Différences entre versions de « Matérialisme - Spiritualisme »
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*Du point de vue de la philosophie de l'esprit, le matérialisme (la réalité ultime est la matière) s'oppose à l'idéalisme (la réalité est esprit) | *Du point de vue de la philosophie de l'esprit, le matérialisme (la réalité ultime est la matière) s'oppose à l'idéalisme (la réalité est esprit) | ||
Version du 18 juin 2021 à 01:03
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Conception : Clarification - Explicitation
- Le matérialisme désigne une attitude philosophique qui soutient que toute chose (monde physique et monde moral) est composée de matière et que, fondamentalement, tout phénomène est le résultat d'interactions matérielles. Une telle posture rejoint la pensée philosophique du monisme car elle est caractérisée par le recours exclusif à la notion de matière pour expliquer la totalité des phénomènes du monde physique et du monde moral.
- Du point de vue de la philosophie de l'esprit, le matérialisme (la réalité ultime est la matière) s'oppose à l'idéalisme (la réalité est esprit)
- Dans son sens philosophique, le matérialisme exprime la croyance que la matière, les choses concrètes, sont la seule réalité véritable.
- Matérialisme dialectique
- Selon Lénine, « le matérialisme dialectique insiste sur le caractère approximatif, relatif, de toute proposition scientifique concernant la structure de la matière et ses propriétés » (Matérialisme et empiriocriticisme). On peut donc concevoir un matérialisme philosophique qui serait un matérialisme sans matière.
- le matérialisme anthropologique déplace le cadre conceptuel du matérialisme dialectique.
- La doctrine matérialiste postule que toute réalité - qu'il s'agisse d'objets, d'êtres vivants ou d'événements – est faite de matière, a pour cause des processus physiques, ou même se réduit à de tels processus ; en particulier, l'esprit humain est lui-même une manifestation de l'activité de ses neurones, activité dont il est la conséquence et sans laquelle il n'existe pas ; en définissant le déterminisme étendu, que tout phénomène
de la nature obéit à des lois physiques, et que toutes les lois physiques sont gouvernées par le déterminisme étendu. Postuler le matérialisme oblige donc à postuler le déterminisme.
- Le mot spiritualisme (du latin spiritus, esprit) désigne toute doctrine qui admet l'existence de l'esprit, de l'âme individuelle. Par suite, cette doctrine se présente sous deux formes nettement différentes : il y a un spiritualisme dualiste et un spiritualisme idéaliste.
- Spiritualisme dualiste: D'après ce système, l'âme et le corps, la pensée et la matière, coexistent;
- Spiritualisme idéaliste: D'après ce système, l'esprit seul existe, la substance étendue n'est que l'apparence, la vraie réalité est inétendue et immatérielle.
- Tout n'est pas matériel, voilà la formule de l'un; rien n'est réellement matériel, voilà la formule de l'autre. On pourra ainsi noter que dans l'histoire de la philosophie, les matérialistes sont rares; le spiritualisme, au contraire, outre qu'il est implicitement compris dans les religions qui, avec l'immortalité de l'âme, admettent la sanction de la loi morale dans une autre vie, est la doctrine de diverses écoles de l'Antiquité, comme celles de Pythagore, de Socrate, de Platon, ou de l'école d'Alexandrie; Aristote, en lui refusant la personnalité après la mort, distinguait cependant l'âme du corps.
- Chez les Modernes, Descartes l'a établie en distinguant d'une manière bien tranchée l'esprit de la matière; s'il n'a pas bien démontré l'existence de cette dernière, il ne l'a pas niée; Bossuet, Fénelon, Locke lui-même, l'ont également soutenue. C'est encore la doctrine de l'Ecole française du XIXe siècle, qui se rattache à Descartes et à Platon.
- La doctrine spiritualiste postule l'existence d'une réalité immatérielle, donc non perceptible pour les sens de l'homme ou ses instruments de mesure. Cette réalité immatérielle est décrite par les concepts d'esprit, d'idée, d'essence, de divinité, d'âme et de volonté, et la réalité matérielle en découle : le monde a été créé par Dieu, c'est un résultat de Sa volonté ; Dieu a aussi défini et créé l'essence de
l'homme (sa définition abstraite, en quelque sorte), qui précède l'existence de son corps matériel, comme l'essence de tout objet réel précède l'existence de celui-ci.
- Pour un spiritualiste comme l'étaient les platoniciens, les objets réels ne sont que des copies d'idées transcendantes, seule réalité objet de la connaissance. Les vérités
mathématiques, même si ce sont de pures abstractions comme la théorie des ensembles ou l'arithmétique, sont absolues, éternelles et objectives, bref universelles ; elles seraient tenues pour vraies même par les habitants d'un autre système solaire.
- Ce qui oppose matérialistes et spiritualistes
Du temps des anciens Grecs comme aujourd'hui, les philosophes se sont opposés sur la question de savoir ce qui est réel.
- Certains, appelés matérialistes, considèrent que les objets matériels existent vraiment, que la réalité objective existe aussi et qu'elle est perceptible par nos sens : « Je vois une table, donc elle existe et elle existe objectivement aussi pour mon voisin. » Descartes, se demandant s'il existait bien, a fini par conclure : « Je pense, donc je suis [c'est-à-dire j'existe] ».
- Le matérialisme postule que la réalité (l'Univers) existe indépendamment de l'homme qui se la représente mentalement, bien que l'esprit d'un homme soit incapable de distinguer entre la réalité et sa représentation (voir citation de Kant : « cent thalers que j'imagine simplement sont exactement pareils [dans ma pensée] à cent thalers qui existent réellement… ») Ce postulat est connu sous les noms de « postulat de réalisme » ou de « postulat de réalisme métaphysique ».
- Dans le langage courant, un matérialiste est une personne qui s'attache essentiellement aux valeurs, aux biens et aux plaisirs matériels. Nous
n'utiliserons pas ce sens du mot dans la suite de ce texte, où le mot matérialisme ne nous intéressera que dans son sens philosophique, où il désigne un principe métaphysique affirmant que « tout est matière ou issu de la matière ».
- Les autres, appelés spiritualistes, considèrent qu'il existe un principe spirituel, distinct et indépendant du corps de l'homme, et que l'esprit est supérieur à la matière. (Je n'ai jamais vu d'énoncé clair des supériorités de l'esprit sur la matière.)
- Un spiritualiste n'admet pas que la réalité externe soit la cause de nos représentations pour l'une au moins des trois raisons suivantes :
- Il nie cette réalité externe, car seul existe l'esprit qui la perçoit (postulat d'immatérialisme) ; - Il pense qu'elle a pour cause l'Idée (doctrine du platonisme) ; - Il pense qu'elle ne peut être indépendante de l'esprit, parce que la réalité externe est une représentation d'une conscience (Kant).
- Les spiritualistes pensent que les concepts et opérations intellectuelles de l'homme ne peuvent s'expliquer par les seuls phénomènes physiologiques. Ils pensent aussi qu'il y a dans l'homme deux types de besoins différents :
- les besoins physiologiques (manger, dormir, etc.) - les désirs proprement humains (être apprécié…)
- Pour un spiritualiste l'homme a deux dimensions : l'âme et le corps, l'âme étant supérieure au corps (toujours sans qu'on sache clairement en quoi réside cette supériorité).
- A partir de la description du spiritualisme qui précède, une première remarque s'impose à un esprit soucieux de rigueur : les concepts de base du spiritualisme ("principe spirituel", "esprit", "âme", "impossibilité de réduire l'esprit de l'homme à une émanation de son corps", "supériorité"…) sont vagues ; il n'en existe aucune définition précise et leur compréhension fait appel à l'intuition irrationnelle.
Matérialisme et existence objective
Le matérialisme, au contraire, définit la matière comme tout ce qui existe ; et cette existence est indépendante de l'esprit de l'homme, qui n'est que notre perception de phénomènes cérébraux. L'opposé de matérialisme est donc spiritualisme. Nous allons voir que ces deux doctrines s'excluent mutuellement.
Qu'est-ce qui précède l'autre : l'esprit ou la matière ?
- Pour un matérialiste, la matière précède la pensée (qui en est une conséquence) et l'esprit (qui est le cadre où s'organise la pensée). L'homme a existé avant d'inventer les notions d'esprit et de divinité, concepts formés dans sa pensée, dont le siège est le cerveau. Et à sa mort, sa pensée cesse d'exister. - Pour un spiritualiste, l'esprit a existé en premier et a créé la matière. En particulier, l'homme matériel et spirituel a été créé par un esprit, une idée ou Dieu. Et à la mort de son corps il n'y a pas de raison que son esprit meure, ni son âme s'il en a une ; au contraire, son esprit peut avoir une vie après la vie et son âme est immortelle.
- Il est clair que ces deux conceptions s'excluent mutuellement : pour un matérialiste « l'existence précède l'essence », comme disait Sartre , alors que pour un spiritualiste c'est le contraire. Un matérialiste cohérent est athée, alors qu'un spiritualiste croit en Dieu ou en un Esprit créateur du monde et de l'homme.
Vie biologique, matérialisme et spiritualisme
- Pour un matérialiste, un être vivant est fait de molécules matérielles, soumises aux lois de la physique, de la chimie et de la biologie. Il considère que ses actes, ses transformations (digestion, croissance, etc.) et tout ce qui arrive à son corps pendant sa vie d'être vivant, tout cela est soumis à ces lois de la nature. - Certaines lois sont connues, d'autres encore à découvrir, mais tous les événements de la vie physique sont soumis à des lois scientifiques, aucun n'est soumis à une volonté divine, à une prédétermination qui constituerait l'essence de l'homme, c’est à-dire son "cahier des charges", sa "spécification fonctionnelle" ou son destin. - Cette conception matérialiste de la vie est appelée par les philosophes "mécanisme" ; c'est une théorie qui affirme que tout ce qu'on observe chez un être vivant, tout ce qui lui arrive, se déduit « mécaniquement » de son passé et de l'application des lois scientifiques, lois qui admettent dans certains cas l'existence du hasard et qui relèvent du déterminisme.
- l'adoption de la doctrine matérialiste entraîne nécessairement celle du déterminisme ; mais pour prendre en compte le déterminisme statistique de la Mécanique quantique, qui définit le déterminisme étendu.
- Pour un spiritualiste, au contraire, l'homme ne peut pas fonctionner comme une machine qui obéit aux seules lois scientifiques découvertes par l'homme. Les spiritualistes reprochent aux mécanistes leur conception de l'homme qui fait dépendre tout acte, à un instant donné, de données physiques, de lois scientifiques et de hasard, mais pas de quoi que ce soit d'immatériel ou produit par une idée. - Pour un spiritualiste, si les actes d'un homme étaient de telles conséquences automatiques ou un pur effet du hasard, sa liberté de choix n'existerait pas et il ne serait pas responsable des conséquences de ses choix et de ses actes.
- En particulier, un assassin aurait forcément assassiné sa victime et on ne pourrait lui reprocher cet assassinat, conséquence de circonstances et de lois dont il n'est pas responsable.
- Les spiritualistes ne séparent donc pas l'explication de la réalité et son interprétation morale, à laquelle ils veulent que la réalité soit soumise. Les spiritualistes chrétiens, juifs et musulmans refusent aussi que la mort d'un homme soit la fin de tout ce qui comptait pour lui, et croient en un salut dans une vie après la mort. Bref, ils ne distinguent pas ce qui est de ce qu'ils voudraient.
Explication des phénomènes constatés par une finalité supérieure
- Un spiritualiste trouve insupportable l'idée que l'homme n'est ni libre de ses choix ni responsable. Il soutient, au contraire, que le comportement de l'homme et sa vie biologique sont soumis à l'esprit : celui de Dieu ou d'une puissance créatrice de l'Univers, dont la volonté est responsable de l'harmonie qui y règne et de l'évolution des êtres vivants. Il soutient que tout s'explique par une finalité supérieure, « déterminisme divin » qui a laissé à l'homme une certaine liberté, appelée « libre arbitre ». - Le spiritualisme explique la beauté et l'harmonie de l'Univers, ainsi que l'existence de créatures aussi élaborées que les animaux et l'homme, par l'impossibilité que de telles merveilles soient le fruit du hasard. - Il croit en l'existence d'une conception initiale qui a voulu que cela soit ainsi, donc d'un concepteur qui avait une finalité supérieure. Les Américains appellent ce postulat sur la création du monde "Intelligent Design" (conception intelligente). - Un spiritualiste n'aime pas, non plus, expliquer un événement en l'attribuant au hasard, parce que croire au hasard c'est accepter que le monde n'a pas toujours un sens, ce qui contredit le principe même du spiritualisme : tout ce qui est, tout ce qui advient, résulte d'une idée et a donc un sens, même si celui-ci nous est caché. - Le spiritualisme critique donc la confiance en la science.
- Pour cette doctrine, seules les productions de l'esprit humain comme l'art et la philosophie peuvent rendre compte de l'esprit ; et elles le font en partant de l'intuition, pas de la raison.
Un matérialiste cohérent, donc athée, considère que le spiritualisme en général et les religions en particulier relèvent d'une illusion anthropocentriste et de superstitions.
- Le matérialisme récuse donc l'intervention dans notre Univers de toute cause extérieure à lui, de tout surnaturel, de tout esprit immatériel - donc de Dieu ; il en nie même la possibilité d'exister physiquement.
L'opposition entre matérialistes et spiritualistes
Il est fréquent que matérialistes et spiritualistes soient intolérants vis-à-vis les uns des autres, et qu'ils militent pour convertir ceux qui s'opposent à leur point de vue.Karl Marx, matérialiste pur et dur, écrivait : "L'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore trouvé, ou bien s'est déjà reperdu." "La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple. Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple." Il voulait dire : - Que la religion est une invention humaine, une illusion, une superstition. - Qu'historiquement la religion chrétienne a promis le bonheur après la mort pour que les gens du peuple malheureux (les prolétaires), opprimés et exploités par les capitalistes, ne se révoltent pas pendant cette vie-ci contre ceux qui les oppriment et les exploitent. Il considérait donc que la religion endormait le peuple comme l'opium endort celui qui le fume, et que l'Eglise a donc été de ce fait complice des tyrans et des exploiteurs.
- En somme, alors que le matérialisme explique un fait constaté à partir de ses causes physiques, c'est-à-dire en quelque sorte « de bas en haut », le spiritualisme l'explique à partir d'une volonté et d'une conception supérieures, c'est-à-dire « de haut en bas ».
On peut dire aussi que le matérialisme implique une connaissance par constatation, preuve et démonstration (donc de type scientifique), alors que le spiritualisme implique une connaissance par intuition ou révélation religieuse.
Explication matérialiste et niveaux d'abstraction
Prétendre que le matérialisme explique les phénomènes complexes « de bas en haut » ne suffit pas : comment expliquer l'humour, par exemple, à partir de molécules organiques ? Expliquer, c'est décrire d'une manière qui fait comprendre, et il est impossible de faire comprendre un phénomène complexe de haut niveau à partir de phénomènes de trop bas niveau : montre qu'il faut recourir à des niveaux d'abstraction intermédiaires, tels qu'à chaque niveau les phénomènes s'expliquent à partir du (des) niveau(x) précédent(s). On arrive ainsi à expliquer un phénomène de haut niveau par un graphe explicatif hiérarchisé, dont chaque nœud s'explique par des nœuds du (des) niveau(x) inférieur(s). - Les spiritualistes ne voient pas comment on explique des actions humaines, des pensées ou des sentiments à partir de phénomènes matériels simplement parce qu'ils s'y prennent mal : - D'abord on doit recourir à une hiérarchie de phénomènes de niveaux intermédiaires, dont on explique les lois ; - Puis on doit associer la notion de logiciel (par exemple génétique) à la matière des cellules du corps humain : le livre l'explique. Ce n'est pas simple, mais c'est la seule manière de rendre compréhensibles à notre esprit humain des phénomènes complexes. Et l'honnêteté exige de reconnaître que beaucoup de phénomènes restent inexpliqués par la science : quand on pourra m'expliquer pourquoi j'aime la musique à l'aide d'une hiérarchie basée sur des phénomènes neuronaux…
- Pas plus que le spiritualisme, le matérialisme n'est capable de fournir une vérité absolue ; il est seulement capable parfois d'expliquer quelque chose de complexe à partir de choses plus simples et de lois déterministes - et encore, pas toujours ; mais il finit par admettre sans démonstration des faits et lois de base, c'est-à-dire une axiomatique. Les seuls arguments en faveur d'une telle axiomatique sont qu'elle est falsifiable et qu'elle n'a pas encore été contredite par un phénomène observé ou une conséquence prévisible.
- Malgré ses limites, l'explication matérialiste ainsi définie reste à mon avis préférable à l'approche spiritualiste, qui explique les phénomènes incompris comme l'amour par d'autres notions incomprises et vagues comme « l'esprit », « Dieu », etc., notions infalsifiables dont on ne peut prouver ni l'existence et l'intervention
Cas d'un être vivant
Comme tout système matériel, un être vivant dans son milieu environnant est soumis à la loi thermodynamique de l'entropie croissante : lorsqu'il mange et transforme des aliments en sa substance vivante, cette transformation augmente l'entropie du système global être vivant + nourriture + environnement. - Lorsque les états microscopiques sont équiprobables pour chaque état global d'un système macroscopique qui évolue, le deuxième principe de la thermodynamique affirme que l'état final le plus probable de l'évolution du système macroscopique global est l'état d'équilibre correspondant au maximum de l'entropie, c'est-à-dire au maximum de désordre.
L'objection des spiritualistes et la réponse de Prigogine
La vie est caractérisée par deux sortes d'ordre, par opposition au désordre du hasard : - L'ordre architectural, respecté lorsque le code génétique détermine un arrangement précis des molécules, tel que celui qui permet la spécialisation des enzymes ; - L'ordre fonctionnel, respecté lorsque le métabolisme des cellules coordonne des milliers de réactions chimiques.
- Pour les spiritualistes, cette exigence d'ordre semble incompatible avec le deuxième principe de la thermodynamique, qui affirme que l'état final d'évolution le plus probable d'un système isolé est l'état d'équilibre désordonné correspondant au maximum d'entropie. Ils pensent que « si le matérialisme avait raison, la matière inerte et désorganisée des aliments se transformerait en être vivant complexe, hautement organisé, ce qui contredit le deuxième principe ».
- Enoncée de cette manière, l'objection ne tient pas : la nourriture inerte ne se transforme pas toute seule en être vivant complexe, elle le fait dans le cadre d'un système être vivant + nourriture + environnement ; la complexité qui se crée dans l'être vivant (par exemple lorsqu'un bébé qui grandit devient enfant) est accompagnée de désorganisation dans son environnement, l'entropie de l'ensemble *augmentant bien.
- L'évolution des espèces selon la théorie de Prigogine – Attracteurs étranges Mais pour aller au fond des choses, le matérialisme doit expliquer comment, sans intervention divine ou extérieure, de la matière inerte peu organisée peut se transformer en matière vivante très organisée ; en particulier, comment cela s'est-il produit lors de l'apparition de la vie dans l'Univers ?
- L'explication a été apportée par le chimiste belge Prigogine, prix Nobel de chimie 1977 pour ses contributions à la thermodynamique des processus irréversibles basées sur la théorie du chaos. Selon lui, les structures biologiques sont des états
particuliers de non-équilibre. Elles nécessitent une dissipation constante d'énergie et de matière, d'où leur nom de « structures dissipatives ». "C'est, écrit Prigogine, par une succession d'instabilités que la vie est apparue. C'est la nécessité, c'est-à-dire la constitution physicochimique du système et les contraintes que le milieu lui impose, qui détermine le seuil d'instabilité du système. Et c'est le hasard qui décide quelle fluctuation sera amplifiée après que le système a atteint ce seuil et vers quelle structure, quel type de fonctionnement il se dirige parmi tous ceux que rendent possibles les contraintes imposées par le milieu." Au voisinage de l'équilibre du système dissipatif, qui se transforme en ayant des échanges de travail, de chaleur et de matière avec l'extérieur, les fluctuations disparaissent dès leur apparition : c'est la stabilité qui correspond à l'équilibre. Dans la région non linéaire, en revanche, loin de l'équilibre, certaines fluctuations peuvent s'amplifier à proximité d'un premier état critique, perturber l'état macroscopique et le déstabiliser. Le système bifurque alors vers un nouvel état stable, qui peut être plus structuré que le précédent, d'où croissance de la complexité; l'état précédent, devenu instable, peut alors être éliminé. Le nouvel état stable est appelé "attracteur étrange" en théorie du chaos.
Comparaison du matérialisme et du spiritualisme
Le concept même de réalité ultime (initiale) est dangereux
- Le philosophe allemand Kant a montré que l'on ne pourra jamais démontrer logiquement l'existence de Dieu, de l'âme et de quelques autres concepts du même genre . Plus généralement, on ne peut pas déduire une existence concrète, c'est-à-dire vérifiable par l'expérience, d'un concept qui est une abstraction humaine : ce sont des concepts distincts, l'existence de la chose complémentant son concept. Attribuer la création du monde (sa cause initiale) à un Dieu supposé réel est illogique : ou Il existe dans l'Univers qu'Il a créé, ce qui est impossible ; ou Dieu est extérieur à l'Univers et le précède – comme l'implique le concept de cause initiale – et son existence n'est pas démontrable avec des arguments logiques basés sur des postulats de notre Univers. - Le philosophe Nietzsche a dénoncé le caractère illusoire de la notion de réalité ultime : chaque fois qu'une connaissance progresse, elle amène de nouvelles questions et le processus ne s'arrêtera jamais. Nous ne trouverons donc jamais la cause ultime . Le jugement de Nietzsche est excessif : on peut en général se contenter d'une réalité utile et profiter de la convergence de la connaissance scientifique. - Le mathématicien Gödel est allé plus loin. Ses théorèmes, dits d'incomplétude, affirment que dans tout système axiomatique comprenant l'arithmétique il existe des propositions indécidables, c'est-à-dire dont on ne peut démontrer ni la véracité ni la fausseté ; on ne peut même pas prouver que les axiomes de base de ce système sont cohérents (c'est-à-dire non contradictoires) .
Conclusions :
- Dans le cadre d'une axiomatique donnée il existe des propositions vraies et des propositions fausses dont la véracité ou la fausseté est indémontrable par des déductions logiques. - La réalité doit toujours être décrite à partir de vérités indémontrables, acceptées comme axiomes et constituant de ce fait une réalité ultime artificielle. Voilà qui justifie l'affirmation de Nietzsche. Le concept de réalité ultime est une invention très ancienne de l'homme, rongé par l'inquiétude de ne pas savoir [16]. Le succès des religions révélées est dû, pour une part, au fait qu'elles apportent des réponses aux questions essentielles comme : « Comment le monde a-t-il été créé ? » ; « Qu'est-ce qui est bien et qu'est-ce qui est mal ? » ; « Que deviendrai-je après la mort ? » ; etc. Des détails sur la réalité ultime sont disponibles dans le livre .
Il faut adopter un concept de réalité utile
- Un mathématicien sait que l'infini n'est pas un nombre et qu'on ne peut l'atteindre : chaque fois qu'on cite un très grand nombre, on peut en citer un plus grand encore,et cela peut continuer indéfiniment.
- Mais un physicien sait aussi qu'une limite peut - sans être atteinte - être approchée si près que la différence n'a plus d'importance. Considérons le nombre N = 1.99999… qui a autant de décimales 9 que l'on voudra. Quel que soit le nombre de décimales 9 de N, ce nombre n'est pas égal à 2. Mais il s'en approche autant que l'on veut, arrivant plus près de 2 que n'importe quel nombre constant donné à l'avance. En pratique, la différence entre N et 2 n'a pas d'importance physique
Conceptions erronées et origines possibles
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Pour citer cette page: (- Spiritualisme)
ABROUGUI, M & al, 2021. Matérialisme - Spiritualisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/Mat%C3%A9rialisme_-_Spiritualisme>, consulté le 2, juin, 2024
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