Différences entre versions de « Quel est l'origine du déclin des abeilles sauvages ? »

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*.Nombreuses sont les épreuves que doivent subir aujourd’hui les abeilles, sauvages comme
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domestiques. Leur déclin peut-il s’expliquer par l’addition de plusieurs causes séparées ? Ou
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+
s’agit-il d’une interaction entre plusieurs facteurs, les uns rendant les abeilles plus vulnérables
................................................................................
+
aux autres ? À l’heure actuelle, les résultats de la recherche ne permettent pas d’établir un
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+
scénario précis pouvant en expliquer l’origine. Ces incertitudes nourrissent des tensions, voire
................................................................................
+
des conflits, entre les différents acteurs qui s’investissent dans la protection des abeilles.
................................................................................
+
Deux axes principaux sur lesquels portent les controverses sont identifiés :
 +
- l’un concerne la profession apicole telle qu’elle est actuellement structurée en France.
 +
Il s’agit pour certains apiculteurs de revendiquer leurs compétences professionnelles, en
 +
opposition à l’apiculture dite « de loisir » : par exemple, il est question de s’assurer d’obtenir
 +
des compensations financières en cas de pertes importantes, ou encore de valoriser le métier
 +
d’apiculteur ;
 +
- l’autre réside en la reconnaissance, ou non, de la responsabilité de l’utilisation des
 +
pesticides, notamment en agriculture, dans le déclin des abeilles.
 +
Le premier axe n’est pas approfondi ici puisqu’il est propre au monde apicole. En revanche,
 +
nous nous attachons à développer la controverse liée à l’utilisation des pesticides qui concerne
 +
toutes les abeilles. Certains apiculteurs et des syndicats apicoles et agricoles, soutenus par des
 +
associations de protection de l’environnement, réclament la suspension d’autorisation de mise
 +
sur le marché des pesticides, tandis que les firmes productrices de ces produits revendiquent
 +
leur non dangerosité. Cette controverse s’est principalement cristallisée autour des abeilles
 +
domestiques ; peu d’études scientifiques ont été réalisées jusqu’à ce jour en ce qui concerne
 +
les abeilles sauvages. Certains résultats obtenus chez les abeilles domestiques sont pourtant
 +
extrapolés aux abeilles sauvages par certains acteurs de la controverse. Mais souffrent-elles
 +
des mêmes maux que leurs cousines domestiques ?
 +
Nous explorons ici l’ensemble des causes avancées pour expliquer le déclin des abeilles à
 +
partir des résultats scientifiques existants. Nous traitons chacune d’elles de façon
 +
indépendante, puis nous revenons sur l’état actuel des recherches sur l’existence de synergies
 +
entre plusieurs causes (multifactorialité).
 +
La figure 4 présente les différents symptômes ou manifestations écologiques observés,
 +
conduisant à des mortalités d’abeilles. Ces manifestations découlent de plusieurs facteurs que
 +
nous distinguons en deux grandes catégories : il s’agit soit de facteurs environnementaux, liés
 +
44
 +
principalement aux pratiques de l’agriculture intensive ; soit de facteurs apicoles, concernant
 +
donc exclusivement les abeilles domestiques et leur vie en colonie.
 +
Figure 4. Cartographie des différentes causes avancées pour expliquer le déclin des abeilles.
 +
Cette cartographie ne prend pas en compte l’existence possible de synergie entre plusieurs causes.
 +
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 +
Les modifications des pratiques agricoles, ainsi que la fragmentation accélérée des habitats,
 +
ont provoqué et provoquent encore une régression importante de la biodiversité dans les
 +
paysages ruraux européens depuis une cinquantaine d’années (Saunders et al., 1991 ;
 +
Robinson & Sutherland, 2002). Concernant spécifiquement les abeilles, nous aborderons les
 +
différents risques auxquels elles pourraient être exposées : il s’agit de cas d’intoxications à
 +
des produits pesticides et d’un appauvrissement des ressources alimentaires pour toutes les
 +
abeilles ; d’une raréfaction des sites de nidification et de l’isolement génétique des
 +
populations d’abeilles sauvages ; ou encore de désorientations par pollution
 +
électromagnétique pour les abeilles domestiques.
 +
A:?:?:��&-'0"��-"'&,���,����"$$�,�)�+�$�,�)�,-"�"��,�
 +
Les pesticides (encore appelés produits phytosanitaires ou produits phytopharmaceutiques)
 +
sont utilisés pour répondre aux besoins de l’agriculture intensive. Ils sont définis par
 +
l’Observatoire des Résidus de Pesticides (ORP) comme « des substances ou des préparations
 +
utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés indésirables,
 +
45
 +
qu’il s’agisse de plantes, d’animaux, de champignons ou de bactéries33 ». Cependant, même
 +
si ces produits sont utilisés en agriculture pour cibler un nuisible en particulier, ils peuvent
 +
avoir des effets sur d’autres organismes en leur contact. La responsabilité des pesticides dans
 +
le déclin des abeilles est ainsi une des causes les plus controversées, en particulier en ce qui
 +
concerne les pesticides Gaucho, Régent et Cruiser. Nous traiterons ici des pesticides utilisés
 +
en agriculture, mais l’utilisation de tels produits par les particuliers ou les professionnels des
 +
espaces verts ne sont pas à négliger.
 +
A:?:?:?:��"���+�&-�,��))$"��-"'&,���,�)�,-"�"��,�
 +
Les pesticides peuvent être appliqués de différentes façons sur les cultures : en pulvérisations,
 +
en enrobage de semences (pesticides systémiques) ou encore sous forme de cultures
 +
transgéniques.
 +
Lorsqu’il s’agit d’une application par pulvérisations, l’exposition des abeilles aux pesticides
 +
se limite, en théorie, à celles présentes sur les cultures au moment du traitement34. En
 +
pratique, ce type d’application conduit presque systématiquement à une contamination des
 +
bordures des surfaces traitées (haies, buissons, cultures adjacentes...) par la dérive de
 +
« brouillards de pulvérisation » (Rautmann et al., 2001 ; Koch et al., 2003 ; cités dans
 +
AFSSA, 2008). Pour cette raison, en comparaison des pesticides appliqués par pulvérisations,
 +
les pesticides systémiques sont présentés par leurs firmes productrices comme une réelle
 +
avancée en faveur de la protection des abeilles : le risque pour les abeilles d’un contact direct
 +
avec le produit est faible puisque celui-ci enrobe les semences et est donc enfoui dans la terre.
 +
Cependant, des effets négatifs pour les abeilles sont mis en exergue du fait de la
 +
contamination du nectar et du pollen par ces produits (AFSSA, 2008). Les pesticides
 +
systémiques se caractérisent en effet par leur solubilité dans l’eau, ce qui explique leur
 +
mobilité dans la sève des plantes (Ripper, 1955). Cette propriété, ainsi que leur pénétration et
 +
leur stabilité dans la plante (expliquant leur action prolongée), permet d’expliquer que la
 +
systémie d’un pesticide peut être d’un degré plus ou moins fort : on parle alors de systémie
 +
relative. Le degré de systémie dépend aussi du mode de circulation de la molécule dans la
 +
plante, soit dans la sève brute (via le xylème), soit dans la sève élaborée (via le phloème), soit
 +
 
 +
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 +
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 +
46
 +
dans les deux35 (Delrot & Bonnemain, 1991 ; Delétage-Grandon, 2000). Les molécules telles
 +
que le fipronil (substance active du Régent®) ne circulent que dans la sève du xylème et se
 +
retrouvent ainsi dans les régions de la plante où il y a évaporation, les feuilles âgées
 +
principalement ; et non dans les régions jeunes, telles que les boutons floraux et les graines
 +
(Holmsen, 1998). Holmsen a également montré que seulement 5% des molécules du produit
 +
appliqué dans le sol pour protéger des semences de coton, de maïs et de tournesol étaient
 +
absorbées par ces plantes. En revanche, l’acéphate, un autre pesticide systémique, est mobile
 +
dans le phloème : il atteint les zones en croissance telles que les boutons floraux, zones
 +
d’intérêt pour les abeilles. Les conditions de culture des plantes, en particulier leur
 +
alimentation hydrique, peuvent également modifier la systémie d’un pesticide et le niveau de
 +
contamination du nectar (Davis & Shuel, 1985).
 +
Les cultures de plantes transgéniques36 posent des questions similaires vis-à-vis de
 +
l’exposition des abeilles aux pesticides. Ces plantes sont considérées comme des pesticides à
 +
part entière pour certains acteurs. Selon l’AFSSA (2008), les plantes résistantes aux attaques
 +
d’insectes produisent des toxines qui ont un spectre d’hôtes spécifiques, dont sont exclues les
 +
abeilles, d’une part ; qui ne peuvent être transmises au pollen des fleurs, d’autre part. Ce
 +
rapport d’expertise a particulièrement été critiqué sur ce point, puisqu’il n’a pas pris en
 +
compte des résultats contradictoires. L’impact de cultures de plantes transgéniques, résistantes
 +
aux herbicides, a pourtant été démontré sur les abeilles sauvages dans une étude canadienne :
 +
une baisse des populations et un déficit de pollinisation ont été observés dans les champs de
 +
culture conventionnelle, et plus encore dans les champs de cultures de plantes transgéniques,
 +
par rapport aux champs de culture biologique (Morandin & Winston, 2005). Les différences
 +
qui existent entre ces trois types d’applications de pesticides impliquent des modes
 +
d’exposition des abeilles également très différents.
 +
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 +
Selon le type d’application des pesticides sur les cultures, les abeilles peuvent y être exposées
 +
différemment. D’autres variables entrent en jeu pour caractériser l’exposition des abeilles aux
 +
pesticides, comme la quantité de produit appliquée ou la relation trophique que les abeilles
 +
 
 +
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 +
47
 +
entretiennent avec la culture traitée (qui conditionne le temps de présence et la fréquence
 +
d’apparition des abeilles sur la culture) (AFSSA, 2008).
 +
L’exposition aux pesticides est dite directe, soit lorsque les abeilles sont en contact avec des
 +
résidus présents dans l’air, sur le sol ou sur les plantes lors du traitement des cultures, soit
 +
lorsque les abeilles ingèrent des résidus en butinant des fleurs dont le nectar ou le pollen sont
 +
contaminés. On parle également d’exposition indirecte chez les abeilles domestiques, lorsque
 +
les butineuses transportent jusqu’à la ruche du nectar ou du pollen contaminé pour nourrir la
 +
colonie. Les effets de cette contamination sont alors plus difficilement évaluables et on estime
 +
qu’ils peuvent se manifester très rapidement ou, au contraire, être retardés, par exemple
 +
lorsque le produit est intégré aux provisions stockées dans la ruche.
 +
Selon l’application des pesticides sur les cultures et le mode d’exposition des abeilles à ces
 +
produits, la quantité de pesticides en jeu peut être très différente. Du fait de ces nombreuses
 +
variables, l’étude de la toxicité des pesticides est particulièrement controversée.
 +
A:?:?:A:��'0"�"-����,�)�,-"�"��,�9��" .��'.��!+'&"*.��7�
 +
La controverse sur les études de toxicité des pesticides repose sur l’hétérogénéité des résultats
 +
obtenus en ce qui concerne leur toxicité aiguë, mais aussi sur la prise en compte, ou non, de
 +
leur toxicité chronique. La toxicité des pesticides peut en effet être mise en évidence de deux
 +
manières différentes : la toxicité aiguë correspond à la dose létale de pesticides pour la moitié
 +
d’une population d’abeilles en 48 heures (DL50), tandis que la toxicité chronique correspond
 +
à la dose cumulée de pesticides, c’est-à-dire ingérés de façon répétée, tuant également la
 +
moitié d’une population d’abeilles (DC50).
 +
Les études réalisées pour obtenir les DL50 de différents pesticides ne se révèlent pas
 +
uniformes. L’exemple de l’imidaclopride (substance active du Gaucho®) est particulièrement
 +
représentatif des contradictions entre les différentes parutions scientifiques : la DL50 peut
 +
aller de 3,7 à 57 ng/abeille selon les études. Néanmoins, une moyenne des différentes données
 +
obtenues indique un ordre de comparaison entre les toxicités aiguës des différents pesticides :
 +
l’imidaclopride, qui a une activité minimale, semble être le pesticide dont la toxicité est la
 +
plus aiguë. Les mesures de la toxicité aiguë ne se limitent pas aux pesticides ; elles s’étendent
 +
également à l’ensemble de leurs métabolites. Chaque pesticide se dégrade à des vitesses
 +
variables et génère des métabolites37 pouvant eux-mêmes être plus ou moins toxiques pour les
 +
 
 +
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 +
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 +
48
 +
abeilles : dans le cas de l’imidaclopride et de ses cinq métabolites, une étude a montré une
 +
toxicité aiguë significative pour deux de ces métabolites (dont l’oléfine qui est sensiblement
 +
plus toxique que l’imidaclopride). Ces études consistant en des mesures individuelles de la
 +
toxicité, certains scientifiques ont également pris en compte l’abeille au sein de sa colonie :
 +
l’état physiologique des abeilles peut être variable d’une ruche à l’autre et il a été montré que
 +
ce facteur pouvait jouer un rôle important dans leur sensibilité à l’imidaclopride (Thybaud,
 +
2000).
 +
Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l’exposition des abeilles domestiques aux
 +
pesticides, même lorsque les doses appliquées ne sont pas létales pour un individu seul, peut
 +
entrainer des dommages importants sur l’ensemble d’une colonie : les abeilles soumises à de
 +
faibles doses de thiamethoxam présentent de grandes difficultés à rentrer à la ruche (du fait de
 +
désorientations), si bien que l’égarement d’un trop grand nombre d’abeilles peut mettre en
 +
danger la colonie dans son ensemble (Henry et al., 2012 ; Wu, Anelli, & Sheppard, 2011).
 +
Concernant les abeilles sauvages, des résultats similaires ont été obtenus sur des colonies de
 +
bourdons terrestres (Bombus terrestris) : comparés à des colonies non traitées, une exposition
 +
des colonies à des doses d’imidaclopride a entrainé une baisse significative du taux de
 +
croissance et une réduction de 85 % de la production de nouvelles reines (Whitehorn et al.,
 +
2012).
 +
Mais comment mesurer les doses de pesticides ? Quelle méthodologie utilisée ? Il semble
 +
nécessaire d’établir une méthodologie adaptée à la biologie de l’abeille et les grandes
 +
disparités entre études in vivo et in vitro. Par exemple, les seuils de détection des systémiques
 +
A:?:@:�))�./+",,�%�&-���,�+�,,'.+��,��$"%�&-�"+�,���,����"$$�,
 +
L’alimentation des abeilles est basée sur deux ressources essentielles, le nectar et le pollen,
 +
récoltées au cœur des fleurs. Pour couvrir leurs besoins énergétiques, les abeilles adultes
 +
prélèvent le nectar des fleurs, source importante de glucides (Chauzat & Pierre, 2005). Le
 +
nectar peut être consommé immédiatement ou, dans le cas des abeilles domestiques, être
 +
modifié et stocké sous forme de miel pour couvrir les besoins alimentaires et assurer la survie
 +
de la ruche lors de la saison hivernale. Le pollen est récolté, quant à lui, pour nourrir les larves
 +
(Chauzat & Pierre, 2005) : il représente l’unique apport protéique permettant d’assurer leur
 +
croissance et l’ensemble de leurs fonctions vitales (Roulston & Cane, 2000 ; cité dans
 +
AFSSA, 2008).
 +
Or les activités humaines ont aujourd’hui fortement modifié les paysages en restreignant
 +
49
 +
notamment les milieux riches et diversifiés en plantes à fleurs, ressources alimentaires
 +
indispensables pour toutes les abeilles. Nous verrons, d’une part, qu’elles doivent composer
 +
chaque année avec des ressources florales de plus en plus rares ; et d’autre part, qu’elles
 +
nécessitent une alimentation aussi bien de qualité que diversifiée pour se maintenir en bonne
 +
santé.
 +
A:?:@:?:��&��+�+����-"'&���,�+�,,'.+��,��$'+�$�,�
 +
L’urbanisation accrue, avec notamment l’augmentation du nombre d’habitations et de
 +
surfaces goudronnées, explique en partie la raréfaction des ressources florales. Mais ce sont
 +
principalement les pratiques associées au modèle d’agriculture intensive qui en sont
 +
responsables :
 +
- l’abandon des techniques agro-pastorales traditionnelles : les zones autrefois pâturées
 +
ont été recolonisées par la forêt, plus pauvre en terme de diversité d’espèces que les milieux
 +
ouverts (Terzo & Rasmont, 2007) ;
 +
- le remembrement : le rôle écologique des haies, source importante de fleurs riches en
 +
nectar et pollen, a été souligné par l’équipe de Marshall (Marshall, West, & Kleijn, 2006 ; cité
 +
dans AFSSA, 2008). Ces chercheurs ont mis en évidence une plus grande abondance
 +
d’abeilles en milieu agricole lorsque les milieux naturels avoisinants (les bords de routes par
 +
exemple, composés de légumineuses et de plantes à fleurs variées) entouraient de grandes
 +
cultures ;
 +
- l’entretien par broyage ou fauchage des abords de cultures et des bords de routes :
 +
lorsque les fleurs sont coupées, les plantes ne peuvent plus effectuer la totalité de leur cycle
 +
de reproduction, c’est-à-dire monter en graines et se ressemer (Terzo & Rasmont, 2007). De
 +
plus, cet entretien, bien souvent précoce, réduit considérablement les périodes de floraison et
 +
ainsi la disponibilité en ressources alimentaires pour les abeilles (AFSSA, 2008) ;
 +
- les grands espaces de monocultures : ces espaces ne permettent pas d’offrir aux
 +
abeilles une alimentation diversifiée (Terzo & Rasmont, 2007), d’autant que l’utilisation de
 +
certains pesticides et/ou la culture de plantes transgéniques résistantes aux herbicides
 +
empêche le développement des plantes adventices qui représentent pourtant une source de
 +
nourriture pour les abeilles (AFSSA, 2008) ;
 +
- l’utilisation d’engrais et de minéraux sur les prairies et les cultures enrichit ces
 +
milieux et provoque le développement d’espèces favorisées par cet enrichissement (orties,
 +
graminées...), au détriment d’une plus grande diversité de plantes à fleurs dont se nourrissent
 +
les abeilles (Terzo & Rasmont, 2007).  
 +
50
 +
L’ensemble de ces pratiques, liées à la mécanisation de l’agriculture, a ainsi fortement
 +
restreint les espaces fleuris et/ou les périodes de floraison aux abords des cultures. Selon
 +
l’AFSSA (2008), la floraison des cultures mellifères ne semble pas suffisante, puisqu’elle est
 +
précédée et suivie de longues périodes sans ressources florales, ce qui peut provoquer des
 +
déséquilibres ou des carences alimentaires pour les abeilles domestiques. Aussi, l’agriculture
 +
intensive et l’urbanisation accrue ont progressivement provoqué la fragmentation des espaces,
 +
c’est-à-dire la transformation de grands espaces en fragments d’habitat plus petits et isolés38.
 +
La fragmentation a des conséquences différentes sur les espèces, selon leur capacité à
 +
s’affranchir des discontinuités écologiques. En ce qui concerne les abeilles sauvages, bien que
 +
certaines structures paysagères (différence d’altitude de plus de 130 m, forêt qui couvre 480
 +
m, large rivière et autoroute avec trafic intense) ne soient pas considérées comme des
 +
barrières physiques insurmontables (Zurbuchen et al., 2010a), le voisinage immédiat entre
 +
sources alimentaires et site de nidification semble crucial pour la survie de ces espèces, en
 +
particulier chez les abeilles spécialistes d’un type floral. Les abeilles doivent en effet
 +
retourner plusieurs fois par jour à leur nid pour approvisionner leurs larves en réserves de
 +
nourriture. Les espèces spécialistes sont capables d’effectuer de très grandes distances pour
 +
trouver de la nourriture (jusqu’à 1400 m par exemple pour Hoplitis adunca, la plus grande
 +
abeille étudiée), mais il est apparu que seulement la moitié des femelles effectuaient de telles
 +
distances (Zurbuchen et al., 2010b). Aussi, il a été montré, pour deux espèces spécialistes, que
 +
l’approvisionnement de nourriture pour les larves diminuait quantitativement avec
 +
l’augmentation de la distance de butinage (Zurbuchen et al., 2010c).
 +
La disponibilité en ressources alimentaires est également dépendante des conditions
 +
climatiques. Dans des conditions extrêmes, comme un hiver particulièrement rigoureux ou
 +
des périodes de sécheresse (diminuant également la disponibilité en eau) ou de forte humidité,
 +
les abeilles peuvent devenir incapables de rechercher leur nourriture (AFSSA, 2008). Le
 +
réchauffement climatique est également avancé comme l’une des causes du déclin des
 +
abeilles : concernant spécifiquement la disponibilité en ressources florales, il pourrait
 +
entraîner un décalage entre les périodes de floraison et les périodes de butinage pour les
 +
abeilles sauvages (Le Conte & Navajas, 2008).
 +
 
 +
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 +
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 +
Les abeilles ont des besoins énergétiques très importants : l’apport en sucres leur permet de
 +
couvrir les besoins nécessaires à leurs déplacements liés au butinage ; ou encore, concernant
 +
spécifiquement les abeilles domestiques, à la thermorégulation, aux travaux d’entretien de la
 +
ruche… (AFSSA, 2008). Les abeilles domestiques vivent en colonies pérennes, elles
 +
survivent l’hiver et doivent donc s’alimenter tout au long de l’année : on estime que la
 +
consommation en sucre par une colonie peut aller de 19 à 25 kg durant l’hiver, et jusqu’à
 +
environ 80 kg sur l’année (AFSSA, 2008).
 +
Plusieurs études ont également montré l’importance de fournir une alimentation pollinique de
 +
qualité (riche en protéines et en lipides) et diversifiée (provenant de différentes espèces
 +
végétales) pour maintenir le couvain en bonne santé et optimiser l’activité de la colonie
 +
pendant l’hiver. Des chercheurs se sont intéressés à la qualité de l’alimentation des jeunes
 +
abeilles domestiques en mesurant la teneur en protéines du pollen de différentes espèces
 +
végétales : celle-ci varie très largement (Bruneau, 2006 ; cité dans AFSSA, 2008), soit de 2,5
 +
à 61% selon les espèces végétales (Roulston & Cane, 2000). Les espèces cultivées en
 +
monocultures, c’est-à-dire les espèces abondantes comme le sarrasin, le tournesol ou le maïs,
 +
présentent un pollen de faible teneur protéique (Bruneau, 2006 ; cité dans AFSSA, 2008).
 +
Ainsi, à défaut d’un pollen riche en protéines, les abeilles doivent en récolter de plus grandes
 +
quantités pour couvrir les besoins de leurs larves. Par ailleurs, le pollen de certaines espèces
 +
végétales (lupin, phacélie...) est très riche en acides aminés essentiels pour les abeilles, tandis
 +
que d’autres (maïs, tournesol…) en sont moins bien pourvus. Selon Loper et Cohen (1987 ;
 +
cité dans AFSSA, 2008), un pollen pauvre en acides aminés indispensables ne permet pas le
 +
développement du couvain s’il est consommé seul. De façon générale, la consommation
 +
massive par une colonie d’un seul pollen de pauvre teneur protéique peut même mettre en
 +
danger la capacité de survie de la colonie (Jacobs, 2004 ; cité dans AFSSA, 2008).
 +
Par ailleurs, l’importance des lipides dans les pollens a également été mise en évidence pour
 +
la protection sanitaire des abeilles : certains acides gras présents dans les pollens ont en effet
 +
des propriétés antimicrobiennes et antifongiques (Manning, 2001). Au-delà de l’importance
 +
d’offrir aux larves d’abeilles du pollen en quantité suffisante et de bonne qualité (à forte
 +
teneur protéique et lipidique), une étude scientifique récente a montré l’importance d’une
 +
alimentation pollinique diversifiée : la consommation par les abeilles de mélanges de pollen
 +
leur permet de bénéficier de meilleures propriétés immunitaires par rapport à une
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consommation de pollen provenant d’une seule espèce végétale, et cela même si ce dernier
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contient un taux élevé de protéines et tous les acides aminés indispensables (Alaux et al.,
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2011). Il semble alors qu’en l’absence de ressources polliniques riches en acides gras et
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d’origines variées, les abeilles peuvent devenir plus sensibles à d’autres facteurs qui, eux,
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peuvent entrainer une mortalité.
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En ce qui concerne la disponibilité en ressources alimentaires, un sujet particulièrement
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délicat est également discuté : celui d’une possible concurrence entre abeilles sauvages et
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abeilles domestiques.
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Dans certains milieux, les abeilles domestiques sont installées en grand nombre pour assurer
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le service de pollinisation : par exemple, pour des raisons économiques, de nombreuses
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ruches sont placées aux abords des cultures. Or, la possibilité qu’un trop grand nombre
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d’abeilles domestiques puisse être défavorable aux abeilles sauvages est aujourd’hui mise en
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avant. Bien que cette question reste ouverte, plusieurs études indiquent qu’une forte densité
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d’abeilles domestiques pourrait fortement décourager les autres pollinisateurs, dont les
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abeilles sauvages, à proximité immédiate (Delbrassine & Rasmont, 1988 ; Walter-Hellwig et
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al., 2006 ; cité dans Gadoum et al., 2007). D’après une recherche menée par l’équipe
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d’Andrzej Kosior (2007), la concurrence des abeilles domestiques est considérée comme un
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facteur explicatif de la régression de certaines espèces de bourdons dans six pays d’Europe
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sur onze étudiés. L’introduction d’abeilles domestiques pourrait ainsi entrainer le recul des
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abeilles, comme cela a été montré en Écosse sur quatre espèces de bourdons qui, lorsqu’ils
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doivent cohabiter avec l’abeille domestique, ont des tailles sensiblement plus petites,
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indiquant des colonies plus faibles aux succès moindres (Goulson & Sparrow, 2008 ; cité dans
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Lemoine, 2012). Un exemple frappant a également été rapporté sur l’île d’Öland en Suède :
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une espèce de bourdon (Bombus cullumanus) a totalement disparu suite au développement de
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l’apiculture (Cederberg, 2006 ; cité dans Lemoine, 2012).
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L’arrivée de dix ruches dans un site (momentanément dans le cas de transhumance, ou
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durablement) apporte dans le milieu en période de miellée entre 300 000 et 600 000 abeilles
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qui peuvent impacter l’accès aux ressources alimentaires des abeilles sauvages déjà présentes
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(Lemoine, 2012) : les rayons d’action sont limités de 100 à 300 mètres pour la plupart des
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abeilles sauvages (Zurbuchen et al., 2010c ; cité dans Lemoine, 2012), alors que celui de leurs
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cousines domestiques peut aller jusqu’à 5 000 mètres (Bellmann, 2009).  
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Pour cette raison, certains scientifiques appellent à la vigilance et invitent à ne pas mettre de
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ruchers, notamment dans les espaces naturels39, pour éviter toute concurrence avec les espèces
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sauvages ou saturer le milieu avec une seule espèce (Lemoine, 2012). Si l’on encourage trop
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la présence d’abeilles domestiques, on augmente le risque de déprimer les espèces sauvages
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cohabitantes et, par voie de conséquence, certaines plantes sauvages qui en sont dépendantes
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(Gadoum et al., 2007).
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Le sujet de la concurrence alimentaire entre abeilles sauvages et domestiques est
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particulièrement sensible : d’une part, parce qu’il réside encore à de nombreuses incertitudes ;
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d’autre part, parce qu’il y existe de forts enjeux économiques s’opposant à des enjeux de
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conservation, et cela même si la pollinisation des cultures par les abeilles sauvages est de plus
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en plus reconnue.
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À l’inverse des abeilles domestiques abritées par l’Homme dans des ruches, les abeilles
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sauvages nichent dans les sols laissés en terre nue, dans des tiges creuses ou encore dans des
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galeries creusées dans du bois mort40 : leur survie dépend donc aussi de la disponibilité des
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sites ou matériaux nécessaires pour leur nidification. Peu d’études scientifiques traitent du
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sujet mais, en raison des pratiques agricoles actuelles, nous pouvons nous interroger sur la
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disponibilité des sites ou matériaux indispensables pour la nidification des abeilles sauvages :
 +
- peu d’espaces sont laissés en terre nue : souvent goudronnés (routes, talus…) ou
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recouverts de pelouse, ces sols deviennent inaccessibles pour les abeilles terricoles ;
 +
- le labour des champs, en particulier lorsqu’il est précoce, peut affecter une grande part
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des abeilles terricoles (Delaplane & Mayer, 2000) ;
 +
- le fauchage des haies ou des talus par gyrobroyage, ainsi que le nettoyage des brindilles
 +
et du bois mort sont des pratiques courantes dans les espaces et jardins dits « propres » qui
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suppriment les supports de nidification des abeilles.
 +
Outre, le manque de matériaux nécessaires à la nidification, ces pratiques limitent aussi les
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espaces de refuge pour les abeilles, notamment la nuit.
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En ce qui concerne les abeilles sauvages, nous avons vu que la fragmentation des habitats
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pouvait fragiliser certaines espèces dans leur recherche de nourriture et de lieux de
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nidification, cela même si elles sont capables de parcourir de grandes distances.
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Une piste de recherche tente également de mettre en évidence l’impact de la fragmentation
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des habitats sur les flux de gènes dans les populations d’abeilles sauvages, dans la perspective
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de leur conservation. Selon une publication d’Amro Zayed (2009), ce phénomène pourrait
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contribuer à l’isolement génétique des populations et ainsi à des cas de consanguinité. Les
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populations d’abeilles sauvages deviendraient alors plus vulnérables et, à terme, menaceraient
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de disparaître localement. Néanmoins, il existe un manque considérable de données sur les
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espèces d’abeilles sauvages, et en particulier du point de vue de la génétique des populations
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(Brown & Paxton, 2009).
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Version du 9 janvier 2019 à 23:37


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