Différences entre versions de « Addiction - Dépendance - Accoutumance »

De Didaquest
Aller à la navigationAller à la recherche
Ligne 11 : Ligne 11 :
 
== {{Conceptions canoniques}} ==
 
== {{Conceptions canoniques}} ==
 
=== [[Accoutumance - Addiction]] ===
 
=== [[Accoutumance - Addiction]] ===
Ces deux termes s’appliquent à la même notion, à savoir l’adaptation à un stimulus extérieur, mais le premier ([[Accoutumance]]) décrit un processus physiologique plutôt bénéfique, le second ([[Addiction]]) un comportement pathologique clairement délétère.
+
Ces deux termes s’appliquent à la même notion, à savoir l’adaptation à un stimulus extérieur, mais le premier ([[Accoutumance]]) décrit un processus physiologique plutôt bénéfique au départ, le second ([[Addiction]]) un comportement pathologique clairement délétère.
 
+
: Ainsi, l’accoutumance permet de s’adapter à un environnement parfois hostile ; c’est donc un processus de défense. La dépendance, que, par préférence pour les anglicismes, nous appelons plus volontiers actuellement l’addiction, est, en quelque sorte, une déviation pathologique de ce mécanisme adaptatif.
=== L'[[addiction]] ===
 
Le terme d’addiction, qui s’est progressivement substitué à celui de toxicomanies, est d’étymologie latine, ad-dicere « dire à », et exprime une appartenance en terme d’esclavage.
 
Etre addicté était ainsi, au Moyen-âge, une ordonnance d’un tribunal obligeant le débiteur, qui ne pouvait rembourser sa dette autrement, à payer son créancier par son travail.
 
 
 
: Par la suite, dans la langue anglaise dès le XIVème siècle, le terme addiction a pu désigner la relation contractuelle de soumission d’un apprenti à son maître, puis se rapprocher peu à peu du sens moderne, en désignant des passions nourries et moralement répréhensibles. Toujours en langue anglaise, le mot addiction est totalement intégré dans le langage populaire pour désigner toutes les passions dévorantes et les dépendances.
 
 
 
C'est donc dans son étymologie que se définit le mieux l'addiction : elle comporte la notion de contrainte du corps.
 
 
 
De nos jours, ce terme est employé pour décrire un état du corps en situation de besoin par rapport à un produit addictif. On parle d'addiction quand la personne apparaît particulièrement vulnérable et qu'elle se comporte de façon compulsive en vue d'atteindre du plaisir.
 
 
 
Le terme d’addiction présente l’avantage de proposer un déplacement du toxique, c'est-à-dire du produit consommé, vers le comportement lui-même, qu’il s’agisse d’'''un comportement de consommation de substance psychoactive''' (produit agissant sur le psychisme, en modifiant l’activité mentale, les sensations ou le comportement) ou d’'''une addiction comportementale'''.
 
* '''Les addictions à une substance psychoactive''' concernent les substances licites (tabac, alcool, médicaments psychotropes) ainsi que les substances illicites (cannabis, opiacés, cocaïne, amphétamines, etc).
 
* '''Les addictions comportementales''' désignent quant à elles certains troubles du comportement alimentaire, le jeu pathologique, les achats compulsifs, l’utilisation problématique d’Internet ou des jeux vidéo, le surentraînement sportif, les addictions sexuelles ou au travail, etc
 
 
 
Enfin, on parle d'addiction quand une personne est sujette à la rechute, à cause de la "marque" des produits addictifs dans certains neurones du cerveau.
 
 
 
: - Etre "addict" à un produit signifie donc que l'on est esclave de ce produit.
 
 
 
Aujourd'hui, le phénomène de l'addiction est considéré comme un état pathologique, c'est à dire maladif : il se réalise dans les neurones, dans le cerveau. En effet, si le système de récompense, circuit du cerveau stimulé dans le phénomène addictif, est perturbé ou fait état d'un dysfonctionnement, la personne addicte perd le contrôle d'elle-même et ne peut se passer de consommer son produit addictif.
 
 
 
'''l’addiction''' est la consommation excessive d’une substance, en dépit des conséquences néfastes. Toutefois, seule «une personne sur cinq est vulnérable à l’addiction». Les autres peuvent prendre ces produits sans pour autant devenir accros.
 
 
 
* '''Comment s’installe l’addiction?'''
 
 
 
: les substances induisent un changement majeur des synapses excitatrices et inhibitrices, ce qui modifie ensuite l’activité de certaines populations de neurones. C’est cela qui crée le comportement pathologique. Dans un premier temps, le processus a lieu dans les parties profondes du cerveau et ce n’est que par la suite que le cortex –l’écorce cérébrale– intervient aussi.
 
: Les cellules nerveuses se connectent entre elles au niveau des synapses. Dans ces zones de jonction, elles se transmettent l’information par l’intermédiaire de messagers chimiques, les neurotransmetteurs. Parmi ceux-ci figure le glutamate, «le plus excitateur chez les mammifères».
 
 
 
* '''Comment l'addiction modifie le cerveau'''
 
 
 
En travaillant sur des souris, un neuroscientifique californien avait observé qu’une seule injection de cocaïne changeait la transmission du glutamate dans l’aire tegmentale ventrale – une région du cerveau impliquée dans le circuit de la récompense – et induisait des transformations qui provoquaient une addiction pendant une semaine.
 
: Renouvelant l’expérience, une équipe genevoise a constaté, «qu’en quelques heures, le nombre des synapses glutaminergiques augmentait leur efficacité dans cette aire». Et cela, en réponse à la libération excessive, provoquée par la cocaïne, d’un autre neurotransmetteur, la dopamine, qui intervient aussi dans le processus d’apprentissage lié à l’obtention d’une récompense. «En modifiant la malléabilité de certaines synapses, la cocaïne stimule de façon anormale ce processus d’apprentissage que la personne ne contrôle plus. Cela la pousse à consommer la substance». Au fil de ses recherches, le scientifique a précisé les rouages moléculaires des mécanismes de l’addiction, non seulement à la cocaïne, mais aussi aux autres drogues.
 
  
 
=== [[Dépendance]] ===
 
=== [[Dépendance]] ===
 
* On parle de '''dépendance''' lorsqu’on souffre du [[syndrome de sevrage]] à l’arrêt brusque de la consommation. la dépendance vient marquer la perte de la liberté de s’abstenir de consommer.  
 
* On parle de '''dépendance''' lorsqu’on souffre du [[syndrome de sevrage]] à l’arrêt brusque de la consommation. la dépendance vient marquer la perte de la liberté de s’abstenir de consommer.  
 
: Longtemps, le concept de dépendance a été assimilé à celui de dépendance physique, en référence à la pharmacodépendance (ensemble de mécanismes physiologiques de neuro-adaptation).
 
: Longtemps, le concept de dépendance a été assimilé à celui de dépendance physique, en référence à la pharmacodépendance (ensemble de mécanismes physiologiques de neuro-adaptation).
 
: Cette neuro-adaptation implique l’apparition progressive d’une tolérance (nécessité d’augmenter les quantités consommées pour obtenir le même effet ou diminution de l’effet en cas de consommations stables) et d’un syndrome de sevrage (signes cliniques spécifiques signant le manque). Depuis la seconde moitié du XXème siècle, le concept s’est enrichi d’un versant somatopsychique, le craving, défini par une envie impérieuse de consommer pour retrouver les sensations de satisfaction et d’éviter une sensation de malaise psychique.
 
 
Les psychotropes mimant l’action de molécules produites naturellement par le cerveau, leur présence dans l’organisme en perturbe l’équilibre interne. Lorsque la consommation de substances psychotropes devient répétitive, le cerveau s’adapte pour tenter de recréer son équilibre. Il est capable de mobiliser de multiples mécanismes pour parvenir à cet objectif : la diminution du nombre de récepteurs à la surface des neurones, la modification de la sensibilité de ces récepteurs, la diminution des quantités de neurotransmetteurs libérés, et même l’activation de gènes jusque-là inactifs. Toutes ces modifications qui peuvent se mettent en place à long terme sous-tendent les mécanismes de tolérance qui s’installent lors de la consommation régulière de psychotrope.
 
 
L’individu doit alors augmenter les doses pour ressentir le même effet. Ainsi, si la prise occasionnelle de psychotropes produit une sensation plaisante, d’intensité décuplée par rapport au fonctionnement naturel, lorsque la consommation devient répétitive et chronique, le cerveau s’adapte pour diminuer les effets de la substance et l’individu ressent un sentiment de tristesse, d’anxiété et d’irritabilité mêlée (dysphorie). Cet état négatif le conduit à consommer à nouveau, non plus pour ressentir les effets positifs du produit, mais plutôt pour réduire les effets négatifs qu’il ressent lorsqu’il arrête de consommer.
 
 
il vit donc une frustration qui le pousse à de nouvelles consommations et à l’augmentation des doses, voire à ajouter ou à changer de substance. L’individu ne consomme alors non pas pour "améliorer" son état normal, mais pour le retrouver. Le problème est que cet état devient entre-temps inatteignable. Seule la consommation de la substance psychoactive permet d’effacer, en partie et de manière temporaire, le mal-être psychologique qui résulte de cet écart.
 
 
La consommation répétée provoque une modification progressive du fonctionnement des neurones du [[ système de récompense]].
 
 
 
L’idée que l’on puisse disjoindre dépendance physique et psychique est totalement artificielle et a sans doute conduit à des représentations inexactes de la dépendance. La pierre angulaire de la dépendance est bien la perte de contrôle d’un comportement et la notion de compulsion et de craving.  
 
L’idée que l’on puisse disjoindre dépendance physique et psychique est totalement artificielle et a sans doute conduit à des représentations inexactes de la dépendance. La pierre angulaire de la dépendance est bien la perte de contrôle d’un comportement et la notion de compulsion et de craving.  
  
=== [[Accoutumance]] ou [[Tolérance]] ===
 
 
L'accoutumance désigne l'adaptation de l'organisme au produit consommé. Il s'agit donc d'une sorte de tolérance du corps, liée aux neurones qui gardent en "mémoire" la stimulation produite par le produit addictif. Le phénomène est dénommé tolérance ou accoutumance ou désensibilisation des récepteurs.
 
 
La désensibilisation est une forme de régulation qui permet d’éviter les conséquences néfastes d’une stimulation prolongée. Elle se manifeste par une diminution de l'intensité de la réponse cellulaire malgré la présence continue d'un stimulus d'égale intensité.
 
En cas d'accoutumance, l'effet du produit diminue au fur et  à mesure des consommations et le corps réclame une dose de plus en plus forte. En conséquence, afin de ressentir le même degré de sensation, le consommateur devra répéter son action de plus en plus souvent et ingérer une plus grande quantité du produit.
 
 
Les drogues, quelles qu’elles soient, sont de puissants stimulants des récepteurs.  Le cerveau se met alors en mode « protection » pour lui permettre de fonctionner correctement, maintenir son homéostasie malgré la présence de ces stimulants. Il va alors utiliser le processus de désensibilisation qui s’appuie sur plusieurs types d’adaptations au niveau moléculaire :
 
 
* « internalisation » des récepteurs qui sont « cachés » à l’intérieur des neurones et donc ne sont alors plus exposés aux stimulants
 
* diminution du nombre de récepteurs synthétisés, donc moins de cibles pour les produits
 
* mise en position « off » des récepteurs par modification de leur structure, le stimulant ne déclenchant alors plus aucune action.
 
 
L’ACCOUTUMANCE À UNE DROGUE PEUT AUTOMATIQUEMENT DÉCLENCHER L’ACCOUTUMANCE À UNE AUTRE DROGUE, ON PARLE ALORS DE TOLÉRANCE CROISÉE, PAR EXEMPLE L’ALCOOL ET CERTAINS MÉDICAMENTS, OU L’ALCOOL ET LES DROGUES HALLUCINOGÈNES.
 
 
L’accoutumance est un vrai piège. En effet l’organisme fait de son mieux pour s’adapter mais il le fait dans un mauvais sens : en « obligeant » en quelque sorte le sujet à consommer plus pour obtenir l’effet désiré, il en amplifie les effets toxiques directs et les lésions potentielles des organes
 
 
Les opiacés entraînent à la fois dépendance et addiction, alors que la cocaïne ne provoque que l’addiction. En outre, la dépendance touche tout le monde: si on vous prescrit de la morphine comme traitement antidouleur, au bout d’une semaine, vous deviendrez dépendant. Mais vous ne deviendrez pas pour autant accro ensuite.
 
 
 
**
 
 
: Cette neuro-adaptation implique l’apparition progressive d’une tolérance (nécessité d’augmenter les quantités consommées pour obtenir le même effet ou diminution de l’effet en cas de consommations stables) et d’un syndrome de sevrage (signes cliniques spécifiques signant le manque). Depuis la seconde moitié du XXème siècle, le concept s’est enrichi d’un versant somatopsychique, le craving, défini par une envie impérieuse de consommer pour retrouver les sensations de satisfaction et d’éviter une sensation de malaise psychique.
 
 
Les psychotropes mimant l’action de molécules produites naturellement par le cerveau, leur présence dans l’organisme en perturbe l’équilibre interne. Lorsque la consommation de substances psychotropes devient répétitive, le cerveau s’adapte pour tenter de recréer son équilibre. Il est capable de mobiliser de multiples mécanismes pour parvenir à cet objectif : la diminution du nombre de récepteurs à la surface des neurones, la modification de la sensibilité de ces récepteurs, la diminution des quantités de neurotransmetteurs libérés, et même l’activation de gènes jusque-là inactifs. Toutes ces modifications qui peuvent se mettent en place à long terme sous-tendent les mécanismes de tolérance qui s’installent lors de la consommation régulière de psychotrope.
 
 
L’individu doit alors augmenter les doses pour ressentir le même effet. Ainsi, si la prise occasionnelle de psychotropes produit une sensation plaisante, d’intensité décuplée par rapport au fonctionnement naturel, lorsque la consommation devient répétitive et chronique, le cerveau s’adapte pour diminuer les effets de la substance et l’individu ressent un sentiment de tristesse, d’anxiété et d’irritabilité mêlée (dysphorie). Cet état négatif le conduit à consommer à nouveau, non plus pour ressentir les effets positifs du produit, mais plutôt pour réduire les effets négatifs qu’il ressent lorsqu’il arrête de consommer.
 
 
il vit donc une frustration qui le pousse à de nouvelles consommations et à l’augmentation des doses, voire à ajouter ou à changer de substance. L’individu ne consomme alors non pas pour "améliorer" son état normal, mais pour le retrouver. Le problème est que cet état devient entre-temps inatteignable. Seule la consommation de la substance psychoactive permet d’effacer, en partie et de manière temporaire, le mal-être psychologique qui résulte de cet écart.
 
  
La consommation répétée provoque une modification progressive du fonctionnement des neurones du [[ système de récompense]].
 
  
 
== {{Conceptions erronées}} ==
 
== {{Conceptions erronées}} ==

Version du 16 novembre 2020 à 19:49


Fiches Question - Réponse
Posez une Question
Target Icon.pngVotre Publicité sur le Réseau Target Icon.png


(+)


Puce-didaquest.png Conception : Clarification - Explicitation


Puce-didaquest.png Conceptions liées - Typologie



Puce-didaquest.png Concepts ou notions associés

References
Références


Liens éducatifs relatifs aux 5 Mots-Clés Principaux

Sur le Portail Questions / Réponses

Sur Portail de Formation Gratuite

Sur des sites de Formation

Sur DidaQuest

Addiction - Dépendance - Accoutumance sur : Wikipedia / Wikiwand / Universalis / Larousse encyclopédie / Khan Académie
Sur Wikiwand :

[1] / [2] / [3] / [4] / [5]

Sur Wikipédia :

[6] / [7] / [8] / [9] / [10]

Sur Wikiversity :

[11] / [12] / [13] / [14] / [15]

Sur Universalis :

[16] / [17] / [18] / [19] / [20]

Sur Khan Académie :

[21] / [22] / [23] / [24] / [25]



Puce-didaquest.png Éléments graphique




Puce-didaquest.png Stratégie de changement conceptuel


Puce-didaquest.png Questions possibles



Puce-didaquest.png Bibliographie



Target Icon.pngVotre Publicité sur le Réseau Target Icon.png