Différences entre versions de « Georges Canguilhem »

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*'''[[Le normal et la « normativité »]]'''
 
*'''[[Le normal et la « normativité »]]'''
 
* Le propre d'un être vivant est donc de pouvoir vivre malade, c'est-à-dire de maintenir un certain degré de normalité jusque dans son fonctionnement anormal. On doit en quelque sorte distinguer deux acceptions de « normal » dans notre propos : est normal au sens courant ce qui correspond à la norme générale, c'est-à-dire à la fois à la moyenne et au type de fonctionnement optimal. Les machines peuvent, en ce sens (et en ce sens seulement), avoir un fonctionnement « normal » ou non : un bruit inhabituel ou quelque autre signe peuvent nous avertir que quelque chose, dans le mécanisme, s'est détraqué, si bien que la machine s'abîme en fonctionnant. Mais, on l'a dit, la différence de l'organisme, c'est qu'il rétablit une certaine normalité dès que l'anomalie éventuellement devient cause de fonctionnement anormal : ce qui le rend irréductible à la machine, c'est qu'il ne subit pas passivement le détraquement qui finira par le détruire – au contraire, il met en place des alternatives jusqu'à la guérison de la lésion, par exemple. En d'autres termes, et c'est là tout le paradoxe de la norme, sous l'anormal il y a toujours une autre forme de normal ! Le malade n'est pas un « anormal », parce que malgré l'anormalité dont il souffre, il vit, c'est-à-dire que son organisme négocie un nouvel équilibre, un nouveau compromis de normalité (de cohérence dans le fonctionnement global). Et c'est là que l'analyse canguilhémienne est subtile : dire que sous l'anormal il y a toujours, irréductiblement, du normal – ce n'est pas du relativisme ! Tout simplement parce qu'il y a une sérieuse différence entre l'homme en pleine santé et l'homme malade, malgré le fait que ce dernier garde une irréductible santé qui le fait vivre. Cette différence elle tient évidemment à la qualité de la vie qu'on mène : la normalité de l'organisme sain est supérieure à la normalité de l'organisme malade
 
* Le propre d'un être vivant est donc de pouvoir vivre malade, c'est-à-dire de maintenir un certain degré de normalité jusque dans son fonctionnement anormal. On doit en quelque sorte distinguer deux acceptions de « normal » dans notre propos : est normal au sens courant ce qui correspond à la norme générale, c'est-à-dire à la fois à la moyenne et au type de fonctionnement optimal. Les machines peuvent, en ce sens (et en ce sens seulement), avoir un fonctionnement « normal » ou non : un bruit inhabituel ou quelque autre signe peuvent nous avertir que quelque chose, dans le mécanisme, s'est détraqué, si bien que la machine s'abîme en fonctionnant. Mais, on l'a dit, la différence de l'organisme, c'est qu'il rétablit une certaine normalité dès que l'anomalie éventuellement devient cause de fonctionnement anormal : ce qui le rend irréductible à la machine, c'est qu'il ne subit pas passivement le détraquement qui finira par le détruire – au contraire, il met en place des alternatives jusqu'à la guérison de la lésion, par exemple. En d'autres termes, et c'est là tout le paradoxe de la norme, sous l'anormal il y a toujours une autre forme de normal ! Le malade n'est pas un « anormal », parce que malgré l'anormalité dont il souffre, il vit, c'est-à-dire que son organisme négocie un nouvel équilibre, un nouveau compromis de normalité (de cohérence dans le fonctionnement global). Et c'est là que l'analyse canguilhémienne est subtile : dire que sous l'anormal il y a toujours, irréductiblement, du normal – ce n'est pas du relativisme ! Tout simplement parce qu'il y a une sérieuse différence entre l'homme en pleine santé et l'homme malade, malgré le fait que ce dernier garde une irréductible santé qui le fait vivre. Cette différence elle tient évidemment à la qualité de la vie qu'on mène : la normalité de l'organisme sain est supérieure à la normalité de l'organisme malade
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* '''[[L'activité vitale]]'''
 
* '''[[L'activité vitale]]'''
 
* Le point de vue de la norme – le seul qui mette en évidence la normativité de l'organisme – suppose une perspective holiste : Canguilhem explique en effet que les concepts de "normal" et de "pathologique" n'ont de sens que si on les applique à la totalité cohérente de l'organisme que constitue un individu. D'après Canguilhem – et il s'agit là d'un jugement normatif, donc il est par nature contestable, mais c'est simplement l'explicitation d'un parti-pris d'interprétation – on ne peut parler de vivant qu'à propos d'un individu : à moins d'être un organisme unicellulaire, une cellule n'est pas vivante toute seule (ou dans un amas) : un enchaînement causal étudié par la biologie moléculaire n'est pas, en lui-même, une norme – ce n'est en effet qu'en tant qu'il est intégré dans le fonctionnement normal (parce que normatif) d'une totalité organique qu'il devient en même temps enchaînement causal et norme. On l'a dit, pour qu'il y ait norme, il faut qu'il y ait à la fois multiplicité d'alternatives et fonctions répondant à des besoins : or, d'après Canguilhem, cette double condition ne se trouve remplie qu'au niveau de l'organisme individuel 15. Un dernier facteur pour lequel, d'après Canguilhem, les concepts de "normal", de "pathologique" et de "vie" n'ont de sens qu'à l'échelle individuelle montre l'enjeu de cette considération épistémologique d'échelle. Il s'agit de la notion biologique de milieu".  
 
* Le point de vue de la norme – le seul qui mette en évidence la normativité de l'organisme – suppose une perspective holiste : Canguilhem explique en effet que les concepts de "normal" et de "pathologique" n'ont de sens que si on les applique à la totalité cohérente de l'organisme que constitue un individu. D'après Canguilhem – et il s'agit là d'un jugement normatif, donc il est par nature contestable, mais c'est simplement l'explicitation d'un parti-pris d'interprétation – on ne peut parler de vivant qu'à propos d'un individu : à moins d'être un organisme unicellulaire, une cellule n'est pas vivante toute seule (ou dans un amas) : un enchaînement causal étudié par la biologie moléculaire n'est pas, en lui-même, une norme – ce n'est en effet qu'en tant qu'il est intégré dans le fonctionnement normal (parce que normatif) d'une totalité organique qu'il devient en même temps enchaînement causal et norme. On l'a dit, pour qu'il y ait norme, il faut qu'il y ait à la fois multiplicité d'alternatives et fonctions répondant à des besoins : or, d'après Canguilhem, cette double condition ne se trouve remplie qu'au niveau de l'organisme individuel 15. Un dernier facteur pour lequel, d'après Canguilhem, les concepts de "normal", de "pathologique" et de "vie" n'ont de sens qu'à l'échelle individuelle montre l'enjeu de cette considération épistémologique d'échelle. Il s'agit de la notion biologique de milieu".  

Version du 3 juin 2021 à 15:55



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