) de la notion de "sexualité".

Figure 9 Tableau récapitulatif : développement théorique de la "sexualité" réduit

Capacité de reproduction

Chez les mammifères, la capacité de reproduction dépend de deux phénomènes distincts : la maturation physiologique et le comportement coïtal. ( cf. Partie A et B de la Figure 9 )

Chez l'Homme, la maturation physiologique des organes génitaux internes et externes, innée, est relativement longue (une quinzaine d'années), est contrôlée par le système autonome et endocrinien, et n'est pas influencée par le contexte culturel.

Le comportement coïtal, acquis, correspond à l'apprentissage d'un "schéma corporel", d'une coordination de plusieurs séquences réflexes (érection, lubrification, poussées pelviennes, éjaculation, ...), et de la connaissance du coït vaginal. Le comportement coïtal est intégré principalement au niveau médullaire et mésencéphalique, et son développement peut être favorisé ou fortement inhibé par le contexte culturel.

Chez les primates hominoïdes, le comportement coïtal est une composante du comportement érotique. Il semble que la reproduction soit une conséquence, heureuse, de l'activité érotique.

Comportement érotique

Le comportement érotique correspond à la recherche des plaisirs intenses provoqués par la stimulation du corps (en particulier la jouissance). ( cf. Partie C de la Figure 9 )

Le comportement érotique, acquis, serait initié par les processus limbiques innés (émoi érotique et orgasme) qui provoquent des sensations subjectives de plaisirs intenses. Les autres processus émotionnels et les processus cognitifs moduleraient son développement.

Le comportement érotique peut être pratiqué seul (masturbation) ou à plusieurs partenaires. Au cours du temps et des activités érotiques, chaque personne développe des préférences érotiques (ou sexuelles) qui lui sont propres. Le développement du comportement érotique peut être favorisé ou fortement inhibé par le contexte culturel.

Remarque : ce nouveau modèle (ou paradigme) du comportement érotique peut être comparé point à point avec l'ancien modèle du comportement dit "sexuel", afin de bien mettre en évidence les différences entre les deux modèles.

Corrélat : voir le chapitre "Paradigme sexuel vs paradigme érotique"

Le comportement érotique serait la composante somatosensorielle d'un comportement plus général de recherche du plaisir, le comportement hédonique. Le comportement hédonique correspondrait à la recherche de tous les plaisirs par l'intermédiaire de toutes les modalités sensorielles et cérébrales : plaisirs intellectuels, plaisirs du goût (gastronomie), de l'odorat (parfums), de l'audition (musique), de la vision (arts visuels), plaisirs somatosensoriels (comportement érotique) et plaisirs de certaines substances exogènes (drogues). La finalité du comportement hédonique (et donc du comportement érotique) serait la recherche continue de plaisirs, préférentiellement nouveaux, diversifiés, raffinés et intenses (cf. l'exemple paradigmatique de la gastronomie).

Représentations "sexuelles"

Les représentations "sexuelles" correspondraient à l'élaboration, par les régions les plus complexes du cerveau, d'images et de catégories abstraites en relation avec la reproduction et le plaisir érotique. ( cf. Partie D de la Figure 9 )

Il semble que seul le cerveau des primates hominoïdes soit suffisamment complexe pour permettre l'émergence des représentations "sexuelles". Les représentations "sexuelles", acquises, seraient intégrées au niveau du néocortex.

Les représentations "sexuelles" seraient entièrement subjectives, ne correspondraient qu'approximativement à la réalité de la reproduction et du comportement érotique, seraient quasi totalement déterminées par le contexte culturel, et leur développement serait potentiel mais ni obligatoire ni essentiel.

L'élaboration des représentations "sexuelles" ferait partie d'une problématique plus générale, celle de l'élaboration des croyances subjectives. L'être humain élabore de nombreuses croyances (religieuses, mythologiques, magiques, morales, scientifiques, ...) qui structurent son esprit et orientent ses comportements. Une très grande partie des problèmes humains proviendrait du décalage entre certaines de ces croyances et la réalité du monde.

Hypothèses phylogénétiques

Par rapport à l'évolution des espèces et au développement du système nerveux, il est proposé deux hypothèses phylogénétiques relative à la "sexualité" :

– Une hypothèse relative à l'influence du niveau de complexité du système nerveux sur le comportement dit "sexuel".

– Une hypothèse relative au contrôle neural du comportement de reproduction.

"Sexualité" & Complexité du système nerveux

Figure 9 Tableau récapitulatif : développement théorique de la "sexualité" réduit

Globalement, il semble qu'à chaque niveau de complexification du système nerveux il soit possible d'attribuer l'émergence et le contrôle d'une composante de la "sexualité". ( cf. Partie E de la Figure 9 )

Le système nerveux rudimentaire d'un organisme sexué simple contrôlerait uniquement la physiologie de la reproduction. ( cf. Partie A de la Figure 9 )

Le système nerveux des mammifères les plus simples ne pourrait contrôler que le comportement coïtal (intégré au niveau médullaire et mésencéphalique) et la physiologie de la reproduction (intégrée au niveau du système autonome et endocrinien). ( cf. Partie B de la Figure 9 )

Le système nerveux des primates, plus complexe, permettrait l'apparition du comportement érotique (intégré au niveau limbique). ( cf. Partie C de la Figure 9 )

Enfin, la très grande complexité du système nerveux humain permettrait l'émergence des capacités conceptuelles (intégrées au niveau néocortical), nécessaires et responsables de l'élaboration des représentations relatives à la "sexualité". ( cf. Partie D de la Figure 9 )

Contrôle neural du comportement de reproduction

En réalisant une méta-analyse de l'ensemble des activités de reproduction des différentes espèces animales, il semble exister une organisation physiologique et comportementale spécifique destinée à assurer la reproduction.

Mais il semble qu'au cours de l'évolution le contrôle supérieur et intégré du comportement de reproduction ait disparu.

Au cours de l'évolution, les modifications de l'organisation cérébrale auraient entraînées des changements fonctionnels importants : seules des séquences comportementales de type réflexe, partielles, isolées et non coordonnées entre elles, auraient été conservées (érection, éjaculation, poussée pelvienne, lordose, ...). Cette réorganisation fonctionnelle aurait provoqué la disparition d'un comportement de reproduction spécifique contrôlé par des structures neurales spécialisées. Néanmoins, les nouvelles capacités cognitives étendues qui sont apparues ont pu suppléer cette disparition par la capacité d'apprentissage de connaissances et/ou d'activités diverses permettant, le plus souvent de manière indirecte, la reproduction nécessaire à la perpétuation de l'espèce.


Niveau subjectif : Hypothèse de la "Pansexualité Potentielle"

En fonction des résultats des différentes études présentées dans les chapitres précédents, il semblerait possible de proposer une hypothèse de synthèse qui prendrait en compte toutes les caractéristiques de la sexualité humaine.

Cette hypothèse de synthèse serait celle de la "Pan-sexualité Potentielle".

Remarques

Cette hypothèse relève d'un niveau "subjectif ", car elle tente d'expliquer ce qui est appelé "sexualité" à partir et en fonction du psychisme humain, qui est fondamentalement et intrinsèquement subjectif.

Cette hypothèse serait conforme aux perceptions, aux représentations et aux croyances syncrétiques, subjectives et individuelles élaborées par le psychisme de chaque sujet. Le psychisme déforme d'une manière particulière les caractéristiques objectives et réelles de la reproduction et du comportement érotique.

Il semble nécessaire de distinguer un niveau objectif, afin de connaître ce qui existe en Réalité, et un niveau subjectif, afin de connaître les perceptions psychiques du sujet. Par rapport à l'étude de l'Homme, le niveau subjectif est tout aussi important que le niveau objectif dans la mesure où il semble, en dernière analyse, qui ce qui est vraiment important pour l'être humain soit plus son vécu psychique que la réalité du monde extérieur.

Pansexualité potentielle

L'hypothèse de la "pansexualité potentielle", qui associe les caractéristiques objectives de la reproduction et du comportement érotique avec les caractéristiques subjectives des représentations dites sexuelles, suppose que potentiellement tout peut devenir "sexuel".

Le caractère potentiel de la sexualité serait double :

– D'une part la notion subjective et culturelle de "sexualité" serait potentielle : dans un premier temps, le concept de "sexualité" n'existerait que s'il est conceptualisé comme tel ; et, ensuite, ne deviendrait "sexuel" que ce qui est nommément désigné et spécifié comme "sexuel".

– D'autre part l'activité érotique objective serait elle aussi potentielle : l'activité érotique ne se développerait et ne se diversifierait que si le milieu environnant et/ou le contexte culturel le permet.

Le caractère pan-sexuel (du grec pan, pantos signifiant "tout") de la sexualité serait également double :

– D'une part la notion subjective et culturelle de "sexualité" serait pan-sexuelle : l'être humain pourrait attribuer la caractéristique de "sexualité" à quasiment tout élément matériel ou abstrait.

– D'autre part l'activité érotique objective serait également pan-sexuelle : quasiment tout être vivant (et tout particulièrement les mammifères familiers de taille et/ou d'apparence humaine) voire des éléments matériels ou abstraits pourraient être l'objet d'activités érotiques diverses et/ou pourraient être source d'affects érotiques.

À noter que chaque personne n'est en général pas consciente de sa potentialité pansexuelle. Il semble que subjectivement chaque sujet ne puisse considérer comme "sexuel" que ce qui est aux "normes" de sa culture, de ses connaissances et de son expérience concrète.

Si l'hypothèse de la nature "pansexuelle potentielle" de la sexualité humaine est exacte, elle expliquerait la diversité des sexualités humaines observées à travers les âges et les cultures.