Différences entre versions de « Vitalisme - machinisme »

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:* présenter une critique concernant l'utilité du vitalisme par rapport à d'autres courants comme le machinisme au 21ème siècle .................
 
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* Exemple: Vers Un retour du vitalisme ?
 
* Exemple: Vers Un retour du vitalisme ?
Analyse et réflexions suggérées par la lecture de deux ouvrages :Nouvel Pascal, Repenser le vitalisme, Presses universitaires de France, Paris, 2011 et Normandin Sebastian and Wolfe Charles T. (eds), Vitalism and the Scientific Image in Post-Enlightment Life Science, 1800-2010, Springer, New York, 2013.(Michel Morange/Centre Cavaillès, CIRPHLES, École normale supérieure/2013 revue Histoire de la recherche contemporaine-Tome II- n=° 2 )
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Analyse et réflexions suggérées par la lecture de deux ouvrages :Nouvel Pascal, Repenser le vitalisme, Presses universitaires de France, Paris, 2011 et Normandin Sebastian and Wolfe Charles T. (eds), Vitalism and the Scientific Image in Post-Enlightment Life Science, 1800-2010, Springer, New York, 2013.
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                  (Michel Morange/Centre Cavaillès, CIRPHLES, École normale supérieure/2013 revue Histoire de la recherche contemporaine-Tome II- n=° 2 )
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En proposant que les êtres vivants soient radicalement différents des objets inertes, le vitalisme a joué un rôle important dans la naissance de la biologie moderne. Sa place était encore âprement discutée au début du XXe siècle. Puis le terme a progressivement acquis, parmi les biologistes, une valeur péjorative. Quelques articles et deux ouvrages récents nous invitent à « repenser le vitalisme ». S’agit-il simplement de rendre justice à son importance historique ? Peut-il être encore utile aux biologistes en ce début de XXIe siècle ?...
 
En proposant que les êtres vivants soient radicalement différents des objets inertes, le vitalisme a joué un rôle important dans la naissance de la biologie moderne. Sa place était encore âprement discutée au début du XXe siècle. Puis le terme a progressivement acquis, parmi les biologistes, une valeur péjorative. Quelques articles et deux ouvrages récents nous invitent à « repenser le vitalisme ». S’agit-il simplement de rendre justice à son importance historique ? Peut-il être encore utile aux biologistes en ce début de XXIe siècle ?...
 
Les historiens, et en particulier les historiens des sciences, ne choisissent pas leurs thèmes de recherche au hasard. Travailler sur l’histoire du vitalisme implique que les conceptions vitalistes puissent avoir un intérêt pour notre époque. Pascal Nouvel envisage explicitement un retour du vitalisme en se référant à quelques publications biologiques récentes (voir plus loin). Sebastian Normandin et Charles Wolfe consacrent la troisième partie de leur ouvrage à l’actualité du vitalisme.
 
Les historiens, et en particulier les historiens des sciences, ne choisissent pas leurs thèmes de recherche au hasard. Travailler sur l’histoire du vitalisme implique que les conceptions vitalistes puissent avoir un intérêt pour notre époque. Pascal Nouvel envisage explicitement un retour du vitalisme en se référant à quelques publications biologiques récentes (voir plus loin). Sebastian Normandin et Charles Wolfe consacrent la troisième partie de leur ouvrage à l’actualité du vitalisme.
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Les premiers à avoir à nouveau parlé explicitement de vitalisme furent Marc Kirschner, John Gerhart et Tim Mitchison début 2000, dans un article auquel ils
 
Les premiers à avoir à nouveau parlé explicitement de vitalisme furent Marc Kirschner, John Gerhart et Tim Mitchison début 2000, dans un article auquel ils
 
donnèrent le titre de « Molecular Vitalism ». Cet article faisait partie d’un numéro spécial de la revue scientifique Cell, destiné à faire le point des avancées de la biologie14. Il ne s’agissait pas, pour ces trois auteurs, de réhabiliter le vitalisme, mais de montrer
 
donnèrent le titre de « Molecular Vitalism ». Cet article faisait partie d’un numéro spécial de la revue scientifique Cell, destiné à faire le point des avancées de la biologie14. Il ne s’agissait pas, pour ces trois auteurs, de réhabiliter le vitalisme, mais de montrer
que la biologie actuelle ne saurait convaincre un vitaliste qu’elle a expliqué la vie. La raison en est que les biologistes ont laissé beaucoup trop de place à la notion vague d’information, et abusé des analogies mécanistiques. Ils n’ont pas laissé assez d’espace à la nature dynamique du vivant, et aux processus d’auto-organisation. Ils n’ont pas été capables non plus de rendre compte de la « robustesse » des organismes, c’est-à-dire de leur capacité à résister aux perturbations de l’environnement. Quelques années plus tard, Marc Kirschner et John Gerhart insisteront sur la nécessité d’expliquer la capacité du vivant à innover au cours de l’évolution15, un discours qui n’est pas sans rappeler celui de Bergson. En 2000 aussi, Richard Strohman insistait sur le fait que la biologie actuelle ne rendait pas compte du « mystère de la vie », ce que les vitalistes avaient tenté maladroitement de faire16. Enfin Scott Gilbert et Sahotra Sarkar appelaient au retour, non du vitalisme, mais de l’organicisme, c’est-à-dire, selon leurs termes, d’un matérialisme holiste seul à même d’expliquer la complexité du vivant et, en particulier, le développement embryonnaire17. La molécularisation de la biologie aurait eu pour conséquence néfaste de faire disparaître cette vision holiste qui avait toujours été celle des embryologistes.
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que la biologie actuelle ne saurait convaincre un vitaliste qu’elle a expliqué la vie. La raison en est que les biologistes ont laissé beaucoup trop de place à la notion vague d’information, et abusé des analogies mécanistiques. Ils n’ont pas laissé assez d’espace à la nature dynamique du vivant, et aux processus d’auto-organisation. Ils n’ont pas été capables non plus de rendre compte de la « robustesse » des organismes, c’est-à-dire de leur capacité à résister aux perturbations de l’environnement. Quelques années plus tard, Marc Kirschner et John Gerhart insisteront sur la nécessité d’expliquer la capacité du vivant à innover au cours de l’évolution15, un discours qui n’est pas sans rappeler celui de Bergson. En 2000 aussi, Richard Strohman insistait sur le fait que la biologie actuelle ne rendait pas compte du « mystère de la vie », ce que les vitalistes avaient tenté maladroitement de faire16. Enfin Scott Gilbert et Sahotra Sarkar appelaient au retour, non du vitalisme, mais de l’organicisme, c’est-à-dire, selon leurs termes, d’un matérialisme holiste seul à même d’expliquer la complexité du vivant et, en particulier, le développement embryonnaire17. La molécularisation de la biologie aurait eu pour conséquence néfaste de faire disparaître cette vision holiste qui avait toujours été celle des embryologistes. À ces publications portant directement sur le vitalisme et l’organicisme, il faudrait ajouter une prolifération d’articles et d’ouvrages sur la recherche d’une définition de la vie et/ou d’une réponse à la question « Qu’est-ce que la vie ? ». La réémergence de cette question après une longue phase où, comme l’avait dit François Jacob « on n’interroge plus la vie... dans les laboratoires » n’était pas forcément le signe d’un retour du vitalisme18. Mais elle était néanmoins le témoin d’une insatisfaction nouvelle vis-à-vis des réponses qui avaient pu être proposées antérieurement, associant la vie à la possession d’une information génétique et d’un code génétique. Cette interrogation sur
À ces publications portant directement sur le vitalisme et l’organicisme, il faudrait
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la « nature de la vie » pouvait être un terreau fertile pour la réémergence de conceptions vitalistes. Si l’on cherche à classer les arguments avancés dans ces articles et publications, le retour du vitalisme serait porté par trois « limites » des travaux actuels.
ajouter une prolifération d’articles et d’ouvrages sur la recherche d’une définition de la
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La première serait la conséquence du nombre croissant de mécanismes moléculaires connus. L’ensemble est tellement complexe que le fonctionnement global qui en émerge n’est pas prédictible à partir de la simple description des mécanismes élémentaires. L’émergentisme réémerge sous une forme légèrement différente de celle qu’il avait prise au début du XXe siècle. Il est clairement épistémique, trouvant son origine dans notre incapacité à intégrer l’ensemble des mécanismes intervenant dans les processus étudiés, et non plus ontologique, ne cherchant plus à rendre compte de l’apparition de phénomènes nouveaux, d’une nature différente. Sa vie pourrait être brève. Se produira ce qui est déjà arrivé avec la molécule d’eau : des progrès dans la description des systèmes et le développement de méthodes de calcul plus puissantes permettront, dans un futur plus ou moins proche, de surmonter ces difficultés.
vie et/ou d’une réponse à la question « Qu’est-ce que la vie ? ». La réémergence de cette
 
question après une longue phase où, comme l’avait dit François Jacob « on n’interroge
 
plus la vie... dans les laboratoires » n’était pas forcément le signe d’un retour du
 
vitalisme18. Mais elle était néanmoins le témoin d’une insatisfaction nouvelle vis-à-vis
 
des réponses qui avaient pu être proposées antérieurement, associant la vie à la
 
possession d’une information génétique et d’un code génétique. Cette interrogation sur
 
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conceptions vitalistes.
 
Si l’on cherche à classer les arguments avancés dans ces articles et publications, le retour du vitalisme serait porté par trois « limites » des travaux actuels.
 
La première serait la conséquence du nombre croissant de mécanismes moléculaires connus. L’ensemble est tellement complexe que le fonctionnement global qui en émerge n’est pas prédictible à partir de la simple description des mécanismes élémentaires. L’émergentisme réémerge sous une forme légèrement différente de celle qu’il avait prise au début du XXe siècle. Il est clairement épistémique, trouvant son origine dansnotre incapacité à intégrer l’ensemble des mécanismes intervenant dans les processus étudiés, et non plus ontologique, ne cherchant plus à rendre compte de l’apparition de phénomènes nouveaux, d’une nature différente. Sa vie pourrait être brève. Se produira ce qui est déjà arrivé avec la molécule d’eau : des progrès dans la description des systèmes et le développement de méthodes de calcul plus puissantes permettront, dans un futur plus ou moins proche, de surmonter ces difficultés.
 
 
La deuxième difficulté à laquelle se heurtent les biologistes est de parvenir à passer d’une description statique des mécanismes du vivant à une description dynamique. La difficulté est de même nature que dans le cas précédent, ce qui suggère aussi qu’elle pourra être surmontée.
 
La deuxième difficulté à laquelle se heurtent les biologistes est de parvenir à passer d’une description statique des mécanismes du vivant à une description dynamique. La difficulté est de même nature que dans le cas précédent, ce qui suggère aussi qu’elle pourra être surmontée.
 
Le troisième défi pour les biologistes contemporains serait d’aller au-delà des modèles évolutionnistes actuels et de parvenir à expliquer, non pas la transformation des organismes vivants au cours de l’évolution, mais leur capacité à se transformer, leur «évolvabilité ». Celle-ci niche-t-elle dans les recettes, inventées au cours de l’évolution, que tentent de dégager John Gerhart et Marc Kirschner – comme la modularité – ou dans des principes physiques d’auto-organisation ? En quelque sorte, il s’agit de rendre compte de l’« élan vital » qui a poussé les organismes à se transformer depuis quatre
 
Le troisième défi pour les biologistes contemporains serait d’aller au-delà des modèles évolutionnistes actuels et de parvenir à expliquer, non pas la transformation des organismes vivants au cours de l’évolution, mais leur capacité à se transformer, leur «évolvabilité ». Celle-ci niche-t-elle dans les recettes, inventées au cours de l’évolution, que tentent de dégager John Gerhart et Marc Kirschner – comme la modularité – ou dans des principes physiques d’auto-organisation ? En quelque sorte, il s’agit de rendre compte de l’« élan vital » qui a poussé les organismes à se transformer depuis quatre

Version du 6 juin 2022 à 11:34


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