Différences entre versions de « Ingénierie Didactique »

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= Définition =
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* « L’ingénierie didactique est l’étude d’un projet d’enseignement sous ses aspects didactiques, techniques, économiques, financiers et sociaux… et qui nécessite un travail de synthèse coordonnant des travaux de diverses équipes de spécialistes ».
En référence a Artigue (1990).
 
  
" la notion d’ingénierie didactique a émergé en didactique des mathématiques au début des années quatre-vingts. Il s’agissait d’étiqueter par ce terme, une forme de travail didactique : celle, comparable au travail de l’ingénieur qui pour réaliser un projet précis, s’appuie sur les connaissances scientifiques de son domaine, accepte de se soumettre à un contrôle de type scientifique, mais en même temps se trouve obliger de travailler sur des objets beaucoup plus complexes que les objets épurés de la science et donc de s’attaquer pratiquement, avec tous les moyens dont il dispose, à des problèmes que la science ne veut pas ou ne peut pas prendre en charge"
 
  
= Phases d’une ingénierie didactique =
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= Ingénierie didactique au sens strict =
Selon Artigue (1990), le cadre de l’ingénierie didactique comprend quatre phases :
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L’ingénierie didactique consiste au sens strict en la conception et en la réalisation de tout ou partie de curriculums : une suite de leçons, une leçon,
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un assortiment d’exercices, un manuel, un programme informatique etc. Cette conception est accompagnée de l’étude des diverses possibilités entre lesquelles il est fait un choix, et de l’explicitation des raisons de ces choix (techniques, scientifiques, et autres).
  
'''1- Les analyses préalables'''
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= Ingénierie didactique au sens large =
Elles sont destinées à faire émerger les connaissances liées au domaine étudié, afin de préparer la phase de conception qui suivra, et prennent en compte les objectifs spécifiques de la recherche.
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On peut y admettre la simple production d’un curriculum – sans ses justifications précises – et, par conséquent aussi sa conduite, dans la mesure ou tout curriculum laisse nécessairement un certain champ de décisions didactiques à l’enseignant qui l’utilise
  
Ces analyses préalables concernent :
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= Techniques et outils d'ingénierie didactique =
* '''a)''' l’analyse épistémologique des contenus visés par l’enseignement
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Les techniques spécifiques aux travaux d'ingénierie didactique sont adaptées de nombreuses disciplines dont la psychologie, l’épistémologie, la sociologie, la pédagogie etc. sous le contrôle de la didactique d'une discipline.
* '''b)''' l’analyse de l’enseignement usuel et de ses effets
 
* '''c)''' l’analyse du champ de contraintes dans lequel va se situer la réalisation didactique effective
 
* '''d)''' l’analyse des conceptions des élèves, des difficultés et obstacles rencontrés
 
  
'''2- La conception et l’analyse a priori de situations didactiques'''
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= Investigations en ingénierie didactique =
« Dans cette seconde phase, le chercheur prend la décision d’agir sur un certain nombre de variables du système non fixées par les contraintes : variables de commande dont il suppose qu’elles sont des variables pertinentes par rapport au problème étudié. Il nous semble utile, pour faciliter l’analyse d’une ingénierie, de distinguer deux types de variables de commande :
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Les investigations d'ingénierie didactique peuvent aussi bien:
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* être articulé à des études théoriques ou expérimentales;
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* intégrer des recherches technologiques sur des problèmes techniques et de leur identifications précises;
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* prendre en compte les contraintes directement liées aux conditions et aux variables de projets didactiques spécifiques ou généraux.
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* prendre en compte les dépendances entre tous éléments lié au système éducatif : entre connaissances ( C <=> C ), ou entre connaissances et situations ( C <=> S ), entre situations ( S <=> S ), et tous autres de leur interrelations, individuelle ou combiné, entre formateur(s), enseignant(s), étudiant(s), élève(s), ... L’analyse et la combinaison de ces dépendances, a priori et a posteriori est l’instrument de l’ingénierie et de l’observation scientifique de la didactique
  
* les variables macro-didactiques ou globales qui concernent l’organisation globale de l’ingénierie,
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= Quelques exemples d'ingénieries =
* les variables micro-didactiques ou locales qui concernent l’organisation local e de l’ingénierie, c’est à dire l’organisation d’une séance ou d’une phase, les unes et les autres pouvant être elles-mêmes des variables d’ordre général ou des variables dépendantes du contenu didactique dont l’enseignement est visé. Au niveau micro-didactique, cette seconde distinction est classique puisqu’on distingue les variables dites de situation reliées à l’organisation et à la gestion du milieu
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* L’ingénierie de production et de développement qui vise uniquement à réaliser par exemple un curriculum, ou un programme ou encore un enseignement ou une situation spécifique;
(Brousseau, 1986), les variables didactiques étant , parmi elles, celles dont la preuve de l’effet didactique a été attestée ».
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* L’ingénierie phénoménotechnique qui a pour objet de permettre l’étude empirique de phénomènes didactiques, dans des circonstances compatibles avec l’éthique de l’enseignement
« Une des originalités de la méthode d’ingénierie didactique réside dans son mode de validation, essentiellement interne. C’est dès cette phase de conception, via l’analyse a priori des situations didactiques de l’ingénierie, étroitement liée à la conception locale de cette dernière, que ce processus de validation va s’engager. Cette analyse a priori est à concevoir comme une analyse du contrôle du sens : très schématiquement, si la théorie constructiviste pose le principe de l’engagement de l’élève dans la construction de ses connaissances par l’intermédiaire d’interaction avec un certain milieu, la théorie des situations didactiques, qui sert de référence à la méthodologie d’ingénierie, a eu, dès son origine, l’ambition de se constituer comme une théorie du contrôle des rapports entre sens et situations ».
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: Exemple : les rationnels et les décimaux tels qu’ils ont été enseignés pendant près de 20 ans à l’école Michelet de Talence n’étaient pas destinés au développement
« L’objectif de l’analyse a priori est donc de déterminer en quoi les choix effectués permettent de contrôler les comportements des élèves et leur sens. Pour ce, elle va se fonder sur des hypothèses dont la validation sera, en principe, indirectement en jeu dans la confrontation opérée dans la quatrième phase entre analyse a priori et analyse a posteriori ».
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* L'ingénierie des curriculums qui vise à agir à un des niveaux ou sur l'ensemble du curriculum.
 
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:Exemple: Les procédés didactiques classiques multiplient les situations d’apprentissage et remplissent tout le temps disponible avec n’importe quel programme de connaissances, aussi petit soit-il. Dans une telle situation l’ingénierie didactique peut avoir pour objet de limiter cette prolifération sans diminuer les résultats. Ainsi, les curriculums doivent être comparées d’après le temps qu’ils nécessitent, à taux de réussite constant.
'''3 - L’expérimentation'''
 
C’est une phase classique, qui doit permettre un recueil de données diverses, éclairant l’objet de la recherche.
 
 
 
'''4 - L’analyse a posteriori et l’évaluation'''
 
 
 
« Elle s’appuie sur l’ensemble des données recueillies lors de l’expérimentation : observations réalisées des séances d’enseignement, mais aussi productions des élèves en classe et hors classe. Ces données sont souvent complétées par des données obtenues par l’utilisation de méthodologies externes, questionnaires, entretiens individuels ou en petits groupes, réalisés à divers moments de l’enseignement ou à son issue. C’est sur la confrontation des deux analyses : analyse a priori et analyse a posteriori que se fonde essentiellement la validation des hypothèses engagées dans la recherche ».
 
« Les hypothèses mêmes engagées explicitement dans le travail d’ingénierie sont souvent des hypothèses relativement globales, mettant en jeu des processus d’apprentissage à long terme, que l’ampleur de l’ingénierie ne permet pas nécessairement de faire entrer réellement dans une démarche de validation ».
 
 
 
L’ingénierie se situe donc dans le registre des études de cas, dont la validation est essentiellement interne, fondée sur la confrontation entre analyse a priori et analyse a posteriori.
 

Version actuelle datée du 5 novembre 2020 à 14:21

  • « L’ingénierie didactique est l’étude d’un projet d’enseignement sous ses aspects didactiques, techniques, économiques, financiers et sociaux… et qui nécessite un travail de synthèse coordonnant des travaux de diverses équipes de spécialistes ».


Ingénierie didactique au sens strict

L’ingénierie didactique consiste au sens strict en la conception et en la réalisation de tout ou partie de curriculums : une suite de leçons, une leçon, un assortiment d’exercices, un manuel, un programme informatique etc. Cette conception est accompagnée de l’étude des diverses possibilités entre lesquelles il est fait un choix, et de l’explicitation des raisons de ces choix (techniques, scientifiques, et autres).

Ingénierie didactique au sens large

On peut y admettre la simple production d’un curriculum – sans ses justifications précises – et, par conséquent aussi sa conduite, dans la mesure ou tout curriculum laisse nécessairement un certain champ de décisions didactiques à l’enseignant qui l’utilise

Techniques et outils d'ingénierie didactique

Les techniques spécifiques aux travaux d'ingénierie didactique sont adaptées de nombreuses disciplines dont la psychologie, l’épistémologie, la sociologie, la pédagogie etc. sous le contrôle de la didactique d'une discipline.

Investigations en ingénierie didactique

Les investigations d'ingénierie didactique peuvent aussi bien:

  • être articulé à des études théoriques ou expérimentales;
  • intégrer des recherches technologiques sur des problèmes techniques et de leur identifications précises;
  • prendre en compte les contraintes directement liées aux conditions et aux variables de projets didactiques spécifiques ou généraux.
  • prendre en compte les dépendances entre tous éléments lié au système éducatif : entre connaissances ( C <=> C ), ou entre connaissances et situations ( C <=> S ), entre situations ( S <=> S ), et tous autres de leur interrelations, individuelle ou combiné, entre formateur(s), enseignant(s), étudiant(s), élève(s), ... L’analyse et la combinaison de ces dépendances, a priori et a posteriori est l’instrument de l’ingénierie et de l’observation scientifique de la didactique

Quelques exemples d'ingénieries

  • L’ingénierie de production et de développement qui vise uniquement à réaliser par exemple un curriculum, ou un programme ou encore un enseignement ou une situation spécifique;
  • L’ingénierie phénoménotechnique qui a pour objet de permettre l’étude empirique de phénomènes didactiques, dans des circonstances compatibles avec l’éthique de l’enseignement
Exemple : les rationnels et les décimaux tels qu’ils ont été enseignés pendant près de 20 ans à l’école Michelet de Talence n’étaient pas destinés au développement
  • L'ingénierie des curriculums qui vise à agir à un des niveaux ou sur l'ensemble du curriculum.
Exemple: Les procédés didactiques classiques multiplient les situations d’apprentissage et remplissent tout le temps disponible avec n’importe quel programme de connaissances, aussi petit soit-il. Dans une telle situation l’ingénierie didactique peut avoir pour objet de limiter cette prolifération sans diminuer les résultats. Ainsi, les curriculums doivent être comparées d’après le temps qu’ils nécessitent, à taux de réussite constant.