La contagion

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Concernant les aérosols viraux de SARS-CoV-2

On sait que certains malades de la COVID-19 présentent durant plusieurs jours un titrage (taux) élevé de virus SARS-CoV-2 dans tout ou partie de leur arbre respiratoire61 :

Selon une étude publiée par la revue des CDC Emerging Infectious Diseases, faite dans un service de réanimation de 15 patients de l'hôpital Huoshenshan (l'un des 16 hôpitaux-refuges construit pour lutter contre la COVID-19 à Wuhan) et dans un service traitant 24 malades moins gravement touchés de l'hôpital construit en 10 jours, « Le SARS-CoV-2 était largement distribué dans l’air et sur la surface d’objets dans les services de réanimation et de soins généraux, ce qui implique un risque potentiellement élevé de contamination pour les personnels soignants et les autres contacts proches » . Sans surprise, le service des soins intensifs est plus contaminé et, en particulier (par ordre décroissant de contamination), les souris, les poubelles, les lits et les poignées de porte. Les auteurs ajoutent que « plus de 50% des semelles des chaussures de soignants portant des traces de virus ; il et souhaitable qu'elles soient désinfectées quand les agents de santé sortent du service consacré à la Covid-19 ». Le virus a aussi été trouvé en suspension dans l’air surtout près des lits de malades, et jusqu'à 4 mètres du malade ; de même que sur la bouche d’extraction d'air de la chambre, ce qui pose question pour « l’isolement de malades à domicile ». Des virions sont aussi émis en petite quantité sous forme d'aérosols par les malades qui parlent ou respirent (même sans tousser ni éternuer), mais, au 10 avril 2020, on ignore encore dans quelle mesure ils participent à la contagion, car le test employé détecte l'ARN viral, mais sans pouvoir préciser si le virus a encore son pouvoir infectieux. Les auteurs conseillent aussi de désinfecter chaque masque après utilisation, et avant de le jeter. le 15 avril 2020, dans la revue NEJM, 4 chercheurs américains (de l'Institut national du diabète et des maladies digestives et rénales) alertent sur le fait que parler suffit à émettre une quantité significative de virions, et notent que parler moins fort est associé à une moindre émission de gouttelettes aéroportées62 (ils publient avec 3 vidéos le démontrant, basées sur l'illumination par laser de ces particules)63. le 13 mai 2020, la même équipe, dans PNAS15, confirme que des virions émis par une personne parlant à voix haute peuvent rester en suspension dans l'air d'un espace fermé pendant plus de 8 minutes à plusieurs dizaines de minutes ; conformément à la Loi de Stokes, plus les particules sont petites, plus elles restent longtemps en suspension dans l'air, alors que les plus lourdes retombent par gravité, au sol. Un laser traversant une enceinte fermée dans laquelle une personne parle permet de le vérifier. Lors de cette expérience, la personne répétait avec une voix plus ou moins forte durant 25 secondes « stay healthy » (c'est-à-dire « portez-vous bien » en anglais), expression choisie car le la phonation du « th » (dans le mot « healthy ») génère efficacement les gouttelettes dans le fluide expiré lors de la parole. Chaque microgouttelette étant illuminée quand elle traverse le plan balayé par le laser, il est possible d'évaluer le nombre de particules restant en suspension dans la boite au fil du temps15. Dans un air stagnant, des particules restent illuminées par le laser durant 8 à 14 min, ce qui les désigne comme des noyaux de gouttelettes d'environ 4 μm de diamètre, ou des microgouttelettes de 12 à 21 μm avant déshydratation. Au vu du titre (concentration) de virions de coronavirus mesurée dans la salive et le mucus oropharyngé, parler d’une voix forte durant une minute suffit à générer plus de 1 000 microgouttelettes contaminantes dans l'air ; susceptibles d'y rester en suspension 8 minutes à plusieurs dizaines de minutes si le volume d'air n'est pas renouvelé et qu'il est stagnant15. La simple voix normale d’un malade (souvent asymptomatique dans le cas de la COVID-19) serait donc « éminemment capable de transmettre une maladie dans un espace confiné » confirment ces chercheurs15. Ce phénomène est l'une explication de la forte contagiosité de certains virus ciblant les muqueuses des voies pulmonaires ou aéro-digestives (grippe64, tuberculose23, rhume...). L'analyse des images indique que ce locuteur émettait, en moyenne, environ 2600 noyaux de gouttelettes par seconde de parole15. Au moment de cette expérience, on ignore encore quelle est la dose infectieuse minimale pour le SARS-CoV-2. Certains virus nécessitent d'être nombreux lors de l'inoculation afin qu'ils puissent déborder le système immunitaire, d'autres, au moins chez des hôtes « naïfs » (c'est-à-dire non-immunisés) peuvent induire une infection réussie à partir d'un ou quelques virions (les virologues parlent alors de virus à « action indépendante » (comprendre : indépendante du nombre de virus inoculés ; dans ce dernier cas chaque virion inoculé a une « probabilité théorique égale et non nulle de provoquer une infection »15 ; c'est le cas par exemple pour le baculovirus quand il infecte un insecte65 et de certains virus infectant des végétaux66. Pour la COVID-19, la charge moyenne d'ARN viral du liquide buccal est estimée être d'environ 7 × 106 virions par millilitre (avec au maximum 2,35 × 109 copies du virus par millilitre)67 ; en termes de probabilités selon Stadnytsky & al. (en mai 2020) : 37 % des gouttelette de 50 μm de diamètre (avant déshydratation) contiendraient au moins un virion. Mais seules 0,37% des gouttelettes de 10 μm en contiendraient (en réalité les virions émis peuvent aussi venir du fond de la gorge et des poumons). Pour une humidité relative de 27% à 23°C les gouttelettes se déshydratent en quelques secondes et les auteurs estiment « qu'une minute de parole forte génère au moins 1 000 noyaux de gouttelettes contenant des virions qui restent en suspension dans l'air durant plus de 8 minutes »15. Les auteurs précisent que pour les aérosols d'un diamètre de quelques microns, d'autres moyens de mesure, complémentaires, sont nécessaires (Morawska et al. avaient ainsi en 2009 ainsi compté jusqu'à 330 particules de 0,8 à 5,5 μm émises par seconde émises lors d'une vocalisation « aah » soutenue)20. Le degré de contagiosité du virus constaté dans les hôpitaux, maisons de retraite et autres lieux de soins de santé, laisse penser que le SARS-CoV-2 est plutôt de type à « action indépendante », tout comme les virions de la grippe et la rougeole15..

Covid-19 : on est surtout contagieux les 5 premiers jours

Une méta-analyse britannique indique que la contagiosité est maximale durant les 5 jours suivant l'apparition des symptômes du covid-19. Et qu'aucun virus vivant n'a pu être détecté au-delà du 9e jour.

Si la question de la transmission du SARS-CoV-2 par une personne asymptomatique est particulièrement importante, c'est qu'elle permet de mieux comprendre les mesures de prévention et de lutte contre l'extension de l’épidémie de Covid-19. Selon l'Inserm, les premières données internationales suggèrent "l’existence de porteurs du SARS-CoV-2 qui ne présentent pas ou très peu de symptômes, mais qui excrètent des particules virales au niveau de leur salive et de leurs fosses nasales."

C'est en partie pour cette raison qu'il est si important de rester confiné. Pour soi, mais aussi pour les autres. De nombreuses personnes atteintes du coronavirus en étant asymptomatiques, peuvent malgré tout transmettre le virus à d’autres, susceptibles quant à elles de développer une forme clinique grave, de la maladie nécessitant une hospitalisation.

  • LA CONTAGION EST MAXIMALE LES 5 PREMIERS JOURS

Une chose semble avérée : un malade commencerait à être contagieux bien avant avant l’apparition des premiers signes de la maladie (pendant la période d'incubation). La transmission du Sars-CoV-2 à partir des personnes infectées serait maximale "entre 2 jours avant l’apparition des signes cliniques et 5 jours après" déclarait le Conseil scientifique dans son avis du 3 septembre 2020.

Mais une nouvelle étude britannique précise que c'est surtout durant les 5 premiers jours suivant l'apparition des premiers symptômes que la contagiosité est la plus forte. Dans cette méta-analyse de 79 études sur le Covid-19 qui vient d'être publiée dans The lancet microbe, les chercheurs ont constaté que la durée moyenne de l'excrétion de l'ARN du covid-19 dans les voies respiratoires supérieures était de 17 jours. "Mais aucune étude n'a détecté de virus vivant au-delà du 9e jour de la maladie, malgré des charges virales constamment télevées" soulignent les chercheurs. "La viabilité du virus est courte, avec un pic précoce observé au moment de l'apparition des symptômes jusqu'au 5e jour de la maladie" concluent-ils.

Cette étude montre que les pratiques d'isolement doivent commencer dès le début des premiers symptômes, qui peuvent inclure des symptômes légers et atypiques. Et confirme l'inutilité d'une période d'isolement supérieure à à 7 jours pleins après le début des symptômes cliniques pour les cas confirmés. "Au-delà de cette durée d’isolement, le risque de transmission est très faible, et le risque résiduel peut être parfaitement maitrisé par le port rigoureux du masque chirurgical, et le suivi scrupuleux des mesures d’hygiène (lavage régulier des mains) et de la distanciation physique pendant la semaine qui suit la levée de l’isolement" soulignait le Conseil scientifique.

  • LES ENFANTS SONT-ILS PLUS CONTAGIEUX ?

Les enfants sont-ils plus contagieux que les adultes . Depuis le début de la pandémie, les avis n'ont cessé d'évoluer. Une étude américaine laisse à penser que les tous jeunes enfants (ceux qui ont moins de 5 ans) seraient de grands propagateurs du Covid-19. En revanche, dans un avis du 17 septembre dernier, le Haut conseil pour la santé publique affirme que les enfants sont "peu actifs dans la transmission du SARS-CoV-2" et que "le risque de transmission existe surtout d’adulte à adulte et d’adulte à enfant et rarement d’enfant à enfant ou d’enfant à adulte"... .......................................................................

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