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À la fin du xviiie siècle en Allemagne, le romantisme, revient sur la valeur accordée au Moyen Âge et à sa littérature, par opposition aux éléments littéraires hérités de l'Antiquité et du classicisme. Dans les années 1797-1798, Novalis forge le mot romantisieren ("romantiser"), désignant un processus de poétisation du monde : « Le monde doit être romantisé. […] Cette opération reste totalement inconnue. En conférant aux choses secrètes une haute signification, au quotidien un mystérieux prestige, au connu la dignité de l'inconnu, au fini l'apparence de l'infini, je les romantise »5. August Wilhelm Schlege, dans ses Cours de littérature dramatique, diffuse le concept de romantique en Europe, ramenant la poésie romantique à la poésie moderne, marquée par la tradition chrétienne, progressive, ouverte aux mélanges des genres.
 
À la fin du xviiie siècle en Allemagne, le romantisme, revient sur la valeur accordée au Moyen Âge et à sa littérature, par opposition aux éléments littéraires hérités de l'Antiquité et du classicisme. Dans les années 1797-1798, Novalis forge le mot romantisieren ("romantiser"), désignant un processus de poétisation du monde : « Le monde doit être romantisé. […] Cette opération reste totalement inconnue. En conférant aux choses secrètes une haute signification, au quotidien un mystérieux prestige, au connu la dignité de l'inconnu, au fini l'apparence de l'infini, je les romantise »5. August Wilhelm Schlege, dans ses Cours de littérature dramatique, diffuse le concept de romantique en Europe, ramenant la poésie romantique à la poésie moderne, marquée par la tradition chrétienne, progressive, ouverte aux mélanges des genres.
 
Historique:
 
Historique:
Le romantisme qui fut un phénomène de portée révolutionnaire dans tous les arts plonge ses racines au cœur même du siècle des Lumières. Ses principes constitutifs furent formulés pour la première fois en Allemagne entre 1770 et 1780 par les représentants du Sturm und Drang (Tempête et Passion), le nom du mouvement, emprunté au titre d'un drame de Friedrich Maximilian Klinger, trahissait la portée contestataire de son programme idéologique. Mû par un sentiment de révolte à l'égard de la culture dominante des Lumières, le Sturm und Drang célébrait la force irrépressible du sentiment et le culte de l'individualité, considérés comme les préalables nécessaires à toute activité créatrice. Il ne s'agissait pas d'une rupture brutale avec le présent, mais d'une élaboration du culte du sentiment et du grand mythe de la nature énoncés par Jean-Jacques Rousseau au milieu du xviiie siècle. […] Une des idées les plus novatrices de ce mouvement fut le concept de génie artistique, irrationnel et créatif, non plus discipliné par la raison comme pour les Lumières, mais animé d'une liberté intérieure capable de briser le carcan des codes et des conventions, puisant au contraire dans la subjectivité et prêtant l'oreille à l'inspiration divine, à l'intuition, aux passions. Ainsi s'esquissait le portrait de l'homme révolté, d'un surhomme se mesurant avec Dieu. Ainsi naissait, surtout, une nouvelle conception de l'art, compris comme liberté absolue de création, qui refusait les contraintes imposées par les règles et les traditions, et qui revendiquait le droit de l'imagination individuelle à s'exprimer selon son propre langage ». Si le Sturm und Drang ouvre la voie au romantisme, par le déferlement des passions et la spontanéité de l'individu, leurs modèles de beauté se référaient encore aux canons classiques, aux œuvres de l'Antiquité.
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Le romantisme qui fut un phénomène de portée révolutionnaire dans tous les arts plonge ses racines au cœur même du siècle des Lumières. Ses principes constitutifs furent formulés pour la première fois en Allemagne entre 1770 et 1780 par les représentants du Sturm und Drang (Tempête et Passion), le nom du mouvement, emprunté au titre d'un drame de Friedrich Maximilian Klinger, trahissait la portée contestataire de son programme idéologique. Mû par un sentiment de révolte à l'égard de la culture dominante des Lumières, le Sturm und Drang célébrait la force irrépressible du sentiment et le culte de l'individualité, considérés comme les préalables nécessaires à toute activité créatrice. Il ne s'agissait pas d'une rupture brutale avec le présent, mais d'une élaboration du culte du sentiment et du grand mythe de la nature énoncés par Jean-Jacques Rousseau au milieu du xviiie siècle. […] Une des idées les plus novatrices de ce mouvement fut le concept de génie artistique, irrationnel et créatif, non plus discipliné par la raison comme pour les Lumières, mais animé d'une liberté intérieure capable de briser le carcan des codes et des conventions, puisant au contraire dans la subjectivité et prêtant l'oreille à l'inspiration divine, à l'intuition, aux passions. Ainsi s'esquissait le portrait de l'homme révolté, d'un surhomme se mesurant avec Dieu. Ainsi naissait, surtout, une nouvelle conception de l'art, compris comme liberté absolue de création, qui refusait les contraintes imposées par les règles et les traditions, et qui revendiquait le droit de l'imagination individuelle à s'exprimer selon son propre langage ». Si le Sturm und Drang ouvre la voie au romantisme, par le déferlement des passions et la spontanéité de l'individu, leurs modèles de beauté se référaient encore aux canons classiques, aux œuvres de l'Antiquité.
 
Le véritable rejet du classicisme fut exprimé par les collaborateurs de la revue Athenaeum, fondée en 1798 par les frères Schlegel. Avec Ludwig Tieck, Schelling et Novalis ils formèrent le « groupe d'Iéna ». « Rejetant les modèles grecs et romains à l'époque où triomphait l'esthétique néo-classique, cette conception privilégiait l'expression de l'irrationnel et le mysticisme, le sentiment de l'infini et de l'immensité, le rapport entre la nature et le sentiment intérieur ». En Angleterre, l'essai d'Edmund Burke, Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, paru en 1756, eut une influence considérable, sur la peinture du sublime et sur le mysticisme du paysage, tel que l'illustra Caspar David Friedrich. « En interprétant le sentiment du sublime comme un état d'âme provoqué par les violentes manifestations de la nature qui, par les cataclysmes ou les visions troublantes, frappent l'homme de stupeur, Edmund Burke rompait avec la conception classique de la nature, source d'harmonie et de sérénité… »8. En 1762, James Macpherson publiait ses Poèmes d'Ossian, dont le succès provoqua une vague de celtomanie dans toute l'Europe. Inspiré d'ancien poèmes Gaëlique, Macpherson les réécrit et les attribue à un barde écossais du iiie siècle. En 1764, Le Château d'Otrante d'Horace Walpole inaugurait le genre du « roman noir », dont le décor ténébreux et les atmosphères effrayantes correspondaient à ce que Burke avait défini comme le « sublime ».
 
Le véritable rejet du classicisme fut exprimé par les collaborateurs de la revue Athenaeum, fondée en 1798 par les frères Schlegel. Avec Ludwig Tieck, Schelling et Novalis ils formèrent le « groupe d'Iéna ». « Rejetant les modèles grecs et romains à l'époque où triomphait l'esthétique néo-classique, cette conception privilégiait l'expression de l'irrationnel et le mysticisme, le sentiment de l'infini et de l'immensité, le rapport entre la nature et le sentiment intérieur ». En Angleterre, l'essai d'Edmund Burke, Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, paru en 1756, eut une influence considérable, sur la peinture du sublime et sur le mysticisme du paysage, tel que l'illustra Caspar David Friedrich. « En interprétant le sentiment du sublime comme un état d'âme provoqué par les violentes manifestations de la nature qui, par les cataclysmes ou les visions troublantes, frappent l'homme de stupeur, Edmund Burke rompait avec la conception classique de la nature, source d'harmonie et de sérénité… »8. En 1762, James Macpherson publiait ses Poèmes d'Ossian, dont le succès provoqua une vague de celtomanie dans toute l'Europe. Inspiré d'ancien poèmes Gaëlique, Macpherson les réécrit et les attribue à un barde écossais du iiie siècle. En 1764, Le Château d'Otrante d'Horace Walpole inaugurait le genre du « roman noir », dont le décor ténébreux et les atmosphères effrayantes correspondaient à ce que Burke avait défini comme le « sublime ».
  

Version du 15 juin 2021 à 15:34


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