Mythe sur les vitamines

De Didaquest
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LES MULTI–VITAMINES CORRIGENT UNE ALIMENTATION DÉSÉQUILIBRÉE

FAUX

Selon les dernières conclusions de la Women’s Health Initiative (WHI), une étude de 2009, portant sur plus de 160 000 femmes d’âge mûr: les accros aux multivitamines ne sont ni plus ni moins exposées aux maladies graves — cancer, maladies et accidents cardio-vasculaires — que celles qui s’en passent. L’enquête Suvimax, qui a suivi en France pendant huit ans 13 000 personnes en leur donnant soit des gélules multivitaminées (à dose nutritionnelle, c’est-à-dire correspondant à ce qu’apporteraient cinq fruits et légumes), soit un placebo, va dans le même sens. «La supplémentation n’a apporté aucun bénéfice aux femmes en général, elle n’a permis de diminuer ni le risque de cancer, ni celui de maladie cardio-vasculaire», résume le Pr Serge Hercberg, qui dirige l’étude Suvimax. Un point positif, néanmoins : chez les hommes, souvent déficients en micro nutriments, les compléments se sont révélés intéressants. Les vitamines ont commencé à susciter l’intérêt au début du xxe siècle. À l’époque, on connaissait déjà les effets dévastateurs des carences: déformations des côtes et des jambes provoquées par le rachitisme quand la vitamine D fait défaut, lésions cutanées et troubles mentaux de la pellagre (carence en vitamine B3) ou encore scorbut (manque de vitamine C). Aujourd’hui, le risque de carence sévère est infime. Toutefois, si nous ne mangeons pas suffisamment de produits frais, nous sommes en dessous des apports nutritionnels recommandés. Mais ce n’est pas en abusant des multivitamines que nous allons compenser. « Les compléments alimentaires apportent une douzaine d’éléments, les produits frais en contiennent des centaines d’autres, comme les fibres ou les polyphénols », explique le Pr Hercberg.


LA VITAMINE C EST EFFICACE CONTRE LE RHUME

FAUX

Dans les années 1970, Linus Pauling, prix Nobel de chimie, prônait la vitamine C pour prévenir le rhume. Aujourd’hui encore, pharmacies et parapharmacies en proposent à qui mieux mieux. Consommateurs, attention! En 2007, les scientifiques ont épluché une série d’études portant sur plus de 11 000 personnes pendant plusieurs dizaines d’années. Cruelle déception! La vitamine C n’a aucun effet préventif sur le rhume, sauf chez les marathoniens, les skieurs et les soldats en manœuvre dans les régions subarctiques. Bien sûr, il n’y a pas que la prévention. Les vitamines pourraient-elles aider à guérir plus vite? Oui et non. Un apport vitaminé quotidien réduit, semble-t-il, la durée du rhume — mais très peu ! En général, les adultes souffrent de rhume douze jours par an, ce qu’une gélule quotidienne réduirait à onze jours. Quant aux enfants, qui ont le nez bouché vingt-huit jours par an, ils passeraient à vingt-quatre jours.


LES MULTI VITAMINES PROTÈGENT DES MALADIES CARDIO-VASCULAIRES

FAUX

Quelle révolution! Lorsqu’il s’est avéré que les personnes qui prenaient des compléments vitaminés étaient moins exposées aux maladies cardio-vasculaires, les espoirs les plus fous se sont éveillés. Les chercheurs soupçonnaient toutefois que ces conclusions reflétaient un simple effet «utilisateur sain»: les adeptes des compléments vitaminés sont plus enclins à faire du sport, à surveiller leur alimentation et à suivre une bonne hygiène de vie. Mais il était permis de supposer que les antioxydants, comme les vitamines C et E ou le bêta-carotène, pouvaient limiter l’accumulation des plaques d’athérome qui bouchent les artères. Les vitamines B semblaient également prometteuses, puisque les folates, les vitamines B6 et B12 contribuent à réduire le taux d’homocystéine, un acide aminé dont l’augmentation est associée au risque cardio-vasculaire. Hélas !, aucun de ces espoirs n’était fondé. L’analyse de sept études sur la vitamine E a montré que celle-ci ne réduisait en rien le risque d’attaque cérébrale ou d’accident cardio-vasculaire fatal. Pas plus que le bêta-carotène ou la vitamine C. Quant à la vitamine B, elle permet bel et bien de baisser le taux d’homocystéine… mais sans diminuer la fréquence des atteintes cardio-vasculaires. Et quid des associations multivitaminées ? L’enquête Suvimax a montré qu’elles amélioraient l’élasticité des artères (ce qui est louable), mais augmentaient le nombre de plaques d’athérome! Bilan: aucun intérêt à se supplémenter.

LES MULTI VITAMINES PRÉMUNISSENT CONTRE LE CANCER

FAUX

Les molécules instables appelées radicaux libres dégradent l’ADN de nos cellules, et ce processus accroît le risque de nombreuses maladies, notamment le cancer. Or les antioxydants stabilisent les radicaux libres, ce qui, théoriquement, les rend moins dangereux. Alors pourquoi ne pas prendre des antioxydants pour se protéger du cancer ? Parce que, en l’état actuel de la recherche, cela ne sert à rien. Plusieurs études ont tenté de mettre en évidence les bienfaits des antioxydants. L’une d’elles porte sur 5 442 femmes à qui l’on a distribué de façon aléatoire soit de la vitamine B, soit un placebo. Sept ans après, les deux groupes présentent la même fréquence de cancer. Idem pour les vitamines C, E ou le bêta-carotène, d’après les recherches menées à la faculté de médecine de Harvard. Quant à l’étude Suvimax, elle révèle la difficulté à vouloir utiliser les vitamines de synthèse pour se prémunir contre le cancer. Exemple à l’appui : le cancer de la prostate. Chez les hommes qui, en début d’étude, avaient un taux élevé de PSA (protéine qui indique un dysfonctionnement de la prostate), les vitamines ont accru le risque de cancer. Pour les autres, elles semblent plutôt protectrices. Conclusion de Serge Hercberg : c’est dès le plus jeune âge qu’il faut avoir une alimentation équilibrée pour se prémunir contre le cancer. Mais si on mange n’importe comment et qu’on veut subitement rattraper le temps perdu avec des compléments vitaminiques, on aggrave le risque!

ÇA NE PEUT PAS FAIRE DE MAL

FAUX

C’est ce que l’on pensait naguère ! Or plusieurs études ont semé le doute. En tout cas en ce qui concerne les vitamines de synthèse. L’étude ATBC, conduite en Finlande sur quelque 22 000 fumeurs, a commencé à ébranler les idées reçues. Objectif : mettre en évidence les propriétés préventives du bêta-carotène contre le cancer du poumon. Catastrophe. Si la vitamine semblait protectrice chez les petits fumeurs, en revanche, la fréquence des tumeurs était supérieure parmi les gros fumeurs supplémentés. Dans la foulée, une autre étude (CARET), menée aux états-Unis, a confirmé ce risque. «Il a fallu interrompre l’étude car la supplémentation en bêta-carotène à dose médicamenteuse (nettement supérieure aux doses nutritionnelles) s’est révélée promoteur de cancer», rappelle le Pr Hercberg. Et ce n’est pas tout. Selon Suvimax, le risque de cancer de la peau serait multiplié par 4 chez les femmes qui consomment du bêta-carotène de synthèse ! Un risque à connaître quand on sait que de nombreuses personnes font des cures de cette vitamine avant l’été pour mieux bronzer ! Enfin, gare aux interactions. L’étude Hats suggère que les vitamines antioxydantes atténueraient le bénéfice de traitements anticholestérol tels que les statines, souligne le Dr François Paillard, responsable Bretagne de la Fédération française de cardiologie. Autrement dit, si les vitamines des aliments sont bénéfiques, celles des pilules peuvent avoir les mêmes effets indésirables qu’un médicament. Les recommandations de l’INCa (Institut national français du cancer) préconisent d’éviter ces suppléments, en particulier le bêta-carotène.

LA VITAMINE D FAIT DU BIEN

VRAI

Une seule vitamine tire son épingle du jeu : la vitamine D. Outre son effet bénéfique sur les os, elle contribuerait à prévenir un grand nombre de maladies. Les hommes qui manquent de vitamine D sont ainsi deux fois plus exposés aux crises cardiaques ; un apport suffisant en vitamine D semble protéger contre cinq ou six types de cancer au moins. L’épidémiologiste Cedric Garland, médecin à l’université de Californie, à San Diego, avance que, si les Américains avaient leur compte de vitamine D, 50 000 cas de cancer colorectal seraient évités chaque année! Car la vitamine D est la vitamine du soleil : la peau la synthétise sous l’effet du rayonnement UV. Mais, entre écrans solaires et vie sédentaire, la majorité de la population n’en produit pas suffisamment. Quelle est la quantité souhaitable ? Les recommandations actuelle des experts sont très basses: 200 UI (unités internationales)/jour, soit 5 microgrammes).

ADIEU VITAMINES?

Si la mode des vitamines a pu naguère s’emparer de nous, il ne s’agit pas aujourd’hui de les rejeter en bloc. Ce qu’elle dit un jour est par-fois contredit quelques décennies plus tard. «Bruce Ames, pape de la cancérologie aux états-Unis, s’est lancé dans des études passionnantes sur la nutrition», rappelle Thierry Souccar, un scientifique français. «Il montre qu’avec l’âge certains processus enzymatiques sont altérés mais que des supplémentations vitaminiques les restaurent. Avec des vitamines naturelles, il “rajeunit” des rats. D’ici deux-trois ans, ses études pour-raient bouleverser les données actuelles ! »


Questions sur les vitamines


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