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* « L’homme adonné à la culture scientifique est un éternel écolier. L’école est le modèle de la vie sociale. Rester un écolier doit être le vœu secret d’un maître. Du fait même de la prodigieuse différenciation de la pensée scientifique, du fait de la spécialisation nécessaire, la culture scientifique met sans cesse un véritable savant en situation d’écolier. »  
 
* « L’homme adonné à la culture scientifique est un éternel écolier. L’école est le modèle de la vie sociale. Rester un écolier doit être le vœu secret d’un maître. Du fait même de la prodigieuse différenciation de la pensée scientifique, du fait de la spécialisation nécessaire, la culture scientifique met sans cesse un véritable savant en situation d’écolier. »  
 
G. Bachelard : Le rationalisme appliqué (1949), PUF, 1970 (p. 23)
 
G. Bachelard : Le rationalisme appliqué (1949), PUF, 1970 (p. 23)
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* "L'observation des phénomènes sociaux n'est pas, comme on pourrait le croire à première vue, un pur procédé narratif. La sociologie doit faire plus que de décrire les faits, elle doit, en  réalité, les constituer. D'abord, pas plus en sociologie qu'en aucune autre science, il n'existe de faits bruts que l'on pourrait pour ainsi dire photographier. Toute observation scientifique porte sur des phénomènes méthodiquement choisis et isolés des autres, c'est-à-dire abstraits."
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M. Mauss et P. Fauconnet (1901) in M. Mauss : Essais de sociologie (p. 32)
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* "On voudrait que le physicien puisse dire nettement ce que l'on entend par les mots : électricité, magnétisme, pesanteur, molécule (...)Il est pourtant vain d'exiger pareilles définitions, qui, au vu de la nature du problème, ne peuvent être données. A un jeune garçon qui ignore ce qu'est un éléphant, on peut répondre que c'est un animal énorme, avec de longues oreilles et une longue trompe(...). Par analogie, il est tentant de croire qu'un scientifique puisse être capable d'expliquer en termes familiers les notions théoriques qu'il emploie. Mais ce n'est pas possible. Un physicien ne peut pas nous montrer une image de l'électricité comme il montre à son enfant une image de l'éléphant"
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R. Carnap : Fondements philosophiques de la physique, (1996), A. Colin, Paris, 1973, (p. 128)
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* "...en dépit de toutes les discussions à la Dilthey sur le caractère particulier des sciences humaines, les sciences sociales sont soumises aux règles qui valent pour les autres sciences : il s'agit de produire des systèmes explicatifs cohérents, des hypothèses et ou des propositions organisées en modèles parcimonieux capables de rendre compte d'un vaste nombre de faits observables empiriquement et susceptibles d'être réfutés par des modèles plus puissants, obéissants aux mêmes règles de cohérence logique, de systématicité et de réfutabilité empirique."
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P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 159)
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* « La plupart des difficultés que la sociologie rencontre résultent précisément du fait que l’on veut toujours qu’elle ne soit pas une science comme les autres. »
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P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 159)
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* "Toute théorie du social aura à faire face sur deux fronts. D'un côté, ceux qui ne conçoivent la science que de calcul et d'expérience, qui ne peuvent imaginer d'autres sciences que celle qu'ils connaissent déjà et proposent comme idéal scientifique un modèle tristement imité de la physique; ceux-là contesteront toujours aux sciences sociales leurs possibilités théoriques. De l'autre, ceux qui ne tiennent pas en grande estime les sciences physiques, les champions de la subjectivité, du relativisme, de l'herméneutique et de l'ineffable, qui loueront plus que de raison les sciences sociales pour ce qu'elles ne sont pas; ceux-là parleront de sciences, mais plutôt comme a continuation de la théologie par d'autres moyens."
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A. Testart, Essai d’épistémologie, Bourgois,1991, (p. 15)
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* « Nous nous exprimons trop souvent comme si le monde était découpable en secteurs sur chacun desquels s’exercerait tout naturellement une science appropriée : la physique sur les phénomènes du même non, la sociologie sur les « faits sociaux », etc. Mais le monde ne se laisse pas aussi facilement partager. Un objet aussi simple qu’une table ne se laisse ranger dans aucune science, en particulier parce qu’elle est objet d’étude pour toutes, pour la physique à l’évidence, pour la sociologie dans la mesure où elle est un produit social, pour la psychanalyse dans la mesure où elle peut être objet de fantasme. On en dirait de même de n’importe quel élément de ce monde , fut-ce le pendule de Galilée ou l’homme. Ce ne sont pas les choses du monde qui se laissent ranger dans des tiroirs distincts, ce sont les opérations intellectuelles qu’on leur applique (…) Ce n’est pas la nature différente des choses, la qualité différente des évènements qui suscite des sciences distinctes, c’est l’éclairage différent que chaque science porte sur les mêmes choses et les mêmes événements du monde. C’est la dimension d’étude que chacune privilégie, la problématique qu’elle développe. »
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A. Testart, Essai d’épistémologie, Bourgois,1991, (p. 95)
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* "L'opposition du XIXe siècle entre les sciences de la nature et les sciences historiques, comme la croyance à l'objectivité et à la précision absolue des sciences de la nature, sont aujourd'hui choses du passé."
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H. Arendt : « Le concept d'histoire » (1956) in, La crise de la culture, Gallimard, Coll. Idées, 1972, (p. 67).
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* "Pour ce qui est, tout d'abord, des méthodes, il semble impossible d'introduire une opposition entre les sciences de l'homme et les sciences naturelles, ni du point de vue de l'expérimentation, ni de celui du calcul ou de la déduction."
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J. Piaget : Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, 1967, (p. 1131)
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* "Le raisonnement expérimental n'est donc pas un empirisme : il ne se contente pas de lire les faits; il retient et travaille les relations qui peuvent être théoriquement significatives."
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J.M. Berthelot,  « Préface », in E. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, (1895), Flammarion, Coll. Champs,  (p. 31)
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* il est permis de se demander si bien plus que dans leur difficulté à mesurer ou à expérimenter, ou encore dans le caractère toujours singulier de l'évènement historique, ce n'est pas dans l'impossibilité principielle de disjoindre radicalement jugements de faits et jugements de valeur, visées cognitive et visée normative, que s'enracine le destin singulier des sciences de l'esprit, qui doit leur interdire à jamais de s'identifier pleinement et exclusivement aux sciences exactes."
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A. Caillé : "L'impossible objectivité ? Vérité et normativité dans les sciences sociales". La revue du MAUSS, n° 4, deuxième trimestre 1989, (p. 4)
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* "L'empiriste naïf ou le partisan de la logique inductive (...) pense que nous commençons par rassembler et ordonner nos expériences et gravissons de cette manière les échelons de la science, ou, pour employer le mode d'expression formel, il pense que si nous désirons construire une science, nous devons commencer par rassembler des énoncés "protocolaires". Pourtant, si l'on m'ordonnait : "Faites un rapport sur les expériences que vous êtes en train de faire", j'aurais du mal à obéir à cet ordre ambigu. Devrais-je rapporter que j'écris, que j'entends sonner une cloche, crier un vendeur de journaux, bourdonner un haut-parleur ou devrais-je peut-être rapporter que ces bruits m'irritent ? Et à supposer même que cet ordre puisse être exécuté, jamais la collection susceptible d'être formée de cette façon, aussi riche soit-elle, ne pourra constituer une science. une science requiert des points de vue et des problèmes théoriques."
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K. Popper : La logique de la découverte scientifique, (1934),  Payot, 1973, (p. 106).
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* « Des observations et plus encore des énoncés d’observations et des énoncés de résultats d’observations sont toujours des interprétations de faits observés; ce sont des interprétations faites à la lumière de théories ».
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K. Popper : La logique de la découverte scientifique, (1934), Payot, 1973
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* "Le développement scientifique dépend en partie d'un processus de changement qui n'est pas une simple croissance mais une révolution. Il y a de grandes révolutions comme celles qui sont associées aux noms de COPERNIC, de NEWTON, ou de DARWIN, mais la plupart sont beaucoup plus petites, comme la découverte de l’oxygène ou celle de la planète Uranus. Ce qui prélude ordinairement à ce type de changement, c'est, je crois, la prise de conscience d'une anomalie, d’un événement un d'un ensemble d’événements qui ne rentrent pas dans les cadres existant pour l'ordonnancement des phénomènes."
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Th. Kuhn : La structure des révolutions scientifiques, (1962), Flammarion, Coll. Champs, (p.21)
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* "...un champ scientifique authentique est un espace où des chercheurs s'accordent sur les terrains de désaccord et sur les instruments avec lesquels ils sont en mesure de résoudre ces désaccords, et sur rien d'autre."
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P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 152)
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* « L’abdication empiriste a pour elle toutes les apparences et toutes les approbations, parce que, en faisant l’économie de la construction, elle laisse au monde social tel qu’il est, à l’ordre établi, les opérations essentielles de la construction scientifique – choix du problème, élaboration des concepts et des catégories d’analyse – et qu’elle remplit ainsi, au moins par défaut, au titre de ratification de la doxa, une fonction foncièrement conservatrice.
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P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 214)
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* « Mais construire un objet scientifique, c’est, d’abord et avant tout, rompre avec le sens commun, c’est-à-dire avec des représentations partagées par tous, qu’il s’agisse des simples lieux communs de l’existence ordinaire ou des représentations officielles, souvent inscrites dans des institutions, donc à la fois dans l’objectivité des représentations sociales et dans les cerveaux. Le préconstruit est partout.
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P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 207)
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* « Il est vrai que la sociologie exerce un effet désenchanteur, mais le réalisme scientifique et politique qu’elle suppose et renforce évite de lutter là où il n’y a pas de liberté – ce qui est souvent un alibi de la mauvaise foi – de manière à occuper pleinement les lieux de véritable responsabilité. S’il est vrai que la sociologie, et peut-être plus particulièrement celle que je pratique, peut encourager le sociologisme comme soumission aux lois d’airain de la société (et cela même si son intention est exactement à l’opposé), je pense que l’alternative qu’établissait Marx entre l’utopisme et le sociologisme est assez trompeuse : il y a place, entre la résignation sociologiste et le volontarisme utopiste, pour un utopisme raisonné, c’est-à-dire un usage politiquement conscient et rationnel des limites de liberté accordées par une véritable connaissance des loi sociales et spécialement de leurs conditions historiques de validité. La tâche politique de la science sociale est de se dresser à la fois contre le volontarisme irresponsable et le scientisme fataliste, de travailler à définir un utopisme rationnel en usant de la connaissance du probable pour faire avenir le possible. »
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P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 169)
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* « S’il n’y a pas de moyen de juger une théorie autrement qu’en évaluant le nombre, la foi et la puissance vocale de ses partisans, alors la vérité se trouverait dans le pouvoir »
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I. Lakatos, in A. Chalmers :  Qu’est-ce que la science ? , La découverte, 1987, (p. 140)
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* "La nécessité du pluralisme doctrinal ne relève pas seulement du refus de principe de la mise au pas du chercheur. Elle est aussi la condition la plus sûre de l'effort de scientificité pour la simple raison que rien ne vaut la controverse pour produire des falsifications ou pour contraindre les parties à s'y soumettre."
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A. Bonnafous: Le siècle des ténèbres de l'économie, Economica, 1989, (p. 178)
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* « La pratique scientifique est une activité laborieuse qui met en jeu les actes et les méthodes au moyen desquels les hommes posent, examinent et résolvent les problèmes issus de leur volonté de structurer, par la voie de la pensée, un objet réel, afin d’aboutir à sa connaissance, à sa maîtrise et à sa transformation. »
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R. di Ruzza : Eléments d’épistémologie pour économistes, PUG, 1988, (p. 17)
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* "Or quand on considère ce qu'ils disent vraiment, on voit que Marx, Walras et Keynes ont la même théorie de l'économie du capitalisme de marché. Simplement, chacun analyse plus que les autres certains aspects. Ces auteurs sont donc non seulement d'accord mais de plus complémentaires. Selon le problème posé, l'un ou l'autre en dit plus et est donc plus utile."
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S.C. Kolm : Philosophie économique, Seuil, 1986, (p. 166).
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* « L’épistémologie, au sens strict, est un étude critique faite a posteriori, axée sur la validité des sciences, considérées comme des réalités que l’on observe, décrit, analyse. »
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M. Grawitz : Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 9e édition, 1993
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* « Le caractère propre de la connaissance scientifique est de parvenir à une certaine objectivité, en ce sens que moyennant l’emploi de certaines méthodes, soit déductives (logico-mathématiques), soit expérimentales, il y a finalement accord entre tous les sujets sur un secteur donné de connaissance »
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J. Piaget : Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, 1967, (p.14)
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* « La connaissance scientifique de ce qui relève de l'expérience consiste toujours à construire des schémas ou modèles abstraits de cette expérience, et à exploiter, au moyen de la logique et des mathématiques, les relations entre les éléments abstraits de ces modèles, de façon à en déduire des propriétés correspondant avec suffisamment de précision à des propriétés empiriques directement observables. »
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J. Piaget : Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, 1967, (p. 14)
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* « Pas plus qu’aucune science, la sociologie ne spécule sur de pures idées et ne se borne à enregistrer les faits. Elle tend à en donner un système rationnel. Elle cherche à déterminer leurs rapports de manière à les rendre intelligibles. »
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M. Mauss et P. Fauconnet : « La sociologie : objet et méthode » (1901)
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in M. Mauss : Essais de sociologie, Seuil, Coll. Points, 1971, (p. 35)
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* « La science ne commence pas par des énoncés d’observation parce qu’il faut une théorie avant tout énoncé d’observation, et les énoncés d’observation, parce qu’ils sont faillibles, ne constituent pas une base sûre sur laquelle la connaissance scientifique peut être fondée. Cependant je ne prétends pas en déduire que les énoncés d’observation ne jouent aucun rôle dans la science. Je n’exige pas l’élimination de tous les énoncés d’observation sous prétexte qu’ils sont faillibles. Je me suis contenté de démontrer que le rôle que l’inductiviste fait jouer aux énoncés d’observation dans la science est erroné. »
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A.F. Chalmers :  Qu’est-ce que la science ? , La découverte, 1987, (pp. 54-55)
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* « Il n’est pas de description qui soit vierge de théorie. Que vous vous efforciez de reconstituer des scènes historiques, d’enquêter sur le terrain auprès d’une tribu sauvage ou d’une communauté civilisée, d’analyser des statistiques, d’opérer des déductions à partir d’un monument archéologique ou d’une découverte préhistorique - chaque énoncé et chaque raisonnement doit passer par les mots, c’est-à-dire par les concepts. Chaque concept à son tour est le fruit d’une théorie, qui décide que certains faits sont pertinents et d’autres accessoires, que certains facteurs orientent le cours des événements, et que d’autres sont des intermèdes fortuits... »
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B. Malinowski : Une théorie scientifique de la culture (1944), Seuil, Coll. Points, 1970, (p. 13)
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* « Cette problématique consistant à opposer les « faits » à la théorie existante, qu’elle soit celle des contestataires radicaux, de Baran et Sweezy, de Sismondi ou de l’école historique allemande, est caractéristique de l ’empirisme.
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L’opposition des faits à la théorie suppose que les faits possèdent en eux-mêmes le principe de leur connaissance et qu’ils peuvent être opposés directement au savoir intellectuel. L’erreur de cette problématique c’est d’opposer un savoir humain qui gît dans le cerveau à un savoir qui résiderait directement dans les faits eux-mêmes. »
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S. Latouche : Epistémologie et économie, Anthropos, 1973, (p. 24)
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* « Tout ce que postule la sociologie, c’est simplement que les faits que l’on appelle sociaux sont dans la nature, c’est-à-dire sont soumis au principe de l’ordre et du déterminisme universels, par suite intelligible. Or cette hypothèse n’est pas le fruit de la spéculation métaphysique; elle résulte d’une généralisation qui semble tout à fait légitime. Successivement cette hypothèse, principe de toute science, a été étendue à tous les règnes, même à ceux qui semblaient le plus échapper à ses prises : il est donc rationnel de supposer que le règne social - s’il est un règne qui mérite d’être appelé ainsi - ne fait pas exception. Ce n’est pas au sociologue de démontrer que les phénomènes sociaux sont soumis à la loi : c’est aux adversaires de la sociologie à fournir la preuve contraire. Car, a priori, on doit admettre que ce qui s’est trouvé être vrai des faits physiques, biologiques et psychiques est vrai aussi des faits sociaux. »
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M. Mauss et P. Fauconnet : « La sociologie : objet et méthode » (1901)
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in M. Mauss : Essais de sociologie, Seuil, Coll. Points, 1971, (p. 7)
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* « ...la sociologie, comme toute science, bien que pour d’autres raisons, entraîne ce que M. Weber appelait un désenchantement du monde. La science dépouille la nature de ses charmes, de tout ce qui la rendait proche ou familière, de ce qui touchait notre sensibilité et nourrissait nos rêves. Elle nous révèle un univers, soumis à un déterminisme, rigoureux ou aléatoire, que les savants n’auront jamais fini de déchiffrer, univers qui ne ressemblera plus jamais au cosmos, pensé par les anciens, dont l’harmonie servait de modèle et de garant à l’ordre humain. »
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R. Aron :  De la condition historique du sociologue, Gallimard, 1971, (pp.47-48)
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* « Une science ne naît pas de la définition d’un objet, ni de la rencontre d’un objet, ni de l’imposition d’une méthode. Elle naît de la constitution d’un corps de concepts, avec leur règles de production. De ce fait, le développement d’une science c’est la formation des concepts et des théories de cette science. »
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M. Fichant : Sur l’ histoire des sciences, Maspéro, 1969, (p.100)
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* « Le premier devoir de la sociologie est de regarder ce qui est caché, de dire ce qui est tu, de faire apparaître la faille d’un discours, la distance de la parole et de l’action. »
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A. Touraine :  Pour la sociologie , Seuil, Coll. Points, 1974, (p. 88)
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* « Les évènements sociaux constituent un tout. Ils forment un grand courant d’où la main ordonnatrice du chercheur extrait, de vive force, des faits économiques. Analyser un fait économique c’est déjà une abstraction, la première des nombreuses abstractions que les nécessités techniques imposent à notre pensée. »
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J. A. Schumpeter :  Théorie de l’évolution économique, Dalloz, 1983, (p. 1)
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* « Il est apparemment de bonne méthode de commencer par le réel et le concret, la supposition véritable; donc, dans l’économie, par la population qui est la base et le sujet de l’acte social de la production dans son ensemble. Toutefois, à y regarder de près, cette méthode est fausse. »
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K. Marx : Introduction générale à la critique de l’économie politique (1857), Oeuvres, tome 1, La Pléiade, 1965, (p. 254)
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* « Le concret est le concret, parce qu’il est la synthèse de nombreuses déterminations, donc unité de la diversité. C’est pourquoi le concret apparaît dans la pensée comme le procès de la synthèse, comme le résultat, et non comme le point de départ, encore qu’il soit le véritable point de départ, et par suite le point de départ de l’intuition et de la représentation. »
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K. Marx : Introduction générale à la critique de l’économie politique (1857), Oeuvres, tome 1, La Pléiade, 1965, (p. 255)
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* « ...l’analyse des formes économiques ne peut s’aider du microscope ou des réactifs fournis par la chimie; l’abstraction est la seule force qui puisse lui servir d’instrument. »
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K. Marx : Le capital, préface à la première édition (1867), Garnier-Flammarion, 1969, (p. 35)
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* « Tout jugement inspiré par une critique vraiment scientifique est pour moi le bienvenu. Vis-à-vis des préjugés de ce qu’on appelle l’opinion publique à laquelle je n’ai jamais fait de concessions, j’ai pour devise, après comme avant, la parole du grand Florentin : Segui il tuo corso, e lascia dir le genti ! »
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K. Marx : Le capital, préface à la première édition (1867), Garnier-Flammarion, 1969, (p. 38)
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* « Face au réel, ce qu’on croit savoir offusque ce qu’on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est, spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. »
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G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 14)
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* « La science dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. »
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G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 14)
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* « Dans la formation de l’esprit scientifique, le premier obstacle, c’est l’expérience première, c’est l’expérience placée avant et au dessus de la critique qui, elle, est nécessairement un élément intégrant de l’esprit scientifique. Puisque la critique n’a pas opéré explicitement, l’expérience première ne peut, en aucun cas, être un appui sûr. Nous donnerons de nombreuses preuves de la fragilité des connaissances premières, mais nous tenons tout de suite à nous opposer nettement à cette philosophie facile qui s’appuie sur un sensualisme plus ou moins franc, plus ou moins romancé, et qui prétend recevoir directement ses leçons d’un donné clair, net, sûr, constant, toujours offert à un esprit toujours ouvert. »
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G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 23)
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* « ...l’esprit scientifique doit se former contre la Nature, contre ce qui est, en nous et hors du nous, l’impulsion et l’instruction de la Nature, contre l’enchaînement naturel, contre le fait coloré et divers. L’esprit scientifique doit se former en se réformant. »
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G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 23)
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* "Il n'y a pas de connaissance par juxtaposition. Il faut toujours qu'une connaissance ait une valeur d'organisation ou plus exactement de réorganisation. S'instruire c'est prendre conscience de la valeur de division des cellules du savoir."
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G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 65)
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* « Le doute universel pulvériserait irrémédiablement le donné en une masse de faits hétéroclites. Il ne correspond à aucune instance réelle de la recherche scientifique. La recherche scientifique réclame, au lieu de la parade du doute universel, la constitution d’une problématique. Elle prend son départ réel dans un problème, ce problème fut-il mal posé. »
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G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 51)
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* « Au lieu d’être une impasse comme le proclame l’ancienne psychologie, l’abstraction est un carrefour d’avenues. »
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G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 22)
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« En résumé, pas de rationalité à vide, pas d’empirisme décousu, voilà les deux obligations philosophiques qui fondent l’étroite et précise synthèse de la théorie et de l’expérience dans la physique contemporaine. »
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G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 3)
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* « Ainsi la science n’est pas le pléonasme de l’expérience. Ses concepts ne sont nullement les concepts d’un empirisme par principe attaché aux objets séparés présentés par l’aperception. Nous aurons à revenir, pour les caractériser philosophiquement, sur les inter-concepts qui forment la contexture d’une science particulière. Pour l’instant, il suffit de noter le travail d’extension des notions en dessous des apparences immédiates, par l’action d’une essentielle réflexion qui critique sans cesse les idées premières. En somme l’empirisme commence par l’enregistrement des faits évidents, la science dénonce ces évidences pour découvrir les lois cachées. Il n’y a de science que de ce qui est caché. »
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G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 38)
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* « L’empiricité libérale convient très bien aux gens qui, à la faveur de leur position sociale, sont arrivés à connaître, non sans quelque autorité, des « cas d’espèce ». Les juges, les assistantes sociales, les aliénistes, les enseignants et les réformateurs au petit pied pensent toujours les « situations ». Ils vivent avec des œillères, et leur profession les rend inaptes à voir autre chose que des « cas d’espèce ». Leur expérience, et les points de vue d’où ils jugent la société, sont par trop identiques, par trop homogènes, pour laisser place à une émulation intellectuelle et à un esprit de polémique qui permettraient de construire la totalité. L’empiricité libérale est une sociologie des milieux à tendance moralisatrice. »
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W. Mills : L’imagination sociologique, Maspéro, Coll. PCM, 1967
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* « …l’absence de théorie, d’analyse théorique de la réalité, que couvre le langage d’appareil, enfante des monstres. (…) Je ne suis pas assez naïf pour penser que l’existence d’une analyse rigoureuse et complexe de la réalité sociale suffise à mettre à l’abri de toutes les formes de déviations terroristes ou totalitaire. Mais je suis certain que l’absence d’une telle analyse laisse le champ libre. C’est pourquoi, contre l’antiscientisme qui est dans l’air du temps et dont les nouveaux idéologues ont fait leurs choux gras, je défends la science et même la théorie lorsqu’elle a pour effet de procurer une meilleure compréhension du monde social. On n’a pas à choisir entre l’obscurantisme et le scientisme. »
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P. Bourdieu : Interview à Libération (3 et 4 novembre 1979), repris dans  Question de sociologie , Edition de Minuit, 1980
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* « …nous avons cessé de croire que les sciences puissent elles-mêmes se passer de controverses. Des penseurs tels que Bachelard et Popper nous ont même invités à voir dans la possibilité permanente de la remise en cause et le pluralisme critique des traits essentiels de l’activité scientifique. Mais si les sciences avancent par « rectification des concepts » ou par « élimination de l’erreur », il n’en reste pas moins qu’elles « avancent ». »
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A . Boyer : Introduction à la lecture de Karl Popper, Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1994, (page 177)
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* « …la familiarité avec l’univers social constitue pour le sociologue l’obstacle épistémologique par excellence, parce qu’elle produit continûment des conceptions ou des systématisations fictives en même temps que les conditions de leur crédibilité. Le sociologue n’en a jamais fini avec la sociologie spontanée et il doit s’imposer une polémique incessante contre les évidences aveuglantes qui procurent à trop bon compte l’illusion du savoir immédiat et de sa richesse indépassable. »
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P. Bourdieu, J. C. Passeron, J.C. Chamboredon : Le métier de sociologue (1968), 3ème édition 1980, (p. 27)
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* « Il ne résulte donc pas du fait que l’homme soit capable de désirs, d’anticipations ou de calculs, que la sociologie doive parler un langage typiquement différent de ce lui des sciences de la nature. (…) la sociologie est, comme toute science, comme toute science, amenée à utiliser un langage dont le vocabulaire de base est constitué par des variables et dont la syntaxe consiste à définir des relations entre ces variables. »
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R. Boudon : Les méthodes en sociologie, PUF, Coll. QSJ, 5ème éd., 1980, (pp. 23-24)
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* « L’épistémologie contemporaine ne connaît ni les sciences inductives, ni les  sciences déductives. Elle n’admet pas la distinction, fondée sur des caractères intrinsèques, des jugements scientifiques hypothétiques et des jugements scientifiques catégoriques. Elle ne connaît que des sciences hypothético-déductives.  En ce sens, il n’y a pas de différence essentielle entre la géométrie – science de la nature (Comte, Einstein) et la physique mathématique. Il n’y a pas non plus de coupure entre la raison et l’expérience : il faut la raison pour faire une expérience et il faut l’expérience pour se faire une raison. La raison apparaît non pas comme un décalogue de principes mais comme une norme de systématisation, capable d’arracher  la pensée à son sommeil dogmatique.
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Donc on admettra :
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Contre l’empirisme : qu’il n’y a pas à proprement parler de méthode inductive. Ce qui est induction, c’est-à-dire invention d’hypothèses dans la science expérimentale, est le signe le plus net de l’insuffisance de la méthode à expliquer le progrès du savoir.
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Contre le positivisme : qu’il n’y a pas une différence de certitude relativement aux lois et aux théories explicatives. Pas de fait qui ne soit pénétré de théorie, pas de loi qui ne soit de l’hypothèse momentanément stabilisée, donc la recherche des rapports de structure est aussi légitime que la recherche des rapports de succession ou de similitude. »
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G. Canguilhem : Leçon sur la méthode, cité par P. Bourdieu, J. C. Passeron, J.C. Chamboredon : Le métier de sociologue (1968), 3ème édition 1980, (p. 168)
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* « On peut adopter provisoirement la distinction de Dilthey et Windelband : d’un côté, il y a les sciences nomographiques qui se donnent pour but d’établir des lois ou des types, et de l’autre les sciences idiographiques, qui s’intéressent à l’individuel ; la physique ou l’économie sont nomographiques et l’histoire est idiographique (quant à la sociologie, elle ne sait pas trop ce qu’elle est ; elle sait qu’il y a une place à prendre pour une nomographie de l’homme et elle voudrait être celle-ci ; mais souvent, sous le pavillon de la sociologie, on écrit cde qui est en réalité une histoire de la civilisation contemporaine, et ce n’est d’ailleurs pas ce qu’on fait de plus mal).
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P. Veynes : Comment on écrit l’histoire (1971), Seuil, Coll. Points, 1996 (p. 19)
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* « Mais la sociologie s’entête à être autre chose que l’histoire. Le résultat de cette ambition est que la sociologie n’a plus rien à dire ; aussi bien parle-t-elle à vide ou parle-telle d’autre chose. Somme toute, les livres qui se publient au titre de la sociologie peuvent être rangés sous trois chefs : une philosophie politique qui ne s’avoue pas, une histoire des civilisations contemporaines et enfin un genre littéraire séduisant, dont les cadres sociaux de la mémoire de Halbwachs sont peut-être le chef d’œuvre et qui a pris inconsciemment la succession des moralistes et tractatistes des XVIe-XVIIIe siècles ; la sociologie générale entre presque tout entière sous ce troisième chef. Pour le premier chef, la sociologie permet d’exposer, comme étant la science même, des opinions avancées ou conservatrices sur la politique, l’enseignement ou le rôle de la canaille dans les révolutions ; elle est alors philosophie politique. En revanche, et c’est le second chef, si un sociologue fait une étude statistique de la population étudiante de Nanterre et en tire une explication en compréhension de la révolte universitaire de mai 1968, il fait de l’histoire contemporaine, et les historiens futurs auront à tenir compte de son travail et à étudier son interprétation ; aussi demandons nous humblement pardon à ce sociologue du mal que nous semblons dire de la sociologie et le supplions de considérer que nous contestons le pavillon et non la marchandise. »
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P. Veynes : Comment on écrit l’histoire (1971), Seuil, Coll. Points, 1996 (p. 357)
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* « …récapitulons très didactiquement les trois degrés du savoir. La formule de Newton explique les lois de Kepler qui expliquent les mouvements des planètes ; la pathologie microbienne explique la rage ; le poids de l’impôt explique l’impopularité de Louis XIV. Dans les deux premiers cas, nous avons des explications scientifiques et, dans le troisième, une description et de la compréhension. Les deux premiers ont exigé des découvertes et le troisième est enfant de Mémoire. Les deux premiers permettent des déductions ou des prévisions et des interventions, le troisième est affaire de prudence (il n’est de politique que de l’entendement). A la première catégorie correspondent des concepts très abstraits, « travail » ou « attraction » ; à la seconde, des concepts scientifiques issus du sens commun (…). A la troisième correspondent des concepts sublunaires. Cette troisième explication, c’est l’histoire ; quant à la sociologie, qui n’est ni la première ni la seconde, elle ne peut être que de l’histoire ou une paraphrase de l’histoire. »
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P. Veynes : Comment on écrit l’histoire (1971), Seuil, Coll. Points, 1996 (p. 357-358)
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* "La connaissance scientifique de ce qui relève de l'expérience consiste toujours à construire des schémas ou modèles abstraits de cette expérience, et à exploiter, au moyen de la logique et des mathématiques, les relations entre les éléments abstraits de ces modèles, de façon à en déduire des propriétés correspondant avec suffisamment de précision à des propriétés empiriques directement observables"
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G.G. Granger : La science et les sciences, PUF, Coll. QSJ, 1993, (p.70)
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[[Catégorie:Citations]]

Version actuelle datée du 26 décembre 2008 à 19:26

  • « Le professeur doit donc simuler dans sa classe une micro-société scientifique s’il veut que les connaissances soient des moyens économiques pour poser de bonnes questions et pour trancher des débats, s’il veut que les langages soient des moyens de maîtriser des situations de formulation et que les démonstrations soient des preuves. »

G. Brousseau : Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques, in J. Brun (éd.) : Didactique des mathématiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1996 (page 49

  • « Si le maître dit ce qu’il veut, il ne peut plus l’obtenir »

G. Brousseau : Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques, in J. Brun (éd.) : Didactique des mathématiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1996 (page 86)

  • « L’élève est devant une injonction paradoxale; il doit comprendre ET apprendre; mais pour apprendre, il doit, dans une certaine mesure, renoncer à comprendre et pour comprendre, il doit prendre le risque de ne pas apprendre. »

G. Brousseau : Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques, in J. Brun (éd.) : Didactique des mathématiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1996 (page 88)

  • « Les situations permettant l’adaptation de l’élève sont le plus souvent par nature répétitives : l’élève doit pouvoir faire plusieurs tentatives, investir la situation à l’aide de ses représentations, tirer des conséquences de ses échecs ou de ses succès plus ou moins fortuits...

L’incertitude dans laquelle il est plongé est à la fois source d’angoisse et de plaisir. La réduction de cette incertitude est le but de l’activité intellectuelle et son moteur. » G. Brousseau : Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques, in J. Brun (éd.) : Didactique des mathématiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1996 (pages 92-93)

  • « Le raisonnement expérimental n’est donc pas un empirisme : il ne se contente pas de lire les faits; il retient et travaille les relations qui peuvent être théoriquement significatives. »

J.M. Berthelot : Préface in E. Durkheim : Les règles de la méthode sociologique, Flammarion, Coll. Champs (p. 31)

  • « La relation didactique s’appuie toujours sur des hypothèses épistémologiques, conscientes ou non, explicites ou non et cohérentes ou non ».

G. Brousseau : Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques, in J. Brun (éd.) : Didactique des mathématiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1996 (page 115)

  • « Les élèves coopèrent dans la mesure où ils arrivent à partager le même désir d’atteindre une vérité.

Ils doivent recevoir, a priori, avec respect, le point de vue de leur opposant et défendre le leur sans fausse modestie, aussi longtemps qu’ils ne sont pas convaincus du contraire; mais s’il leur apparaît qu’ils se sont trompés, ils doivent apprendre à changer immédiatement de position, sans amour propre déplacé et quel que soit le prix social. » G. Brousseau : Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques, in J. Brun (éd.) : Didactique des mathématiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1996 (page 142)

  • « Un concept ne peut être réduit à sa définition, du moins si l’on s’intéresse à son apprentissage et à son enseignement. C’est à travers des situations et des problèmes à résoudre qu’un concept acquiert du sens pour l’enfant. »

G. Vergnaud : La théorie des champs conceptuels, in J. Brun (éd.) : Didactique des mathématiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1996 (page 198)

  • « Il n’y a pas de connaissance par juxtaposition. Il faut toujours qu’une connaissance ait une valeur d’organisation ou plus exactement de réorganisation. S’instruire, c’est prendre conscience de la valeur de division des cellules du savoir. »

G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970 (p. 65)

  • « ...il est tentant de croire qu’un scientifique puisse être capable d’expliquer en termes familiers les notions théoriques qu’il emploie. Mais ce n’est pas possible. Un physicien ne peut pas nous montrer une image de l’électricité comme il montre à son enfant une image de l’éléphant. »

R. Carnap : Fondements philosophiques de la physique, Armand Colin, Paris, 1973 (p. 128)

  • « L’observation des phénomènes sociaux n’est pas, comme on pourrait le croire à première vue, un pur procédé narratif. La sociologie doit faire plus que de décrire les faits, elle doit, en réalité, les constituer. D’abord, pas plus en sociologie qu’en aucune autre science, il n’existe de faits bruts que l’on pourrait pour ainsi dire photographier. Toute observation scientifique porte sur des phénomènes méthodiquement choisis et isolés des autres, c’est-à-dire abstraits. »

M. Mauss et P. Fauconnet : La sociologie : objet et méthode (1901) in M. Mauss : Essais de sociologie, Seuil, Coll. Points (p. 32)

  • « L’abstraction constitue pour toutes les sciences la condition préliminaire et indispensable de toute recherche. »

V. Pareto : Manuel d’économie politique, Droz, (p. 11)

  • « L’élève ne trébuche pas toujours par sa faute; à force de lui cacher la genèse de ce qu’on lui apprend, la science scolaire s’enrobe d’un mystère qui accroît la difficulté. Un enseignement détaché de son histoire ne restitue pas le questionnement, si important pour le développement et la compréhension de la science. »

B. Jarosson : Invitation à la philosophie des sciences, Seuil, Coll. Points, 1992, (p. 8)

  • « L’enseignement économique devrait, au niveau de l’initiation, se fonder sur des éléments très simples empruntés à la réalité quotidienne. »

J.P. Courthéoux : Les exigences d’une pédagogie adaptée aux adolescents in Les Cahiers Français, n° 179, janv.-février 1977

  • « Un apprentissage efficace n’est pas produit par la pulvérisation de la matière à enseigner en de nombreux éléments supposés simples (donc plus facilement assimilables) qui s’additionneraient peu à peu. »

A. Giordan : L’élève et/ou la connaissance scientifique, Peter Lang, 2ème éd. 1987

  • « En résumé, pas de rationalité à vide, pas d’empirisme décousu, voilà les deux obligations philosophiques qui fondent l’étroite et précise synthèse de la théorie et de l’expérience dans la Physique contemporaine. »

G. Bachelard : Le rationalisme appliqué (1949), PUF, 1970 (p.3)

  • « L’homme adonné à la culture scientifique est un éternel écolier. L’école est le modèle de la vie sociale. Rester un écolier doit être le vœu secret d’un maître. Du fait même de la prodigieuse différenciation de la pensée scientifique, du fait de la spécialisation nécessaire, la culture scientifique met sans cesse un véritable savant en situation d’écolier. »

G. Bachelard : Le rationalisme appliqué (1949), PUF, 1970 (p. 23)

  • "L'observation des phénomènes sociaux n'est pas, comme on pourrait le croire à première vue, un pur procédé narratif. La sociologie doit faire plus que de décrire les faits, elle doit, en réalité, les constituer. D'abord, pas plus en sociologie qu'en aucune autre science, il n'existe de faits bruts que l'on pourrait pour ainsi dire photographier. Toute observation scientifique porte sur des phénomènes méthodiquement choisis et isolés des autres, c'est-à-dire abstraits."

M. Mauss et P. Fauconnet (1901) in M. Mauss : Essais de sociologie (p. 32)

  • "On voudrait que le physicien puisse dire nettement ce que l'on entend par les mots : électricité, magnétisme, pesanteur, molécule (...)Il est pourtant vain d'exiger pareilles définitions, qui, au vu de la nature du problème, ne peuvent être données. A un jeune garçon qui ignore ce qu'est un éléphant, on peut répondre que c'est un animal énorme, avec de longues oreilles et une longue trompe(...). Par analogie, il est tentant de croire qu'un scientifique puisse être capable d'expliquer en termes familiers les notions théoriques qu'il emploie. Mais ce n'est pas possible. Un physicien ne peut pas nous montrer une image de l'électricité comme il montre à son enfant une image de l'éléphant"

R. Carnap : Fondements philosophiques de la physique, (1996), A. Colin, Paris, 1973, (p. 128)

  • "...en dépit de toutes les discussions à la Dilthey sur le caractère particulier des sciences humaines, les sciences sociales sont soumises aux règles qui valent pour les autres sciences : il s'agit de produire des systèmes explicatifs cohérents, des hypothèses et ou des propositions organisées en modèles parcimonieux capables de rendre compte d'un vaste nombre de faits observables empiriquement et susceptibles d'être réfutés par des modèles plus puissants, obéissants aux mêmes règles de cohérence logique, de systématicité et de réfutabilité empirique."

P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 159)

  • « La plupart des difficultés que la sociologie rencontre résultent précisément du fait que l’on veut toujours qu’elle ne soit pas une science comme les autres. »

P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 159)

  • "Toute théorie du social aura à faire face sur deux fronts. D'un côté, ceux qui ne conçoivent la science que de calcul et d'expérience, qui ne peuvent imaginer d'autres sciences que celle qu'ils connaissent déjà et proposent comme idéal scientifique un modèle tristement imité de la physique; ceux-là contesteront toujours aux sciences sociales leurs possibilités théoriques. De l'autre, ceux qui ne tiennent pas en grande estime les sciences physiques, les champions de la subjectivité, du relativisme, de l'herméneutique et de l'ineffable, qui loueront plus que de raison les sciences sociales pour ce qu'elles ne sont pas; ceux-là parleront de sciences, mais plutôt comme a continuation de la théologie par d'autres moyens."

A. Testart, Essai d’épistémologie, Bourgois,1991, (p. 15)

  • « Nous nous exprimons trop souvent comme si le monde était découpable en secteurs sur chacun desquels s’exercerait tout naturellement une science appropriée : la physique sur les phénomènes du même non, la sociologie sur les « faits sociaux », etc. Mais le monde ne se laisse pas aussi facilement partager. Un objet aussi simple qu’une table ne se laisse ranger dans aucune science, en particulier parce qu’elle est objet d’étude pour toutes, pour la physique à l’évidence, pour la sociologie dans la mesure où elle est un produit social, pour la psychanalyse dans la mesure où elle peut être objet de fantasme. On en dirait de même de n’importe quel élément de ce monde , fut-ce le pendule de Galilée ou l’homme. Ce ne sont pas les choses du monde qui se laissent ranger dans des tiroirs distincts, ce sont les opérations intellectuelles qu’on leur applique (…) Ce n’est pas la nature différente des choses, la qualité différente des évènements qui suscite des sciences distinctes, c’est l’éclairage différent que chaque science porte sur les mêmes choses et les mêmes événements du monde. C’est la dimension d’étude que chacune privilégie, la problématique qu’elle développe. »

A. Testart, Essai d’épistémologie, Bourgois,1991, (p. 95)

  • "L'opposition du XIXe siècle entre les sciences de la nature et les sciences historiques, comme la croyance à l'objectivité et à la précision absolue des sciences de la nature, sont aujourd'hui choses du passé."

H. Arendt : « Le concept d'histoire » (1956) in, La crise de la culture, Gallimard, Coll. Idées, 1972, (p. 67).

  • "Pour ce qui est, tout d'abord, des méthodes, il semble impossible d'introduire une opposition entre les sciences de l'homme et les sciences naturelles, ni du point de vue de l'expérimentation, ni de celui du calcul ou de la déduction."

J. Piaget : Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, 1967, (p. 1131)

  • "Le raisonnement expérimental n'est donc pas un empirisme : il ne se contente pas de lire les faits; il retient et travaille les relations qui peuvent être théoriquement significatives."

J.M. Berthelot, « Préface », in E. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, (1895), Flammarion, Coll. Champs, (p. 31)

  • il est permis de se demander si bien plus que dans leur difficulté à mesurer ou à expérimenter, ou encore dans le caractère toujours singulier de l'évènement historique, ce n'est pas dans l'impossibilité principielle de disjoindre radicalement jugements de faits et jugements de valeur, visées cognitive et visée normative, que s'enracine le destin singulier des sciences de l'esprit, qui doit leur interdire à jamais de s'identifier pleinement et exclusivement aux sciences exactes."

A. Caillé : "L'impossible objectivité ? Vérité et normativité dans les sciences sociales". La revue du MAUSS, n° 4, deuxième trimestre 1989, (p. 4)

  • "L'empiriste naïf ou le partisan de la logique inductive (...) pense que nous commençons par rassembler et ordonner nos expériences et gravissons de cette manière les échelons de la science, ou, pour employer le mode d'expression formel, il pense que si nous désirons construire une science, nous devons commencer par rassembler des énoncés "protocolaires". Pourtant, si l'on m'ordonnait : "Faites un rapport sur les expériences que vous êtes en train de faire", j'aurais du mal à obéir à cet ordre ambigu. Devrais-je rapporter que j'écris, que j'entends sonner une cloche, crier un vendeur de journaux, bourdonner un haut-parleur ou devrais-je peut-être rapporter que ces bruits m'irritent ? Et à supposer même que cet ordre puisse être exécuté, jamais la collection susceptible d'être formée de cette façon, aussi riche soit-elle, ne pourra constituer une science. une science requiert des points de vue et des problèmes théoriques."

K. Popper : La logique de la découverte scientifique, (1934), Payot, 1973, (p. 106).

  • « Des observations et plus encore des énoncés d’observations et des énoncés de résultats d’observations sont toujours des interprétations de faits observés; ce sont des interprétations faites à la lumière de théories ».

K. Popper : La logique de la découverte scientifique, (1934), Payot, 1973

  • "Le développement scientifique dépend en partie d'un processus de changement qui n'est pas une simple croissance mais une révolution. Il y a de grandes révolutions comme celles qui sont associées aux noms de COPERNIC, de NEWTON, ou de DARWIN, mais la plupart sont beaucoup plus petites, comme la découverte de l’oxygène ou celle de la planète Uranus. Ce qui prélude ordinairement à ce type de changement, c'est, je crois, la prise de conscience d'une anomalie, d’un événement un d'un ensemble d’événements qui ne rentrent pas dans les cadres existant pour l'ordonnancement des phénomènes."

Th. Kuhn : La structure des révolutions scientifiques, (1962), Flammarion, Coll. Champs, (p.21)

  • "...un champ scientifique authentique est un espace où des chercheurs s'accordent sur les terrains de désaccord et sur les instruments avec lesquels ils sont en mesure de résoudre ces désaccords, et sur rien d'autre."

P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 152)

  • « L’abdication empiriste a pour elle toutes les apparences et toutes les approbations, parce que, en faisant l’économie de la construction, elle laisse au monde social tel qu’il est, à l’ordre établi, les opérations essentielles de la construction scientifique – choix du problème, élaboration des concepts et des catégories d’analyse – et qu’elle remplit ainsi, au moins par défaut, au titre de ratification de la doxa, une fonction foncièrement conservatrice.

P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 214)

  • « Mais construire un objet scientifique, c’est, d’abord et avant tout, rompre avec le sens commun, c’est-à-dire avec des représentations partagées par tous, qu’il s’agisse des simples lieux communs de l’existence ordinaire ou des représentations officielles, souvent inscrites dans des institutions, donc à la fois dans l’objectivité des représentations sociales et dans les cerveaux. Le préconstruit est partout.

P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 207)

  • « Il est vrai que la sociologie exerce un effet désenchanteur, mais le réalisme scientifique et politique qu’elle suppose et renforce évite de lutter là où il n’y a pas de liberté – ce qui est souvent un alibi de la mauvaise foi – de manière à occuper pleinement les lieux de véritable responsabilité. S’il est vrai que la sociologie, et peut-être plus particulièrement celle que je pratique, peut encourager le sociologisme comme soumission aux lois d’airain de la société (et cela même si son intention est exactement à l’opposé), je pense que l’alternative qu’établissait Marx entre l’utopisme et le sociologisme est assez trompeuse : il y a place, entre la résignation sociologiste et le volontarisme utopiste, pour un utopisme raisonné, c’est-à-dire un usage politiquement conscient et rationnel des limites de liberté accordées par une véritable connaissance des loi sociales et spécialement de leurs conditions historiques de validité. La tâche politique de la science sociale est de se dresser à la fois contre le volontarisme irresponsable et le scientisme fataliste, de travailler à définir un utopisme rationnel en usant de la connaissance du probable pour faire avenir le possible. »

P. Bourdieu : Réponses, Seuil, 1992, (p. 169)

  • « S’il n’y a pas de moyen de juger une théorie autrement qu’en évaluant le nombre, la foi et la puissance vocale de ses partisans, alors la vérité se trouverait dans le pouvoir »

I. Lakatos, in A. Chalmers : Qu’est-ce que la science ? , La découverte, 1987, (p. 140)

  • "La nécessité du pluralisme doctrinal ne relève pas seulement du refus de principe de la mise au pas du chercheur. Elle est aussi la condition la plus sûre de l'effort de scientificité pour la simple raison que rien ne vaut la controverse pour produire des falsifications ou pour contraindre les parties à s'y soumettre."

A. Bonnafous: Le siècle des ténèbres de l'économie, Economica, 1989, (p. 178)

  • « La pratique scientifique est une activité laborieuse qui met en jeu les actes et les méthodes au moyen desquels les hommes posent, examinent et résolvent les problèmes issus de leur volonté de structurer, par la voie de la pensée, un objet réel, afin d’aboutir à sa connaissance, à sa maîtrise et à sa transformation. »

R. di Ruzza : Eléments d’épistémologie pour économistes, PUG, 1988, (p. 17)

  • "Or quand on considère ce qu'ils disent vraiment, on voit que Marx, Walras et Keynes ont la même théorie de l'économie du capitalisme de marché. Simplement, chacun analyse plus que les autres certains aspects. Ces auteurs sont donc non seulement d'accord mais de plus complémentaires. Selon le problème posé, l'un ou l'autre en dit plus et est donc plus utile."

S.C. Kolm : Philosophie économique, Seuil, 1986, (p. 166).

  • « L’épistémologie, au sens strict, est un étude critique faite a posteriori, axée sur la validité des sciences, considérées comme des réalités que l’on observe, décrit, analyse. »

M. Grawitz : Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 9e édition, 1993


  • « Le caractère propre de la connaissance scientifique est de parvenir à une certaine objectivité, en ce sens que moyennant l’emploi de certaines méthodes, soit déductives (logico-mathématiques), soit expérimentales, il y a finalement accord entre tous les sujets sur un secteur donné de connaissance »

J. Piaget : Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, 1967, (p.14)

  • « La connaissance scientifique de ce qui relève de l'expérience consiste toujours à construire des schémas ou modèles abstraits de cette expérience, et à exploiter, au moyen de la logique et des mathématiques, les relations entre les éléments abstraits de ces modèles, de façon à en déduire des propriétés correspondant avec suffisamment de précision à des propriétés empiriques directement observables. »

J. Piaget : Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, 1967, (p. 14)

  • « Pas plus qu’aucune science, la sociologie ne spécule sur de pures idées et ne se borne à enregistrer les faits. Elle tend à en donner un système rationnel. Elle cherche à déterminer leurs rapports de manière à les rendre intelligibles. »

M. Mauss et P. Fauconnet : « La sociologie : objet et méthode » (1901) in M. Mauss : Essais de sociologie, Seuil, Coll. Points, 1971, (p. 35)

  • « La science ne commence pas par des énoncés d’observation parce qu’il faut une théorie avant tout énoncé d’observation, et les énoncés d’observation, parce qu’ils sont faillibles, ne constituent pas une base sûre sur laquelle la connaissance scientifique peut être fondée. Cependant je ne prétends pas en déduire que les énoncés d’observation ne jouent aucun rôle dans la science. Je n’exige pas l’élimination de tous les énoncés d’observation sous prétexte qu’ils sont faillibles. Je me suis contenté de démontrer que le rôle que l’inductiviste fait jouer aux énoncés d’observation dans la science est erroné. »

A.F. Chalmers : Qu’est-ce que la science ? , La découverte, 1987, (pp. 54-55)

  • « Il n’est pas de description qui soit vierge de théorie. Que vous vous efforciez de reconstituer des scènes historiques, d’enquêter sur le terrain auprès d’une tribu sauvage ou d’une communauté civilisée, d’analyser des statistiques, d’opérer des déductions à partir d’un monument archéologique ou d’une découverte préhistorique - chaque énoncé et chaque raisonnement doit passer par les mots, c’est-à-dire par les concepts. Chaque concept à son tour est le fruit d’une théorie, qui décide que certains faits sont pertinents et d’autres accessoires, que certains facteurs orientent le cours des événements, et que d’autres sont des intermèdes fortuits... »

B. Malinowski : Une théorie scientifique de la culture (1944), Seuil, Coll. Points, 1970, (p. 13)

  • « Cette problématique consistant à opposer les « faits » à la théorie existante, qu’elle soit celle des contestataires radicaux, de Baran et Sweezy, de Sismondi ou de l’école historique allemande, est caractéristique de l ’empirisme.

L’opposition des faits à la théorie suppose que les faits possèdent en eux-mêmes le principe de leur connaissance et qu’ils peuvent être opposés directement au savoir intellectuel. L’erreur de cette problématique c’est d’opposer un savoir humain qui gît dans le cerveau à un savoir qui résiderait directement dans les faits eux-mêmes. » S. Latouche : Epistémologie et économie, Anthropos, 1973, (p. 24)

  • « Tout ce que postule la sociologie, c’est simplement que les faits que l’on appelle sociaux sont dans la nature, c’est-à-dire sont soumis au principe de l’ordre et du déterminisme universels, par suite intelligible. Or cette hypothèse n’est pas le fruit de la spéculation métaphysique; elle résulte d’une généralisation qui semble tout à fait légitime. Successivement cette hypothèse, principe de toute science, a été étendue à tous les règnes, même à ceux qui semblaient le plus échapper à ses prises : il est donc rationnel de supposer que le règne social - s’il est un règne qui mérite d’être appelé ainsi - ne fait pas exception. Ce n’est pas au sociologue de démontrer que les phénomènes sociaux sont soumis à la loi : c’est aux adversaires de la sociologie à fournir la preuve contraire. Car, a priori, on doit admettre que ce qui s’est trouvé être vrai des faits physiques, biologiques et psychiques est vrai aussi des faits sociaux. »

M. Mauss et P. Fauconnet : « La sociologie : objet et méthode » (1901) in M. Mauss : Essais de sociologie, Seuil, Coll. Points, 1971, (p. 7)

  • « ...la sociologie, comme toute science, bien que pour d’autres raisons, entraîne ce que M. Weber appelait un désenchantement du monde. La science dépouille la nature de ses charmes, de tout ce qui la rendait proche ou familière, de ce qui touchait notre sensibilité et nourrissait nos rêves. Elle nous révèle un univers, soumis à un déterminisme, rigoureux ou aléatoire, que les savants n’auront jamais fini de déchiffrer, univers qui ne ressemblera plus jamais au cosmos, pensé par les anciens, dont l’harmonie servait de modèle et de garant à l’ordre humain. »

R. Aron : De la condition historique du sociologue, Gallimard, 1971, (pp.47-48)

  • « Une science ne naît pas de la définition d’un objet, ni de la rencontre d’un objet, ni de l’imposition d’une méthode. Elle naît de la constitution d’un corps de concepts, avec leur règles de production. De ce fait, le développement d’une science c’est la formation des concepts et des théories de cette science. »

M. Fichant : Sur l’ histoire des sciences, Maspéro, 1969, (p.100)

  • « Le premier devoir de la sociologie est de regarder ce qui est caché, de dire ce qui est tu, de faire apparaître la faille d’un discours, la distance de la parole et de l’action. »

A. Touraine : Pour la sociologie , Seuil, Coll. Points, 1974, (p. 88)

  • « Les évènements sociaux constituent un tout. Ils forment un grand courant d’où la main ordonnatrice du chercheur extrait, de vive force, des faits économiques. Analyser un fait économique c’est déjà une abstraction, la première des nombreuses abstractions que les nécessités techniques imposent à notre pensée. »

J. A. Schumpeter : Théorie de l’évolution économique, Dalloz, 1983, (p. 1)


  • « Il est apparemment de bonne méthode de commencer par le réel et le concret, la supposition véritable; donc, dans l’économie, par la population qui est la base et le sujet de l’acte social de la production dans son ensemble. Toutefois, à y regarder de près, cette méthode est fausse. »

K. Marx : Introduction générale à la critique de l’économie politique (1857), Oeuvres, tome 1, La Pléiade, 1965, (p. 254)

  • « Le concret est le concret, parce qu’il est la synthèse de nombreuses déterminations, donc unité de la diversité. C’est pourquoi le concret apparaît dans la pensée comme le procès de la synthèse, comme le résultat, et non comme le point de départ, encore qu’il soit le véritable point de départ, et par suite le point de départ de l’intuition et de la représentation. »

K. Marx : Introduction générale à la critique de l’économie politique (1857), Oeuvres, tome 1, La Pléiade, 1965, (p. 255)

  • « ...l’analyse des formes économiques ne peut s’aider du microscope ou des réactifs fournis par la chimie; l’abstraction est la seule force qui puisse lui servir d’instrument. »

K. Marx : Le capital, préface à la première édition (1867), Garnier-Flammarion, 1969, (p. 35)

  • « Tout jugement inspiré par une critique vraiment scientifique est pour moi le bienvenu. Vis-à-vis des préjugés de ce qu’on appelle l’opinion publique à laquelle je n’ai jamais fait de concessions, j’ai pour devise, après comme avant, la parole du grand Florentin : Segui il tuo corso, e lascia dir le genti ! »

K. Marx : Le capital, préface à la première édition (1867), Garnier-Flammarion, 1969, (p. 38)

  • « Face au réel, ce qu’on croit savoir offusque ce qu’on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est, spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. »

G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 14)

  • « La science dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. »

G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 14)

  • « Dans la formation de l’esprit scientifique, le premier obstacle, c’est l’expérience première, c’est l’expérience placée avant et au dessus de la critique qui, elle, est nécessairement un élément intégrant de l’esprit scientifique. Puisque la critique n’a pas opéré explicitement, l’expérience première ne peut, en aucun cas, être un appui sûr. Nous donnerons de nombreuses preuves de la fragilité des connaissances premières, mais nous tenons tout de suite à nous opposer nettement à cette philosophie facile qui s’appuie sur un sensualisme plus ou moins franc, plus ou moins romancé, et qui prétend recevoir directement ses leçons d’un donné clair, net, sûr, constant, toujours offert à un esprit toujours ouvert. »

G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 23)

  • « ...l’esprit scientifique doit se former contre la Nature, contre ce qui est, en nous et hors du nous, l’impulsion et l’instruction de la Nature, contre l’enchaînement naturel, contre le fait coloré et divers. L’esprit scientifique doit se former en se réformant. »

G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 23)

  • "Il n'y a pas de connaissance par juxtaposition. Il faut toujours qu'une connaissance ait une valeur d'organisation ou plus exactement de réorganisation. S'instruire c'est prendre conscience de la valeur de division des cellules du savoir."

G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 65)

  • « Le doute universel pulvériserait irrémédiablement le donné en une masse de faits hétéroclites. Il ne correspond à aucune instance réelle de la recherche scientifique. La recherche scientifique réclame, au lieu de la parade du doute universel, la constitution d’une problématique. Elle prend son départ réel dans un problème, ce problème fut-il mal posé. »

G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 51)

  • « Au lieu d’être une impasse comme le proclame l’ancienne psychologie, l’abstraction est un carrefour d’avenues. »

G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 22)

« En résumé, pas de rationalité à vide, pas d’empirisme décousu, voilà les deux obligations philosophiques qui fondent l’étroite et précise synthèse de la théorie et de l’expérience dans la physique contemporaine. » G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 3)

  • « Ainsi la science n’est pas le pléonasme de l’expérience. Ses concepts ne sont nullement les concepts d’un empirisme par principe attaché aux objets séparés présentés par l’aperception. Nous aurons à revenir, pour les caractériser philosophiquement, sur les inter-concepts qui forment la contexture d’une science particulière. Pour l’instant, il suffit de noter le travail d’extension des notions en dessous des apparences immédiates, par l’action d’une essentielle réflexion qui critique sans cesse les idées premières. En somme l’empirisme commence par l’enregistrement des faits évidents, la science dénonce ces évidences pour découvrir les lois cachées. Il n’y a de science que de ce qui est caché. »

G. Bachelard : Le rationalisme appliqué, (1949), PUF, 1970, (p. 38)

  • « L’empiricité libérale convient très bien aux gens qui, à la faveur de leur position sociale, sont arrivés à connaître, non sans quelque autorité, des « cas d’espèce ». Les juges, les assistantes sociales, les aliénistes, les enseignants et les réformateurs au petit pied pensent toujours les « situations ». Ils vivent avec des œillères, et leur profession les rend inaptes à voir autre chose que des « cas d’espèce ». Leur expérience, et les points de vue d’où ils jugent la société, sont par trop identiques, par trop homogènes, pour laisser place à une émulation intellectuelle et à un esprit de polémique qui permettraient de construire la totalité. L’empiricité libérale est une sociologie des milieux à tendance moralisatrice. »

W. Mills : L’imagination sociologique, Maspéro, Coll. PCM, 1967

  • « …l’absence de théorie, d’analyse théorique de la réalité, que couvre le langage d’appareil, enfante des monstres. (…) Je ne suis pas assez naïf pour penser que l’existence d’une analyse rigoureuse et complexe de la réalité sociale suffise à mettre à l’abri de toutes les formes de déviations terroristes ou totalitaire. Mais je suis certain que l’absence d’une telle analyse laisse le champ libre. C’est pourquoi, contre l’antiscientisme qui est dans l’air du temps et dont les nouveaux idéologues ont fait leurs choux gras, je défends la science et même la théorie lorsqu’elle a pour effet de procurer une meilleure compréhension du monde social. On n’a pas à choisir entre l’obscurantisme et le scientisme. »

P. Bourdieu : Interview à Libération (3 et 4 novembre 1979), repris dans Question de sociologie , Edition de Minuit, 1980

  • « …nous avons cessé de croire que les sciences puissent elles-mêmes se passer de controverses. Des penseurs tels que Bachelard et Popper nous ont même invités à voir dans la possibilité permanente de la remise en cause et le pluralisme critique des traits essentiels de l’activité scientifique. Mais si les sciences avancent par « rectification des concepts » ou par « élimination de l’erreur », il n’en reste pas moins qu’elles « avancent ». »

A . Boyer : Introduction à la lecture de Karl Popper, Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1994, (page 177)

  • « …la familiarité avec l’univers social constitue pour le sociologue l’obstacle épistémologique par excellence, parce qu’elle produit continûment des conceptions ou des systématisations fictives en même temps que les conditions de leur crédibilité. Le sociologue n’en a jamais fini avec la sociologie spontanée et il doit s’imposer une polémique incessante contre les évidences aveuglantes qui procurent à trop bon compte l’illusion du savoir immédiat et de sa richesse indépassable. »

P. Bourdieu, J. C. Passeron, J.C. Chamboredon : Le métier de sociologue (1968), 3ème édition 1980, (p. 27)

  • « Il ne résulte donc pas du fait que l’homme soit capable de désirs, d’anticipations ou de calculs, que la sociologie doive parler un langage typiquement différent de ce lui des sciences de la nature. (…) la sociologie est, comme toute science, comme toute science, amenée à utiliser un langage dont le vocabulaire de base est constitué par des variables et dont la syntaxe consiste à définir des relations entre ces variables. »

R. Boudon : Les méthodes en sociologie, PUF, Coll. QSJ, 5ème éd., 1980, (pp. 23-24)

  • « L’épistémologie contemporaine ne connaît ni les sciences inductives, ni les sciences déductives. Elle n’admet pas la distinction, fondée sur des caractères intrinsèques, des jugements scientifiques hypothétiques et des jugements scientifiques catégoriques. Elle ne connaît que des sciences hypothético-déductives. En ce sens, il n’y a pas de différence essentielle entre la géométrie – science de la nature (Comte, Einstein) et la physique mathématique. Il n’y a pas non plus de coupure entre la raison et l’expérience : il faut la raison pour faire une expérience et il faut l’expérience pour se faire une raison. La raison apparaît non pas comme un décalogue de principes mais comme une norme de systématisation, capable d’arracher la pensée à son sommeil dogmatique.

Donc on admettra : Contre l’empirisme : qu’il n’y a pas à proprement parler de méthode inductive. Ce qui est induction, c’est-à-dire invention d’hypothèses dans la science expérimentale, est le signe le plus net de l’insuffisance de la méthode à expliquer le progrès du savoir. Contre le positivisme : qu’il n’y a pas une différence de certitude relativement aux lois et aux théories explicatives. Pas de fait qui ne soit pénétré de théorie, pas de loi qui ne soit de l’hypothèse momentanément stabilisée, donc la recherche des rapports de structure est aussi légitime que la recherche des rapports de succession ou de similitude. » G. Canguilhem : Leçon sur la méthode, cité par P. Bourdieu, J. C. Passeron, J.C. Chamboredon : Le métier de sociologue (1968), 3ème édition 1980, (p. 168)

  • « On peut adopter provisoirement la distinction de Dilthey et Windelband : d’un côté, il y a les sciences nomographiques qui se donnent pour but d’établir des lois ou des types, et de l’autre les sciences idiographiques, qui s’intéressent à l’individuel ; la physique ou l’économie sont nomographiques et l’histoire est idiographique (quant à la sociologie, elle ne sait pas trop ce qu’elle est ; elle sait qu’il y a une place à prendre pour une nomographie de l’homme et elle voudrait être celle-ci ; mais souvent, sous le pavillon de la sociologie, on écrit cde qui est en réalité une histoire de la civilisation contemporaine, et ce n’est d’ailleurs pas ce qu’on fait de plus mal).

P. Veynes : Comment on écrit l’histoire (1971), Seuil, Coll. Points, 1996 (p. 19)

  • « Mais la sociologie s’entête à être autre chose que l’histoire. Le résultat de cette ambition est que la sociologie n’a plus rien à dire ; aussi bien parle-t-elle à vide ou parle-telle d’autre chose. Somme toute, les livres qui se publient au titre de la sociologie peuvent être rangés sous trois chefs : une philosophie politique qui ne s’avoue pas, une histoire des civilisations contemporaines et enfin un genre littéraire séduisant, dont les cadres sociaux de la mémoire de Halbwachs sont peut-être le chef d’œuvre et qui a pris inconsciemment la succession des moralistes et tractatistes des XVIe-XVIIIe siècles ; la sociologie générale entre presque tout entière sous ce troisième chef. Pour le premier chef, la sociologie permet d’exposer, comme étant la science même, des opinions avancées ou conservatrices sur la politique, l’enseignement ou le rôle de la canaille dans les révolutions ; elle est alors philosophie politique. En revanche, et c’est le second chef, si un sociologue fait une étude statistique de la population étudiante de Nanterre et en tire une explication en compréhension de la révolte universitaire de mai 1968, il fait de l’histoire contemporaine, et les historiens futurs auront à tenir compte de son travail et à étudier son interprétation ; aussi demandons nous humblement pardon à ce sociologue du mal que nous semblons dire de la sociologie et le supplions de considérer que nous contestons le pavillon et non la marchandise. »

P. Veynes : Comment on écrit l’histoire (1971), Seuil, Coll. Points, 1996 (p. 357)

  • « …récapitulons très didactiquement les trois degrés du savoir. La formule de Newton explique les lois de Kepler qui expliquent les mouvements des planètes ; la pathologie microbienne explique la rage ; le poids de l’impôt explique l’impopularité de Louis XIV. Dans les deux premiers cas, nous avons des explications scientifiques et, dans le troisième, une description et de la compréhension. Les deux premiers ont exigé des découvertes et le troisième est enfant de Mémoire. Les deux premiers permettent des déductions ou des prévisions et des interventions, le troisième est affaire de prudence (il n’est de politique que de l’entendement). A la première catégorie correspondent des concepts très abstraits, « travail » ou « attraction » ; à la seconde, des concepts scientifiques issus du sens commun (…). A la troisième correspondent des concepts sublunaires. Cette troisième explication, c’est l’histoire ; quant à la sociologie, qui n’est ni la première ni la seconde, elle ne peut être que de l’histoire ou une paraphrase de l’histoire. »

P. Veynes : Comment on écrit l’histoire (1971), Seuil, Coll. Points, 1996 (p. 357-358)

  • "La connaissance scientifique de ce qui relève de l'expérience consiste toujours à construire des schémas ou modèles abstraits de cette expérience, et à exploiter, au moyen de la logique et des mathématiques, les relations entre les éléments abstraits de ces modèles, de façon à en déduire des propriétés correspondant avec suffisamment de précision à des propriétés empiriques directement observables"

G.G. Granger : La science et les sciences, PUF, Coll. QSJ, 1993, (p.70)