Différences entre versions de « Déduction - Induction - Abduction »

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*En logique, la méthode par laquelle on va de la cause aux effets, du principe aux conséquences, du général au particulier. La déduction est constituée d'un enchaînement de propositions, d'axiomes ou d'inférences qui respectent des règles définies et sans recours à l'expérience. Si les prémisses sont vraies, alors la conclusion est nécessairement vraie. Le syllogisme en est l'une des formes les plus connues.
 
*En logique, la méthode par laquelle on va de la cause aux effets, du principe aux conséquences, du général au particulier. La déduction est constituée d'un enchaînement de propositions, d'axiomes ou d'inférences qui respectent des règles définies et sans recours à l'expérience. Si les prémisses sont vraies, alors la conclusion est nécessairement vraie. Le syllogisme en est l'une des formes les plus connues.
 
*La règle est imposée aux faits (Chaque fois qu'il y a un feu rouge, il y a ordre de s'arrêter). La règle se justifie elle-même en temps que règle. Le raisonnement mathématique est déductif.
 
*La règle est imposée aux faits (Chaque fois qu'il y a un feu rouge, il y a ordre de s'arrêter). La règle se justifie elle-même en temps que règle. Le raisonnement mathématique est déductif.
*Le type de raisonnement derrière cette démarche a été repéré par Aristote (2001) dans les Premiers Analytiques de son Organon2 Dans sa théorie du signe, ce raisonnement a été nommé '''apodeixis'''.  
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*Le type de raisonnement derrière cette démarche a été repéré par Aristote (2001) dans les Premiers Analytiques de son Organon2 dans sa théorie du signe, ce raisonnement a été nommé '''apodeixis'''.  
 
*La déduction (formule ABC, colonne « syllogisme déductif » ) opère en ayant pour but d’attirer « une conséquence (C) à partir d’une règle générale (A) et d’une  observation empirique (B) » (David, 1999).
 
*La déduction (formule ABC, colonne « syllogisme déductif » ) opère en ayant pour but d’attirer « une conséquence (C) à partir d’une règle générale (A) et d’une  observation empirique (B) » (David, 1999).
 
*Ce type de syllogisme a marqué toute l’histoire de l’humanité, y compris la méthode cartésienne et, par là même, toute la science.  
 
*Ce type de syllogisme a marqué toute l’histoire de l’humanité, y compris la méthode cartésienne et, par là même, toute la science.  
*La démarche hypothético-déductive établie à  partir de ce type d’inférence est, il faut le souligner, jusqu’à nos jours, la forme la plus exploitée par la recherche scientifique (articles, observations, thèses…).
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*La démarche [[hypothético-déductive]] établie à  partir de ce type d’inférence est, il faut le souligner, jusqu’à nos jours, la forme la plus exploitée par la recherche scientifique (articles, observations, thèses…).
 
*Dans la déduction, le statut de la pensée est plutôt « statique », le chercheur viendra à  reproduire une théorie soit pour la valider soit pour la réfuter. La connaissance scientifique est  à la fois un savoir « déjà là » et, dans une moindre partie, un objet à développer sous l’ombre de théories existantes, car elle ne rajoute pas de nouvelles découvertes. Dans ce sens-là, il s’agit d’une « épistémologie des chemins tracés », ce qui a, il faut le dire, un certain intérêt scientifique (prouver la résistance d’une théorie, l’employer dans d’autres contextes, etc.).
 
*Dans la déduction, le statut de la pensée est plutôt « statique », le chercheur viendra à  reproduire une théorie soit pour la valider soit pour la réfuter. La connaissance scientifique est  à la fois un savoir « déjà là » et, dans une moindre partie, un objet à développer sous l’ombre de théories existantes, car elle ne rajoute pas de nouvelles découvertes. Dans ce sens-là, il s’agit d’une « épistémologie des chemins tracés », ce qui a, il faut le dire, un certain intérêt scientifique (prouver la résistance d’une théorie, l’employer dans d’autres contextes, etc.).
  
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*La règle résulte des faits (Chaque fois qu'il y a de la fumée, il y a du feu). La règle découle de l'observation répétée de faits réels, contingents. La démarche des sciences empiriques est le plus souvent inductive: en Sociologie, par exemple, on considère que ce qu'une enquête montre sur un échantillon est extrapolable à une classe entière.
 
*La règle résulte des faits (Chaque fois qu'il y a de la fumée, il y a du feu). La règle découle de l'observation répétée de faits réels, contingents. La démarche des sciences empiriques est le plus souvent inductive: en Sociologie, par exemple, on considère que ce qu'une enquête montre sur un échantillon est extrapolable à une classe entière.
 
*Poussée à son paroxysme, l'induction peut conduire à l[['inductivisme]].
 
*Poussée à son paroxysme, l'induction peut conduire à l[['inductivisme]].
''Quelques exemples''  
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'''Quelques exemples'''  
  
 
*La plus célèbre des inductions est probablement l'exemple qu'en donne Aristote :
 
*La plus célèbre des inductions est probablement l'exemple qu'en donne Aristote :
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Alors B est vrai
 
Alors B est vrai
  
*Il s'agit, non pas de partir d'une hypothèse, mais d'y parvenir.
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=>Il s'agit, non pas de partir d'une hypothèse, mais d'y parvenir.
 
*Les exemples de pratiques abductives et de théorie de l’abduction empruntés à la science, à l’épistémologie, à la littérature et à l’esthétique soulignent bien la pertinence d’une approche [[transdisciplinaire]]  des processus de connaissance. Ils montrent surtout que cette pratique de la découverte faisant appel à la fois au raisonnement, à la sensation et à l’imagination, transcende les frontières entre les sciences et la littérature. À la base de toute compréhension théorique, qu’elle soit scientifique ou artistique, l’abduction est une pratique de la découverte articulant les dimensions rationnelle et esthétique du procès de connaissance, et n’est possible qu’à la condition de pratiquer en même temps des manières de voir, de raisonner, de ressentir ou d’imaginer généralement opposées.
 
*Les exemples de pratiques abductives et de théorie de l’abduction empruntés à la science, à l’épistémologie, à la littérature et à l’esthétique soulignent bien la pertinence d’une approche [[transdisciplinaire]]  des processus de connaissance. Ils montrent surtout que cette pratique de la découverte faisant appel à la fois au raisonnement, à la sensation et à l’imagination, transcende les frontières entre les sciences et la littérature. À la base de toute compréhension théorique, qu’elle soit scientifique ou artistique, l’abduction est une pratique de la découverte articulant les dimensions rationnelle et esthétique du procès de connaissance, et n’est possible qu’à la condition de pratiquer en même temps des manières de voir, de raisonner, de ressentir ou d’imaginer généralement opposées.
  
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*Une confrontation se fait tout au long de l'histoire depuis l'antiquité entre Aristote et Platon et continue avec les savants de la renaissance par exemple Descartes et F.Bacon entre deux conceptions de la démarche scientifique: toutes les deux sont dogmatiques avec un refus d’interférence.  
 
*Une confrontation se fait tout au long de l'histoire depuis l'antiquité entre Aristote et Platon et continue avec les savants de la renaissance par exemple Descartes et F.Bacon entre deux conceptions de la démarche scientifique: toutes les deux sont dogmatiques avec un refus d’interférence.  
*dès l’Antiquité, un débat épistémologique oppose les tenants d’une voie inductive, partant des faits et s’élevant jusqu’aux idées, et les adeptes d’une voie déductive, initiée dans l’esprit et descendant vers les faits à expliquer. Aristote définit ces concepts et, distinguant leurs vertus, leur assigne des rôles différents.
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*Dès l’Antiquité, un débat épistémologique oppose les tenants d’une voie inductive, partant des faits et s’élevant jusqu’aux idées, et les adeptes d’une voie déductive, initiée dans l’esprit et descendant vers les faits à expliquer. Aristote définit ces concepts et, distinguant leurs vertus, leur assigne des rôles différents.
 
   
 
   
 
'''Entre l'induction et l'abduction'''
 
'''Entre l'induction et l'abduction'''
*l'induction et l'abduction ont été souvent confondues. L'induction est un mode d'inférence qui conclut du particulier au général, de façon probable. C'est la généralisation d'une propriété constatée empiriquement sur un grand nombre de cas, ou à partir d'échantillons représentatifs. Mais pour Peirce, l'abduction infère quelque chose de différent de ce qui est observé, et souvent quelque chose qu'il nous serait impossible d'observer directement, alors que l'induction infère des phénomènes semblables et n'a en soi aucune originalité. L'abduction conduit ainsi à la découverte des causes, l'induction à la découverte des lois. L'induction collationne les expériences abduites pour en tirer des lois. Elle met à l'épreuve, elle vérifie ou elle falsifie. Par exemple, après l'abduction de Kepler concernant la forme elliptique de l'orbite de Mars, qui contredisait une pratique millénaire, on a pu faire une induction, c'est-à-dire généraliser le cas de Mars aux autres planètes. Dans le processus de construction du savoir, l'abduction guide l'induction, elle est un moment préalable de l'induction. Mais seule l'abduction est créative et apporte de nouvelles connaissances, bien qu'elle soit imprévisible et incertaine, et en cela très proche de la sérendipité.
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*L'induction et l'abduction ont été souvent confondues. L'induction est un mode d'inférence qui conclut du particulier au général, de façon probable. C'est la généralisation d'une propriété constatée empiriquement sur un grand nombre de cas, ou à partir d'échantillons représentatifs. Mais pour Peirce, l'abduction infère quelque chose de différent de ce qui est observé, et souvent quelque chose qu'il nous serait impossible d'observer directement, alors que l'induction infère des phénomènes semblables et n'a en soi aucune originalité. L'abduction conduit ainsi à la découverte des causes, l'induction à la découverte des lois. L'induction collationne les expériences abduites pour en tirer des lois. Elle met à l'épreuve, elle vérifie ou elle falsifie. Par exemple, après l'abduction de Kepler concernant la forme elliptique de l'orbite de Mars, qui contredisait une pratique millénaire, on a pu faire une induction, c'est-à-dire généraliser le cas de Mars aux autres planètes. Dans le processus de construction du savoir, l'abduction guide l'induction, elle est un moment préalable de l'induction. Mais seule l'abduction est créative et apporte de nouvelles connaissances, bien qu'elle soit imprévisible et incertaine, et en cela très proche de la sérendipité.
  
 
'''Entre la déduction et l'abduction'''
 
'''Entre la déduction et l'abduction'''
*L'abduction est donc proche de l'inférence déductive: « étant donné la prémisse A et la connaissance de ce que A implique B, il est possible de déduire la conclusion B ». C'est la règle d'inférence du modus ponens, bien connue en logique. L'abduction se laisse donc reconstruire a posteriori comme un raisonnement déductif faillible. Mais, à la différence de la déduction, l'abduction est par nature incertaine. On ne peut pas affirmer avec certitude qu'une explication constitue la cause réelle d'une observation, l'incertitude pouvant porter sur la plausibilité de l'explication, ou bien concerner la validité de la connaissance permettant l'explication.  
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*L'abduction est proche de l'inférence déductive: « étant donné la prémisse A et la connaissance de ce que A implique B, il est possible de déduire la conclusion B ». C'est la règle d'inférence du modus ponens, bien connue en logique. L'abduction se laisse donc reconstruire a posteriori comme un raisonnement déductif faillible. Mais, à la différence de la déduction, l'abduction est par nature incertaine. On ne peut pas affirmer avec certitude qu'une explication constitue la cause réelle d'une observation, l'incertitude pouvant porter sur la plausibilité de l'explication, ou bien concerner la validité de la connaissance permettant l'explication.  
*L'approche déductive de l'abduction - adoptée par certains logiciens - est limitée par la nature implacable de la déduction. L'abduction est incertaine et n'a pas le pouvoir prédictif de la déduction
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*L'approche déductive de l'abduction - adoptée par certains logiciens - est limitée par la nature implacable de la déduction.  
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*L'abduction est incertaine et n'a pas le pouvoir prédictif de la déduction
  
 
{{Origines possibles des conceptions}}
 
{{Origines possibles des conceptions}}
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*L’abduction est une réponse à la question initiée par Kant (1974) sur « comment la connaissance synthétique est-elle possible ? ».  
 
*L’abduction est une réponse à la question initiée par Kant (1974) sur « comment la connaissance synthétique est-elle possible ? ».  
 
*'''La [[ méthode hypothético-déductive]]''' :De l’affrontement entre méthodes déductive et inductive sortira vainqueur… la méthode hypothético-déductive, ou encore “ méthode de l’hypothèse ”, devenue la méthode scientifique par excellence et privilégiée dans l'enseignement. “ Le premier auteur qui propose clairement la méthode hypothético-déductive est le philosophe byzantin Johannes Philoponos (VIe siècle) ” affirme Grmek (1997 ).
 
*'''La [[ méthode hypothético-déductive]]''' :De l’affrontement entre méthodes déductive et inductive sortira vainqueur… la méthode hypothético-déductive, ou encore “ méthode de l’hypothèse ”, devenue la méthode scientifique par excellence et privilégiée dans l'enseignement. “ Le premier auteur qui propose clairement la méthode hypothético-déductive est le philosophe byzantin Johannes Philoponos (VIe siècle) ” affirme Grmek (1997 ).
*Canguilhem fait en 1942 une mise au point en sa faveur dans ses Leçonssur la méthode : « L’épistémologie contemporaine ne connaît ni les sciences inductives, ni les sciences déductives. […] Elle ne connaît que des sciences hypothético-déductives ».
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*Canguilhem fait en 1942 une mise au point en sa faveur dans ses Leçons sur la méthode : « L’épistémologie contemporaine ne connaît ni les sciences inductives, ni les sciences déductives. Elle ne connaît que des sciences hypothético-déductives ».
*Il utilise cette formule marquante : « il faut la raison pour faire une expérience et il faut l’expérience pour se faire une raison. » (Canguilhem,
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*Il utilise cette formule marquante : « il faut la raison pour faire une expérience et il faut l’expérience pour se faire une raison. » (Canguilhem,1942, cité dans Bourdieu et al., 1968/2005).
1942, cité dans Bourdieu et al., 1968/2005, p. 268).
 
 
* '''une [["boucle récursive abduction, déduction, induction" ]]''': L'apport de Peirce est de concevoir le raisonnement scientifique comme l'articulation d'une abduction avec une déduction et une induction, partant, le progrès de la science comme le déroulement indéfini de ce cycle. Selon Albert David, qui emprunte à Raymond Boudon (1990/1991) l'exemple de la rue mouillée, "cette articulation peut se formaliser comme suit :  
 
* '''une [["boucle récursive abduction, déduction, induction" ]]''': L'apport de Peirce est de concevoir le raisonnement scientifique comme l'articulation d'une abduction avec une déduction et une induction, partant, le progrès de la science comme le déroulement indéfini de ce cycle. Selon Albert David, qui emprunte à Raymond Boudon (1990/1991) l'exemple de la rue mouillée, "cette articulation peut se formaliser comme suit :  
 
  - une hypothèse explicative est construite par abduction pour rendre compte de données posant problème (j'observe que la rue est mouillée et je cherche une explication : il pleut, la balayeuse est passée, etc.) ;  
 
  - une hypothèse explicative est construite par abduction pour rendre compte de données posant problème (j'observe que la rue est mouillée et je cherche une explication : il pleut, la balayeuse est passée, etc.) ;  

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