Le transformisme
La théorie
A partir de ses observations sur les variations individuelles au sein d'une même espèce, J-B Lamarck en a simplement déduit que les individus s'adaptent à leur milieu. Si les conditions climatiques, géologiques, changent durablement les êtres vivants transforment leur corps (mais pas de manière contrôlée). Un organe peut donc se modifier pour répondre à un besoin. De plus cette transformation est transmissible à la descendance (hérédité des caractères acquis).
- Pour Lamarck ces modifications sont graduelles et non perceptibles à l'échelle humaine.
- Pour étayer sa thèse, il cite en exemple le cou de la girafe qui s'est allongé pour atteindre les branches hautes des arbres.
La critique
- Premier évolutionniste de son temps, Lamarck n'a pas réussi à prouver sa théorie par l'expérimentation.
- Les générations suivantes n'ont retenu de lui que l'hypothèse fausse de l'hérédité des caractères acquis alors qu'il fut l'un des rares et des premiers à défendre l'idée d'évolution.
- Il avait trouvé le principe général d'évolution mais sans la manière...
Les protagonistes
- George Cuvier (théoricien du Fixisme) fut, à son époque, le plus grand détracteur de la théorie Transformiste de Lamarck.
Extraits
- Pour expliquer le mécanisme de l'évolution
« Dans tout animal qui n’a point dépassé le terme de ses développements, l’emploi plus fréquent et soutenu d’un organe quelconque fortifie peu à peu cet organe, le développe, l’agrandit et lui donne une puissance proportionnée à la durée de cet emploi, tandis que le défaut constant d’usage de tel organe l’affaiblit insensiblement, le détériore, diminue progressivement ses facultés et finit par le faire disparaître. » JB Lamarck
- Les exemples de la girafe et du kangourou
"Je vais maintenant démontrer que l'emploi continuel d'un organe, avec des efforts faits pour en tirer un grand parti dans des circonstances qui l'exigent, fortifie, étend et agrandit cet organe ou en crée de nouveaux qui peuvent exercer des fonctions devenues nécessaires.( ... ) Relativement aux habitudes, il est curieux d'en observer le produit dans la forme particulière et la taille de la girafe (camelo-pardalis) : on sait que cet animal, le plus grand des mammifères, habite l'intérieur de l'Afrique, et qu'il vit dans des lieux où la terre, presque toujours aride et sans herbage, l'oblige de brouter le feuillage des arbres, et de s'efforcer continuellement d'y atteindre. Il est résulté de cette habitude soutenue depuis longtemps, dans tous les individus de sa race, que ses jambes de devant sont devenues plus longues que celles de derrière, et que son col s'est tellement allongé, que la girafe, sans se dresser sur ses jambes de derrière, élève sa tête et atteint à six mètres de hauteur (près de vingt pieds) ( ... ). Les efforts dans un sens quelconque, longtemps soutenus ou habituellement faits par certaines parties d'un corps vivant, pour satisfaire des besoins exigés par la nature ou par les circonstances, étendent ces parties, et leur font acquérir des dimensions et une forme qu'elles n'eussent jamais obtenues, si ces efforts ne fussent point devenus l'action habituelle des animaux qui les ont exercés. Les observations faites sur tous les animaux connus, en fournissent partout des exemples. En veut-on un plus frappant que celui que nous offre le kangourou? Cet animal, qui porte ses petits dans la poche qu'il a sous I'abdomen, a pris l'habitude de se tenir comme debout, posé seulement sur ses pieds de derrière et sur sa queue et de ne se déplacer qu'à l'aide d'une suite de sauts, dans lesquels il conserve son attitude redressée pour ne point gêner ses petits. Voici ce qui en est résulté : 1° Ses jambes de devant, dont il fait très peu d'usage et sur lesquelles il s'appuie seulement dans l'instant où il quitte son attitude redressée, n'ont jamais pris de développement proportionné à celui des autres parties et sont restées maigres, très petites et presque sans force ; 2° Les jambes de derrière, presque continuellement en action, soit pour soutenir tout le corps, soit pour exécuter les sauts, ont au contraire obtenu un développement considérable et sont devenues très grandes et très fortes ; Y Enfin, la queue, que nous voyons ici fortement employée au soutien de l'animal et à l'exécution de ses principaux mouvements a acquis dans sa base une épaisseur et une force extrêmement remarquable." (J.B Lamarck Philosophie Zoologique - exposition des considérations relatives à l'histoire naturelle des animaux 1809)
Actuellement
Si le Lamarckisme n'a plus d'adeptes déclarés, certaines parties de sa théories sont remises au goût du jour à travers de nombreux ouvrages et débats:
- Réflexion sur l'héritabilité des caractères acquis .
Une étude suédoise (Université d'Uméa) publiée dans l'Européan Journal of Human Genetics montre qu'un individu pourrait être influencé par le mode d'alimentation de ses ancêtres ! En étudiant les habitants d'une petite commune sur plusieurs générations (320 individus), l'équipe a mis en évidence que si un aïeul avait souffert dans son adolescence de malnutrition (famine) sa descendance héritait d'une protection contre les maladies cardio-vasculaires (et du diabète !). A l'inverse si l'aïeul avait benéficié d'une alimentation riche, ses descendants ont un risque de mortalité par diabète 4 fois supérieure. A noter : cette transmission se produit majoritairement sur la lignée paternelle. L'héritabilité épigénétique, hypothèse avancée par l'équipe suédoise, pose problème... Car cette héritabilité fait resurgir les théories de Lamarck, depuis longtemps balayées par le Darwinisme...
- Réactions à propos de cette étude .
Marcus Pembrey (University College de Londres) évoque d'autres études récentes qui vont dans le même sens mais, prudent, conclut "Une réplication indépendante des résultats suédois est nécessaire, mais ces observations devraient susciter des perspectives de recherche entièrement nouvelles". Claudine Junien (Professeur de génétique, Hopital Necker) parle d'un phénomène épigénétique qui "pourrait servir de rhéostat pour s'adapter rapidement à un environnement donné, contrairement à la sélection naturelle Darwinienne". Thierry Grange (Chercheur, Institut Jacques Monod) s'il ne remet pas en cause les données issues de cette étude, reste plus circonspect sur les conclusions. Philippe Froguel (spécialiste du diabète, institut Pasteur, lille) a déjà remarqué ce type de phénomène "d'empreintes parentales" mais ne l'avait pas associé à une lignée masculine...