Différences entre versions de « Disciplines scientifiques »

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Version actuelle datée du 13 février 2024 à 13:02

Définition - Explicitation

Une discipline scientifique est un domaine spécifique de la connaissance qui utilise une approche méthodique et rigoureuse pour étudier, comprendre et expliquer les phénomènes naturels ou sociaux. Cette approche repose sur l'observation systématique, l'expérimentation contrôlée et l'analyse critique des données afin de développer des théories, des lois ou des modèles qui expliquent les phénomènes observés de manière objective et vérifiable. Les disciplines scientifiques partagent plusieurs caractéristiques essentielles :

  • Méthode scientifique : Les disciplines scientifiques suivent la méthode scientifique, un processus systématique qui comprend l'observation, la formulation d'hypothèses, la conception et la réalisation d'expériences, l'analyse des données et la formulation de conclusions basées sur des preuves empiriques.
  • Objectivité et impartialité : Les scientifiques s'efforcent d'être objectifs et impartiaux dans leurs observations et leurs analyses, en minimisant les biais personnels et en tenant compte de toutes les données pertinentes.
  • Empirisme : Les conclusions des disciplines scientifiques reposent sur des observations empiriques, c'est-à-dire des données provenant de l'expérience ou de l'observation directe du monde réel, plutôt que sur des spéculations non fondées.
  • Rationalité et logique : Les disciplines scientifiques s'appuient sur la logique et la rationalité pour interpréter les observations et les données, en utilisant des principes de raisonnement valide pour formuler des conclusions cohérentes.
  • Reproductibilité : Les résultats des études scientifiques doivent être reproductibles, c'est-à-dire qu'ils peuvent être confirmés par d'autres chercheurs indépendants qui suivent les mêmes méthodes et procédures.
  • Évolution des connaissances : Les disciplines scientifiques sont dynamiques et évolutives, avec de nouvelles découvertes et de nouvelles théories émergeant grâce à la recherche continue et à l'évaluation critique des idées existantes.
La discipline scientifique est également façonnée par des courants de pensées et des paradigmes, modèles conceptuels qui guident la recherche et structurent la façon dont les chercheurs perçoivent et interprètent les phénomènes étudiés.



Exemples de disciplines scientifiques

Les disciplines scientifiques englobent une vaste gamme de domaines, notamment la biologie, la chimie, la physique, la géologie, l'astronomie, la psychologie, la sociologie et bien d'autres. Chacune de ces disciplines applique les principes de la méthode scientifique à des objets d'étude spécifiques, contribuant ainsi à l'expansion de notre compréhension du monde qui nous entoure.


Réflexion sur les éléments constitutifs d'une discipline scientifique

Réflexion épistémologique

Le travail de l'épistémologue consiste à rendre explicites et à mettre en lumière les questions sous-jacentes qui guident la recherche dans chaque discipline scientifique.

Cas de la science normale

Dans le cadre de la science normale, les chercheurs travaillent à l'intérieur d'un paradigme établi, utilisant les découvertes passées comme point de départ pour de nouvelles recherches. Les paradigmes servent de références et de modèles pour les scientifiques, influençant les méthodes de recherche, les questions posées et les interprétations des données. Les manuels scientifiques jouent un rôle important dans la transmission des connaissances et des paradigmes établis, en exposant les théories acceptées, les découvertes fondamentales et les expériences exemplaires.

Une discipline et matrice disciplinaire

Les éléments constitutifs d'une discipline scientifique, regroupés sous l'expression de "matrice disciplinaire" selon Thomas Kuhn, comprennent :

  • Les généralisations symboliques : des formules de base qui caractérisent la discipline (par exemple, en physique : "action égale réaction").
  • Les croyances métaphysiques : des convictions implicites sur la nature de la réalité (par exemple, en physique : "la chaleur est l'énergie cinétique des parties constituantes des corps").
  • Les valeurs : les critères d'évaluation privilégiés par les spécialistes (par exemple, la précision, la cohérence).
  • Les paradigmes stricts : les exemples et les modèles auxquels se réfèrent les membres d'une discipline (par exemple, les travaux d'Einstein en physique).


La notion de discipline scientifique a fait l'objet de nombreux travaux, parmi lesquels ceux de Thomas Kuhn sur la science normale et les révolutions scientifiques. L'expression « science normale » désigne l'ensemble des activités de recherche menées dans le cadre d'une discipline scientifique particulière sur la base de plusieurs découvertes scientifiques passées. Celles-ci sont considérées par les groupes de chercheurs comme suffisantes pour fournir le point de départ d'autres travaux. Elles servent de paradigmes, d'exemples, de modèles ; elles donnent naissance à des traditions particulières et cohérentes de recherche scientifique. Par exemple, les travaux que les historiens décrivent sous la rubrique d'« Astronomie ptolémaïque » se réfèrent tous à Valmageste de Ptolémée dont ils s'inspirent et dans laquelle ils puisent les questions qu'ils s'efforcent de résoudre.

C'est l'étude de ces paradigmes qui prépare principalement l'étudiant à devenir membre d'un groupe scientifique particulier. De nos jours, ce sont les manuels scientifiques qui rendent compte des découvertes fondamentales, exposent l'ensemble des théories admises, mentionnent en plus ou moins grand nombre les applications réussies et décrivent des expériences exemplaires.

Dans un groupe de chercheurs, le paradigme joue le rôle d'une structure préconsciente servant à classifier le réel avant de l'étudier plus à fond. « En l'absence d'un paradigme, tous les faits qui pourraient jouer un rôle dans le développement d'une science donnée risquent de sembler également importants ». Selon Kuhn, la science normale est une tentative pour forcer l'objet à se couler dans la boîte préformée et inflexible que fournit le paradigme. Les traits de l'objet qui ne cadrent pas avec la boîte passent souvent inaperçus. À la longue se constitue ainsi un savoir partiel dont l'apparente clarté est le fruit d'un certain aveuglement.

Bachelard avait déjà bien vu que « des habitudes intellectuelles qui furent utiles et saines peuvent à la longue entraver la recherche ». N'a-t-il pas en effet expliqué que tôt ou tard un obstacle épistémologique s'incruste sur la connaissance non questionnée. « La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres ». La mise en question d'un paradigme consiste à sortir de la lumière pour questionner l'ombre.

Dans la postface de son ouvrage, Kuhn a suggéré de désigner par l'expression matrice disciplinaire les traits caractéristiques d'une discipline particulière. Les éléments d'une matrice disciplinaire forment un tout et fonctionnent ensemble. Kuhn distingue quatre catégories parmi ces éléments : les généralisations symboliques, sortes de formules de base de la discipline (exemples : en physique : l'action égale la réaction ; en exégèse : la lectio difficilior est la plus authentique), les croyances métaphysiques qui désignent des convictions (exemples : la chaleur est l'énergie cinétique des parties constituantes des corps ; l'écriture est la Parole de Dieu, elle contient un message spirituel d'origine divine), les valeurs auxquelles tiennent le plus ces spécialistes (la précision, la cohérence, l'exactitude ; la congruence avec l'enseignement du magistère) et enfin les paradigmes au sens strict (les travaux d'Einstein, de Maxwell ; ceux du P. Lagrange) qui sont les exemples auxquels se réfèrent tous les membres d'une même discipline. L'approche d'un objet est donc régie par une matrice disciplinaire qui en définit (implicitement) la pertinence et les limites. Le travail de l'épistémologue face à une discipline consiste précisément à rendre explicites et conscientes l'ensemble des déterminations qui pèsent sur le travail des chercheurs et, notamment, les questions informulées que privilégie chaque discipline et auxquelles chacune s'attache à répondre.

Exemple de disciplines scientifiques