Conceptions - Typologie
Conceptions selon leur terminologie
Conceptions canoniques
Les conceptions canoniques font référence aux connaissances, croyances ou modèles largement acceptés et reconnus comme autorité dans un domaine spécifique. Elles sont souvent considérées comme la norme ou le standard à suivre et sont généralement enseignées dans les programmes académiques. Les conceptions canoniques peuvent être établies par des experts, des institutions ou des textes académiques de référence. Elles représentent la compréhension dominante et consensuelle d'un sujet donné à un moment donné.
Exemple : Dans le domaine de la physique, la loi de la gravitation universelle d'Isaac Newton est une conception canonique largement acceptée qui décrit l'attraction entre les objets massifs. Elle est enseignée dans de nombreux programmes éducatifs et reste une base importante pour comprendre le mouvement des corps célestes.
Conceptions non canoniques
Les conceptions non canoniques se réfèrent à des idées, des croyances ou des modèles qui sont en opposition ou en contradiction avec les conceptions canoniques établies. Elles sont souvent considérées comme marginales ou non validées par la communauté scientifique ou académique dominante. Ces conceptions peuvent être le résultat de malentendus, de croyances populaires ou de théories alternatives qui ne sont pas largement acceptées.
Exemple : Dans le domaine de la médecine, certaines personnes peuvent croire en des remèdes traditionnels ou alternatifs qui ne sont pas soutenus par des preuves scientifiques solides. Par exemple, la croyance selon laquelle consommer de l'eau avec du miel et du citron peut guérir le rhume, bien que largement répandue, n'est pas soutenue par des études cliniques rigoureuses.
Conceptions situées
Les conceptions situées se réfèrent aux connaissances ou aux idées qui sont contextuellement ancrées dans des situations spécifiques, des cultures, des environnements ou des expériences individuelles. Elles reconnaissent que la compréhension d'un sujet peut varier en fonction du contexte dans lequel elle est développée, et que différentes perspectives peuvent exister en fonction de ces contextes.
Exemple : La manière dont différentes cultures perçoivent le concept de famille peut varier considérablement. Dans certaines cultures, la famille étendue est valorisée, tandis que dans d'autres, la famille nucléaire est plus courante. Ces conceptions de la famille sont situées et influencées par les normes culturelles et les expériences vécues.
Conceptions alternatives
Les conceptions alternatives font référence à des idées, des théories ou des modèles qui offrent une autre perspective ou une approche différente par rapport aux conceptions canoniques établies. Elles remettent en question les normes ou les paradigmes dominants et proposent souvent des solutions novatrices ou des interprétations alternatives.
Exemple : Dans le domaine de l'énergie, les énergies renouvelables comme l'énergie solaire et éolienne sont des conceptions alternatives aux combustibles fossiles traditionnels. Elles offrent une approche différente de la production d'énergie qui est plus respectueuse de l'environnement et durable à long terme.
Conceptions spontanées
Les conceptions spontanées font référence aux idées, aux croyances ou aux interprétations intuitives et naturelles qui émergent chez les individus sans nécessiter une instruction formelle ou une réflexion approfondie. Elles sont souvent basées sur les expériences personnelles, les observations directes et les interactions avec l'environnement. Ces conceptions peuvent être naïves ou simplistes, mais elles jouent un rôle crucial dans la construction initiale de la compréhension du monde. Par exemple, un enfant qui croit que la lune le suit lorsqu'il se déplace en voiture démontre une conception spontanée de la relation entre la lune et ses déplacements, basée sur son expérience sensorielle immédiate.
Conceptions obstacles
Les conceptions obstacles, également connues sous le nom de conceptions erronées ou conceptions préconçues, font référence aux idées ou aux croyances incorrectes qui entravent l'apprentissage ou la compréhension correcte d'un sujet donné. Ces conceptions peuvent résulter de malentendus, de généralisations hâtives, de stéréotypes ou d'une interprétation incorrecte des informations. Par exemple, la croyance persistante que la Terre est plate, malgré les preuves scientifiques du contraire, est un exemple de conception obstacle.
Conceptions préliminaires
Les conceptions préliminaires désignent les idées ou les représentations initiales qu'un individu se fait d'un sujet donné avant d'acquérir des connaissances formelles ou d'approfondir sa compréhension. Ces conceptions sont souvent intuitives et basées sur les expériences personnelles et les observations directes. Elles servent de point de départ à l'apprentissage et peuvent évoluer au fil du temps à mesure que de nouvelles informations sont intégrées. Par exemple, un enfant peut avoir une conception préliminaire de la gravité comme étant simplement la force qui fait tomber les objets au sol, avant d'apprendre sa véritable nature selon les lois de la physique.
Conceptions péjoratives
Les conceptions péjoratives sont des idées ou des représentations qui portent un jugement négatif ou défavorable sur un sujet, un groupe de personnes ou un phénomène donné. Ces conceptions sont souvent basées sur des stéréotypes, des préjugés ou des valeurs sociales préconçues. Elles peuvent contribuer à la discrimination, à l'exclusion sociale ou à la marginalisation de certains individus ou groupes. Par exemple, la croyance selon laquelle les personnes âgées sont inutiles ou incapables de contribuer à la société est une conception péjorative qui peut conduire à des comportements discriminatoires.
Conceptions valorisantes
Les conceptions valorisantes font référence aux idées ou aux représentations qui portent un jugement positif ou favorable sur un sujet, un groupe de personnes ou un phénomène donné. Elles sont souvent basées sur des valeurs sociales positives telles que l'inclusion, le respect et l'acceptation de la diversité. Ces conceptions peuvent contribuer à promouvoir l'égalité, la solidarité et la coopération au sein de la société.
Par exemple, la reconnaissance et la valorisation des contributions des femmes dans les domaines de la science et de la technologie sont des conceptions valorisantes qui encouragent l'égalité des genres.
Conceptions évolutives
Les conceptions évolutives désignent les idées ou les représentations qui évoluent ou se transforment au fil du temps en réponse à de nouvelles expériences, informations ou réflexions. Elles sont caractérisées par leur capacité à s'adapter et à se modifier en fonction des changements dans l'environnement ou dans les connaissances. Ces conceptions reflètent un processus continu de construction et de reconstruction du savoir.
Par exemple, la compréhension de la santé et de la nutrition peut évoluer au fur et à mesure qu'une personne acquiert de nouvelles connaissances sur les régimes alimentaires et les modes de vie sains.
Conceptions transversales
Les conceptions transversales font référence aux idées ou aux principes qui peuvent être appliqués à plusieurs domaines ou disciplines différents. Elles transcendent les frontières disciplinaires et permettent de faire des liens entre des concepts apparemment distincts. Ces conceptions favorisent une vision intégrée et interconnectée du savoir, encourageant ainsi une compréhension plus holistique du monde.
Par exemple, le concept de durabilité peut être considéré comme une conception transversale, car il peut s'appliquer à des domaines aussi divers que l'environnement, l'économie, la société et la politique.
Conceptions formalisées
Les conceptions formalisées sont des idées ou des représentations qui ont été systématisées, structurées ou exprimées de manière formelle à l'aide de langages, de symboles ou de modèles spécifiques. Elles sont généralement élaborées à partir de principes logiques ou mathématiques et peuvent être utilisées pour décrire ou expliquer des phénomènes complexes de manière précise et cohérente.
Par exemple, dans les sciences exactes telles que les mathématiques ou la physique, les lois et les théories sont souvent formalisées à l'aide de symboles mathématiques ou de modèles logiques.
Conceptions informelles
Les conceptions informelles sont des idées ou des représentations qui ne sont pas structurées ou systématisées de manière formelle. Elles peuvent être basées sur des expériences personnelles, des observations intuitives ou des connaissances tacites. Ces conceptions sont souvent implicites et difficiles à articuler de manière explicite.
Par exemple, les croyances culturelles ou les intuitions quotidiennes sur le fonctionnement du monde peuvent être considérées comme des conceptions informelles.
Conceptions épistémologiques
Les conceptions épistémologiques se réfèrent aux idées ou aux croyances sur la nature et les processus de la connaissance. Elles portent sur des questions telles que ce qui peut être connu, comment nous pouvons le connaître et quels sont les critères de validité de la connaissance. Ces conceptions influencent la manière dont les individus perçoivent et évaluent les connaissances dans différents domaines.
Par exemple, une personne peut avoir une conception épistémologique empirique, basée sur l'idée que la connaissance provient principalement de l'expérience sensorielle et de l'observation directe.
Conceptions axiologiques
Les conceptions axiologiques se rapportent aux valeurs, aux jugements ou aux critères qui guident l'évaluation et la hiérarchisation des connaissances. Elles concernent les questions de ce qui est considéré comme important, souhaitable ou éthique dans un domaine donné. Ces conceptions peuvent influencer les choix éducatifs, les décisions politiques ou les orientations professionnelles.
Par exemple, une conception axiologique démocratique pourrait privilégier la diversité des perspectives et la participation citoyenne dans la construction des savoirs.
Conceptions méthodologiques
Les conceptions méthodologiques se réfèrent aux idées ou aux croyances sur les méthodes ou les approches utilisées pour acquérir, organiser ou produire des connaissances. Elles concernent les questions de comment nous devrions étudier ou investiguer un phénomène donné, ainsi que les critères de validité et de fiabilité des méthodes de recherche. Ces conceptions peuvent varier en fonction des disciplines et des paradigmes de recherche.
Par exemple, une conception méthodologique qualitative pourrait privilégier des approches d'investigation basées sur l'observation participante et l'interprétation des données.
Conceptions holistiques
Les conceptions holistiques sont des idées ou des perspectives qui considèrent les phénomènes comme étant interconnectés et interdépendants, et qui mettent l'accent sur la compréhension globale ou systémique des choses. Elles s'opposent souvent aux approches réductionnistes qui décomposent les phénomènes en éléments distincts pour les analyser. Les conceptions holistiques sont couramment utilisées dans des domaines tels que la santé, l'écologie ou la sociologie pour comprendre les systèmes complexes.
Par exemple, une approche holistique de la santé pourrait prendre en compte les aspects physiques, psychologiques, sociaux et environnementaux du bien-être d'une personne.
Conceptions analytiques
Les conceptions analytiques se concentrent sur la décomposition des phénomènes en éléments distincts afin de les comprendre et de les expliquer. Elles privilégient une approche séparatiste qui cherche à isoler et à étudier chaque composant individuellement. Les conceptions analytiques sont souvent utilisées dans les sciences exactes et les sciences sociales pour décomposer les problèmes complexes en parties plus gérables.
Par exemple, l'analyse des données statistiques peut être utilisée pour identifier les relations entre les variables d'intérêt dans une étude de recherche.
Conceptions critiques ou réflexives
Les conceptions critiques ou réflexives impliquent une évaluation critique des idées, des croyances ou des pratiques existantes. Elles encouragent l'examen des présupposés sous-jacents, des biais potentiels et des implications éthiques ou sociales des connaissances établies. Les conceptions critiques ou réflexives sont essentielles pour promouvoir une pensée critique et une prise de conscience critique des enjeux contemporains.
Par exemple, une approche réflexive dans l'éducation pourrait encourager les enseignants à remettre en question leurs propres valeurs et pratiques pédagogiques dans le but d'améliorer leur enseignement.
Exemples de distinguerons selon trois catégories de conceptions
- - Les conceptions, non pas du savoir, mais liées au savoir factuel ou conceptuel, c'est-à-dire que l'on risque de rencontrer sur le chemin de l'assimilation de ce savoir;
- - Les conceptions liées à l'activité scientifique (savants, institutions,...) et à la production du savoir (méthode, techniques...);
- - Les conceptions liées au rapport au savoir, son appropriation individuelle, sa diffusion sociale et la volonté de le diffuser, son utilisation sociale, ses liens avec les pouvoirs.
Les conceptions liées au savoir factuel et conceptuel
Quelques exemples
- - anthropomorphisme, zoomorphisme : projection des modes de vie humains sur les animaux, du fonctionnement animal sur les végétaux...;
- - biomorphisme : survalorisation de tout ce qui est vivant, ou constitutif chimiquement ou physiquement de la vie. (La vie est bonne, elle ne peut s'autodétruire, elle. renaît incessamment, la chaleur animale est différente de la chaleur physique, la chimie organique est particulière...);
- - anthropocentrisme : la terre est au centre de l'univers, conception centralisée et hiérarchisée du fonctionnement de l'organisme (centres nerveux, centres supérieurs, animaux inférieurs...);
- - le modèle des machines, ou des usines, ou de l'organisation sociale (république, division du travail, organisation...) pour penser le fonctionnement de l'organisme ou des sociétés animales;
- - nominalisme : réification des mots, effet ontologique du vocabulaire, confusion entre nommer, décrire, expliquer;
- - obstacle verbal: un mot véhicule une conception qui contredit son concept; ou une métaphore ambivalente;
- - la culpabilité empêche d'admettre une causalité;
- - le refus d'enregistrer l'échec empêche d'observer;
- - la pensée magique prête à un «esprit» l'effet obtenu ;
- - le mythe d'un âge d'or (initial ou final), d'une harmonie préétablie empêche de penser les écarts, les variations;
- - le modèle didactique d'enseignement guide l'explication : répétition, habitude, mémoire, apprentissage...;
- - le mythe du retour à l'état initial, le désir de régression fait penser un temps réversible;
- - des images «primitives», des archétypes guident l'imagination : le cercle, les cycles, l'opposition du continu et du discontinu, les écoulements;
- - les fantasmes d'unité, d'unification fusionnelle, consensuelle privilégient l'unité et la continuité;
- - pandéterminisme : tout agit sur tout ;
- - les possibilités infinies de métamorphoses;
- - la vie obéit à la logique;
- - l'utilitarisme: l'utilité (et le caractère nuisible) pour l'homme guide l'explication:
- - l'usage zootechnique et phytotechnique servent de modèle;
- - l'intérêt juridique (lois de l'héritage) sert de modèle;
- - etc.
Conceptions liées à la production du savoir et à l'activité scientifique
Quelques exemples
- - conception d'une méthode scientifique (expérimentale) universelle, permanente, extérieure et antérieure au travail réel des savants ; (tous ces adjectifs sont loins d'avoir le même sens : que la méthode soit une et universelle me semble encore être la condition de recherche de la vérité, mais qu'elle soit permanente, hors du temps, est très certainement faux).
- - valeur éternelle et universelle des faits bien observés ;
- - le savoir augmente par accumulation de faits juxtaposés, même si l'organisatinn de leur présentation didactique change ;
- - l'injection matérialiste : expliquer la vie sans la vie, induit le réductionnisme ;
- - l'interdit au finalisme empêche de penser la finalité ;
- - - les grandes catégories de la pensée : le temps, l'espace, la cause, sont uniques et universelles;
unicité temporelle; unicité et universalité temporelle; unicité et universalité de l'espace; unicité causale; Causalité unique;
- - il existe des critères objectifs énonçables a priori de la scientificité du savoir ;
- - on peut définir le vocabulaire scientifique de manière univoque et sans ambivalence; c'est une condition du progrès; une langue bien faite est possible :
- etc.
Conceptions liées au rapport au savoir
Quelques exemples
- - le savoir s'accumule comme un trésor, il sert à imposer son autorité, il peut être utilisé comme projectile ;
- - le savoir est intimement lié au pouvoir :
- - - il existe une demande ontologique d'explication portant sur le comment et sur le pourquoi ;
- - le savoir peut s'ingurgiter/régurgiter (vomir) dans une attitude régressive ;
- - la demande de savoir naît de l'échec et de l'angoisse ;
- - l'image symbolique de l'ingénieur privilégie le savoir-faire, le savoir «pour» ;
- - le savoir rassure, réconforte; ou bien incise, inquiète, insécurise;
- - etc.