Méthodologie - Méthode - Protocole - Technique
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Conception : Clarification - Explicitation
Méthodologie
La méthodologie, méth-odo-logie [meta-odos-logos], devrait être la réflexion sur le chemin suivi, la réflexion sur la poursuite du travail. La méthodologie au sens strict du terme devient ainsi la réflexion correspondant nécessairement à chacune de ces deux acceptions retenues. Elle est réflexion positive sur le chemin-suivi ou normative sur le chemin-à-suivre. Ignorer cette distinction est un manque de méthode !
La méthodologie positive
Elle examine de façon critique le chemin suivi. Elle peut encore le faire de deux façons différentes : durant la recherche en cours ou une fois la recherche terminée.
- Dans la méthodologie du « chemin faisant », le chercheur doit nécessairement prendre distance et se regarder « cherchant » ou s’interroger sur son savoir-faire devant les obstacles rencontrés. Dans ce sens, la réflexion méthodologique consiste principalement à prendre conscience des choix pris durant l’avancement de la recherche. « La méthode comme objet, dit R. Ledrut, n’est ni avant ni après ! Toujours présente, elle est en rapport permanent d’action réciproque avec l’objet (et le sens) de la Science. La méthode naît à chaque instant de la réflexion sur la spontanéité du mouvement de recherche » (1981, p. 216.) On devrait dire que cette pratique est thématiquement irrécupérable puisqu’elle porte sur mille et une décisions ou mises au point inhérentes à toute recherche in actu.
- La méthodologie positive peut aussi se faire une fois la recherche accomplie pour rendre compte des difficultés rencontrées ou pour établir le bilan des choix effectués durant la recherche. Cette réflexion sur le fait accompli, cette méthodologie post factum semble la seule possible auprès de certains auteurs. C’est l’optique prise par E. Morin quand il affirme :
« À l’origine, le mot méthode signifiait cheminement. Ici, il faut accepter de cheminer sans chemin, de faire le chemin dans le cheminement. Ce que disait Machado : Caminante no hay camino, se hace camino al andar. La méthode ne peut se former que pendant la recherche ; elle peut se dégager et ne se formuler qu’après, au moment où le terme redevient un nouveau point de départ, cette fois doté de méthode » (1977, p. 22.)
- La méthodologie positive en tant que réflexion explicite, en tant que texte dans un rapport de recherche par exemple, peut donc se présenter sous deux formes. Elle peut être une réflexion d’accompagnement dans les différentes étapes de la recherche. Ce serait alors un journal de bord rendant compte du cheminement et des décisions prises. Elle peut aussi être une réflexion de synthèse, une récapitulation générale de la démarche suivie. Comme nous pouvons le constater, dans la grande majorité des publications sur des recherches en communication, les paragraphes sur la méthodologie se limitent à une très rapide description-bilan des techniques appliquées. Dans ce sens, il faut reconnaître que la méthodologie ou plutôt, si nous devons accepter le glissement métonymique relevé, la pensée méthodologique n’est pas très développée dans la présentation des travaux en communication. Il y a description des techniques utilisées sans grande exposition des options possibles ni des choix fixés.
La méthodologie normative
Elle traite de ce qu’il faut faire, du chemin qu’il faut suivre. Cette dernière est explicitement fournie dans les manuels de méthodologie. Sa principale caractéristique réside dans son affirmation d’une définition d’une science normale, laquelle détermine une méthode correspondante. Par science normale, il faut entendre les pratiques respectant la méthodologie exposée dans les manuels du savoir-faire qui font autorité (Kuhn, 1972). Dans la mesure où celle-ci est confondue avec un ensemble de techniques à appliquer, la méthodologie normative se réduit à un ensemble de recettes garantissant un savoir-faire « scientifique » sans aucune mise en question des procédures ni des objectifs à atteindre. Ce type de réflexion présente l’inconvénient de se préoccuper principalement d’applications expérimentales sans analyser les contraintes déjà inscrites dans la formulation du questionnement, voire celles inhérentes aux langages qui caractérisent le passage du théorique à l’empirique.
(La meilleure preuve a l’appui est certainement le critère de représentativité d’un échantillon. Cette seule caractéristique confirmée laisse parler d’un échantillon scientifique. Mais n’est-ce pas consacrer une science du normal, du commun en faisant place a l’aléatoire au mépris du caché (G. Bachelard) et de l’atypique hautement informant ?)
- On peut donc avancer que toute absence de méthodologie positive dans la présentation des résultats d’une recherche, c’est-à-dire tout manque d’explicitation de la méthode suivie, repose sur une présomption tacite d’une méthodologie normative donnée. Cette présomption pose sans examen critique la scientificité de la problématique et de son objet ou de son construit sur la seule base de techniques rapidement exposées1.
Méthode
Faut-il parler de méthodes ou de la méthode ? La question exige une clarification complémentaire. On peut parler de la méthode d’une recherche, et le terme reste au singulier, pour tracer le chemin-à-suivre dans la réalisation d’une recherche. Le terme est alors purement générique et il équivaut à travail de recherche. On peut aussi parler de la méthode en sous-entendant la méthode expérimentale en tant que garantie d’une connaissance « scientifique ». Le terme reçoit alors une acception très particulière parce que la méthode expérimentale suppose un certain nombre de conditions épistémologiques pour cerner l’objet de recherche, l’observer, et de contraintes logiques validant la démarche à suivre dans la preuve. En d’autres mots, il s’agit essentiellement de confronter [les conditions épistémologiques] une idée, une hypothèse à une expérience articulant une observation susceptible [contraintes logiques] de mettre cette idée, cette hypothèse à l’épreuve d’une expérience empirique. C’est dire que la raison expérimentale est devenue non seulement un chemin vers une « réalisation » (au sens d'image de la réalité) en imposant des procédés éprouvés de confirmation empirique, mais elle est aussi la norme fondatrice qui, elle seule, prétend donner raison au réel qu’elle construit. Il est aujourd’hui admis que les conditions et contraintes mentionnées appartiennent à la « raison expérimentale » de la science moderne (Ledrut, 1981, P – 17 ; Piaget, 1971, pp. 38-42.)
- Il va sans dire que cette raison expérimentale privilégie un mode de production dite scientifique essentiellement articulée sur une méthode de travail. En effet, dans le paradigme de la science expérimentale, l’objet devient un être scientifique dans la mesure où il est défini par une relation observable et « répétable », c’est-à-dire par une relation qui peut être enregistrée par des mesures.
« Mais la méthode même de la science est de rechercher de telles relations « répétables » et, à travers elles, d’atteindre et de désigner des êtres scientifiques qui constitueront les objets. » (Ullmo, 1969, p. 27.)
- Ceci veut dire que le scientifique se méfie du concret, de l’empirique parce qu’il risque de n’en faire qu’une lecture intuitive. En pensant en termes de relation, le scientifique va « déréifier » et « déconcrétiser » les qualités apparentes de l’objet-phénomène pour réaliser et montrer des êtres relationnels qui échappent souvent à l’expérience immédiate. On peut comprendre que la systématique de l’opération impose un cheminement, une méthode donnant accès à l’intelligence des « choses ». Ceci suppose nécessairement que le sens n’est pas donné et qu’il faudra élaborer des stratégies et appliquer des techniques pour produire une connaissance dite empirique.
- Mais la méthode – réduite implicitement à la méthode expérimentale – reste encore un terme générique. Pourquoi ? Parce que les conditions épistémologiques de l’observation empirique et les contraintes logiques de la preuve instaurent nécessairement une série de choix assurant le passage de l’abstrait au concret. Ici, il existe un large éventail de possibilités pour passer des concepts et des hypothèses théoriques [abstraites] aux hypothèses opératoires, c’est-à-dire observables, et aux variables, mesures appliquées à ces observations. Certains auteurs parlent de méthodes des sciences humaines, par exemple, pour discerner les cheminements propres à la psychologie, la science politique, la sociologie et autres disciplines expérimentales. Nous avons alors affaire à des méthodes expérimentales spécifiques à un champ d’étude.
(Ceci soulevé le sujet complexe des rapports entre expérience empirique, abstraction et pensée déductive, que la méthode expérimentale considère comme allant de soi)
- Il reste à lever l’ambiguïté de la référence à l’expérience en tant que fondement de la connaissance. En effet, le développement des pratiques ne permet pas de confondre « raison expérimentale » et traitement empirique. Du point de vue de la connaissance, les rapports avec l’empirique déterminent des pratiques multiples que la réflexion méthodologique ne peut pas ignorer sous l’impérialisme du scientisme expérimental. Ainsi une approche peut paraître plus empirique en laissant plus de place au phénomène par le seul fait qu’elle part plus humblement d’expériences immédiates dites cliniques. Terme originaire de la pratique médicale, la clinique désigne l’observation « auprès du lit du malade » [gr. klinicos = lit] par opposition à celle conduite sur fond théorique ou médiatisée par un protocole d’enregistrement de données. L’expérience clinique procure ainsi un savoir tiré de la pratique immédiate. Dans l’expérience clinique, une vérité s’instaure dans la pratique, dans l’expérience d’une totalité (la personne du patient « passe » avant sa maladie) par opposition à la théorie ou à la réflexion spéculative. Elle laisse place à des sujets acteurs, des essais, des interventions, des approches multiformes convergeant vers une compréhension globale. Il va sans dire que les méthodes cliniques, toujours proches des faits, des phénomènes, opèrent dans des contextes épistémologiques très différents de l’approche expérimentale. De nombreuses controverses suscitées par les méthodes cliniques tournent autour du sens donné à la pratique ou à son analyse dans le développement des connaissances (Berg, Smith, 1985).
Débat des méthodes en sciences humaines
- À l’examen des développements des méthodes en sciences humaines, l’analyse des pratiques des dernières décennies a soulevé des débats fort instructifs du point de vue du statut des méthodes. Nous voulons en présenter deux.
Le premier débat concerne la pratique de la science comme pratique inscrite dans un contexte de valeurs, de priorités marqué par des moments culturels et des orientations socio-politiques. Son analyse appartient plus à la sociologie de la science qu’à une question de méthode. D’autre part, la pratique même de la recherche dite scientifique n’est pas sans poser de sérieuses interrogations sur les canons de sa méthodologie au point de mettre en question la pertinence même de la méthode expérimentale. Ce second débat examine les conditions épistémologiques que la méthode expérimentale impose. C’est l’interrogation qu’entretient gravement l’ethnométhodologie.
Méthodologie - Méthode
- Centration sur la méthodologie (dimension épistémologique ) :
Constitué de l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre, les vérifie. Cette conception de la méthode dans le sens général de procédure logique, inhérente à toute démarche scientifique, permet de la considérer comme un ensemble de règle indépendantes de toute recherche et contenu particulier, visant surtout les processus et formes de raisonnement et de perception, rendant accessible la réalité à saisir.
- Centration sur la méthode (va vers le sens d’attitude concrète vis-à-vis de l’objet)
Dans ce cas, la méthode dicte surtout des façons concrètes d’envisager ou d’organiser la recherche, mais ceci de façon plus ou moins impérative, plus ou moins précise, complète et systématisée.
Protocole
Dans le contexte épistémologique de l’approche fondée sur la raison expérimentale, beaucoup d’auteurs parlent de méthodes au heu de la méthode. Pourquoi ? Parce que la raison expérimentale implique nécessairement des expérimentations précises et rigoureuses qui ne peuvent être entreprises sans de nombreuses tentatives de réalisation ou une pluralité de cheminements et d’interprétations multiples. Les méthodes ne seraient rien d’autre que des démarches particulières nécessaires à l’adaptation aux contraintes imposées par la définition de l’objet et de son traitement dans une recherche empirique.
- Mais attention ! Ces démarches particulières peuvent encore correspondre, selon les auteurs, à deux acceptions fort différentes. Certains utilisent le terme pour identifier des orientations générales dans la façon de cerner théoriquement et empiriquement un même objet de recherche. Ainsi, par exemple, une recherche sur une image publique résultant d’une campagne publicitaire peut opter pour des méthodes qualitatives, quantitatives, structurales.
- Pour clarifier les niveaux d’analyse et éviter la confusion terminologique, il vaut mieux abandonner ici le concept de méthode et passer par le détour du terme de protocole devenu de mode dans certains milieux scientifiques.
Que signifie protocole ? Selon l’étymologie grecque, le protocole, c’est « ce qui est collé en premier » pour rendre authentique, pour confirmer le document ou indiquer la lecture à en faire. De là, l’idée de liste de conventions appliquées dans une opération, de mode d’emploi d’un outil, de déroulement des étapes à suivre dans une opération pour obtenir un résultat précis et reconnu valable. Le protocole est un ensemble de règles appliquées systématiquement dans l’enregistrement d’informations et dans leur traitement ultérieur. Plus un projet de recherche est complexe, c’est-à-dire plus il y a d’étapes à suivre dans sa réalisation, plus celui-ci exige différents protocoles. En nous en tenant à l’étymologie, le protocole devient donc le « texte » qui accompagne les résultats obtenus, texte permettant d’interpréter ceux-ci et d’évaluer leur validité.
Exemple de norme sous forme de rubriques a respecter pour créer un protocole
Expériences et protocoles 1. Variables à étudier 2. Matériel 3. Méthode 4. Remarques
Méthode - Protocole
- Le terme « méthodes » désigne un ensemble d’opérations qui permettent, primo, d’observer et d’enregistrer un corpus d’informations conventionnellement appelées des « données » et, secundo, de les traiter selon des protocoles très précis.
Technique
- Les techniques sont les opérations pour observer, décrire, classer, mesurer. Ce sont des opérations de manipulation, de traitement. Elles sont très souvent rendues possibles après une application numérique qui code un classement, un ordre, une métrique.
- Les techniques correspondent aux règles de conduite à suivre après certains jugements de méthode. Ces dernières sont sous une juridiction autonome que nous pouvons appeler la technologie scientifique. Il s’agit de produire des données pour ensuite les traiter en appliquant un savoir-faire qui respecte les propriétés formelles inhérentes à chaque technique. Ceci requiert une compétence pratique parce que, bien souvent, il s’agit d’adapter des connaissances ou des expériences pratiques développées dans une autre discipline.
Méthodologie - Technique
- La méthodologie s’intéresse avant tout à la logique opératoire, qui annonce la construction de l’objet, et non aux opérations elles-mêmes.
Méthode - Technique
- La technique est, comme la méthode, une réponse à un « comment ? » […]
Ce que l’on peut dire c’est que la technique représente les étapes d’opérations limités, liées à des éléments pratiques, concrets, adaptés à un but défini, alors que la méthode est une conception intellectuelle coordonnant un ensemble d’opérations, en général plusieurs techniques. […] Les techniques ne sont donc que des outils mis à la disposition de la recherche et organisés par la méthode dans ce but.
Méthodologie - Méthode - Technique
Pour sortir du labyrinthe conceptuel, faisons le point en établissant un premier schéma. Notre lecture des concepts utilisés nous permet de travailler avec deux axes principaux.
- Le premier axe détermine les étapes allant de l’abstraction/réflexion jusqu’aux réalités empiriques. L’abstraction suprême serait alors la réflexion sur les conditions mêmes de la production d’idées et de cognition. C’est la sphère de l’épistémologie et de la méthodologie au sens fort du terme. À l’extrême empirique, nous retrouvons les techniques. Cet axe passe de l’ordre du possible à celui du comment.
- Le deuxième axe oppose le descriptif au normatif.
Le schéma croisant les deux axes permet de situer l’espace conceptuel occupé par les termes rencontrés jusqu’à présent. On peut voir que la réflexion méthodologique peut être normative ou positive. L’épistémologie occupe généralement un espace normatif, mais elle peut être critique, voire positive. La figure suivante montre les différentes sémantiques du terme « méthode ».
- Pour essayer de clarifier cela, on peut considérer que la méthodologie est composée des méthodes, des techniques et des outils que l'on utilise dans le cadre d'une recherche afin de répondre à la question du comment ? Cette définition simple et schématique peut être illustrée de la manière suivante, en remettant en lien l'ensemble des « moments » et des éléments structurants de la démarche scientifique visant à répondre à trois objectifs concomitants : théorique, empirique et méthodologiques.
Conceptions erronées et origines possibles
- Ces termes sont souvent considérés, à tort, comme synonymes ce qui conduit à des confusions et des approximations dans la manière de mener une recherche.
Conceptions: Origines possibles
- Le fait que ces termes entretiennent des liens évidents entre eux
Conceptions liées - Typologie
Concepts ou notions associés
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Bibliographie
Pour citer cette page: (- Méthode - Protocole - Technique)
ABROUGUI, M & al, 2020. Méthodologie - Méthode - Protocole - Technique. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/M%C3%A9thodologie_-_M%C3%A9thode_-_Protocole_-_Technique>, consulté le 22, décembre, 2024
- Paul Stryckman, « De la méthode », Communication et organisation [En ligne], 10
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