Appel à la nature

De Didaquest
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Une version marketing de l'appel à la nature : quatre marques de charcuterie utilisent le mot Modèle:Citation étrangère dans un supermarché de New Market (Maryland).

L'invocation à la nature (en latin ) est un procédé rhétorique qui suppose qu'une chose est bonne car naturelle, ou mauvaise car non naturelle. Sans définir ce qu'on entend par nature ou sans analyser le contenu de l'argumentation, ce procédé peut relever du sophisme génétique[1].

Historique

Cette expression est une mention élogieuse et même une obligation morale utilisée depuis l'Antiquité. Elle apparaît chez les Stoïciens et les Épicuriens, est utilisée dans la loi romaine, le droit canonique adopté par les autorités catholiques et le droit international public des temps modernes[2].

Le philosophe John Stuart Mill observe dans son essai Sur la Nature (1875) que ce qui est naturel n'a pas de lien avec ce qui est bon ou mauvais pour l'être humain. Son avis est partagé par des philosophes contemporains comme le bioéthicien John Harris (1998), le théologien Modèle:Lien (2007), les professeurs David DeGrazia (2005) et Modèle:Lien (2009). Des avis opposés sont donnés par le professeur Modèle:Lien, le politologue Francis Fukuyama (2002), les philosophes Jürgen Habermas (2003) et Michael Sandel (2007)[2].

Arguments en faveur de l'appel à la nature

Modèle:… Le débat sur l'augmentation de l'être humain a émergé au tournant du XXIe siècle sous la forme d’une opposition tranchée entre les penseurs dits bioprogressistes (principalement le mouvement transhumaniste) et ceux qualifiés de bioconservateurs. Parmi ces derniers les plus connus figurent Francis Fukuyama, Leon Kass ou Michael Sandel qui critiquent l'augmentation humaine, considérant que Modèle:Citation.

Arguments opposés à l'appel à la nature

On entend souvent l'exclamation Modèle:Citation. Les sciences naturelles ont déraciné cette idée reçue[3]. Par exemple, le philosophe darwinien Daniel Dennett rappelle que l'évolution procède par essais et erreurs : Modèle:Citation

Selon le toxicologue Gérard Pascal, Modèle:Citation valident cette Modèle:Citation idéologique en croyant que Modèle:Citation. Pourtant Modèle:Citation. De nombreux produits naturels (végétaux, fruits, champignons) contiennent des composés toxiques, certains avec des effets cancérigènes (mycotoxines, teneur élevée en nitrosamines, produits néoformés par des cuissons telle que la grillade)[4]. Par exemple, une étude[5] établit que Modèle:Citation. Modèle:Citation, mais suggère plutôt que les tests sur les effets cancérogènes à forte dose chez les animaux pour examiner les effets à faible dose chez l'homme doivent être réévalués[6].

L'argument exposant que quelque chose est sain car naturel, ou nocif car non-naturel, est alors considéré comme un argument fallacieux lors d'un débat et qui devrait être évité à tout prix car il n'apporte rien au débat.

Nature de John Stuart Mill

En 1875, paraissent trois Essais sur le religion du philosophe anglais John Stuart Mill, dont le premier est intitulé Modèle:Citation : après avoir montré que le terme Modèle:Citation avait une définition particulièrement ambiguë, il y brocarde l'appel à la nature qui relève selon lui d'un artifice rhétorique qui permet de justifier voire de sanctifier n'importe quelle position au nom d'une abstraction. Il résume son analyse en ces mots[réf. nécessaire] :

Modèle:Citation bloc

Exemples d'appels à la nature

Médecines alternatives

Beaucoup de médecines alternatives comme par exemple l'homéopathie revendiquent l'utilisation de remèdes dits « naturels » pour justifier des bienfaits de leurs « médicaments » [réf. nécessaire].

On y retrouve également l'appel à la popularité, l'appel à l'ancienneté (tradition) ainsi que l'appel à l'exotisme, d'autre sophismes très répandus[7].

Marketing

De plus en plus d'entreprises utilisent l'appel à la nature comme un argument marketing, affirmant que leur produit est bon car il est naturel[8].

Orientations sexuelles

L'un des arguments fallacieux les plus utilisés[réf. nécessaire] contre l'homosexualité et la bisexualité, et qui est avancé lors de débats sur des mesures législatives comme la légalisation du mariage entre personnes de même sexe[réf. nécessaire], est qu'elles seraient Modèle:Citation et donc mauvaises. Ces orientations sexuelles sont pourtant répandues dans toutes les populations humaines du globe, quelles que soient les époques. Modèle:Évasif qu'elles font partie de la variabilité individuelle normale dans l'espèce humaine[réf. nécessaire].

Il existe aussi une utilisation du sophisme de l'appel à la nature dans l'argumentaire opposé lorsqu'il est mis en avant que ces orientations sexuelles seraient bonnes parce qu'elles se retrouvent chez de nombreuses autres espèces dans le reste du règne animal. L'existence (ou l'absence) de comportements analogues dans d'autres espèces animales ne dit pourtant rien sur le caractère bon ou mauvais de comportements humains[9].

Voir aussi

Notes et références

  1. (en) Making Sense : Philosophy Behind the Headlines, Oxford University Press, , p. 87.
  2. 2,0 et 2,1 Modèle:Chapitre
  3. Cécile Breton, La nature est-elle bien faite ? Quand le vivant nous surprend, éditions Le Cavalier Bleu, , 154 p..
  4. (en) James P. Collman, Naturally Dangerous : Surprising Facts About Food, Health and the Environment, University Science Books, , p. 31-35.
  5. (en) LS Gold, TH Slone, BR Stern, NB Manley, BN Ames, « Rodent carcinogens: setting priorities », Science, vol. 258, no 5080,‎ , p. 261-265 (DOI 10.1126/science.1411524).
  6. (en) Bruce N. Ames, Lois Swirsky Gold, « Paracelsus to parascience: the environmental cancer distraction », Mutation Research, vol. 447, no 1,‎ , p. 5-6 (lire en ligne).
  7. Quand faire appel à l'homéopathie ? sur Doctissimo. Consulté le 2019-09-27
  8. Des appels à la pelle : l'appel à la nature sur Des outils pour réfléchir, 2017-05-25. Consulté le 2019-09-27
  9. Collectif d'enseignants et chercheurs en biologie, « Genre : « Il est inadmissible d'instrumentaliser la biologie » » sur Le Monde, mars 2014.