Existentialisme - Essentialisme
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Conception : Clarification - Explicitation
Conceptions canoniques 1) L'existentialisme
- l'existentialisme désigne une philosophie qui place l'existence de l'homme au cœur de sa réflexion, par opposition à une philosophie abstraite, conceptuelle, essentielle (essentialisme).
L'existentialisme moderne est un courant de pensée philosophique et littéraire qui donne la primauté à l'existence vécue et individuelle, à la liberté de l'homme et à sa vocation à décider lui-même de sa propre existence. Il postule que chaque individu crée le sens et l'essence de sa vie par opposition à ce qui est créé pour eux par des doctrines toutes faites, théologiques, philosophiques ou morales.
L'existentialisme considère l'homme comme un être unique et libre qui est responsable non seulement de ses actes et de son destin, mais également - pour le meilleur comme pour le pire - des valeurs qu'il décide d'adopter.
Le philosophe danois Søren Kierkegaard (1813-1855) est le premier à se qualifier d'existentialiste en affirmant que l'homme ne peut trouver le sens de sa vie qu'en découvrant sa propre et unique vocation. L'individu ne peut se comprendre à travers un système philosophique qui contient par avance toutes les réponses possibles à toutes les questions possibles Alors que la plupart des philosophes, depuis Platon, soutenaient que le bien moral est le même pour tous, il écrit dans son journal : "Je dois trouver une vérité qui en soit une pour moi-même ; une idée pour laquelle je puisse vivre ou mourir." L'existentialisme est devenu un courant philosophique au XXe siècle notamment avec Edmund Husserl (1859-1938), Martin Heidegger (1889-1976) et Karl Jaspers (1883-1969).
Pour Jean-Paul Sartre (1905-1980), principal représentant de l'existentialisme en France, celui-ci s'énonce par le fait que "L'existence précède l'essence". C'est-à-dire que l'existence vécue par l'homme précède son essence, sa nature propre, ce qui le constitue fondamentalement, avec comme conséquence de lui laisser la liberté et la responsabilité de ses choix. Son essence n'est pas déterminée par Dieu ou par une quelconque force transcendantale. 2) L'essentialisme
L'essentialisme est un courant philosophique qui considère que toute entité peut être caractérisée par un ensemble d'attributs essentiels nécessaires à son identité et à sa fonction1. Ainsi, dans la philosophie antique, Platon considérait que toute chose possède une « forme » ou une « idée » dans le « monde des Formes » non physique.
Le terme a des acceptions différentes selon qu'il est utilisé dans le contexte de la biologie, de la sociologie ou de la philosophie.
L'essentialisme est un courant philosophique qui affirme qu'il existe des essences propres à chaque entité, être ou chose. Chaque entité peut ainsi être spécifiée par un ensemble d'essences - ou attributs essentiels - indispensables à son identité et à sa fonction.
L'essentialisme philosophique suppose que l'essence d'une entité précède son existence. Cela a pour conséquence de rendre le libre arbitre des êtres soumis à des déterminismes qui le définissent en partie et dont ils ne peuvent s'extraire aisément. Exemples : l'essentialisme platonicien, l'essentialisme augustinien.
Conceptions erronées et origines possibles
- En philosophie, l'essentialisme est le nom de la conception de l'homme qui s'oppose à l'existentialisme et au nominalisme. L'essentialisme philosophique suppose que l'essence d'une chose précède son existence. Sans nier ni affirmer le libre arbitre éventuel de l'individu, il le rend tributaire de quelques déterminismes dont il ne peut pas commodément s'extraire et qui le définissent donc en partie.
L'existentialisme distingue entre les objets relevant d'une conception préalable (il existe bien une « essence » du couteau, qui est d'avoir un manche et une lame pour pouvoir assurer des fonctions de découpe et de prise en main) et celle des objets relevant de constructions causales dans le monde sans idée de finalité. L'humain, lui, se construit principalement par l'histoire, la culture, et l'individu par ses actes, d'où, pour l'humain, le célèbre « l'existence précède l'essence » sartrien. Il n'existe pas dès lors de « nature humaine », ce qui est évidemment porteur de dangers et dérives historiques possibles. La brève conférence de Jean-Paul Sartre L'existentialisme est un humanisme10 le mentionne explicitement. En biologie, l'essentialisme est une conception selon laquelle les diverses espèces animales et végétales diffèrent entre elles « par essence »2, ce qui supposerait des classifications d'origine non humaine dans la nature. La conception opposée, selon laquelle les individus et leurs populations préexistent, et les catégories ne sont que des regroupements établis par l’homme pour commodité au sein d'un vaste continuum de formes dans la nature, est le « nominalisme ». L'essentialisme a quelque temps été nommé « réalisme » au Moyen Âge. De même, l'essentialisme de genre désigne des natures féminine et masculine différentes par essence, ce qui s'oppose au constructivisme social. L'essentialisme est pratiqué par Aristote, qui fait remarquer dans son Organon que la nature semble stable en espèces : on y trouve, explique-t-il, des juments et des vaches, mais jamais de formes intermédiaires entre les deux. Les études des hybrides viendront par la suite introduire des considérations plus nuancées : tigrons, zébrânes, etc. L'essentialisme désigne en sociologie l'idée selon laquelle hommes et femmes diffèrent (même de façon autre que physique) par essence, c'est-à-dire que leur nature (féminine ou masculine) ne détermine pas que leur physiologie, mais a une influence sur leurs aptitudes ou goûts personnels. La notion opposée est le constructivisme social, que résume une phrase de Simone de Beauvoir en clin d'œil à Érasme.
« On ne naît pas femme : on le devient. »
La position essentialiste en ce domaine estime que l'innéité biologique est un paramètre qui influence les acquisitions d'un individu
Conceptions: Origines possibles
- Le mot « existentialisme » vient d'existence ; en allemand du mot Dasein, qui est également un terme clé de la théorie de Heidegger, qui signifie « être-là », que Sartre a traduit par « réalité-humaine » faisant ainsi un contresens.
L’existentialisme Apparu il y a tout près d’un siècle, le mouvement existentialiste a cependant des racines anciennes. Selon certains penseurs contemporains, on peut déjà trouver quelque chose d’existentialiste dans l’attitude intellectuelle de Socrate. L’idée d’existence, qui a évidemment servi à forger le nom du mouvement, occupe une place importante dans l’œuvre de plusieurs philosophes anciens comme Platon et Aristote. Cependant, S. Kierkegaard (1813-1855) et F. Nietzsche (1844-1900) ont davantage influencé le développement du mouvement existentialiste. En fait, on peut affirmer que l'évènement social qui fit émerger ce courant fut le soulèvement de Kierkegaard contre la pensée des autres philosophes. Etant généralement présenté comme le premier penseur véritablement existentialiste. Ce philosophe s’intéressait surtout au fait que toute existence humaine souffre inévitablement.
Ensuite nous avons René Descartes, Hegel et bien d’autres qui eux sont les penseurs modernes ayant accordé le plus d’importance à ce concept d’existence. On peut aussi dire que Jean-Paul Sartre poursuivit l'idée du courant de l'existentialisme. L’existentialisme est un courant philosophique du XXe siècle qui affirme que l'homme est libre, qu'il n'est pas déterminé, il est comme un être responsable de son destin c’est -à dire qu’il crée le sens et l’essence de son existence. C'est ce qu'il fait, ce qu'il choisit, qui le fait devenir ce qu'il est. L'homme doit trouver en lui ses propres valeurs et il doit décider par lui-même les actes qu'il commettra. Ce courant prend comme point de départ l’homme qui est jeté dans un ensemble de circonstances qu’il n’a pas choisit car il n’a pas choisit d’exister. Le terme « essentialisme » a été l’objet d’un remarquable chassé-croisé entre philosophie et biologie. Originellement, il s’agit d’un néologisme introduit par Karl Popper, qui l’utilisa pour la première fois en 1945 dans La Société ouverte et ses ennemis, et le reprit ensuite de nombreuses fois dans plusieurs de ses ouvrages majeurs. Pour Popper, l’essentialisme est une conception de la science erronée, ayant son origine dans les philosophies de Platon et surtout d’Aristote. Cette conception de la science consiste à privilégier les questions du type « Qu’est-ce que ? », donc « les questions qui demandent ce qu’une chose est, quelle est son essence ou sa vraie nature »1. Elle a, selon Popper, engagé la science sur la voie de la stérilité à chaque fois qu’elle a été mobilisée, ce qui s’est produit d’innombrables fois depuis l’Antiquité. L’obsession de la définition a été pour Popper tout aussi fatale à la philosophie, qui s’est justement vue reprocher d’être un verbiage inconsistant, dans la mesure où précisément elle fait de la définition sa tâche principale. La critique de l’essentialisme est l’une des parties les plus importantes et les plus constantes de la philosophie de Popper. C’est une thèse forte mais, comme on le verra, subtile. Son succès chez les philosophes a été mitigé. En gros, l’essentialisme a intéressé, d’une part, les spécialistes de la pensée de Popper, d’autre part, une catégorie spéciale de philosophes de la biologie, après avoir été adopté par certains biologistes.
Le titre original était en fait : « Darwin and the evolutionary theory in biology », in Evolution a (...) E. Sober (ed.), Conceptual Issues in Evolutionary Biology, Cambridge (MA), MIT Press, 1984, p. 14.
2L’adoption du mot « essentialisme » par les biologistes, est une affaire quelque peu embrouillée. En 1959, à l’occasion du centième anniversaire de L’Origine des espèces de Charles Darwin, Ernst Mayr, connu pour son rôle central dans la constitution de la théorie synthétique de l’évolution, a publié l’un de ses textes philosophiques les plus fameux, « Typological versus Population Thinking » [Pensée typologique vs. Pensée populationnelle]2. Il y est dit que Darwin a introduit en science un nouveau mode de pensée, que Mayr appelle « pensée populationnelle », quoique, en toute rigueur, Darwin n’ait pas utilisé le mot de « population » au sens que nous lui connaissons aujourd’hui. Selon Mayr, la « pensée populationnelle » est venue remplacer « la pensée typologique », qui considère que la « variabilité du réel » est apparente, la réalité consistant en « idées » ou « types » au sens de Platon, c’est-à-dire, toujours selon Mayr, des entités immuables qui existent de manière séparée et constituent la nature ultime des choses. Cette terminologie est en fait surdimensionnée par rapport à ce que veut dire Ernst Mayr, qui s’intéresse au sens particulier que prennent ces formules en biologie, notamment au regard de l’évolution. L’évolution telle que Darwin l’a théorisée a discrédité la pensée typologique en biologie. Dans son article de 1959, Mayr ne cite pas Popper et n’utilise pas le terme « essentialisme », en dépit de ce qu’en a dit Elliott Sober dans le fameux recueil de textes de philosophie de la biologie qu’il a édité. Dans la notice qu’il a mise en tête du texte de Mayr, Sober écrit en effet : « autant que je sache, l’essai qui suit, originellement publié en 1959, fut la première présentation de l’opposition entre pensée essentialiste et pensée populationnelle3 ». Comme on le verra par la suite, Sober avait sans doute raison sur le fond, mais pas à la lettre.
E. Mayr, « Grundgedanken der Evolutionsbiologie », Naturwissenschaften, 56, n° 8 (1969), p. 14‑25. (...) E. Mayr, « Basic concepts of evolutionary biology » ([1969] 1976), p. 12 ; Et également : Principle (...) Karl Popper, The Open Society and its Ennemies, Vol. 1, The Spell of Plato, London, Routledge and K (...)
3En fait, Mayr a bien utilisé le terme « essentialisme », mais plus tard, en 1968 et 1969, dans au moins quatre textes, trois articles4 et un livre, Principles of Systematic Biology5. Dans trois de ces écrits, Mayr cite Popper. Dans deux d’entre eux, il déclare sans ambiguïté que c’est le philosophe Karl Popper qui a introduit le terme « essentialisme » dans La Société ouverte et ses ennemis, ouvrage qu’il cite dans la seconde édition de 19506. Dans les quatre textes, l’essentialisme est critiqué dans le cadre d’une réflexion sur la classification (ou, dans l’un d’entre eux, à l’occasion d’une discussion sur la question plus particulière de la définition de l’espèce). À plusieurs reprises, Mayr pose l’équivalence entre « pensée essentialiste » et « pensée typologique » : celle-ci est présentée comme un cas particulier de l’essentialisme, qui se manifeste en biologie lorsqu’il s’agit de classification.
Cf. J. Beatty, qui a reconstitué les origines de cette distinction fameuse (« The proximate/ultimat (...)
4Après 1969, Mayr a souvent utilisé le terme « essentialisme », mais il a cessé de citer Popper. Comme pour bon nombre d’expressions qui sont étroitement associées à son œuvre (comme « causes prochaines » et « causes ultimes »7), il a annexé le terme et en a fait une marque personnelle.
E. Sober, « Evolution, population thinking, and essentialism », Philosophy of Science, 47 (1980), p (...)
5En résumé, pour clore sur l’origine du terme, le terme « essentialisme » est associé au nom de Popper, qui l’a créé, puis à Mayr qui l’a rendu populaire chez les biologistes. Chez les deux auteurs, le mot a le sens péjoratif d’un mode de pensée profondément enraciné dans les habitudes mentales des savants et des philosophes depuis Platon et Aristote, et profondément erroné et stérile. La différence entre Popper et Mayr est que le premier le comprend comme une conception générale de la science, et le second dans le cadre d’une philosophie de la nature, et plus spécifiquement de la pensée biologique. Pour Popper, l’essentialisme est une conception de la science consistant à expliquer les phénomènes par des assertions sur « la nature essentielle des choses ». Pour Mayr, l’essentialisme est une conception erronée de la nature vivante, qui néglige ou méconnaît la variabilité populationnelle et l’évolution, et privilégie les « types ». L’anti-essentialisme de Mayr est beaucoup moins radical que celui de Popper. Comme le dit avec justesse Elliott Sober, c’est un « anti-essentialisme local »
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biologie / sociologie / philosophie / science humaine / science / non-science / la vie / croyances / la réalité / idéologie /
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Éléments graphique
Stratégie de changement conceptuel
- L'idée centrale de l'existentialisme est : chacun est ce qu'il fait. Chacun est : essence. Ce qu'il fait : existence. L'essence de chacun est le fruit de son existence. Ce qui permet cet aphorisme, repris par Sartre : l'existence précède l'essence.
Face à l'existentialisme, l'essentialisme postule que dès sa naissance, chacun est porteur d'une identité qui lui est propre et qui déterminera son parcours de vie, plus ou moins strictement. D'après les théologies chrétiennes, par exemple, chacun, au stade du fœtus ou à la naissance, reçoit une âme éternelle qui lui est destinée en propre, et qui prédestine, plus ou moins profondément, son sort (le calvinisme, par exemple, pose une prédestination totale en matière de salut : dès la naissance, les jeux sont faits, en somme). Mais il faut reformuler plus précisément l'idée centrale existentialiste : ce que chacun est (son identité) à un instant donné est le pur résultat de tout ce qu'il a vécu et fait jusqu'à cet instant (son trajet). Cela confirme l'impermanence du soi et l'évanescence de l'identité personnelle. Mais cela n'infirme en rien l'idée que chacun vit sa vie comme il peut, bien plus que comme il veut. On comprend donc assez vite que la dualité entre existentialisme et essentialisme, n'est qu'une dialectique menant à une troisième voie.
- En effet, la thèse essentialiste "pure" ne peut tenir que dans un contexte théologique fermé (Dieu désigne des âmes immuables préfabriquée, comme on joue aux dés) ou mécaniciste étroit (les lois de la physique ne laissent aucune place pour quelque libre-arbitre que ce soit ; la liberté est une illusion due à l'ignorance des déterminations profondes). Il semble clair qu'une existence humaine (et non humaine) est toujours plus que le résultat d'une quelconque prédesti
- En revanche, la thèse existentialiste "pure" fait s'interroger sur la motivation profonde de ce qui est vécu, et fait remarquer que la liberté absolue revendiquée par un Sartre, par exemple, est une absurdité au vu des contraintes et des potentiels réels, propres à chaque existence. Si ce que je suis résulte de ce que je fais, mais si ce que je fais résulte de ce que je vis sans le vouloir, alors l'existentialisme sombre dans l'impasse ou le sophisme.nation. D'ailleurs, qui la déterminerait, et pourquoi celle-ci plutôt que celle-là, et selon quel critère ?
- Il faut donc en conclure que l'existentialisme et l'essentialisme sont deux apories et que la troisième voie doit affirmer que chacun naît avec un destin (la somme de ses possibles à lui, latents, potentiels) et une vocation (la réalisation pleine de son destin), mais aussi avec la liberté potentielle de refuser ce destin ou de mal assumer sa vocation, et avec la possibilité d'enrichir à la fois le destin (les potentiels) et la vocation (le moteur de vie) par émergence de nouveaux possibles d'un niveau plus élevé.
Dans cette perspective, toute vie se construit sur la dialectique entre destin et vocation innés, d'une part, et liberté et enrichissement assumés, d'autre part.
De là, une conclusion s'impose qui rejoindra la thèse existentialiste : chacun est responsable de soi et nul n'est responsable de la vie d'un autre (mais bien parfois, par la violence, de sa mort ou de sa souffrance). Personne ne peut vivre la vie d'un autre à sa place et prendre ou assumer ses propres choix.
Questions possibles
Bibliographie
Pour citer cette page: (- Essentialisme)
ABROUGUI, M & al, 2021. Existentialisme - Essentialisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/Existentialisme_-_Essentialisme>, consulté le 22, décembre, 2024
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