Un accident électrique (AE) peut entraîner des :
lésions organiques par trois mécanismes distincts : lésions directes dues au passage du courant électrique dans l’organisme ;lésions secondaires à la conversion d’énergie électrique en énergie thermique ;lésions mécaniques, secondaires aux contractions musculaires violentes ou aux chutes.
Lésions cutanées:
La peau est généralement la première barrière au passage du courant. Son degré de résistance varie en fonction de la localisation et de l’humidité.
L’atteinte apparente peut être mineure mais ne doit pas faire préjuger des dégâts sous-jacents.4
Les AE à basse tension engendrent des brûlures de contact, superficielles et bien délimitées aux points d’entrée et de sortie du courant. Ces lésions peuvent être absentes ou punctiformes et se situer en tout point de la surface cutanée. L’examen clinique doit donc être détaillé et attentif.
Les AE à haute tension produisent des lésions indolores, claires (jaune-gris), ressemblant à des cratères centrés par de la nécrose. Ces AE peuvent parfois relativement épargner la surface cutanée, et par là faussement rassurer le clinicien car elles génèrent souvent des dégâts considérables en profondeur, dans le tissu sous-cutané, le muscle et l’os.5,6
Lésions cardiaques Les conséquences cardiaques d’un AE sont responsables de la plupart des décès immédiats et peuvent être séparées en trois groupes :3,7
les arythmies : la fibrillation auriculaire, les extrasystoles ventriculaires, la tachycardie sinusale, mais aussi la tachycardie ventriculaire, la fibrillation ventriculaire et l’asystolie sont toutes décrites avec des incidences variables. Ces arythmies sont une conséquence primaire de l’AE et sont observées dès la prise en charge préhospitalière.
Les anomalies de conduction : la bradycardie sinusale et les blocs atrioventriculaires de haut degré sont les plus fréquents. D’autres troubles de la conduction (blocs de branche, QT long) et des modifications aspécifiques du segment ST sont aussi décrits.
Les lésions myocardiques directes (de nature thermique) et indirectes (trouble du rythme avec hypoperfusion myocardique secondaire). La possibilité d’une arythmie retardée peut survenir dans ce cadre.
Le diagnostic d’atteinte cardiaque repose principalement sur l’électrocardiogramme, les éventuels symptômes et/ou signes cliniques, et l’échocardiographie (anomalies fonctionnelles).
L’élévation des CK-MB n’est pas spécifique d’une atteinte myocardique et l’utilité du dosage de la troponine reste aujourd’hui incertaine.8-10
Lésions vasculaires La composition du plasma favorise le passage du courant. La dissipation d’énergie prédomine dans les flux lents (veineux). On peut observer :
des occlusions artérielles immédiates ou retardées, secondaires à l’agression de l’intima ;11
des anévrismes subaigus ou tardifs, secondaires à l’agression de la media ;4
des thromboses veineuses.
Lésions respiratoires Un arrêt respiratoire peut survenir dans le contexte d’une contraction tétanique de la musculature respiratoire, d’une inhibition du drive respiratoire central, ainsi que d’un arrêt cardiaque.3,4
Lésions neurologiques Les symptômes neurologiques sont très fréquents dans un AE : paresthésies, paralysie transitoire, perte de connaissance, état confusionnel, amnésie. Hormis les atteintes cérébrales d’origine systémique, les répercussions neurologiques directes de l’AE sont :
l’atteinte centrale du drive respiratoire ;
une polyneuropathie périphérique aiguë et/ou chronique ;
une atteinte médullaire retardée, de type «motoneurone inférieur», essentiellement rencontrée dans les AE à haute tension, de pronostic variable.12
Lésions musculosquelettiques On observe deux types d’atteintes musculosquelettiques :
des lésions directes (AE à haute tension) :
muscle : nécrose de coagulation engendrant rhabdomyolyse et syndrome de loge ;
os : brûlures du périoste et ostéonécrose.
Des fractures (environ 3%) et luxations secondaires aux chutes et contractions musculaires tétaniques.13
Lésions rénales Une ischémie (atteinte vasculaire) ainsi qu’une rhabdomyolyse (atteinte musculaire) peuvent engendrer une insuffisance rénale.
|