Interventions non médicamenteuses
Définition des INM
La Haute Autorité de Santé française (HAS, 2011) considère que les interventions non médicamenteuses (INM) relèvent de 3 domaines
- les « thérapeutiques physiques » qui se subdivisent en deux catégories,
- les gestes thérapeutiques apposés sur le corps (méthodes de massage, de kinésithérapie, d’ostéopathie, de chiropractie, d’acupuncture, d’ostéopathie, de thalassothérapie…)
- les programmes d’activités physiques individuelles ou collectives (programmes de yoga, de tai-chi-chuan, de marche nordique, de jeu vidéo mobilisant le corps, d’équithérapie, d’activités physiques adaptées…),
- les « règles hygiéno-diététiques » qui se subdivisent en deux catégories,
- les régimes (types de régime)
- les compléments alimentaires (antioxydants, vitamines…)
- les « traitements psychologiques » qui se subdivisent en deux catégories,
- l’éducation thérapeutique (programme d’éducation thérapeutique, gestionnaire de parcours, serious game, stratégie de prévention d’un risque professionnel…)
- les psychothérapies (méthodes de thérapies Cognitivo-Comportementales, de mindfulness, de méditation, de groupe de parole, d’hypnose, de psychanalyse, de musicothérapie, d’art thérapie…).
Selon la Plateforme CEPS, « une Intervention Non Médicamenteuse (INM) est une intervention non invasive et non pharmacologique sur la santé humaine fondée sur la science. Elle vise à prévenir, soigner ou guérir un problème de santé. Elle se matérialise sous la forme d’un produit, d’une méthode, d’un programme ou d’un service dont le contenu doit être connu de l’usager. Elle est reliée à des mécanismes biologiques et/ou des processus psychologiques identifiés. Elle fait l’objet d’études d’efficacité. Elle a un impact observable sur des indicateurs de santé, de qualité de vie, comportementaux et socioéconomiques. Sa mise en œuvre nécessite des compétences relationnelles, communicationnelles et éthiques. » (CEPS Platform, 2017)
Dans leur visée thérapeutique, les INM complètent les traitements conventionnels prescrits par les médecins. Elles ne sont que très rarement des thérapies alternatives. Dans leur visée préventive, les INM retardent l’apparition de maladies, voire dans certain cas, évitent leur apparition. Les INM impliquent la participation active et éclairée des patients, souvent par l’adoption d’un nouveau comportement de santé. Les chirurgies, les radiothérapies, les thérapies géniques, les implantations tissulaires, les nanothérapies, les dispositifs implantables et les traitements pharmacologiques règlementés par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) en France, l’European Medicines Agency (EMA) en Europe et l’US Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis ne font pas partie des INM. Les INM ne doivent pas être confondues non plus avec les actions de promotion de la santé. Ces dernières relèvent d’un secteur plus vaste de la santé environnementale comme l’aménagement de l’habitat, l’amélioration de l’environnement, la réorganisation sociale ou la législation. Elles ne relèvent pas enfin d’action à visée esthétique.
Les INM connaissent un essor sans précédent depuis une dizaine d’années comme le montre l’augmentation exponentielle des publications scientifiques et médicales sur le sujet. A cela, 8 raisons majeures :
- la multiplication des maladies chroniques favorisée par le vieillissement de la population et les progrès des soins d’urgence,
- la demande des patients et des familles d’amélioration de la qualité de vie et non plus d’augmentation de la durée de vie à tout prix,
- les économies directes et indirectes faites par l’utilisation d’INM montrées par de récentes études médico-économiques,
- les progrès des technologies de l’information et de la communication qui facilitent l’usage des INM (e-santé, plateforme Internet, détecteur de chute…),
- les recherches fondamentales sur l’animal qui démontrent l’influence de l’environnement sur la santé et la durée de vie,
- les résultats des premières études de cohorte en population humaine suivie plus de 60 ans qui montrent à quel point les comportements influent sur l’apparition de maladies, leur aggravation et leurs complications (e.g., comorbidités, précarité, sur-handicaps),
- l’avènement de l’Evidence Based Medicine/Care/Prevention qui invite à fonder les pratiques médicales, paramédicales et préventives sur des preuves scientifiques,
- la prise inappropriée de médicaments par les patients qui impose le développement de solutions d’amélioration de leur observance pour ne pas remettre en question leur autorisation de mise sur le marché (AMM) par l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et des Produits de Santé.
Les INM ne visent pas à remplacer les thérapies conventionnelles (traitements biologiques, radiothérapiques et chirurgicaux, solutions technologiques implantables). Elles améliorent la santé, la qualité de vie et la participation sociale des usagers. Elles diminuent leurs symptômes et optimisent leurs ressources d’une personne. Elles s’adressent aux personnes désireuses de vieillir en bonne santé et aux patients malades chroniques. Les INM sont distribuées sous forme de produit, de programme ou de service à la personne. Les INM peuvent prendre différentes appellations:
- actions de prévention secondaire et tertiaire
- aides techniques et technologiques
- dispositifs médicaux
- interventions non médicamenteuses
- interventions non pharmacologiques
- interventions psychosociales
- médecine globale
- médecines alternatives
- médecines complémentaires
- médecines comportementales
- médecines douces
- médecines naturelles
- prises en charge holistiques
- produits de santé
- services de santé
- soins adjuvants
- soins de support
- stratégies de promotion de la santé
- thérapeutiques adjuvantes
- thérapeutiques non conventionnelles
- thérapeutiques non médicamenteuses
- thérapies complémentaires
- traitements complémentaires
- traitements non médicamenteux
- traitements non pharmacologiques
221 personnes ont répondu à une enquête en ligne (141 réponses) et lors de l’iCEPS Conference 2015 (80 réponses) sur la meilleure appellation parmi les intitulés ci-dessus. Les répondants avaient la possibilité de faire une autre proposition. Finalement, le terme Interventions Non Médicamenteuses (INM) reste celui qui est le plus représentatif du secteur comme l’indique la figure ci-dessous.
Par les membres de la Plateforme CEPS Bibliographie Boutron I, Ravaud P, Moher D (2012). Randomized clinical trials of non pharmacological treatments. Boca Raton: CRC Press Taylor and Francis. Haute Autorité de Santé (2011). Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées. Paris: HAS Edition. Ninot G (2013). Démontrer l’efficacité des interventions non médicamenteuses : Question de points de vue. Montpellier: Presses Universitaires de la Méditerranée. Ninot G (2014). La prescription des interventions non médicamenteuses. Blog en Santé, A4.