Différences entre versions de « Le vitalisme »
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Version du 3 juin 2022 à 22:46
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Conception : Clarification - Explicitation
- Le vitalisme repose sur le postulat que le vivant a ses lois propres, ce en quoi la plupart des biologistes pourront se reconnaître. Il est affirmation de l’originalité du vivant par rapport au non vivant, de l’organique par rapport à l’inorganique. Il affirme la spécificité du vivant et par extension des méthodes d’étude du vivant. On ne pourra pas faire de la biologie une simple branche de la physique et de la chimie. Tout le problème est de comprendre et définir en quoi consiste cette originalité du vivant.
Le vitalisme se définit aussi par rapport au fait que l’être vivant est distinct de son milieu et réagit activement aux variations de ce milieu. Des forces vitales spécifiques du vivant sont appelées et , pour définir et expliquer cette originalité du vivant, son fonctionnement et ses réactions, par rapport au non vivant. Ces forces vitales sont placées sur le même plan que par exemple la force de gravitation de Newton. Leurs auteurs leur donne le même statut épistémologique, pour se distinguer de l’animisme de Stahl.
Le vitalisme a matière à se développer car de nombreux phénomènes ne semblent pas pouvoir s’expliquer par la simple mécanique, comme la reproduction sexuée, l’hérédité ou le développement de l’embryon.
Ainsi pour Caspar Friedrich Wolff (1734-1794), de ce qu’on appellera l’école vitaliste allemande, une vis essentialis propre aux organismes vivants permet la transformation de la matière inorganique en matière organique et permet ainsi l’organisation et le développement de l’embryon. Johann Blumenbach (1752-1840) complètera l’explication en adjoignant à la vis essentialis un nisus formativus, principe d’organisation.
En France le vitalisme prend racine à la faculté de médecine de Montpellier. Paul Joseph Barthez (1734-1806) écrit dans ses Nouveaux éléments de la science de l’Homme : « J’appelle principe vital de l’homme la cause qui produit tous les phénomènes de la vie dans le corps humain. Le nom de cette cause est assez indifférent et peut être pris à volonté. ». Barthez distinguait les phénomènes de la matière de ceux de la vie et de ceux de l’âme, chacun étant régi par des lois spécifiques.
Le plus célèbre des vitalistes français est Xavier Bichat (1771-1802), aussi fondateur de l’histologie. Pour lui « la vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort » [1]. Pour Bichat, chaque tissu a sa vie propre, des caractéristiques particulières (ce qu’il nomme irritabilité, sensibilité, tonicité). Il écrit aussi « La physique, la chimie se touchent parce que les mêmes lois président à leurs phénomènes. Mais un immense intervalle les sépare de la science des corps organisés, parce qu’une énorme différence existe entre leurs lois et celles de la vie. »
Selon Bichat, pour George Canguilhem [2], les actes de la vie opposent à l’invariabilité des lois physiques leur instabilité, leur irrégularité, comme un « écueil où sont venus échouer tous les calculs des physiciens médecins du siècle passé ». Le vivant échappe au déterminisme et devient imprévisible.
Le vitalisme domine à la fin du XVIIIème siècle, car globalement les naturalistes ne peuvent se satisfaire du mécanisme cartésien. Le vivant ne peut s’expliquer avec les forces physico-chimiques connues alors. Augustin Cournot (1801-1877), mathématicien et philosophe, écrit dans Matérialisme, vitalisme, rationalisme. Étude sur l’emploi des données de la science en philosophie (1875) : « Tous les progrès de l’observation scientifique confirment tellement l’idée d’une distinction radicale entre les lois du monde physique et celles des phénomènes de la vie Le vitalisme se définit aussi par rapport au fait que l’être vivant est distinct de son milieu et réagit activement aux variations de ce milieu. Des forces vitales spécifiques du vivant sont appelées et , pour définir et expliquer cette originalité du vivant, son fonctionnement et ses réactions, par rapport au non vivant. Ces forces vitales sont placées sur le même plan que par exemple la force de gravitation de Newton. Leurs auteurs leur donne le même statut épistémologique, pour se distinguer de l’animisme de Stahl. Le vitalisme a matière à se développer car de nombreux phénomènes ne semblent pas pouvoir s’expliquer par la simple mécanique, comme la reproduction sexuée, l’hérédité ou le développement de l’embryon.
Conceptions erronées et origines possibles
- Le vitalisme biologique ,formulé par concept d'élan vital.Bergson soutient qu'il est indispensable d'introduire un concept occulte pour mieux saisir la vie qui elle-meme dépasse par nature le cadre mécaniste et réductionniste de la science physico-chimique.
Cette audace vitaliste est considéré par les scientifiques comme le défenseur d'une sorte de mysticisme pseudo-scientifique aujourd'hui réfuté. Dans l’étude de Simard, deux conceptions erronées semblent encore particulièrement présentes dans l’esprit des futurs professeurs. Il s’agit d’abord du finalisme, cette idée que les structures ou organes des êtres vivants que l’on observe aujourd’hui sont ainsi faits pour remplir une certaine fonction. En d'autres termes, on attribue une forme d’intentionnalité à l’évolution du vivant, ce qui peut alors entraver sérieusement la compréhension même des concepts à la base de l’évolution dont l’adaptation , la sélection naturelle , les mutations et la notion de hasard.
Or le finalisme semble accepté à 90 % selon les critères de l’étude de Simard. Ce qui n’est pas si surprenant considérant les travaux en psychologie cognitive qui relève une prédisposition de l’humain à réfléchir le monde sous une forme d’intentionnalité, de finalité. Et Simard rappelle ces erreurs classiques : « Les oiseaux ont des ailes parce qu’ils doivent voler » (alors que le vol est une adaptation accidentelle au fait que l’air peut avoir une certaine portance) ou « Les plantes libèrent de l’oxygène, car les animaux en ont besoin pour survivre » (alors que c’est plutôt les animaux qui se sont adaptés à ce sous-produit, au départ toxique pour eux, du métabolisme des plantes).
Autre erreur notable signalée par l’étude : un répondant universitaire sur deux adhère à l’idée qu’un principe abstrait s’ajoute à la matière pour créer le vivant, influencé encore en cela par l’animisme d’un Aristote ou le vitalisme d’un Bichat. Alors que l’on sait aujourd’hui qu’il n’y a rien de tel et que la vie est une propriété qui émerge d’un certain niveau d’organisation de la matière et d’une certaine complexité des réseaux métaboliques (au sein de structures autopoïétiques , me permettrais-je même d’ajouter pour avoir l’air savant…).
Une telle préconception métaphysique ne peut donc encore une fois que faire obstacle à un enseignement actualisé de ce qu’est le vivant et de ce qui le distingue de la matière inerte..
Conceptions: Origines possibles
- Vers la fin de la Renaissance, indissociable de la révolution scientifique, le vitalisme réapparait. Le retour au rationalisme scientifique relance la recherche, philosophique tout d'abord, sur l'origine, le principe et le dessein de la vie. C'est à ce moment que le vitalisme et le mécanisme vont se formaliser et les théories s'opposer.
Dans une lettre au marquis de Newcastle, René Descartes pose les bases du mécanisme :
« Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m'en étonne pas ; car cela sert même à prouver qu'elles agissent naturellement et par ressort, ainsi qu'une horloge, laquelle montre bien mieux l'heure qu'il est que notre jugement ne nous l'enseigne. »
La comparaison des animaux et de l'horloge est doublement importante. D'une part, la vie animale est réduite à une somme de processus mécaniques qui, bien qu'incompris, ne doivent rien au surnaturel ou au spirituel. D'autre part, cette conception de l'animalité trace une frontière très forte entre l'animal déterminé par la nature et l'homme libre par l'esprit. Ainsi, l'homme et l'animal sont, par essence, irréductibles à un principe vital commun.
Bien que les sources écrites manquent, il est admis que Paul-Joseph Barthez est l'instigateur de la doctrine vitaliste. À l'origine, cette théorie est surtout une réfutation de celle de Théophile de Bordeu qui considérait les organismes complexes comme un agrégat de plusieurs formes de vie distinctes. Selon ce médecin de Montpellier, chaque glande était douée d'une « vie propre », liée à une sensibilité et une motricité relative. Cette conception de la vie s'apparente d'ailleurs en certains points à la conception aristotélicienne de la vie, c'est-à-dire une vie divisible selon ses attributs : croissance, sensibilité, locomotion et intelligence. Contre Bordeu, Barthez pose donc l'existence d'un principe vital supérieur englobant toutes ces subdivisions, ce qui donnera naissance au vitalisme. C'est ainsi qu'il écrit, dans Nouveaux éléments de la science de l'homme (1778) :
« J'appelle principe vital de l'homme la cause qui produit tous les phénomènes de la vie dans le corps humain. Le nom de cette cause est assez indifférent et peut être pris à volonté. Si je préfère celui de principe vital, c'est qu'il présente une idée moins limitée que le nom d'impetum faciens, que lui donnait Hippocrate, ou autres noms par lesquels on a désigné la cause des fonctions de la vie. »
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Bibliographie
Pour citer cette page: (vitalisme)
ABROUGUI, M & al, 2022. Le vitalisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/Le_vitalisme>, consulté le 15, juin, 2024
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