Différences entre versions de « Finalisme-Déterminisme-Mécanisme »

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*Le déterminisme est une notion philosophique selon laquelle la succession de chaque événement est déterminée en vertu du principe de causalité, du passé et des lois de la physique.
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*Le déterminisme est la théorie selon laquelle la succession des événements et des phénomènes est due au principe de causalité, ce lien pouvant parfois être décrit par une loi physico-mathématique qui fonde alors le caractère prédictif de ces derniers.
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*Le déterminisme est une thèse qui soutient que le passé conjugué avec les lois de la nature détermine un futur unique. Cela signifie que parmi tous les futurs possibles et imaginables un seul sera possible lorsqu'il sera actualisé, c'est à dire actuel. La position déterministe n'exclut pas la possibilité d’autres possibilités ou cours du monde, au contraire du nécessitarisme qui exclut toute alternative possible. À partir de cette thèse, une autre acceptation définissant le déterminisme soutient que nos choix, nos décisions, aussi chaque événement ou phénomène sont l'effet certain ou probable de causes nécessaires. Généralement, lorsqu'on affirme qu'un événement a une cause, cela est parfaitement déductible, sauf si nous croyons que les événements se produisent par pur hasard. Toutefois, le plus souvent, nous pouvons ignorer la nature de la cause, car seul l'effet est perceptible ou appréhendé. La question générale du principe de causalité est le rapport entre les choses, des relations décrites au conditionnel : « si l'allumette n'avait pas été grattée, alors elle ne se serait pas enflammée ». Nous parlons aussi de connexions « nécessaires » liant les faits qui ne peuvent pas être autre chose de ce qu'ils sont, ainsi, la régularité des phénomènes est soumise au déterminisme causal.
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Le principe du déterminisme peut être défini comme la condition nécessaire d’un phénomène, sa problématique a ravivé le débat sur le libre arbitre. Le déterminisme n’implique pas que les effets puissent être prédits : déterminisme ne signifie pas prédictibilité effective, il y a des systèmes déterministes non prédictibles - (voir la théorie du chaos) - la "complexité" ou "la sensibilité aux conditions initiales" pouvant rendre impossible la prédiction. Bien que les considérations d'ordre scientifique méritent toute attention, nous prenons ici d'abord le « déterminisme » dans sa dimension philosophique plutôt que celle du « déterminisme scientifique[1] », qui implique la possibilité de la prédictibilité (voir Laplace).
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Pour autant que le monde physique soit déterministe ou non, sommes-nous soumis au déterminisme ? dans quelle mesure la notion du Libre arbitre est-elle affectée ? relier toutes ces questions et trouver des réponses exige, au minimum, les considérations d’une théorie de la connaissance, si ce n’est d’une ontologie. C’est justement là que les points de vue divergent.
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*On distingue schématiquement le déterminisme régional et le déterminisme universel. Est régional le déterminisme qui gouverne un nombre fini d'éléments (le système boulet/obus est déterministe en ce sens : une fois donnés la force propulsive de la poudre, l'angle du canon par rapport à l'horizontale, la masse du boulet et la résistance de l'air, on peut calculer avec une très grande précision la forme et la durée de la trajectoire ainsi que, par conséquent, le point d'impact). Le déterminisme universel, parfois qualifié de « déterminisme laplacien », est problématique : peut-on considérer l'univers dans sa totalité comme un système déterministe ? Le déterminisme régional semble a priori moins problématique (de nombreux systèmes obéissent apparemment à des lois qui les rendent nécessaires).[réf. souhaitée]
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*L'idée du déterminisme universel fut esquissée la première fois par le baron d'Holbach[1] :
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« Dans un tourbillon de poussière qu'élève un vent impétueux ; quelque confus qu'il paraisse à nos yeux, dans la plus affreuse tempête excitée par des vents opposés qui soulèvent les flots, il n'y a pas une seule molécule de poussière ou d'eau qui soit placée au hasard, qui n'ait sa cause suffisante pour occuper le lieu où elle se trouve, et qui n'agisse rigoureusement de la manière dont elle doit agir. Un géomètre qui connaîtrait exactement les différentes forces qui agissent dans ces deux cas, et les propriétés des molécules qui sont mues, démontrerait que, d'après les causes données, chaque molécule agit précisément comme elle doit agir, et ne peut agir autrement qu'elle ne fait. »(Paul Henri Thiry d'Holbach, Système de la nature).
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*D'Holbach se distingue des nécessitaristes tels que Spinoza ou Hobbes en affirmant la calculabilité de la nécessité. Mais c'est à l'astronome et mathématicien Pierre-Simon de Laplace, que revient d'avoir affirmé le déterminisme universel dans toute sa rigueur :
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« Nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. L'esprit humain offre, dans la perfection qu'il a su donner à l'astronomie, une faible esquisse de cette intelligence. Ses découvertes en mécanique et en géométrie, jointes à celles de la pesanteur universelle, l'ont mis à portée de comprendre dans les mêmes expressions analytiques les états passés et futurs du système du monde. En appliquant la même méthode à quelques autres objets de ses connaissances, il est parvenu à ramener à des lois générales les phénomènes observés, et à prévoir ceux que les circonstances données doivent faire éclore. »( Pierre-Simon de Laplace, Essai philosophique sur les probabilités)
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En vertu du déterminisme universel, l'intelligence qui connaîtrait avec une absolue précision la position et l'énergie de tout objet dans la position initiale pourrait calculer l'évolution de l'univers à tout moment du temps. Déterminisme est dans ce cas synonyme de prédictibilité. Cependant, il existe des systèmes déterministes formellement non prédictibles (voir Problème de l'arrêt).[réf. souhaitée]
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Le déterminisme social est le modèle sociologique qui établit la primauté de la société sur l'individu.
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== Un point de vue : idéalisme transcendantal et réalisme empirique ==
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Kant ne dit pas exactement que « la réalité est déterministe », mais il dit plutôt qu’on ne peut appréhender la réalité objectivement autrement que de façon déterministe. La loi de causalité est une condition a priori de toute connaissance : une représentation ou une connaissance n'est objective que si et seulement si elle se conforme à cette loi (par opposition à une représentation subjective, telle qu’une hallucination). La loi de causalité est nécessaire a priori pour construire l’objectivité de la connaissance. Le monde en tant que représentation, c'est-à-dire la réalité phénoménale, est déterministe, parce que nos représentations ne sont objectives que dans la mesure où elles obéissent nécessairement à cette règle a priori.
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Dans ce sens, on peut affirmer que dans le monde phénoménal (celui de notre expérience) « rien n’arrive sans cause ». Cela s’applique à tous les domaines de la connaissance : par exemple, la mécanique quantique relève elle aussi du déterminisme, malgré son prétendu « indéterminisme », et de même aussi les théories du chaos car toutes ces théories continuent à manifester des régularités (et peut-être aussi des irrégularités), elles ne s’écartent donc jamais du « si ceci est, alors cela est ».
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Notons que notre expérience directe ou immédiate (par opposition aux expérimentations des théories scientifiques "mathématisées") ne nous donne jamais à percevoir des "causes", mais uniquement des "effets" : la cause n'existe jamais que comme une hypothèse, qui est toujours à vérifier, et qui est forgée par notre esprit.
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Affirmer que la réalité (connaissable) serait "en soi" indéterministe ne semble pas avoir beaucoup de sens ; que les modèles de description de la réalité adoptés par les théories actuelles soient les meilleurs ou soient même les seuls possibles, cela est une toute autre question qui reste toujours ouverte ; qu’une indétermination apparaisse dans le cadre d'un modèle est davantage une propriété du modèle (qui est une création de notre esprit) que celui de la réalité (qui, elle, existe certes hors de notre esprit, mais que nous ne pouvons connaître qu'au moyen des productions de notre esprit).
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*Une question fondamentale se pose alors: quelle place peut-on concevoir pour la liberté humaine ? La liberté n’est pas prouvable, mais c’est pourtant une croyance rationnelle (elle résulte d’une hypothèse de la « raison pratique » et non de la seule raison théorique selon Kant), ou bien encore (ce qui revient à peu près au même) elle est rejetée dans la « chose en soi », c’est-à-dire dans l’être plutôt que dans sa manifestation phénoménale (Schopenhauer). La liberté n’est donc pas abolie par le déterminisme et elle n'est même pas logiquement contradictoire avec lui, mais, comme elle ne peut faire l’objet ni d’une démonstration ni d'une perception totalement probante, elle retrouve un aspect résolument "métaphysique". Notre comportement perceptible est, lui, explicable comme étant entièrement déterminé par des motifs, et le déterminisme est certes un principe explicatif valide (et même inévitable), mais notre « être » le plus intime pourrait bien, lui, être libre (c'est-à-dire affranchi de tout déterminisme).
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== Le point de vue ontologique ==
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C’est le plus souvent à l’ontologie (doctrine voulant répondre à la question: « qu’est-ce que l’être? ») plutôt qu’à "une théorie de la connaissance" à la façon kantienne qu'il est fait appel pour statuer sur le déterminisme ou la liberté de l'homme. On aboutit alors à des positions nettement plus tranchées mais cependant au prix d’hypothèses beaucoup plus fortement engagées sur la nature de la réalité, sur l’essence ou sur la substance. Le déterminisme, quand il est affirmé au sein d'une ontologie, est, le plus souvent, jugé compatible avec la liberté (« compatibilisme »), même si l’articulation entre les deux est assez rarement claire ou peut ressembler, parfois, à une simple pétition de principe.
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== Le point de vue anti-ontologique ==
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Ce point de vue volontairement non métaphysique vise à réconcilier les partisans du libre arbitre et les partisans du déterminisme. Il est développé par le philosophe Bernardo Kastrup[4], qui définit ainsi le libre arbitre :
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Le libre arbitre (free will) est la capacité d'un agent d'opérer un choix sans être empêché par un facteur externe à ce à quoi cet agent s'identifie personnellement.[5]
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Selon Kastrup, la plupart des gens s'identifient à leurs pensées et émotions conscientes (contrairement au point de vue matérialiste strict qui identifie la personne à son corps physique — mais personne en pratique ne s'identifie à des processus cérébraux). Il y a donc libre arbitre dès que tous les facteurs derrière un choix relèvent des pensées et émotions conscientes d'une personne ; que ces facteurs soient l'expression d'un processus complètement déterministe ne pose pas de problème : « mon choix est complètement libre s'il est entièrement déterminé par ce que je perçois être "moi". » Il est impossible qu'un choix soit non-déterminé : cet indéterminisme le rendrait aléatoire, ce qui n'est pas conforme à l'idée que l'on se fait du libre arbitre.[6]
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Friedrich Nietzsche, bien qu'opposé au libre arbitre, exprime déjà la même idée. Il essaie d’expliquer le concept de libre arbitre par le fait que "chacun se croit le plus libre quand son sentiment de la vie est le plus intense"[7], ou quand l’on postule que celui qui ordonne est le même que celui qui exécute, et que l’on tire un plaisir à exécuter en s’identifiant à l’action ("L’effet c’est moi").
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La question se ramène donc au choix d'un "périmètre" d'identification : c'est là que l'ontologie peut intervenir pour aboutir à des positions tranchées, et déclarer le libre arbitre tantôt une illusion (le sujet s'identifie de façon erronée à ce qui n'est en réalité pas lui : philosophies du soupçon, matérialisme, David Hume, etc.) ou une réalité (il existe bien un sujet autonome, transparent à lui-même, de part en part conscient, libre et rationnel).
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Version du 9 juin 2020 à 16:55


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