Différences entre versions de « Conformisme - Anticonformisme »
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Le conformisme est une attitude très largement étudiée en sciences sociales qui correspond à un comportement qui est en accord avec ce qui est attendu d'un individu ou d'un groupe dans une situation donnée : être conforme veut dire ne pas dévier de la norme admise, ne pas prendre une liberté en agissant de façon différente de ce qui est attendu, socialement. | Le conformisme est une attitude très largement étudiée en sciences sociales qui correspond à un comportement qui est en accord avec ce qui est attendu d'un individu ou d'un groupe dans une situation donnée : être conforme veut dire ne pas dévier de la norme admise, ne pas prendre une liberté en agissant de façon différente de ce qui est attendu, socialement. | ||
+ | '''Terminologie''' | ||
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+ | Emprunté de l’anglais « conformity », le mot est dérivé du français, « conforme » et fait référence, au XVIIe siècle, à la personne qui menait une conduite traditionaliste et qui était en accord avec le contexte et le milieu où elle vivait, celui qui professait la religion officielle. | ||
+ | Il n'existe pas une seule forme de conformisme, mais bien plusieurs. Cette diversité est due aux différents facteurs qui modulent le phénomène1. Il faut d'abord prendre en compte les caractéristiques de la cible et celle de la source, le contexte dans lequel la cible et la source interagissent et la relation qu'elles entretiennent. | ||
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+ | '''Les trois formes de conformisme de Kelman''' | ||
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+ | C'est à travers la relation qu'entretiennent la cible et la source, que Kelman (1958) a mis en évidence trois formes de conformisme : | ||
+ | '''Le conformisme par complaisance''' | ||
+ | Celui-ci apparaît dans les relations de pouvoir où il est préférable pour l’individu de se conformer, afin de préserver l’approbation du groupe. Dans ce cas de figure, les croyances du sujet ne sont pas atteintes1. Il s’agit d’une influence superficielle. Il souhaite ainsi éviter de se faire remarquer en évitant de donner une réponse allant à l’encontre de l’avis général. Ce type de conformisme prend souvent forme dans des situations de pouvoir. | ||
+ | '''Le conformisme par identification''' | ||
+ | Dans le cas présent, le conformisme découle du désir de l’individu à vouloir entretenir des relations positives avec le groupe1. L’individu veut se faire accepter. Le changement est plus durable et s’exprime même en dehors du groupe. | ||
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+ | '''Le conformisme par intériorisation''' | ||
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+ | Lorsque la source est hautement crédibilisée, le sujet intériorise le message dans son système de valeur1, La source d’influence est considérée comme experte. Il s’agit ici d’une totale conversion car la norme est intériorisée. | ||
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+ | '''En sociologie''' | ||
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+ | Le conformisme est une attitude commune, plus que son opposé; les gens se comportent généralement tel qu'il est attendu d'eux dans une situation donnée. Il ne s'agit pas d'un biais, mais d'une attitude renforçant la régulation sociale et la cohésion sociale par l'adhésion aux normes sociales, tout en permettant d'anticiper les actions des autres. | ||
+ | Robert K. Merton rajoute quant à lui deux autres formes de conformismes. | ||
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+ | '''Le conformisme d'innovation''' | ||
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+ | Lorsqu'un individu accepte les objectifs du groupe mais refuse d'utiliser les moyens socialement légitimes de les atteindre. Par exemple, un individu pourra avoir un comportement criminel pour atteindre richesse et pouvoir. | ||
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+ | '''Le conformisme ritualisme''' | ||
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+ | Celui-ci pousserait le sujet à une conformité extrêmement scrupuleuse face aux normes de la société. Selon Merton, il s'agirait d'une adaptation mise en place par la cible pour éviter la frustration. Ce type de conformisme se retrouve particulièrement dans les classes sociales moyennes, car c'est là que l'accent est mis sur la morale. | ||
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+ | '''Expériences célèbres''' | ||
+ | '''L'expérience de Shérif''' : effet auto-cinétique | ||
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+ | C'est à Muzafer Sherif que l'on doit les expériences fondatrices du concept de normalisation. Lors de cette expérience, Shérif exploite l’effet auto-cinétique, une illusion d’optique qui prouve que lorsqu'on observe un point lumineux sans autre point de référence, on a l'impression que le point bouge. | ||
+ | Sherif invite donc des sujets à se prêter au jeu en les installant dans une pièce sombre et en leur demandant de déterminer si le point lumineux est en mouvement ou pas. Dans la première condition, le sujet répond d'abord seul, puis en groupe. Dans la seconde il y répond d'abord en groupe puis seul. | ||
+ | Les résultats ont pu démontrer que lorsque le sujet était dans la première condition (d'abord seul), il se crée sa propre valeur centrale puis converge vers la norme du groupe. Dans la seconde condition, le sujet se base sur la norme du groupe pour répondre individuellement. | ||
+ | Cette expérience suggère donc qu'en cas d'incertitude, l'individu utilise le groupe comme source d'information. | ||
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+ | '''L'expérience de Asch''' : effet du conformisme | ||
+ | Expérience de Asch | ||
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+ | C'est grâce à une tâche de discrimination perceptive qu'Asch a souhaité démontrer l'effet de conformisme. Pour ce faire, un sujet était invité à prendre place dans une salle où se trouvaient déjà sept autres personnes, qui elles, étaient des complices de l'expérimentateur. Aussi, le sujet naïf était placé de façon qu’il se retrouvait être le dernier à répondre aux questions qu'on lui posait. | ||
+ | Dans un premier temps, il montrait aux sujets une image sur laquelle était tracée une ligne. La tâche consistait à retrouver sur une deuxième image, où étaient tracées trois lignes différentes « A, B et C », laquelle était de longueur identique à la ligne tracée sur la première image. La tâche était relativement simple, étant donné que les lignes A et B étaient manifestement différentes. | ||
+ | Les résultats de Asch ont montré que sur l'ensemble des réponses, 30 % étaient conformistes. Cela a donc pu démontrer que même lorsque la réponse parait évidente, il n'est pas exclu que l'individu en donne une mauvaise réponse, pour se conformer à l'avis majoritaire11. | ||
+ | À la fin de l'expérience, l'expérimentateur a interrogé les sujets naïfs sur les raisons de leurs réponses conformistes et les a classées de la façon suivante : | ||
+ | • les réponses de perception : | ||
+ | les sujets ont réellement fini par percevoir la ligne A ou B comme une réponse correcte. Leur perception a donc changé ; | ||
+ | • les réponses de jugement : | ||
+ | les sujets restaient persuadés que leur réponse était la bonne mais pensaient qu'une majorité aussi unanime ne pouvait pas se tromper. Ils doutaient donc de la justesse de leur réponse[Passage contradictoire] ; | ||
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+ | l'avis de la majorité a été adopté par crainte d'être rejeté, mais le jugement et la perception n'ont pas été affectés. | ||
+ | Plusieurs variations ont été introduites dans cette expérience, ce qui a permis de démontrer que : | ||
+ | • lorsqu'un second sujet naïf était introduit, le taux d’erreur était divisé par '''3''' ; | ||
+ | • lorsque le nombre représentant la majorité (les complices) était inférieur à '''3''', l’influence baissait ; | ||
+ | • lorsque le nombre représentant la majorité atteignait '''4''' ou +, l’influence augmentait. | ||
+ | Cette expérience a donc démontré que le groupe a le pouvoir de nous faire choisir la mauvaise réponse, même lorsque cela est évident Influence de la minorité | ||
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+ | '''L'expérience de Asch''' suscite encore beaucoup de questions. '''Certains auteurs, comme Serge Moscovici''' (1979) postulent qu'il ne s'agit pas d'une influence majoritaire, qui pousse un individu à se conformer, mais plutôt d'une influence minoritaire. Selon lui, il n'est pas exclu que le sujet naïf, qui participe pour la première fois à une expérience, considère ses compères comme des gens un peu bizarres et décalés. Pour cet individu, la majorité, c'est celle de l'extérieur, celle qui est du même avis que lui. | ||
+ | À travers cette vision, les résultats pourraient donc être interprétés de la façon suivante : plus de 30 % des individus se laissent influencer par une minorité. Cette idée donnera lieu au courant de recherche sur l'influence de la minorité | ||
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− | * anticonformiste , nom | + | |
− | Traduction anglais : non- | + | * '''anticonformiste''' , nom Traduction anglais : non-conformiste |
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Le terme anticonformiste est apparu au milieu du xxe siècle. Il est formé de l'élément du grec anti- (αντι) qui signifie « en face de », « contre », et du nom conformiste, qui désigne quelqu'un qui se conforme aux normes | Le terme anticonformiste est apparu au milieu du xxe siècle. Il est formé de l'élément du grec anti- (αντι) qui signifie « en face de », « contre », et du nom conformiste, qui désigne quelqu'un qui se conforme aux normes | ||
L'anticonformiste est donc le contraire du conformiste. On emploie ce mot pour désigner l'attitude d'opposition à celui-ci, voire l'hostilité aux normes, aux usages établis. | L'anticonformiste est donc le contraire du conformiste. On emploie ce mot pour désigner l'attitude d'opposition à celui-ci, voire l'hostilité aux normes, aux usages établis. | ||
− | Tout individu qui, en société, s'écarte de la norme, est ainsi souvent considéré comme anormal, et même parfois, | + | Tout individu qui, en société, s'écarte de la norme, est ainsi souvent considéré comme anormal, et même parfois, déviant. |
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+ | '''L'anticonformiste,''' | ||
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+ | lui, est souvent un individualiste, mot dérivé du latin dividere, qui signifie « diviser », « séparer ». Il est « séparé » de la masse, de son milieu, parce qu'il ne se conforme pas aux modèles édictés par la majorité. L'anticonformiste refuse donc d'être celui ou celle qu'il convient d'être. Il revendique son originalité ; en effet, l'anticonformiste souhaite innover, inventer. | ||
+ | Par exemple, les artistes romantiques du début du XIXe siècle ou les peintres impressionnistes qui s'opposèrent alors, par leur liberté créative, aux normes esthétiques de la peinture académique. Et, plus proche de nous, le mouvement surréaliste qui a marqué profondément les années 1920-1930 | ||
+ | '''Le philosophe René Girard''' a formulé la théorie du désir mimétique selon laquelle l’individu a tendance à imiter les comportements de ses pairs pour assurer son bien-être à l’intérieur du groupe. Cependant, le fait de désirer le même objet que les autres provoque une sorte de tension dans la relation interpersonnelle, qui révèle la dimension conflictuelle de l’imitation et son rapport avec la violence. « En d'autres termes, faire de l'Autre un modèle, c'est faire de lui un rival ». Aussi, Girard va plus loin en affirmant que « derrière chaque mouvement non conformiste se cache juste un autre comportement conformiste ». | ||
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− | * .... | + | * l’éducation est une lutte. Elle l’a toujours été. Une lutte contre l’ignorance, contre le conformisme, contre les préjugés, contre la paresse intellectuelle. Elle est une lutte pour que nos jeunes deviennent des citoyens qui savent se situer dans le temps et l’espace, qui possèdent des points de référence pour évoluer dans le monde. |
− | :* . | + | :*au-delà du conformisme, les jeunes sont pour la plupart d’énormes demandeurs d’éducation. |
− | + | :* Officiellement, l’éducation nationale est ouverte à l’innovation. Elle crée des conseils pour l’encourager, lance des plans, notamment sur le numérique, récompense des initiatives… Dans la réalité, les innovateurs se heurtent à des obstacles qui souvent découragent, notamment une hiérarchie qui veut tout contrôler et une institution qui favorise le conservatisme. | |
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− | * [[ | + | * [[Comment peut-on être un conformisme ?]] |
− | * [[ | + | * [[Quels sont les avantages d'un anticonformisme ?]] |
− | * [[ | + | * [[Est ce qu'on peut passer du conformisme à l'anticonformisme ou l'inverse ?]] |
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− | * .. | + | * Petit Robert 2006 de la langue française |
− | * .............. | + | * Petit Robert de la langue française |
− | + | * Rhinocéros, acte III, tirade finale de Bérenger. | |
− | + | * Article de Libération du samedi 7 octobre 2000. | |
+ | * Le Quart Livre (1552) de Rabelais. | ||
+ | * Vérona Aebisher et Dominique Oberlé, Le groupe en psychologie sociale, Dunod, 2012 | ||
+ | Sylvain Delouvée, Manuel visuel de psychologie sociale, Dunod, 2013 | ||
+ | Anarchisme individualiste | ||
+ | Cynisme | ||
+ | Nihilisme | ||
+ | Dada | ||
+ | Solomon Asch, Social Psychology, Oxford University Press.USA, 1987 | ||
+ | « La- définition » [archive], sur L’orthographe pour tous, dictionnaire des définitions, 2014 (consulté le 10 mars 2014) | ||
+ | Ingrid Plivard, Mini-manuel de psychologie sociale, Dunod, 2012 | ||
+ | Philippe Besnard, « Merton à la recherche de l'anomie » [archive], sur Revue française de sociologie. 19-1 pp.3-38, 1978 (consulté le 15 mars 2014) | ||
+ | Ewa Drozda-Senkowska, Psychologie sociale expérimentale, 2006. | ||
+ | Gustave-Nicolas Fischer, Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Dunod, 2005 | ||
+ | W. Doise, J.-C. Deschamps et G. Mugny, La psychologie sociale expérimentale, Armand Colin, Paris, 1978. | ||
+ | Serge Guimond, Psychologie sociale. : Perspective multiculturelle, Mardaga, 2010 | ||
+ | F. Girandola, Psychologie de la persuasion et de l'engagement, Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté, 2003 | ||
+ | Bibb Latané, The emergence of clustering and correlation from social interaction, Peitgen, 1996, 79-104 p. | ||
+ | Henri Tajfel, « Towards a Cognitive Redefinition of the Social Group », European Journal of Work and Organizational Psychology, vol. 21, no 4, 2012, p. 547-574 | ||
+ | Jean-Pierre Pétard, Psychologie Sociale, Édition Bréal, 2007, 506 p. | ||
+ | J.A. Pérez et G. Mugny, Influences sociales. : La théorie de l'élaboration du conflit, Neuchatel, Paris: Delachaux et Niestlé, 1993 | ||
+ | Serge Moscovici, Psychologie sociale des relations à autrui, Cursus, 2006 | ||
+ | « anticonformisme » [archive], sur dictionnaires de français LAROUSSE (consulté le 18 avril 2014) | ||
+ | Colloque De Cerisy, Violence et vérité, autour de René Girard, sous la direction de Paul Demouchel et Jean-Pierre Dupuy, Grasset, 1985 | ||
+ | Mugny, G. et Papastamou, S., « « Réactance psychologique » et ordre social, Quaderns de psicologia », International journal of psychology, vol. 2/3, 1979 | ||
+ | Deswarte Elisabeth, « La publicité est omniprésente mais nous influence-t-elle ? » [archive], sur psychologie-sociale, 2014 (consulté le 24 avril 2014) | ||
+ | « Sommes-nous tous conformistes? » [archive], héloise junier (consulté le 24 avril 2014) | ||
+ | Guillaume Erner, Sociologie des tendances, Paris, Presses universitaires de France, 2008 | ||
+ | Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les étudiants et la culture, minuit, 1964 | ||
+ | Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir, Gallimard, 1899 | ||
+ | Marie Cipriani-Crauste et Michel Fize, Le bonheur d’être adolescent, érès, 2005 | ||
+ | « Les sondages, une vraie photographie de l’opinion? » [archive], sur lewebpedagogique, 2014 (consulté le 28 avril 2014) | ||
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Conception : Clarification - Explicitation
- conformisme , nom masculin
Sens: Soumission aux usages, aux règles morales communément admises. Synonyme : traditionalisme Traduction anglais : conformism Le conformisme est une attitude très largement étudiée en sciences sociales qui correspond à un comportement qui est en accord avec ce qui est attendu d'un individu ou d'un groupe dans une situation donnée : être conforme veut dire ne pas dévier de la norme admise, ne pas prendre une liberté en agissant de façon différente de ce qui est attendu, socialement. Terminologie
Emprunté de l’anglais « conformity », le mot est dérivé du français, « conforme » et fait référence, au XVIIe siècle, à la personne qui menait une conduite traditionaliste et qui était en accord avec le contexte et le milieu où elle vivait, celui qui professait la religion officielle. Il n'existe pas une seule forme de conformisme, mais bien plusieurs. Cette diversité est due aux différents facteurs qui modulent le phénomène1. Il faut d'abord prendre en compte les caractéristiques de la cible et celle de la source, le contexte dans lequel la cible et la source interagissent et la relation qu'elles entretiennent.
Les trois formes de conformisme de Kelman
C'est à travers la relation qu'entretiennent la cible et la source, que Kelman (1958) a mis en évidence trois formes de conformisme : Le conformisme par complaisance Celui-ci apparaît dans les relations de pouvoir où il est préférable pour l’individu de se conformer, afin de préserver l’approbation du groupe. Dans ce cas de figure, les croyances du sujet ne sont pas atteintes1. Il s’agit d’une influence superficielle. Il souhaite ainsi éviter de se faire remarquer en évitant de donner une réponse allant à l’encontre de l’avis général. Ce type de conformisme prend souvent forme dans des situations de pouvoir. Le conformisme par identification Dans le cas présent, le conformisme découle du désir de l’individu à vouloir entretenir des relations positives avec le groupe1. L’individu veut se faire accepter. Le changement est plus durable et s’exprime même en dehors du groupe.
Le conformisme par intériorisation
Lorsque la source est hautement crédibilisée, le sujet intériorise le message dans son système de valeur1, La source d’influence est considérée comme experte. Il s’agit ici d’une totale conversion car la norme est intériorisée.
En sociologie
Le conformisme est une attitude commune, plus que son opposé; les gens se comportent généralement tel qu'il est attendu d'eux dans une situation donnée. Il ne s'agit pas d'un biais, mais d'une attitude renforçant la régulation sociale et la cohésion sociale par l'adhésion aux normes sociales, tout en permettant d'anticiper les actions des autres. Robert K. Merton rajoute quant à lui deux autres formes de conformismes.
Le conformisme d'innovation
Lorsqu'un individu accepte les objectifs du groupe mais refuse d'utiliser les moyens socialement légitimes de les atteindre. Par exemple, un individu pourra avoir un comportement criminel pour atteindre richesse et pouvoir.
Le conformisme ritualisme
Celui-ci pousserait le sujet à une conformité extrêmement scrupuleuse face aux normes de la société. Selon Merton, il s'agirait d'une adaptation mise en place par la cible pour éviter la frustration. Ce type de conformisme se retrouve particulièrement dans les classes sociales moyennes, car c'est là que l'accent est mis sur la morale.
Expériences célèbres L'expérience de Shérif : effet auto-cinétique
C'est à Muzafer Sherif que l'on doit les expériences fondatrices du concept de normalisation. Lors de cette expérience, Shérif exploite l’effet auto-cinétique, une illusion d’optique qui prouve que lorsqu'on observe un point lumineux sans autre point de référence, on a l'impression que le point bouge. Sherif invite donc des sujets à se prêter au jeu en les installant dans une pièce sombre et en leur demandant de déterminer si le point lumineux est en mouvement ou pas. Dans la première condition, le sujet répond d'abord seul, puis en groupe. Dans la seconde il y répond d'abord en groupe puis seul. Les résultats ont pu démontrer que lorsque le sujet était dans la première condition (d'abord seul), il se crée sa propre valeur centrale puis converge vers la norme du groupe. Dans la seconde condition, le sujet se base sur la norme du groupe pour répondre individuellement. Cette expérience suggère donc qu'en cas d'incertitude, l'individu utilise le groupe comme source d'information.
L'expérience de Asch : effet du conformisme Expérience de Asch
C'est grâce à une tâche de discrimination perceptive qu'Asch a souhaité démontrer l'effet de conformisme. Pour ce faire, un sujet était invité à prendre place dans une salle où se trouvaient déjà sept autres personnes, qui elles, étaient des complices de l'expérimentateur. Aussi, le sujet naïf était placé de façon qu’il se retrouvait être le dernier à répondre aux questions qu'on lui posait. Dans un premier temps, il montrait aux sujets une image sur laquelle était tracée une ligne. La tâche consistait à retrouver sur une deuxième image, où étaient tracées trois lignes différentes « A, B et C », laquelle était de longueur identique à la ligne tracée sur la première image. La tâche était relativement simple, étant donné que les lignes A et B étaient manifestement différentes. Les résultats de Asch ont montré que sur l'ensemble des réponses, 30 % étaient conformistes. Cela a donc pu démontrer que même lorsque la réponse parait évidente, il n'est pas exclu que l'individu en donne une mauvaise réponse, pour se conformer à l'avis majoritaire11. À la fin de l'expérience, l'expérimentateur a interrogé les sujets naïfs sur les raisons de leurs réponses conformistes et les a classées de la façon suivante : • les réponses de perception : les sujets ont réellement fini par percevoir la ligne A ou B comme une réponse correcte. Leur perception a donc changé ; • les réponses de jugement : les sujets restaient persuadés que leur réponse était la bonne mais pensaient qu'une majorité aussi unanime ne pouvait pas se tromper. Ils doutaient donc de la justesse de leur réponse[Passage contradictoire] ; • les réponses d'action : l'avis de la majorité a été adopté par crainte d'être rejeté, mais le jugement et la perception n'ont pas été affectés. Plusieurs variations ont été introduites dans cette expérience, ce qui a permis de démontrer que : • lorsqu'un second sujet naïf était introduit, le taux d’erreur était divisé par 3 ; • lorsque le nombre représentant la majorité (les complices) était inférieur à 3, l’influence baissait ; • lorsque le nombre représentant la majorité atteignait 4 ou +, l’influence augmentait. Cette expérience a donc démontré que le groupe a le pouvoir de nous faire choisir la mauvaise réponse, même lorsque cela est évident Influence de la minorité
L'expérience de Asch suscite encore beaucoup de questions. Certains auteurs, comme Serge Moscovici (1979) postulent qu'il ne s'agit pas d'une influence majoritaire, qui pousse un individu à se conformer, mais plutôt d'une influence minoritaire. Selon lui, il n'est pas exclu que le sujet naïf, qui participe pour la première fois à une expérience, considère ses compères comme des gens un peu bizarres et décalés. Pour cet individu, la majorité, c'est celle de l'extérieur, celle qui est du même avis que lui. À travers cette vision, les résultats pourraient donc être interprétés de la façon suivante : plus de 30 % des individus se laissent influencer par une minorité. Cette idée donnera lieu au courant de recherche sur l'influence de la minorité
- anticonformiste , nom Traduction anglais : non-conformiste
Le terme anticonformiste est apparu au milieu du xxe siècle. Il est formé de l'élément du grec anti- (αντι) qui signifie « en face de », « contre », et du nom conformiste, qui désigne quelqu'un qui se conforme aux normes L'anticonformiste est donc le contraire du conformiste. On emploie ce mot pour désigner l'attitude d'opposition à celui-ci, voire l'hostilité aux normes, aux usages établis. Tout individu qui, en société, s'écarte de la norme, est ainsi souvent considéré comme anormal, et même parfois, déviant.
L'anticonformiste,
lui, est souvent un individualiste, mot dérivé du latin dividere, qui signifie « diviser », « séparer ». Il est « séparé » de la masse, de son milieu, parce qu'il ne se conforme pas aux modèles édictés par la majorité. L'anticonformiste refuse donc d'être celui ou celle qu'il convient d'être. Il revendique son originalité ; en effet, l'anticonformiste souhaite innover, inventer.
Par exemple, les artistes romantiques du début du XIXe siècle ou les peintres impressionnistes qui s'opposèrent alors, par leur liberté créative, aux normes esthétiques de la peinture académique. Et, plus proche de nous, le mouvement surréaliste qui a marqué profondément les années 1920-1930 Le philosophe René Girard a formulé la théorie du désir mimétique selon laquelle l’individu a tendance à imiter les comportements de ses pairs pour assurer son bien-être à l’intérieur du groupe. Cependant, le fait de désirer le même objet que les autres provoque une sorte de tension dans la relation interpersonnelle, qui révèle la dimension conflictuelle de l’imitation et son rapport avec la violence. « En d'autres termes, faire de l'Autre un modèle, c'est faire de lui un rival ». Aussi, Girard va plus loin en affirmant que « derrière chaque mouvement non conformiste se cache juste un autre comportement conformiste ».
Conceptions: Origines possibles
Conceptions liées - Typologie
Concepts ou notions associés
Normalisation / Anormal / Perception / Innovation / Rictualisme / Majoritaire / Minoritaire / Suivisme /
Références
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Conformisme - Anticonformisme sur : Wikipedia / Wikiwand / Universalis / Larousse encyclopédie / Khan Académie | |||
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Éléments graphique
Stratégie de changement conceptuel
- l’éducation est une lutte. Elle l’a toujours été. Une lutte contre l’ignorance, contre le conformisme, contre les préjugés, contre la paresse intellectuelle. Elle est une lutte pour que nos jeunes deviennent des citoyens qui savent se situer dans le temps et l’espace, qui possèdent des points de référence pour évoluer dans le monde.
- au-delà du conformisme, les jeunes sont pour la plupart d’énormes demandeurs d’éducation.
- Officiellement, l’éducation nationale est ouverte à l’innovation. Elle crée des conseils pour l’encourager, lance des plans, notamment sur le numérique, récompense des initiatives… Dans la réalité, les innovateurs se heurtent à des obstacles qui souvent découragent, notamment une hiérarchie qui veut tout contrôler et une institution qui favorise le conservatisme.
Questions possibles
Bibliographie
Pour citer cette page: (- Anticonformisme)
ABROUGUI, M & al, 2021. Conformisme - Anticonformisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/Conformisme_-_Anticonformisme>, consulté le 22, décembre, 2024
- Petit Robert 2006 de la langue française
- Petit Robert de la langue française
- Rhinocéros, acte III, tirade finale de Bérenger.
- Article de Libération du samedi 7 octobre 2000.
- Le Quart Livre (1552) de Rabelais.
- Vérona Aebisher et Dominique Oberlé, Le groupe en psychologie sociale, Dunod, 2012
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