Les valeurs

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Généralités

Les valeurs sont un concept central dans la vie publique. Pour de nombreux auteurs (Tocqueville, Weber, Durkeim), les valeurs sont fondamentales pour expliquer l’organisation et le changement, au niveau de la société comme à celui des individus. Elles ont joué un rôle important non seulement en sociologie, mais aussi en psychologie, en anthropologie et dans l’ensemble des disciplines connexes.

On les utilise pour caractériser les individus ou les sociétés, pour suivre le changement au cours du temps, et pour expliquer les motivations de base qui sous-tendent attitudes et comportements. Les valeurs sont à l’origine des lois, des règles, des conventions et des coutumes qui régissent les groupes et les relations entre les individus qui les composent (Brée, 1994).

Beaucoup de conceptions différentes de cet objet de recherche ont alors émergé, mais l’utilisation des valeurs en sciences sociales a souffert de l’absence de consensus concernant la conception des valeurs de base, leur contenu et la structure des relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres.

Définition

Voir Fiche Didactique


Comment étudier les valeurs

Il existe deux grandes approches pour étudier les valeurs :

La conception des valeurs en « Science politique »

Fichier:Ronald-Ingelhart.jpg, L’auteur majeur est Ronald Ingelhart. Son approche est non typologique et comprend deux axes d’analyse :

  • Valeurs traditionnelles vs. séculaires et rationnelles
  • Valeurs de survie vs. d’expression de soi

Il a étudié les différences de valeurs selon les pays et leurs évolutions. Pour illustrer les résultats de son travail, il propose de situer les pays étudiés selon deux axes, avec en ordonnée un positionnement allant des valeurs traditionnelles (liées à l' autorité, à la famille à la religion...) à des valeurs rationnelles modernes (démocratie, innovation,...) et en abscisse un positionnement allant de valeurs de survie (sécurité, appartenance...) à des valeurs d'expression (bien être, qualité de vie, créativité...). Pour interpréter le résultat obtenu, Inglehart s'appuie à la fois sur la géographie, la religion, l'idéologie et la langue comme le montre le graphique-carte ci-dessous.

Fichier:Valeur-monde-carte.jpg


Cette carte culturelle du monde de Ronald Inglehart et Christian Welzel illustre l’étonnante correspondance des valeurs dans les différentes cultures et permet de distinguer, avec quelques chevauchements, les zones culturelles suivantes : anciens pays communistes, pays confucianistes, pays anglophones, Europe catholique et Europe protestante, Amérique latine, Afrique et Asie du Sud. Si le nombre de valeurs est quasiment illimité, Inglehart a constaté au cours de ses trente années de recherches que 70% des valeurs pouvaient être classées selon deux axes et intégrées dans un système. L’axe horizontal indique le passage des valeurs de survie aux valeurs d’épanouissement personnel, l’axe vertical celui des valeurs traditionnelles aux valeurs séculières et rationnelles. Toutefois, contrairement à ce que l’on pensait dans les années 1970, la tendance mondiale n’est pas à la sécularisation, et ce en raison du taux de natalité nettement plus élevé chez les femmes croyantes. Au contraire, le nombre de personnes purement laïques tend à diminuer.

Il oppose ainsi les sociétés traditionnelles (matérialistes) aux sociétés développées (post-matérialistes) Inglehart considère que des valeurs post-matérialistes de « self-expression », de créativité conduisent à donner la priorité à la protection de l'environnement, à bien tolérer la diversité culturelle, à demander une participation aux décisions politiques, économiques, éthiques, à s'impliquer dans l'éducation des enfants, à aborder les débats de façon tolérante, à cultiver la confiance interpersonnelle... Le développement humain fait donc passer de la contrainte (en bas à gauche) au choix (en haut à droite).

Fichier:World-value.jpg

Inglehart souhaite s'inscrire dans le débat posthume entre Marx et Weber sur les importances respectives des sphères économique et culturelle dans la modernisation des sociétés. Pour Inglehart, Marx avait raison, car c'est l'économique qui prime sur le culturel. Inglehart défend en effet l'idée selon laquelle « le développement économique a des conséquences politiques et culturelles systématiques et dans une certaine mesure prévisibles ».

Pour Ronald Inglehart, le changement des valeurs est déterminé par deux facteurs, le premier étant la sécurité physique et économique. Celui qui n'est pas menacé et mange à sa faim peut jouir d'une plus grande liberté d'action et s'épanouir davantage. Des valeurs comme la tolérance, la démocratie ou la protection de l'environnement remplacent alors les valeurs de survie. Le second facteur à avoir une incidence sur l'échelle de valeurs est le type d'activité. Un agriculteur, par exemple, est à la merci de la nature : selon les conditions météorologiques, sa récolte sera bonne ou mauvaise. Il ne peut que s'en remettre à une puissance supérieure. D'où l'importance primordiale des valeurs religieuses dans une société agricole. Mais dès que la chaîne de montage remplace la charrue, la planification centrale prend la place de Dieu. L'industrialisation évince la religion, et les valeurs deviennent séculières. Les changements sont encore plus radicaux dans une société fondée sur le savoir, comme le constate Inglehart en Europe occidentale, aux Etats-Unis ou au Japon. L'extrême rapidité de l'évolution oblige les gens à s'adapter en permanence et à faire preuve d'innovation et de créativité. La réalisation de soi devient une condition sine qua non.

Cette approche tolérante et confiante est propice en politique à l'expression libre des diverses opinions, ce qui est crucial pour la qualité du débat et de la vie démocratique.