Addiction

De Didaquest
Aller à la navigationAller à la recherche

Définition

Toxicomanie - Addictions : L'addiction est un terme qui remplace la toxicomanie

Le terme d’addiction, qui s’est progressivement substitué à celui de toxicomanies, est d’étymologie latine, ad-dicere « dire à », et exprime une appartenance en terme d’esclavage.
Etre addicté était ainsi, au Moyen-âge, une ordonnance d’un tribunal obligeant le débiteur, qui ne pouvait rembourser sa dette autrement, à payer son créancier par son travail.
Par la suite, dans la langue anglaise dès le XIVème siècle, le terme addiction a pu désigner la relation contractuelle de soumission d’un apprenti à son maître, puis se rapprocher peu à peu du sens moderne, en désignant des passions nourries et moralement répréhensibles. Toujours en langue anglaise, le mot addiction est totalement intégré dans le langage populaire pour désigner toutes les passions dévorantes et les dépendances.
C'est donc dans son étymologie que se définit le mieux l'addiction : elle comporte la notion de contrainte du corps.

De nos jours, ce terme est employé pour décrire un état du corps en situation de besoin par rapport à un produit addictif. On parle d'addiction quand la personne apparaît particulièrement vulnérable et qu'elle se comporte de façon compulsive en vue d'atteindre du plaisir.

Le terme d’addiction présente l’avantage de proposer un déplacement du toxique, c'est-à-dire du produit consommé, vers le comportement lui-même, qu’il s’agisse d’un comportement de consommation de substance psychoactive (produit agissant sur le psychisme, en modifiant l’activité mentale, les sensations ou le comportement) ou d’une addiction comportementale.

  • Les addictions à une substance psychoactive concernent les substances licites (tabac, alcool, médicaments psychotropes) ainsi que les substances illicites (cannabis, opiacés, cocaïne, amphétamines, etc).
  • Les addictions comportementales désignent quant à elles certains troubles du comportement alimentaire, le jeu pathologique, les achats compulsifs, l’utilisation problématique d’Internet ou des jeux vidéo, le surentraînement sportif, les addictions sexuelles ou au travail, etc
Enfin, on parle d'addiction quand une personne est sujette à la rechute, à cause de la "marque" des produits addictifs dans certains neurones du cerveau.
- Etre "addict" à un produit signifie donc que l'on est esclave de ce produit.

Aujourd'hui, le phénomène de l'addiction est considéré comme un état pathologique, c'est à dire maladif : il se réalise dans les neurones, dans le cerveau. En effet, si le système de récompense, circuit du cerveau stimulé dans le phénomène addictif, est perturbé ou fait état d'un dysfonctionnement, la personne addicte perd le contrôle d'elle-même et ne peut se passer de consommer son produit addictif.

l’addiction est la consommation excessive d’une substance, en dépit des conséquences néfastes. Toutefois, seule «une personne sur cinq est vulnérable à l’addiction». Les autres peuvent prendre ces produits sans pour autant devenir accros.

Présentation générale

L’addiction se caractérise par :

  • l’impossibilité répétée de contrôler un comportement visant à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise interne
  • la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives
On parle d’addiction :
  • lorsque le besoin l’emporte sur le désir
  • lorsque la sensation remplace l’émotion et la relation
  • lorsqu’un produit ou un comportement envahit le champ des plaisirs possibles et devient prioritaire et impérieux pour obtenir du plaisir ou apaiser une tension
  • lorsque la passion l’emporte sur la raison

Comment s’installe l’addiction ?

les substances induisent un changement majeur des synapses excitatrices et inhibitrices, ce qui modifie ensuite l’activité de certaines populations de neurones. C’est cela qui crée le comportement pathologique. Dans un premier temps, le processus a lieu dans les parties profondes du cerveau et ce n’est que par la suite que le cortex –l’écorce cérébrale– intervient aussi.
Les cellules nerveuses se connectent entre elles au niveau des synapses. Dans ces zones de jonction, elles se transmettent l’information par l’intermédiaire de messagers chimiques, les neurotransmetteurs. Parmi ceux-ci figure le glutamate, «le plus excitateur chez les mammifères».

Comment l'addiction modifie le cerveau ?

En travaillant sur des souris, un neuroscientifique californien avait observé qu’une seule injection de cocaïne changeait la transmission du glutamate dans l’aire tegmentale ventrale – une région du cerveau impliquée dans le circuit de la récompense – et induisait des transformations qui provoquaient une addiction pendant une semaine.

Renouvelant l’expérience, une équipe genevoise a constaté, «qu’en quelques heures, le nombre des synapses glutaminergiques augmentait leur efficacité dans cette aire». Et cela, en réponse à la libération excessive, provoquée par la cocaïne, d’un autre neurotransmetteur, la dopamine, qui intervient aussi dans le processus d’apprentissage lié à l’obtention d’une récompense. «En modifiant la malléabilité de certaines synapses, la cocaïne stimule de façon anormale ce processus d’apprentissage que la personne ne contrôle plus. Cela la pousse à consommer la substance». Au fil de ses recherches, le scientifique a précisé les rouages moléculaires des mécanismes de l’addiction, non seulement à la cocaïne, mais aussi aux autres drogues.

Comment savoir s'il y a addiction ?

Selon les experts du DSM (Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders, dont la 5e édition date de 2013), une personne souffre d'une addiction s'il présente ou a présenté au cours de l'année passée au moins deux des 11 critères suivants :

  • Un besoin impérieux et irrépressible de consommer ou de jouer ;
  • Une perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la consommation ;
  • Le temps (important) consacré à la recherche de la substance ;
  • L'augmentation de la tolérance au produit ;
  • La présence d'un syndrome de sevrage ;
  • Le fait d'être incapable de remplir certaines obligations importantes ;
  • Un usage même lorsqu'il y a un risque physique avéré ;
  • Des problèmes personnels ou sociaux ;
  • Un désir persistant de réduire les doses ou l'activité ;
  • Des activités annexes réduites au profit de l'addiction ;
  • Le fait de poursuivre la consommation même lorsqu'on a pris conscience des dégâts physiques ou psychologiques.


Si le DSM ne reconnaît comme addition « authentique » que les dépendances aux substances ou au jeu d'argent, (les autres addictions, sexe, jeux-vidéos, smartphone... ne disposant pas de données scientifiques suffisantes).
Il existe plusieurs stades à l'addiction.
  • Addiction faible : Si le sujet remplit 2 à 3 des critères précédents;
  • Addiction faible : Si le sujet remplit 4 à 5 critères;
  • Addiction sévère : Si le sujet remplit au-delà de 6 critères.


Blue-circle-target.png Exemple de test:

Addiction et Dépendance

Dans un objectif de simplification du vocabulaire il n'y à pas de distinctions significatives entre ces deux termes: L'addiction est simplement la traduction de l'expression en anglais de l'addiction. Néanmoins, la différenciation de ces deux termes permet de mieux comprendre les dimensions psychiques et physiques qui leur sont liés:

  • On parle de dépendance lorsqu’on souffre du syndrome de sevrage à l’arrêt brusque de la consommation. la dépendance vient marquer la perte de la liberté de s’abstenir de consommer.
Longtemps, le concept de dépendance a été assimilé à celui de dépendance physique, en référence à la pharmacodépendance (ensemble de mécanismes physiologiques de neuro-adaptation). Aujourd'hui l’idée que l’on puisse disjoindre dépendance physique et psychique est totalement artificielle et a sans doute conduit à des représentations inexactes de la dépendance. La pierre angulaire de la dépendance est bien la perte de contrôle d’un comportement et la notion de compulsion et de craving.

Les définitions médicales

On distingue classiquement deux types de dépendance :

« L’impossibilité de s’abstenir de consommer » Pierre Fouquet

La dépendance, qui se confond avec l’addiction, se traduit essentiellement par la dépendance psychique, plus cruciale que la dépendance physique : elle pousse à consommer à nouveau et mène à la rechute.

Il est commun de distinguer :


Blue-circle-target.png la dépendance psychique définie par le besoin de maintenir ou de retrouver les sensations de plaisir, de bien-être, la satisfaction, la stimulation que la substance apporte au consommateur, mais aussi d’éviter la sensation de malaise psychique qui survient lorsque le sujet n’a plus son produit (le sevrage « psychique »). Cette dépendance psychique a pour traduction principale le craving ou recherche compulsive de la substance, contre la raison et la volonté, expression d’un besoin majeur et incontrôlable que l’on pourrait traduire familièrement par « j’en crève d’envie ».


Blue-circle-target.png la dépendance physique définie par un besoin irrépressible, obligeant le sujet à la consommation de la substance pour éviter le syndrome de manque lié à la privation du produit. Elle se caractérise par l’existence d’un syndrome de sevrage (apparition de symptômes physiques en cas de manque) et l’apparition d’une tolérance(consommation quotidienne nettement augmentée).

Les classifications internationales actuelles insistent sur l’approche dimensionnelle de l’addiction (DSM5) : le sujet présente une addiction plus ou moins grave, selon le nombre de symptômes présentés dans une liste de 11 items regroupant l’abus et la dépendance.

Pyramide addiction

Les schémas ci-dessus illustrent le passage d’une classification en catégories d’usage (abus/usage nocif et dépendance) à une classification par gravité progressive (de modérée à sévère)

Un test a été mis en place, à partie de ces critères, pour évaluer la gravité de l’addiction.

Cette nouvelle approche, dimensionnelle, permet de justifier l’utilité d’interventions et de programmes de soins gradués, allant de la simple intervention brève à la prise en charge globale médicopsychosociale. Elle justifie également les stratégies thérapeutiques allant de la simple réduction de consommation à l’abstinence.

Quelles conséquences à ces addictions ?

Malheureusement, aucune addiction n'est sans conséquence, et celles-ci sont parfois tragique. L'issue peut parfois être directement liée à un usage excessif, comme lors d'une overdose ou d'un coma éthylique, ou liée aux effets secondaires sur le long terme, comme les nombreux cancers attribués au tabagisme ou à l'alcoolisme, les troubles psychiatriques et neurologiques attribués à la drogue, sans oublier les risques de contamination par le VIH, la perte de tous liens sociaux et professionnels...

Facteurs de risques

Nous ne sommes pas égaux face aux addictions. le risque d’en développer une est lié à une combinaison de facteurs sociaux et individuels, associés aux risques propres du produit. L’addiction est donc toujours une interaction entre les facteurs liés aux produits, à l’individu et à l’environnement.

Voir notre schéma interactif sur les facteurs de risques des addictions.

  • Interactions = Produit (P) x Individu (I) x Environnement (E)

Facteurs de risque liés au produit

Facteurs-produits-addiction.jpg

Classement des différentes substances, selon leur potentiel toxique, leur potentiel de modification psychique et leur potentiel addictif :

  • Le potentiel toxique, c’est-à-dire la capacité à provoquer des atteintes physiologiques
  • Le potentiel de modification psychique, c’est-à-dire la faculté de perturber les perceptions, les cognitions, l’humeur, la motivation, etc. ;
  • Le potentiel addictif, c’est-à-dire la capacité à créer une dépendance qui dépend de l’impact de la substance sur le système intracérébral de récompense.
cube addict

Cette représentation dans un cube en trois axes permet d’y placer chaque substance en fonction de ses niveaux de dangerosité propre. Par exemple : le tabac et l’héroïne sont à des niveau x très élevés sur l’axe du potentiel addictif ; mais l’héroïne est très haut sur l’échelle de l’action psycho modificatrice et très bas sur le potentiel de toxicité somatique ; alors que le tabac est en position inverse, car peu psycho modificateur, mais fortement somatotoxique.

De ces trois axes de dangerosité pharmacologique découlent trois types de complications :

  • Les complications somatiques ;
  • Les complications psychopathologiques ;
  • La dépendance.

Facteurs-individuels

Facteurs-individuels-addiction.jpg

La génétique

Les gènes expliqueraient 40 à 80 % de la variance inter-individuelle des addictions aux différentes substances. La part génétique est plus importante dans les formes d’addictions plus intenses, à dépendance plus marquée ou plus persistantes.

L’âge de début

Plus une consommation de substances psychoactives démarre tôt dans la vie, plus le risque d’apparition d’abus et/ou d’installation d’une dépendance est élevé. Cette règle est applicable à toutes les substances (tabac, alcool, médicaments psychotropes, substances illicites), surtout, bien entendu, si l’usage se répète.

Traits de caractère

La clinique et l’épidémiologie ont permis de mettre en évidence des caractéristiques de personnalité qui prédisposent aux addictions comportementales ou aux produits. On peut les regrouper en deux grands groupes :

Les traits qui traduisent une particulière sensibilité aux effets « plaisirs », renforçant des produits ou des comportements : la recherche de sensations, le faible évitement du danger, la recherche de nouveauté. Les traits qui traduisent une particulière sensibilité aux effets « apaisants » des produits ou des comportements permettant d’éviter ou de limiter la souffrance : la faible estime de soi, les réactions émotionnelles excessives, les difficultés dans la gestion des relations.

Des troubles de l’attachement

On retrouve chez les sujets addicts des troubles de l’attachement : les 2/3 d’entre eux ont un attachement insécure (anxieux-évitant, anxieux-ambivalent ou désorganisé).

Troubles psychiatriques

  • L’association de troubles psychopathologiques aux conduites addictives est soulignée par de nombreuses études. Néanmoins, les liens qui les unissent restent complexes (facteurs favorisants, conséquences, simples co-occurrences).

Retentissement des événements de vie sur le fonctionnement psychique

Les événements de vie font le lien entre des facteurs liés à l’environnement et une vulnérabilité du fonctionnement psychique. Il convient de rappeler que les événements traumatisants familiaux, psychiques, sexuels, physiques, notamment répétés, participent à l’organisation des personnalités limites et que les perturbations des relations précoces induisent les différents types d’attachement insécures.

Comment sortir d'une addiction ?

Pour se libérer d'une addiction, il faut tout d'abord en avoir conscience et être prêt à s'en sortir. De nombreuses structures et associations existent pour accompagner les personnes victimes d'addiction. Parmi elles, on retrouve des services d'info (Drogues, Tabac, Alcool, Joueurs,..), des sites mis en place par les gouvernements qui accompagnent et dirigent vers des associations d'aide. Il existe aussi des annuaires d'associations utiles.