Ingenierie didactique de formation
"SAVOIR AFIN DE PRÉVOIR POUR POUVOIR" (Comte, A)
- EIAH au service d'une ingénierie didactique de formation de formateurs en éducation à la sante
Mise en application
- => Education à la nutrition humaine et aux besoins nutritionnels
- => Education sur les drogues
- => Education à la sexualité
Le mot ingénierie appartient généralement aux ingénieurs, nous allons leur faire un emprunt. Ce que je retiens de ce terme c’est le sens que l’on peut y attribuer en formation et que lui a donné Parmentier (2008) comme étant une activité d’analyse, d’anticipation et de projection.
Définition : Élaborer le plan de formation par étapes successives dans les meilleures conditions possibles, tout en tenant compte des différents acteurs intervenants dans le dispositif, puis à le mettre en œuvre, à le suivre et à l’évaluer. Parmentier (2008)
Le Boterf (1990) décrit l’ingénierie de formation comme étant un ensemble coordonné des activités de conception d’un dispositif de formation en vue d’optimiser l’investissement qu’il constitue et d’assurer les conditions de sa viabilité.
Contrairement à ce qu’on laisse sous-entendre dans la pensée populaire que l’ingénierie est une démarche trop linéaire et rigide pour s’adapter à la formation et à l’enseignement, je pense qu’il ne faut pas trop rapidement la rejeter. Je pense que nous avons beaucoup à y emprunter pour être en mesure d’organiser, de manière plus pragmatique et performante la formation et les apprentissages.
Il faut orienter l’action d’ingénierie, comme la didactique professionnelle, plus vers la compréhension des contextes que la programmation des contenus.
Le schéma que je vous présente est tiré de P.Carré qui résume l’action d’ingénierie à « Comprendre, décider, agir et évaluer».
Plusieurs formations où j’ai participé souffraient d’un manque d’approche d’ingénierie. Au départ si l’on désire faire une formation c’est qu’il y a eu constat d’un manque quelque part. La formation est là pour combler ce manque. Mais si cet écart entre la situation réelle et celle désirée n’est pas clairement établi, il sera impossible d’évaluer, de manière tangible, autre chose que les acquisitions des apprenants et généralement cela ne suffit pour satisfaire le commanditaire de la formation. Une formation axée que sur l’acquisition est beaucoup trop dispendieuse pour ce que cela peut donner, il faut vraiment aller au-delà et viser l’apprentissage. Comme je l’ai déjà présenté, acquérir est plus près de la mémorisation que de l’apprentissage.
Le fait de viser que l’acquisition a souvent comme conséquence de dévaloriser la formation et d’amener ceux qui devraient la susciter et la prendre au sérieux à croire que c’est un mal nécessaire dont les effets sont équivalents à dire une prière.
Sans vouloir en faire une religion, je pense que l’ingénierie peut apporter à la formation ce qui lui manque pour livrer la marchandise. Au-delà du «j’essais et j’espère», un peu de régulation et d’organisation cohérente et itérative ne feront pas de mal.
Je présenterai dans de prochains articles la suite de cette réflexion en ajoutant également des instruments méthodologiques.
Un débat
- Question d'un internaute (Mathieu NONGNI Déc 19, 2012 @ 12:31:47)
- Peut-on parler de professionnalisation des enseignements ou de la fonction enseignante sans avoir au préalable mis sur pied un référentiel de formation?
- Réponse d'Henri Boudreault (Jan 07, 2013 @ 09:31:2) (Professeur à l'UQAM en enseignement en formation professionnelle et technique)
- Vous mettez le point sur un élément important. Même en 2013, l’idée de la formation semble plus être un concept surtout basé sur la relation affective que sur la relation didactique. Le formateur aime mieux être perçu comme un héros survivant d’une tâche presque impossible que comme un professionnel en maîtrise de ses pratiques. Plusieurs enseignants m’ont dit « On essaye des choses et on espère que cela va donner des résultats».
- J’ai constaté le besoin d’établir un référentiel du processus de formation lorsque je suis allé travailler en Haïti pour aider des enseignants à mettre sur pied une communauté de pratiques. J’ai fait le constat que pour mettre sur place une communauté de pratique il fallait avoir un référentiel des pratiques. S’il y a des pratiques, il y a également des tâches à réaliser et s’il y a des tâches il y a un processus de travail.
- J’en suis arrivé à la conclusion qu’il était indispensable d’établir un référentiel à la tâche de formation avant de pouvoir établir un cadre à la professionnalisation. J’ai fait ce référentiel, mais les formateurs et enseignants semblent avoir de la difficulté à admettre que l’on peut structurer l’acte de former. On dirait qu’il désire demeurer dans un paradigme qui laisse penser qu’il faut être né pour enseigner et que cette capacité de faire face à un groupe est inscrite dans des gènes.
- Les gens ne savent pas trop ce qu’ils font, mais ils aiment mieux laisser penser qu’ils font leur possible plutôt que de constater qu’ils s’y prennent de la bonne ou de la mauvaise façon.