Différences entre versions de « Vitalisme - machinisme »

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*Voir [[vitalisme]]  
 
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*La parution récente de ces deux ouvrages témoigne d’un regain d’intérêt pour la question du vitalisme parmi les historiens des sciences, qui se manifeste aussi par la publication, ces derniers temps, de nombreux articles dans les revues spécialisées.
 
*La parution récente de ces deux ouvrages témoigne d’un regain d’intérêt pour la question du vitalisme parmi les historiens des sciences, qui se manifeste aussi par la publication, ces derniers temps, de nombreux articles dans les revues spécialisées.
Il est difficile de donner une définition précise du vitalisme car, comme nous le verrons, il a pris de multiples formes. Il existe presqu’autant de vitalismes que de vitalistes ! Ce qui caractérise le plus généralement ces derniers est leur conviction qu’il existe une différence fondamentale entre les organismes vivants et les objets inanimés1. Pour beaucoup d’entre eux, cette différence vient de la présence, dans les organismes, de quelque chose de plus, éventuellement un principe spirituel. Par exemple, pour Aristote, il existe trois « âmes », l’une présente chez tous les êtres vivants, la deuxième
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Il est difficile de donner une définition précise du vitalisme car, comme nous le verrons, il a pris de multiples formes. Il existe presqu’autant de vitalismes que de vitalistes ! Ce qui caractérise le plus généralement ces derniers est leur conviction qu’il existe une différence fondamentale entre les organismes vivants et les objets inanimés. Pour beaucoup d’entre eux, cette différence vient de la présence, dans les organismes, de quelque chose de plus, éventuellement un principe spirituel. Par exemple, pour Aristote, il existe trois « âmes », l’une présente chez tous les êtres vivants, la deuxième caractéristique des animaux, et la troisième propre à l’homme.
caractéristique des animaux, et la troisième propre à l’homme.
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Des conceptions vitalistes ont donc précédé ce mouvement historique que fut le vitalisme et qui est, lui, plus facile à définir. Il naît au début du XVIIIe siècle à l’instigation du chimiste allemand Georg Ernst Stahl. Il est une réponse à l’interprétation mécaniste du vivant proposée par Galilée et Descartes, qui fait disparaître toute frontière entre le vivant et le non vivant (même si, pour Descartes, l’être humain est radicalement différent des autres animaux parce qu’il possède une âme). Pour Stahl, l’animal n’est pas une machine : il existe un principe vital de nature spirituelle qui anime les êtres vivants. Le vitalisme connut son apogée en France à la fin du XVIIIe siècle avec Théophile de Bordeu et Paul Joseph Barthez de l’École médicale de Montpellier, puis avec François Xavier Bichat. Tous les biologistes du XIXe siècle furent marqués par le vitalisme, même si beaucoup, comme Claude Bernard, le combattirent.
Des conceptions vitalistes ont donc précédé ce mouvement historique que fut le vitalisme et qui est, lui, plus facile à définir. Il naît au début du XVIIIe siècle à l’instigation du chimiste allemand Georg Ernst Stahl. Il est une réponse à l’interprétation mécaniste du vivant proposée par Galilée et Descartes, qui fait disparaître toute frontière entre le vivant et le non vivant (même si, pour Descartes, l’être humain est radicalement différent des autres animaux parce qu’il possède une âme). Pour Stahl, l’animal n’est pas une machine : il existe un principe vital de naturespirituelle qui anime les êtres vivants. Le vitalisme connut son apogée en France à la fin du XVIIIe siècle avec Théophile de Bordeu et Paul Joseph Barthez de l’École médicale
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Au XXe siècle, après une brève résurgence dans les premières décennies du siècle, le vitalisme a été rejeté. L’image très négative qu’en donne Jacques Monod dans Le hasard et la nécessité est assez représentative d’une opinion partagée par les biologistes. Les vitalistes n’ont-ils pas freiné la recherche expérimentale, mais surtout commis une faute impardonnable pour un scientifique : avoir renoncé à chercher une explication naturelle des phénomènes observés, et avoir fait appel à des explications non scientifiques comme l’existence d’une « force vitale » ?
de Montpellier, puis avec François Xavier Bichat. Tous les biologistes du XIXe siècle furent marqués par le vitalisme, même si beaucoup, comme Claude Bernard, le combattirent.
 
Au XXe siècle, après une brève résurgence dans les premières décennies du siècle, le vitalisme a été rejeté. L’image très négative qu’en donne Jacques Monod dans Le hasard et la nécessité est assez représentative d’une opinion partagée par les biologistes2. Les vitalistes n’ont-ils pas freiné la recherche expérimentale, mais surtout commis une faute impardonnable pour un scientifique : avoir renoncé à chercher une explication naturelle des phénomènes observés, et avoir fait appel à des explications non scientifiques comme l’existence d’une « force vitale » ?
 
 
*Doctrine philosophique qui pose l'existence d'un principe vital distinct à la fois de l'âme et de l'organisme, et qui fait dépendre de lui toutes les actions organiques. (Elle est le fait de l'école de médecine de Montpellier au XVIIIe.s. avec notamment Barthez et Bichat. Cette doctrine s'oppose au mécanisme de Descartes. Jacques Monod a montré que la persistance de ce courant de pensée, bien que sans fondement scientifique, était le reflet d'une analyse aux termes de laquelle le déterminisme a, en biologie, une définition et une place spécifique et fondamentale.)
 
*Doctrine philosophique qui pose l'existence d'un principe vital distinct à la fois de l'âme et de l'organisme, et qui fait dépendre de lui toutes les actions organiques. (Elle est le fait de l'école de médecine de Montpellier au XVIIIe.s. avec notamment Barthez et Bichat. Cette doctrine s'oppose au mécanisme de Descartes. Jacques Monod a montré que la persistance de ce courant de pensée, bien que sans fondement scientifique, était le reflet d'une analyse aux termes de laquelle le déterminisme a, en biologie, une définition et une place spécifique et fondamentale.)
 
*Le Vitalisme (BIOL., PHILOS):Doctrine de l'école de Montpellier (développée au XVIIIes. par Bordeu et Barthez) d'après laquelle il existe dans tout individu un principe vital gouvernant les phénomènes de la vie distinct de l'âme et de la matière; p. ext. (p. oppos. à mécanisme), doctrine selon laquelle les phénomènes de la vie sont irréductibles aux phénomènes physico-chimiques et manifestent une force vitale irréductible aux forces de la matière inerte (d'apr. Lal. 1968). Il doit y avoir au fond de toutes les explications physico-chimiques normales ou pathologiques, un phénomène vital spécial. C'est là le vrai vitalisme inductif qui doit servir de base à la physiologie et à la pathologie... C'est la force vitale médicatrice (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 283).
 
*Le Vitalisme (BIOL., PHILOS):Doctrine de l'école de Montpellier (développée au XVIIIes. par Bordeu et Barthez) d'après laquelle il existe dans tout individu un principe vital gouvernant les phénomènes de la vie distinct de l'âme et de la matière; p. ext. (p. oppos. à mécanisme), doctrine selon laquelle les phénomènes de la vie sont irréductibles aux phénomènes physico-chimiques et manifestent une force vitale irréductible aux forces de la matière inerte (d'apr. Lal. 1968). Il doit y avoir au fond de toutes les explications physico-chimiques normales ou pathologiques, un phénomène vital spécial. C'est là le vrai vitalisme inductif qui doit servir de base à la physiologie et à la pathologie... C'est la force vitale médicatrice (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 283).
*Le vitalisme est une tradition philosophique pour laquelle le vivant n'est pas réductible aux lois physico-chimiques1. Elle envisage la vie comme de la matière animée d'un principe ou force vitale, en latin vis vitalis, qui s'ajouterait pour les êtres vivants aux lois de la matière. Selon cette conception, cette force vitale serait une cause mystérieuse et unique censée être capable d'insuffler la vie à la matière ou de former in vivo des composés comme l'acide acétique ou l'éthanol.Le vitalisme s’oppose au « mécanisme », voire au « machinisme », qui réduisent les êtres vivants à des composés de matière, à l’instar d’une machine ou d’un robot. Le mécanisme est aujourd’hui la vision dominante dans les sciences physiques.En biologie, ce cadre théorique revient régulièrement dans l'histoire des sciences. Le terme désigne parfois la vision philosophique défendue autrefois par l'école de Montpellier2.
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*Le vitalisme est une tradition philosophique pour laquelle le vivant n'est pas réductible aux lois physico-chimiques. Elle envisage la vie comme de la matière animée d'un principe ou force vitale, en latin vis vitalis, qui s'ajouterait pour les êtres vivants aux lois de la matière. Selon cette conception, cette force vitale serait une cause mystérieuse et unique censée être capable d'insuffler la vie à la matière ou de former in vivo des composés comme l'acide acétique ou l'éthanol. Le vitalisme s’oppose au « mécanisme », voire au « machinisme », qui réduisent les êtres vivants à des composés de matière, à l’instar d’une machine ou d’un robot. Le mécanisme est aujourd’hui la vision dominante dans les sciences physiques. En biologie, ce cadre théorique revient régulièrement dans l'histoire des sciences. Le terme désigne parfois la vision philosophique défendue autrefois par l'école de Montpellier.
 
*S'il s'oppose au mécanisme (Démocrite, Descartes, Cabanis, Félix Le Dantec), le vitalisme (Paul-Joseph Barthez, Henri Bergson, Hans Driesch, Georges Canguilhem, André Pichot) ne doit pas être pour autant confondu avec l'animisme (Stahl) : l'animiste ne se contente pas de subordonner la matière à la vie, il soumet la matière à la vie et la vie à la pensée. Les philosophes d'inspiration vitaliste considèrent au contraire l'activité intellectuelle comme fondamentalement subordonnée à la « vie ».
 
*S'il s'oppose au mécanisme (Démocrite, Descartes, Cabanis, Félix Le Dantec), le vitalisme (Paul-Joseph Barthez, Henri Bergson, Hans Driesch, Georges Canguilhem, André Pichot) ne doit pas être pour autant confondu avec l'animisme (Stahl) : l'animiste ne se contente pas de subordonner la matière à la vie, il soumet la matière à la vie et la vie à la pensée. Les philosophes d'inspiration vitaliste considèrent au contraire l'activité intellectuelle comme fondamentalement subordonnée à la « vie ».
 
*Histoire du vitalisme: Vers la fin de la Renaissance, indissociable de la révolution scientifique, le vitalisme réapparait. Le retour au rationalisme scientifique relance la recherche, philosophique tout d'abord, sur l'origine, le principe et le dessein de la vie. C'est à ce moment que le vitalisme et le mécanisme vont se formaliser et les théories s'opposer. Dans une lettre au marquis de Newcastle, René Descartes pose les bases du mécanisme :
 
*Histoire du vitalisme: Vers la fin de la Renaissance, indissociable de la révolution scientifique, le vitalisme réapparait. Le retour au rationalisme scientifique relance la recherche, philosophique tout d'abord, sur l'origine, le principe et le dessein de la vie. C'est à ce moment que le vitalisme et le mécanisme vont se formaliser et les théories s'opposer. Dans une lettre au marquis de Newcastle, René Descartes pose les bases du mécanisme :
 
« Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m'en étonne pas ; car cela sert même à prouver qu'elles agissent naturellement et par ressort, ainsi qu'une horloge, laquelle montre bien mieux l'heure qu'il est que notre jugement ne nous l'enseigne. »
 
« Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m'en étonne pas ; car cela sert même à prouver qu'elles agissent naturellement et par ressort, ainsi qu'une horloge, laquelle montre bien mieux l'heure qu'il est que notre jugement ne nous l'enseigne. »
 
La comparaison des animaux et de l'horloge est doublement importante. D'une part, la vie animale est réduite à une somme de processus mécaniques qui, bien qu'incompris, ne doivent rien au surnaturel ou au spirituel. D'autre part, cette conception de l'animalité trace une frontière très forte entre l'animal déterminé par la nature et l'homme libre par l'esprit. Ainsi, l'homme et l'animal sont, par essence, irréductibles à un principe vital commun.
 
La comparaison des animaux et de l'horloge est doublement importante. D'une part, la vie animale est réduite à une somme de processus mécaniques qui, bien qu'incompris, ne doivent rien au surnaturel ou au spirituel. D'autre part, cette conception de l'animalité trace une frontière très forte entre l'animal déterminé par la nature et l'homme libre par l'esprit. Ainsi, l'homme et l'animal sont, par essence, irréductibles à un principe vital commun.
Bien que les sources écrites manquent, il est admis que Paul-Joseph Barthez est l'instigateur de la doctrine vitaliste. À l'origine, cette théorie est surtout une réfutation de celle de Théophile de Bordeu qui considérait les organismes complexes comme un agrégat de plusieurs formes de vie distinctes. Selon ce médecin de Montpellier, chaque glande était douée d'une « vie propre », liée à une sensibilité et une motricité relative. Cette conception de la vie s'apparente d'ailleurs en certains points à la conception aristotélicienne de la vie, c'est-à-dire une vie divisible selon ses attributs : croissance, sensibilité, locomotion et intelligence. Contre Bordeu, Barthez pose donc l'existence d'un principe vital supérieur englobant toutes ces subdivisions, ce qui donnera naissance au vitalisme. C'est ainsi qu'il écrit, dans Nouveaux éléments de la science de l'homme (1778) :
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Bien que les sources écrites manquent,  
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À l'origine, cette théorie est surtout une réfutation de celle de Théophile de Bordeu qui considérait les organismes complexes comme un agrégat de plusieurs formes de vie distinctes. Selon ce médecin de Montpellier, chaque glande était douée d'une « vie propre », liée à une sensibilité et une motricité relative. Cette conception de la vie s'apparente d'ailleurs en certains points à la conception aristotélicienne de la vie, c'est-à-dire une vie divisible selon ses attributs : croissance, sensibilité, locomotion et intelligence. Contre Bordeu, Barthez pose donc l'existence d'un principe vital supérieur englobant toutes ces subdivisions, ce qui donnera naissance au vitalisme. C'est ainsi qu'il écrit, dans Nouveaux éléments de la science de l'homme (1778) :
 
« J'appelle principe vital de l'homme la cause qui produit tous les phénomènes de la vie dans le corps humain. Le nom de cette cause est assez indifférent et peut être pris à volonté. Si je préfère celui de principe vital, c'est qu'il présente une idée moins limitée que le nom d'impetum faciens, que lui donnait Hippocrate, ou autres noms par lesquels on a désigné la cause des fonctions de la vie. »
 
« J'appelle principe vital de l'homme la cause qui produit tous les phénomènes de la vie dans le corps humain. Le nom de cette cause est assez indifférent et peut être pris à volonté. Si je préfère celui de principe vital, c'est qu'il présente une idée moins limitée que le nom d'impetum faciens, que lui donnait Hippocrate, ou autres noms par lesquels on a désigné la cause des fonctions de la vie. »
 
À l'époque, le mérite principal du vitalisme est de redonner son sens et son originalité à la vie, réduite à l'extrême depuis Descartes et la conception mécaniste de la vie qu'il a imposée en assimilant la vie organique à un automate infiniment compliqué, mais régi par les lois de la matière inanimée. La théorie de Barthez sera reprise par Xavier Bichat qui enracine le vitalisme dans une authentique démarche scientifique. Il considère la vie comme « l'ensemble des fonctions qui s'opposent à la mort » et sur la base d'une analyse fine de ces fonctions, il pose que le principe vital, qui sous-tend toutes les opérations de la vie, est une résistance à la mort, entendue comme altération des objets physiques. Il y aurait donc une contradiction manifeste, un conflit pourrait-on dire, entre les dynamiques de la matière (qui vont dans le sens de la dégradation) et celles de la vie (qui vont dans le sens de la conservation). Cette cohérence théorique appuiera le succès du vitalisme dans l'opinion.
 
À l'époque, le mérite principal du vitalisme est de redonner son sens et son originalité à la vie, réduite à l'extrême depuis Descartes et la conception mécaniste de la vie qu'il a imposée en assimilant la vie organique à un automate infiniment compliqué, mais régi par les lois de la matière inanimée. La théorie de Barthez sera reprise par Xavier Bichat qui enracine le vitalisme dans une authentique démarche scientifique. Il considère la vie comme « l'ensemble des fonctions qui s'opposent à la mort » et sur la base d'une analyse fine de ces fonctions, il pose que le principe vital, qui sous-tend toutes les opérations de la vie, est une résistance à la mort, entendue comme altération des objets physiques. Il y aurait donc une contradiction manifeste, un conflit pourrait-on dire, entre les dynamiques de la matière (qui vont dans le sens de la dégradation) et celles de la vie (qui vont dans le sens de la conservation). Cette cohérence théorique appuiera le succès du vitalisme dans l'opinion.

Version du 6 juin 2022 à 23:21


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