Accoutumance
Accoutumance ou Tolérance
L'accoutumance désigne l'adaptation de l'organisme au produit consommé. Il s'agit donc d'une sorte de tolérance du corps, liée aux neurones qui gardent en "mémoire" la stimulation produite par le produit addictif. Le phénomène est dénommé tolérance ou accoutumance ou désensibilisation des récepteurs.
La désensibilisation est une forme de régulation qui permet d’éviter les conséquences néfastes d’une stimulation prolongée. Elle se manifeste par une diminution de l'intensité de la réponse cellulaire malgré la présence continue d'un stimulus d'égale intensité. En cas d'accoutumance, l'effet du produit diminue au fur et à mesure des consommations et le corps réclame une dose de plus en plus forte. En conséquence, afin de ressentir le même degré de sensation, le consommateur devra répéter son action de plus en plus souvent et ingérer une plus grande quantité du produit.
Les drogues, quelles qu’elles soient, sont de puissants stimulants des récepteurs. Le cerveau se met alors en mode « protection » pour lui permettre de fonctionner correctement, maintenir son homéostasie malgré la présence de ces stimulants. Il va alors utiliser le processus de désensibilisation qui s’appuie sur plusieurs types d’adaptations au niveau moléculaire :
- « internalisation » des récepteurs qui sont « cachés » à l’intérieur des neurones et donc ne sont alors plus exposés aux stimulants
- diminution du nombre de récepteurs synthétisés, donc moins de cibles pour les produits
- mise en position « off » des récepteurs par modification de leur structure, le stimulant ne déclenchant alors plus aucune action.
L’ACCOUTUMANCE À UNE DROGUE PEUT AUTOMATIQUEMENT DÉCLENCHER L’ACCOUTUMANCE À UNE AUTRE DROGUE, ON PARLE ALORS DE TOLÉRANCE CROISÉE, PAR EXEMPLE L’ALCOOL ET CERTAINS MÉDICAMENTS, OU L’ALCOOL ET LES DROGUES HALLUCINOGÈNES.
L’accoutumance est un vrai piège. En effet l’organisme fait de son mieux pour s’adapter mais il le fait dans un mauvais sens : en « obligeant » en quelque sorte le sujet à consommer plus pour obtenir l’effet désiré, il en amplifie les effets toxiques directs et les lésions potentielles des organes
Les opiacés entraînent à la fois dépendance et addiction, alors que la cocaïne ne provoque que l’addiction. En outre, la dépendance touche tout le monde: si on vous prescrit de la morphine comme traitement antidouleur, au bout d’une semaine, vous deviendrez dépendant. Mais vous ne deviendrez pas pour autant accro ensuite.
- Cette neuro-adaptation implique l’apparition progressive d’une tolérance (nécessité d’augmenter les quantités consommées pour obtenir le même effet ou diminution de l’effet en cas de consommations stables) et d’un syndrome de sevrage (signes cliniques spécifiques signant le manque). Depuis la seconde moitié du XXème siècle, le concept s’est enrichi d’un versant somatopsychique, le craving, défini par une envie impérieuse de consommer pour retrouver les sensations de satisfaction et d’éviter une sensation de malaise psychique.
Les psychotropes mimant l’action de molécules produites naturellement par le cerveau, leur présence dans l’organisme en perturbe l’équilibre interne. Lorsque la consommation de substances psychotropes devient répétitive, le cerveau s’adapte pour tenter de recréer son équilibre. Il est capable de mobiliser de multiples mécanismes pour parvenir à cet objectif : la diminution du nombre de récepteurs à la surface des neurones, la modification de la sensibilité de ces récepteurs, la diminution des quantités de neurotransmetteurs libérés, et même l’activation de gènes jusque-là inactifs. Toutes ces modifications qui peuvent se mettent en place à long terme sous-tendent les mécanismes de tolérance qui s’installent lors de la consommation régulière de psychotrope.
L’individu doit alors augmenter les doses pour ressentir le même effet. Ainsi, si la prise occasionnelle de psychotropes produit une sensation plaisante, d’intensité décuplée par rapport au fonctionnement naturel, lorsque la consommation devient répétitive et chronique, le cerveau s’adapte pour diminuer les effets de la substance et l’individu ressent un sentiment de tristesse, d’anxiété et d’irritabilité mêlée (dysphorie). Cet état négatif le conduit à consommer à nouveau, non plus pour ressentir les effets positifs du produit, mais plutôt pour réduire les effets négatifs qu’il ressent lorsqu’il arrête de consommer.
il vit donc une frustration qui le pousse à de nouvelles consommations et à l’augmentation des doses, voire à ajouter ou à changer de substance. L’individu ne consomme alors non pas pour "améliorer" son état normal, mais pour le retrouver. Le problème est que cet état devient entre-temps inatteignable. Seule la consommation de la substance psychoactive permet d’effacer, en partie et de manière temporaire, le mal-être psychologique qui résulte de cet écart.
La consommation répétée provoque une modification progressive du fonctionnement des neurones du système de récompense.