Différences entre versions de « Paradigmes de Kuhn »
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Un paradigme est censé contenir les éléments qui permettent de résoudre les énigmes en son sein. Ceci permet au scientifique « normal » de rester dans le cadre du paradigme durant son travail de recherche. Kuhn insiste d’ailleurs là-dessus : un scientifique ne doit pas douter a priori de son paradigme, sous peine de cesser d’être productif. En effet, durant sa formation, tout scientifique reçoit un apprentissage massif conforme au paradigme. S’il devait douter de toute cette masse de savoirs, il se retrouverait si désorienté qu’il deviendrait intellectuellement stérile. | Un paradigme est censé contenir les éléments qui permettent de résoudre les énigmes en son sein. Ceci permet au scientifique « normal » de rester dans le cadre du paradigme durant son travail de recherche. Kuhn insiste d’ailleurs là-dessus : un scientifique ne doit pas douter a priori de son paradigme, sous peine de cesser d’être productif. En effet, durant sa formation, tout scientifique reçoit un apprentissage massif conforme au paradigme. S’il devait douter de toute cette masse de savoirs, il se retrouverait si désorienté qu’il deviendrait intellectuellement stérile. | ||
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Version du 11 mars 2009 à 17:54
Thomas Kuhn, physicien reconverti en historien, a introduit dans les années 60 un terme qui est aujourd’hui souvent utilisé en épistémologie : il s’agit de « paradigme ». Derrière ce mot se cache une vision de la science radicalement opposée aux conceptions jusqu’alors en vigueur.
Notions de paradigmes
Kuhn propose une conception selon laquelle une théorie scientifique s’insère au sein d’une structure qu’il désigne par « paradigme ». Il s’agit d’un consensus adopté par la communauté scientifique dominante, qui détermine la théorie et l’activité scientifiques en vigueur.
Il est impossible d’énoncer précisément quels critères permettent de définir un paradigme, ce qui ne détruit toutefois pas la pertinence de ce concept. Kuhn utilise l’exemple du concept de « jeu », qui est un concept relativement clair et stable. Pourtant, quels que soient les critères utilisés pour qualifier une activité de « jeu », il est toujours possible de trouver une autre activité qui ne remplit pas ces critères, et que l’on considère pourtant comme étant bien un jeu. [↩]
On peut cependant citer trois éléments essentiels qui constituent un paradigme :
- les lois et concepts fondamentaux de la théorie scientifique en vigueur,
- l’ensemble des procédures instrumentales, qui permet de relier la théorie à la pratique expérimentale,
- une certaine « vision du monde » (éventuellement métaphysique) sous-tendue par la théorie.
Le troisième point mérite quelques éclaircissements. Selon Kuhn, la façon qu’ont les scientifiques de voir le monde (et, par extension, de percevoir les phénomènes) dépend du paradigme dans lequel ils se trouvent.
Exemple : Selon le paradigme aristotélicien, le monde est divisé en :
- une sphère sublunaire composée de 4 sous-sphères associées aux éléments Terre, Eau, Air, Feu,
- une sphère supralunaire faite d’éther, dans laquelle se meuvent les corps célestes.
La gravité est un phénomène en vigueur dans la sphère sublunaire et se traduit par la tendance naturelle (intrinsèque) qu’ont les corps de se mouvoir vers la sphère associée à leur élément dominant afin d’y atteindre le repos. Un caillou a tendance à tomber car il se meut naturellement vers la Terre située au centre du monde. Dans la sphère supralunaire, les choses sont différentes : les corps célestes ont une tendance naturelle au mouvement circulaire uniforme.
Science normale
La science « normale » est la science pratiquée par les chercheurs oeuvrant au sein du paradigme. Ce dernier contient des énigmes dont la résolution alimente l’activité scientifique « normale ». Un paradigme représente donc la « norme » scientifique du moment.
Un paradigme est censé contenir les éléments qui permettent de résoudre les énigmes en son sein. Ceci permet au scientifique « normal » de rester dans le cadre du paradigme durant son travail de recherche. Kuhn insiste d’ailleurs là-dessus : un scientifique ne doit pas douter a priori de son paradigme, sous peine de cesser d’être productif. En effet, durant sa formation, tout scientifique reçoit un apprentissage massif conforme au paradigme. S’il devait douter de toute cette masse de savoirs, il se retrouverait si désorienté qu’il deviendrait intellectuellement stérile.