Différences entre versions de « Évolution »
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Les mécanismes de base de l’évolution biologique, découverts par Darwin (lire focus Darwin), ont été enrichis par plus d’un siècle de recherches pour constituer la théorie moderne de l’évolution. Celle-ci continue pourtant à poser de sérieux problèmes de compréhension, voire à susciter des réticences qui peuvent aller jusqu’au rejet de l’idée même d’évolution. Ces attitudes se rencontrent même chez des scientifiques, y compris des biologistes. Pourtant, dans la vie courante, il est constamment fait allusion au processus évolutif, notamment lorsqu’on parle de la résistance des bactéries pathogènes aux antibiotiques, des insectes aux insecticides, ou des plantes aux herbicides. Mais il faut croire que les mécanismes de ce processus restent obscurs pour beaucoup de gens, ce que confirment des enquêtes sociologiques. | Les mécanismes de base de l’évolution biologique, découverts par Darwin (lire focus Darwin), ont été enrichis par plus d’un siècle de recherches pour constituer la théorie moderne de l’évolution. Celle-ci continue pourtant à poser de sérieux problèmes de compréhension, voire à susciter des réticences qui peuvent aller jusqu’au rejet de l’idée même d’évolution. Ces attitudes se rencontrent même chez des scientifiques, y compris des biologistes. Pourtant, dans la vie courante, il est constamment fait allusion au processus évolutif, notamment lorsqu’on parle de la résistance des bactéries pathogènes aux antibiotiques, des insectes aux insecticides, ou des plantes aux herbicides. Mais il faut croire que les mécanismes de ce processus restent obscurs pour beaucoup de gens, ce que confirment des enquêtes sociologiques. | ||
2. La théorie darwinienne de l’évolution | 2. La théorie darwinienne de l’évolution | ||
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Après son voyage de cinq ans autour du monde, qui l’avait amené à réfléchir sur l’origine des espèces, Charles Darwin s’était beaucoup intéressé aux pratiques des éleveurs. Il avait bien observé que les variations héréditaires apparaissent de manière « spontanée et accidentelle » et qu’elles n’étaient pas des variations adaptatives induites par le milieu comme le supposait Lamarck avant lui (voir plus loin). Mais, au tout début, Darwin ne voyait pas ce qui, dans la nature, pouvait jouer un rôle équivalent à la sélection pratiquée par l’éleveur. L’étincelle se fait en octobre 1838, en lisant Malthus, qui écrit que la reproduction des espèces vivantes est beaucoup trop importante par rapport à la quantité de nourriture disponible. Dans son autobiographie, Darwin écrit : « Comme j’étais bien placé pour apprécier la lutte omniprésente pour l’existence, du fait de mes nombreuses observations sur les habitudes des animaux et des plantes, l’idée me vint tout à coup que dans ces circonstances, les variations favorables auraient tendance à être conservées et les défavorables à être détruites. Il en résulterait la formation de nouvelles espèces. J’avais donc enfin trouvé une théorie sur laquelle travailler… » | Après son voyage de cinq ans autour du monde, qui l’avait amené à réfléchir sur l’origine des espèces, Charles Darwin s’était beaucoup intéressé aux pratiques des éleveurs. Il avait bien observé que les variations héréditaires apparaissent de manière « spontanée et accidentelle » et qu’elles n’étaient pas des variations adaptatives induites par le milieu comme le supposait Lamarck avant lui (voir plus loin). Mais, au tout début, Darwin ne voyait pas ce qui, dans la nature, pouvait jouer un rôle équivalent à la sélection pratiquée par l’éleveur. L’étincelle se fait en octobre 1838, en lisant Malthus, qui écrit que la reproduction des espèces vivantes est beaucoup trop importante par rapport à la quantité de nourriture disponible. Dans son autobiographie, Darwin écrit : « Comme j’étais bien placé pour apprécier la lutte omniprésente pour l’existence, du fait de mes nombreuses observations sur les habitudes des animaux et des plantes, l’idée me vint tout à coup que dans ces circonstances, les variations favorables auraient tendance à être conservées et les défavorables à être détruites. Il en résulterait la formation de nouvelles espèces. J’avais donc enfin trouvé une théorie sur laquelle travailler… » | ||
Version actuelle datée du 23 février 2021 à 10:51
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Théorie de l’évolution : incompréhensions et résistances La théorie moderne de l’évolution, fondée sur les travaux de Darwin, constitue une révolution mentale profonde pour notre représentation du monde et cela pour au moins deux raisons. D’une part, certains de ses concepts, comme le caractère aléatoire des variations génétiques, bien qu’abondamment prouvés par l’expérimentation, sont contre-intuitifs et donc difficiles à assimiler mentalement. D’autre part, son matérialisme heurte notre esprit façonné par des siècles de pensée religieuse et d’anthropocentrisme au point de provoquer des rejets passionnels. D’autant plus que, même chez des non-croyants, cette pensée religieuse trouve souvent son prolongement dans une vision mythologique et très idyllique de la « Mère Nature », aux antipodes de toute réalité. Même chez des auteurs scientifiques ou philosophes qui se disent évolutionnistes, la vigueur des qualificatifs dont ils affublent le darwinisme exprime bien la mesure de ces résistances.
1. Introduction
Les mécanismes de base de l’évolution biologique, découverts par Darwin (lire focus Darwin), ont été enrichis par plus d’un siècle de recherches pour constituer la théorie moderne de l’évolution. Celle-ci continue pourtant à poser de sérieux problèmes de compréhension, voire à susciter des réticences qui peuvent aller jusqu’au rejet de l’idée même d’évolution. Ces attitudes se rencontrent même chez des scientifiques, y compris des biologistes. Pourtant, dans la vie courante, il est constamment fait allusion au processus évolutif, notamment lorsqu’on parle de la résistance des bactéries pathogènes aux antibiotiques, des insectes aux insecticides, ou des plantes aux herbicides. Mais il faut croire que les mécanismes de ce processus restent obscurs pour beaucoup de gens, ce que confirment des enquêtes sociologiques.
2. La théorie darwinienne de l’évolution
Après son voyage de cinq ans autour du monde, qui l’avait amené à réfléchir sur l’origine des espèces, Charles Darwin s’était beaucoup intéressé aux pratiques des éleveurs. Il avait bien observé que les variations héréditaires apparaissent de manière « spontanée et accidentelle » et qu’elles n’étaient pas des variations adaptatives induites par le milieu comme le supposait Lamarck avant lui (voir plus loin). Mais, au tout début, Darwin ne voyait pas ce qui, dans la nature, pouvait jouer un rôle équivalent à la sélection pratiquée par l’éleveur. L’étincelle se fait en octobre 1838, en lisant Malthus, qui écrit que la reproduction des espèces vivantes est beaucoup trop importante par rapport à la quantité de nourriture disponible. Dans son autobiographie, Darwin écrit : « Comme j’étais bien placé pour apprécier la lutte omniprésente pour l’existence, du fait de mes nombreuses observations sur les habitudes des animaux et des plantes, l’idée me vint tout à coup que dans ces circonstances, les variations favorables auraient tendance à être conservées et les défavorables à être détruites. Il en résulterait la formation de nouvelles espèces. J’avais donc enfin trouvé une théorie sur laquelle travailler… »
Ainsi s’est mis en place dans son esprit le noyau central de sa théorie : le tandem ‘variations héréditaires fortuites + sélection naturelle’. Les variations étant le matériau à partir duquel la sélection, véritable « moteur » de l’évolution, adapte en permanence une population à son milieu environnant, jusqu’à modifier les espèces. Même s’il avait compris que d’autres facteurs, dont la sélection sexuelle et l’isolement reproductif, interviennent également (lire Polymorphisme génétique & sélection).
Quant à l’origine de ces variations héréditaires, c’était pour lui une grande énigme. A son époque, aucune connaissance scientifique ne permettait d’y répondre. Ce n’est qu’avec la naissance de la génétique et la découverte des mutations que le mystère a pu être résolu (lire Polymorphisme génétique & variation). On a alors pu élaborer, au milieu du XXème siècle, la «Théorie synthétique de l’évolution » ou « Néo-darwinisme ».
Depuis, de nombreuses recherches ont confirmé la réalité de cette théorie. Parmi les plus récentes, citons celles de Peter et Rosemarie Grant sur les pinsons des Galápagos, (les fameux Pinsons de Darwin, Figure 1) qui montrent deux choses principales : a) la grande variabilité génétique de traits écologiquement importants, comme la forme du bec et celle du corps, dans les populations naturelles. b) la rapidité avec laquelle les caractéristiques de ces populations peuvent changer. Ces découvertes ont constitué toutes deux une extraordinaire surprise pour les biologistes de l’évolution. »