Différences entre versions de « Instrumentalisme - Sensualisme - Matérialisme »
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| − | *L'idée maîtresse de l'instrumentalisme est que les idées elles-mêmes, ainsi que les concepts, théories et autres membres de la ménagerie cognitive (y compris l'idée d'instrumentalisme elle-même | + | *L'idée maîtresse de l'instrumentalisme est que les idées elles-mêmes, ainsi que les concepts, théories et autres membres de la ménagerie cognitive (y compris l'idée d'instrumentalisme elle-même) sont les outils ou les instruments les plus fondamentalement que nous utilisons pour satisfaire nos besoins et accomplir nos buts. En effet, le pragmatiste américain John Dewey a à l'origine inventé le terme «instrumentalisme» pour décrire sa propre vision large des êtres humains en tant que créatures dont les activités cognitives sont beaucoup plus intimement liées à nos besoins pratiques. |
*Epistémologiquement l’instrumentalisme est la doctrine selon laquelle les théories scientifiques ne sont pas de véritables descriptions d'une réalité inobservable, mais simplement des instruments utiles qui nous permettent d'ordonner et d'anticiper le monde observable. Les versions traditionnelles de l'instrumentalisme ont été influencées par les théories vérificationnistes du sens et ont soutenu que les affirmations théoriques sur les inobservables ne peuvent pas être considérées comme ayant un sens littéral. Les versions plus récentes de l'instrumentalisme sont motivées par des arguments sceptiques plutôt que sémantiques : elles permettent aux scientifiques de faire des déclarations significatives sur un monde inobservable, mais nient que nous devrions croire ces affirmations. Une des motivations de ce type d'instrumentalisme sceptique est la «sous-détermination de la théorie par l'évidence». Cependant, les opposants réalistes à l'instrumentalisme peuvent répondre que la compatibilité des différentes théories avec les preuves d'observation ne signifie pas que ces théories sont toutes également bien soutenues par ces preuves. Un meilleur argument pour un instrumentalisme sceptique est probablement la «méta-induction pessimiste», qui soutient que, puisque les théories scientifiques passées se sont toutes révélées fausses, nous pouvons nous attendre à ce que les théories présents et futurs se révèlent également faux. | *Epistémologiquement l’instrumentalisme est la doctrine selon laquelle les théories scientifiques ne sont pas de véritables descriptions d'une réalité inobservable, mais simplement des instruments utiles qui nous permettent d'ordonner et d'anticiper le monde observable. Les versions traditionnelles de l'instrumentalisme ont été influencées par les théories vérificationnistes du sens et ont soutenu que les affirmations théoriques sur les inobservables ne peuvent pas être considérées comme ayant un sens littéral. Les versions plus récentes de l'instrumentalisme sont motivées par des arguments sceptiques plutôt que sémantiques : elles permettent aux scientifiques de faire des déclarations significatives sur un monde inobservable, mais nient que nous devrions croire ces affirmations. Une des motivations de ce type d'instrumentalisme sceptique est la «sous-détermination de la théorie par l'évidence». Cependant, les opposants réalistes à l'instrumentalisme peuvent répondre que la compatibilité des différentes théories avec les preuves d'observation ne signifie pas que ces théories sont toutes également bien soutenues par ces preuves. Un meilleur argument pour un instrumentalisme sceptique est probablement la «méta-induction pessimiste», qui soutient que, puisque les théories scientifiques passées se sont toutes révélées fausses, nous pouvons nous attendre à ce que les théories présents et futurs se révèlent également faux. | ||
===== Sensualisme ===== | ===== Sensualisme ===== | ||
*Il peut s’entendre dans un sens large, mais qui risque d’être compris de façon péjorative : il désigne alors une pensée qui valorise tant le sensoriel que le sensuel dans l’ordre de la connaissance et dans l’ordre moral. Mais alors, le terme n’est pas utilisé pour identifier des doctrines ou des auteurs. | *Il peut s’entendre dans un sens large, mais qui risque d’être compris de façon péjorative : il désigne alors une pensée qui valorise tant le sensoriel que le sensuel dans l’ordre de la connaissance et dans l’ordre moral. Mais alors, le terme n’est pas utilisé pour identifier des doctrines ou des auteurs. | ||
| − | Dans un usage plus strict du terme, le sensualisme paraît ne concerner que la connaissance. C’est pourquoi certains lui préféreraient le terme «sensationnisme ». Son idée de base est que toutes nos idées proviennent de la sensation, que toutes nos connaissances sont des sensations combinées et transformées de diverses manières. Cette thèse ne semble pas différente de celle de l’empirisme. | + | *Dans un usage plus strict du terme, le sensualisme paraît ne concerner que la connaissance. C’est pourquoi certains lui préféreraient le terme «sensationnisme ». Son idée de base est que toutes nos idées proviennent de la sensation, que toutes nos connaissances sont des sensations combinées et transformées de diverses manières. Cette thèse ne semble pas différente de celle de l’empirisme. |
*La thèse radicale de Condillac, surtout développée à partir du Traité des sensations, peut se formuler ainsi : dans l’homme, tout provient du sentir, non seulement les idées mais les facultés elles-mêmes. Condillac prétend ainsi rendre compte non seulement des facultés de connaissance, mais de l’ensemble des facultés humaines, toutes étant fonction de connaissances acquises à partir des sensations. Adoptant un point de vue moderne pour lequel la connaissance ne dépend plus du monde que l’on perçoit, Condillac soutient qu’à partir de la sensation s’enclenche un progrès possible et sans fin de la connaissance. Le devenir est orienté dans le sens d’un progrès. Dans sa nouveauté et sa radicalité, le sensualisme condillacien subordonne les structures au procès de genèse, en récusant toute idée innée, toute faculté donnée a priori et en refusant de se prononcer sur la nature des êtres. | *La thèse radicale de Condillac, surtout développée à partir du Traité des sensations, peut se formuler ainsi : dans l’homme, tout provient du sentir, non seulement les idées mais les facultés elles-mêmes. Condillac prétend ainsi rendre compte non seulement des facultés de connaissance, mais de l’ensemble des facultés humaines, toutes étant fonction de connaissances acquises à partir des sensations. Adoptant un point de vue moderne pour lequel la connaissance ne dépend plus du monde que l’on perçoit, Condillac soutient qu’à partir de la sensation s’enclenche un progrès possible et sans fin de la connaissance. Le devenir est orienté dans le sens d’un progrès. Dans sa nouveauté et sa radicalité, le sensualisme condillacien subordonne les structures au procès de genèse, en récusant toute idée innée, toute faculté donnée a priori et en refusant de se prononcer sur la nature des êtres. | ||
| − | Ce sensualisme a eu une influence importante notamment sur les physiocrates Il connaît des prolongements dans la pensée des XIXe et XXe siècles. Par ailleurs, Ernst Mach est à l’origine d’un néo-sensualisme de portée essentiellement épistémologique pour lequel les énoncés de base des sciences expriment des données sensorielles. | + | *Ce sensualisme a eu une influence importante notamment sur les physiocrates Il connaît des prolongements dans la pensée des XIXe et XXe siècles. Par ailleurs, Ernst Mach est à l’origine d’un néo-sensualisme de portée essentiellement épistémologique pour lequel les énoncés de base des sciences expriment des données sensorielles. |
| − | + | ===== Matérialisme ===== | |
| + | *Le matérialisme concerne la composition des choses, tandis que le naturalisme, bien que soucieux de l'existant, s'étend plus largement, couvrant aussi bien les propriétés que les substances, et son souci des méthodes d'étude des choses est plus direct et central. | ||
| + | *Parfois, une distinction est faite entre trois sortes de choses réelles (trois «royaumes» ou «mondes»), (voir Popper ) : Le premier contient des choses matérielles, y compris des choses comme des photons qui sont associées à des choses matérielles centralement et qui pourraient être appelées quasi-matérielles. Le second contient des choses psychologiques comme des pensées, des sentiments, des douleurs, des désirs, y compris les esprits substantiels. | ||
| + | *Le troisième contient des choses abstraites comme des nombres, des propriétés, des classes, des vérités (et peut-être des mensonges), des valeurs ou une sélection de celles-ci, toutes celles sélectionnées étant traitées comme des entités substantielles, mais non matérielles ni spirituelles à proprement parler. Les philosophes ont eu tendance à traiter ces trois royaumes. | ||
| + | *Les matérialistes à proprement parler disent que seule la matière existe, mais dans les temps modernes, ils ont eu tendance à diriger leur feu principalement contre les croyants du deuxième royaume, et certains d'entre eux (par exemple Armstrong) acceptent au moins un réalisme modéré en relation avec le troisième royaume. | ||
| + | *Jusqu'à présent, nous avons considéré le matérialisme comme une doctrine métaphysique. Mais dans la pensée ordinaire, il se réfère souvent à une doctrine sur les valeurs. Là encore, elle est souvent opposée à l'idéalisme, qui se réfère désormais à la poursuite d'idéaux qui peuvent être ambitieux mais qui sont susceptibles d'être impossibles à réaliser dans la pratique. | ||
| + | *Le matérialiste, poursuit des fins liées aux plaisirs corporels, à la possession de biens matériels, ou encore à des choses telles que l'argent, considérées comme un moyen de tels plaisirs ou biens. On pourrait cependant se demander ce qui compte exactement comme des plaisirs corporels. | ||
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Version actuelle datée du 18 juin 2021 à 14:21
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Conception : Clarification - Explicitation
Instrumentalisme
- L'idée maîtresse de l'instrumentalisme est que les idées elles-mêmes, ainsi que les concepts, théories et autres membres de la ménagerie cognitive (y compris l'idée d'instrumentalisme elle-même) sont les outils ou les instruments les plus fondamentalement que nous utilisons pour satisfaire nos besoins et accomplir nos buts. En effet, le pragmatiste américain John Dewey a à l'origine inventé le terme «instrumentalisme» pour décrire sa propre vision large des êtres humains en tant que créatures dont les activités cognitives sont beaucoup plus intimement liées à nos besoins pratiques.
- Epistémologiquement l’instrumentalisme est la doctrine selon laquelle les théories scientifiques ne sont pas de véritables descriptions d'une réalité inobservable, mais simplement des instruments utiles qui nous permettent d'ordonner et d'anticiper le monde observable. Les versions traditionnelles de l'instrumentalisme ont été influencées par les théories vérificationnistes du sens et ont soutenu que les affirmations théoriques sur les inobservables ne peuvent pas être considérées comme ayant un sens littéral. Les versions plus récentes de l'instrumentalisme sont motivées par des arguments sceptiques plutôt que sémantiques : elles permettent aux scientifiques de faire des déclarations significatives sur un monde inobservable, mais nient que nous devrions croire ces affirmations. Une des motivations de ce type d'instrumentalisme sceptique est la «sous-détermination de la théorie par l'évidence». Cependant, les opposants réalistes à l'instrumentalisme peuvent répondre que la compatibilité des différentes théories avec les preuves d'observation ne signifie pas que ces théories sont toutes également bien soutenues par ces preuves. Un meilleur argument pour un instrumentalisme sceptique est probablement la «méta-induction pessimiste», qui soutient que, puisque les théories scientifiques passées se sont toutes révélées fausses, nous pouvons nous attendre à ce que les théories présents et futurs se révèlent également faux.
Sensualisme
- Il peut s’entendre dans un sens large, mais qui risque d’être compris de façon péjorative : il désigne alors une pensée qui valorise tant le sensoriel que le sensuel dans l’ordre de la connaissance et dans l’ordre moral. Mais alors, le terme n’est pas utilisé pour identifier des doctrines ou des auteurs.
- Dans un usage plus strict du terme, le sensualisme paraît ne concerner que la connaissance. C’est pourquoi certains lui préféreraient le terme «sensationnisme ». Son idée de base est que toutes nos idées proviennent de la sensation, que toutes nos connaissances sont des sensations combinées et transformées de diverses manières. Cette thèse ne semble pas différente de celle de l’empirisme.
- La thèse radicale de Condillac, surtout développée à partir du Traité des sensations, peut se formuler ainsi : dans l’homme, tout provient du sentir, non seulement les idées mais les facultés elles-mêmes. Condillac prétend ainsi rendre compte non seulement des facultés de connaissance, mais de l’ensemble des facultés humaines, toutes étant fonction de connaissances acquises à partir des sensations. Adoptant un point de vue moderne pour lequel la connaissance ne dépend plus du monde que l’on perçoit, Condillac soutient qu’à partir de la sensation s’enclenche un progrès possible et sans fin de la connaissance. Le devenir est orienté dans le sens d’un progrès. Dans sa nouveauté et sa radicalité, le sensualisme condillacien subordonne les structures au procès de genèse, en récusant toute idée innée, toute faculté donnée a priori et en refusant de se prononcer sur la nature des êtres.
- Ce sensualisme a eu une influence importante notamment sur les physiocrates Il connaît des prolongements dans la pensée des XIXe et XXe siècles. Par ailleurs, Ernst Mach est à l’origine d’un néo-sensualisme de portée essentiellement épistémologique pour lequel les énoncés de base des sciences expriment des données sensorielles.
Matérialisme
- Le matérialisme concerne la composition des choses, tandis que le naturalisme, bien que soucieux de l'existant, s'étend plus largement, couvrant aussi bien les propriétés que les substances, et son souci des méthodes d'étude des choses est plus direct et central.
- Parfois, une distinction est faite entre trois sortes de choses réelles (trois «royaumes» ou «mondes»), (voir Popper ) : Le premier contient des choses matérielles, y compris des choses comme des photons qui sont associées à des choses matérielles centralement et qui pourraient être appelées quasi-matérielles. Le second contient des choses psychologiques comme des pensées, des sentiments, des douleurs, des désirs, y compris les esprits substantiels.
- Le troisième contient des choses abstraites comme des nombres, des propriétés, des classes, des vérités (et peut-être des mensonges), des valeurs ou une sélection de celles-ci, toutes celles sélectionnées étant traitées comme des entités substantielles, mais non matérielles ni spirituelles à proprement parler. Les philosophes ont eu tendance à traiter ces trois royaumes.
- Les matérialistes à proprement parler disent que seule la matière existe, mais dans les temps modernes, ils ont eu tendance à diriger leur feu principalement contre les croyants du deuxième royaume, et certains d'entre eux (par exemple Armstrong) acceptent au moins un réalisme modéré en relation avec le troisième royaume.
- Jusqu'à présent, nous avons considéré le matérialisme comme une doctrine métaphysique. Mais dans la pensée ordinaire, il se réfère souvent à une doctrine sur les valeurs. Là encore, elle est souvent opposée à l'idéalisme, qui se réfère désormais à la poursuite d'idéaux qui peuvent être ambitieux mais qui sont susceptibles d'être impossibles à réaliser dans la pratique.
- Le matérialiste, poursuit des fins liées aux plaisirs corporels, à la possession de biens matériels, ou encore à des choses telles que l'argent, considérées comme un moyen de tels plaisirs ou biens. On pourrait cependant se demander ce qui compte exactement comme des plaisirs corporels.
Conceptions erronées et origines possibles
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Conceptions: Origines possibles
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Pour citer cette page: (- Sensualisme - Matérialisme)
ABROUGUI, M & al, 2021. Instrumentalisme - Sensualisme - Matérialisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/Instrumentalisme_-_Sensualisme_-_Mat%C3%A9rialisme>, consulté le 17, juin, 2024
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