Différences entre versions de « Empirisme - Dogmatisme »
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* On dit qu'une politique est empiriste si elle ne se fonde que sur les faits sans faire appel à de la théorie. | * On dit qu'une politique est empiriste si elle ne se fonde que sur les faits sans faire appel à de la théorie. | ||
+ | *Défendu depuis l’Antiquité, l’empirisme renvoie à l’idée que l’observation et l’expérience sensible jouent un rôle central dans l’acquisition et la justification de nos croyances, qu’elles soient ordinaires (je crois que le chat est dans le jardin parce que je viens de l’y voir), ou beaucoup plus sophistiquées, comme celles qu’entretiennent les scientifiques (d’après les résultats d’analyses et la nature des artéfacts retrouvés à proximité, ce squelette est celui d’un Aurignacien). | ||
+ | *Si l’empirisme s’accorde bien avec les intuitions du sens commun, il ne va épistémologiquement pas de soi. En effet, toute expérience n’est pas nécessairement porteuse de vérité : les apparences sont parfois trompeuses, et même le paléoanthropologue le plus scrupuleux est susceptible de faire des erreurs. Il semble donc faux d’affirmer que l’expérience suffit à fonder la connaissance : d’une part, elle est toujours limitée (même si toutes les corneilles que j’ai vues jusqu’à présent étaient noires je ne peux pas conclure que toutes les corneilles sont noires), et d’autre part il faut qu’elle soit conduite et interprétée avec un minimum de méthode et de raison, sans quoi, comme Bouvart et Pécuchet dans le roman éponyme de Flaubert, on peut en tirer les conclusions les plus farfelues. Mais alors quelle est la place que joue l’expérience sensible dans l’élaboration de notre connaissance ? | ||
+ | *Pour mieux saisir en quoi consiste la doctrine de l’empirisme, nous partirons d’une définition qui la caractérise par l’adhésion à trois thèses : une thèse psychologique ; une thèse épistémologique ; et enfin, une thèse sémantique. Nous verrons comment, au cours de l’histoire de la philosophie occidentale, différents auteurs ont tenté d’articuler ces trois thèses de manière cohérente et les difficultés auxquelles ils ont alors été confrontés. La plus délicate d’entre elles est le fait que l’empirisme semble faire le lit du scepticisme, bien plus que de permettre de fonder la connaissance. Nous aurons ainsi l’occasion de nous pencher sur les origines de l’empirisme comme méthode dans l’art médical, puis son développement et son élaboration comme doctrine proprement philosophique durant la Modernité. Nous verrons alors comment, par le recours à l’analyse logique et sémantique des énoncés, des philosophes de première moitié du 20ième siècle ont tenté d’écarter la menace sceptique qui semble toujours attachée à l’empirisme et l’empêche de jouer pleinement son rôle en théorie de la connaissance. L’échec de cette tentative et les alternatives qui ont alors été proposées pour rendre compte de la valeur de la connaissance empirique malgré tout nous permettront finalement de mieux saisir les termes dans lesquels se présente aujourd’hui le débat épistémologique, notamment concernant la valeur de l’expérience perceptuelle comme preuve ou justification. | ||
+ | *En philosophie, le terme « empirisme » désigne un courant de pensée très ancien, mais dont on considère qu’il a connu son plein épanouissement aux 17ème et 18ème siècles, sous la plume de philosophes britanniques tels que Thomas Hobbes, John Locke, George Berkeley ou encore David Hume. Tel qu’on le présente d’ordinaire, cet « empirisme britannique » se serait constitué en réaction au « rationalisme continental », mouvement sous la bannière duquel on enrôle habituellement des auteurs tels que Platon, René Descartes, Nicolas Malebranche ou encore Gottfried Leibniz. L’opposition entre empirisme et rationalisme reposerait alors sur un désaccord concernant la source de la connaissance : tandis que pour l’empirisme, celle-ci dérive essentiellement de l’expérience sensible et est en ce sens a posteriori, pour le rationalisme elle n’est au contraire rendue possible et garantie que par la raison, et a donc un fondement a priori (indépendante de l’expérience). | ||
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* '''Empirisme naïf''' est un empirisme qui valorise une conception de réalisme scientifique, c'est à dire il consiste à prendre le discours scientifique comme réalité du monde. Le terme naïf n'est pas péjoratif, mais indique qu'il s'agit de s'en tenir au discours scientifique pour appréhender la réalité - ce qui est le point de vue de nombreux scientifiques. Ainsi, un adepte du réalisme tiendra pour existants les électrons et les champs magnétiques. | * '''Empirisme naïf''' est un empirisme qui valorise une conception de réalisme scientifique, c'est à dire il consiste à prendre le discours scientifique comme réalité du monde. Le terme naïf n'est pas péjoratif, mais indique qu'il s'agit de s'en tenir au discours scientifique pour appréhender la réalité - ce qui est le point de vue de nombreux scientifiques. Ainsi, un adepte du réalisme tiendra pour existants les électrons et les champs magnétiques. | ||
+ | *Au début du 20ième siècle, et rompant définitivement avec l’héritage aristotélicien, la révolution initiée notamment par G. Frege, A. Whitehead et B. Russell en logique a des conséquences très importantes sur la manière dont on conçoit la signification et la validité des énoncés logico-mathématiques et scientifiques, et aussi, plus généralement, celle des énoncés descriptifs du langage naturel. L’expérience sensible demeure cependant centrale pour la détermination de la signification et de la valeur de vérité des énoncés : à part peut-être dans les cas où l’on a affaire à des tautologies, il ne suffit pas qu’une expression soit logiquement bien formée pour qu’elle ait un sens, et encore moins pour qu’elle soit vraie et nous apprenne effectivement quelque chose sur le monde. Pour des auteurs tels que G. E. Moore, B. Russell et L. Wittgenstein (voir Moore, 1925 et 1939 ; Russell, 1911 et 1989 ; Wittgenstein, 2001), il faut encore que cette expression soit validée par l’expérience, au sens où l’on doit pouvoir établir une relation de correspondance entre les mots ou ce qu’ils disent, et les faits perceptibles qu’ils prétendent décrire (voir, dans cette Encyclopédie, l’article Vérité). | ||
+ | {{Origines possibles des conceptions}} | ||
+ | * L’empirisme : doctrine relative à la nature de la connaissance, qu’on peut résumer par la formule : « il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens». L’empirisme fait donc de la sensation, et plus largement de l’expérience la source des idées et de la connaissance. Par exemple l’idée de la connexion nécessaire entre des phénomènes ou causalité (eau pure / 0° / glace) est-elle une idée a priori que l’esprit possède de manière innée ou un dérivé de l’habitude de voir le phénomène se reproduire (un principe a posteriori) ? David Hume l’affirme, contre Leibniz ou Kant par exemple, pour qui « il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens excepté l’entendement lui-même » Leibniz ou « toute notre connaissance commence avec l’expérience mais toute notre connaissance ne dérive pas de l’expérience », Kant. | ||
+ | *L'empirisme en tant que courant s'est développé et s'est renforcé au Royaume-Uni, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le terme, étymologiquement, vient du grec empeiria qui signifie expérience, et le suffixe -ismo indique qu'il s'agit d'une doctrine. | ||
+ | *L'un des plus lointains antécédents de l'empirisme se trouve chez les sceptiques. Le scepticisme était basé sur le fait de douter de tout, jusqu'à ce que quelque chose soit soigneusement vérifié et prouvé, il était mis en doute. Et même ainsi, ils pouvaient continuer à douter, car ils croyaient que l'être humain n'était pas capable, cognitivement parlant, de connaître la vérité des choses. L'empirisme y est lié en ce que le doute les émeut aussi, et l'expérience et la soumission des choses à leur vérification est ce qui valide le savoir. | ||
+ | *Les représentants les plus importants de l'empirisme étaient principalement des philosophes : | ||
+ | François Bacon (1561-1626). | ||
+ | Thomas Hobbes (1588-1679). | ||
+ | John Locke (1632-1704). | ||
+ | George Berkeley (1685-1753). | ||
+ | David Hume (1711-1776). | ||
+ | *De l'empirisme quelques caractéristiques générales peuvent être extraites : | ||
+ | La méthode inductive comme stratégie de recherche. | ||
+ | La connaissance est subjective, il n'y a pas d'idées innées, mais l'être humain par l'expérience acquiert la connaissance. | ||
+ | La capacité des êtres humains à acquérir des connaissances est limitée. | ||
+ | La vérité n'est pas absolue, à cause de ce qui a été dit au point précédent. | ||
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− | * | + | * La réflexion et le problème du réductionnisme |
− | :* . | + | :* À la maxime qui constitue la première doxa sur l’empirisme, il faut tout d’abord répondre avec André Charrak que son Nihil recouvre en réalité un problème qui est celui de toutes les histoires naturelles de l’esprit : la place accordée à la réflexion comme voie d’accès aux idées et à travers elles à l’esprit lui-même, au-delà des sens. La réflexion, qui occupe la première partie de l’ouvrage, est une invention récente qui trace une frontière entre, d’une part, la noétique des classiques héritée d’Aristote et de Proclus, qui subordonne la définition des entités mentales à des enjeux purement gnoséologiques (et dont relève encore Descartes dans une certaine mesure), et la psychologie du XVIIIe siècle d’autre part, qui constitue une enquête empirique sur les phénomènes psychiques indépendamment de leur investissement dans les procédures de connaissance. |
− | * ...... | + | * Absente donc chez Descartes, on voit la réflexion balbutier chez un Gassendi, mais elle ne s’introduit véritablement que chez Locke, qui l’interprète comme une perception ou expérience interne des idées prises comme objet. On sait que Brentano, suivant les pas de Locke dans sa Psychologie de 1874, fera de la perception interne des phénomènes psychiques le second critère de distinction de ces mêmes phénomènes psychiques d’avec les phénomènes physiques, après sa fameuse thèse d’intentionnalité. Introduite ainsi comme instrument d’une ascension des sens vers l’esprit, la réflexion est toutefois convertie en problème, une fois passée au crible de la critique leibnizienne de Locke (sur laquelle nous reviendrons dans un second temps). Leibniz identifie chez Locke un principe radicalement étranger à la voie de l’expérience qu’il prétendait embrasser : l’impossibilité de dériver les idées de réflexion de la sensation elle-même accuse chez l’auteur de l’Essai quelque chose comme une « innéité résiduelle de l’esprit ». Après Leibniz, les empiristes devront choisir entre les deux voies d’une seule et unique alternative : soit tenter dans une certaine mesure de réduire précisément les idées de réflexion à la sensation elle-même – c’est ce qu’André Charrak appelle la « phénoménalisation de la réflexion », et qu’il attribue exemplairement à un Condillac. Soit, mais c’est une autre réponse empirique au même problème, prendre acte du caractère inéliminable des actes réflexifs en tant qu’ils nous dévoilent quelque chose comme la nature de l’esprit – et c’est cette fois la dernière philosophie de Rousseau qui est convoquée. |
− | + | *L’ « expérience pure » [écrit James] est le nom que j’ai donné au flux immédiat de la vie, lequel fournit la matière première de notre réflexion ultérieure, avec ses catégories conceptuelles. Il n’y a que les nouveaux-nés, ou les hommes plongés dans un demi-coma dû au sommeil, à des drogues, à des maladies ou à des coups, dont on peut supposer qu’ils ont une expérience pure au sens littéral d’un cela qui n’est encore aucun quoi défini, bien qu’il s’apprête à être toutes sortes de quoi, riche aussi bien d’unité que de pluralité, mais dans des rapports non apparents, changeant au fur et à mesure mais de façon si confuse que ses phases s’interpénètrent et que l’on ne peut discerner aucun point, qu’il soit de distinction ou d’identité | |
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− | * [[ | + | * [[C'est quoi l'empirisme ?]] |
− | * [[ | + | * [[A quoi s'oppose l'empirisme ?]] |
− | * [[ | + | * [[Quelles sont les arguments en faveur de l'empirisme?]] |
}}<!-- ******** Fin Fiche Didactique Questions ******************* --> | }}<!-- ******** Fin Fiche Didactique Questions ******************* --> | ||
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* [[Empirisme - Histophilo]] | * [[Empirisme - Histophilo]] | ||
− | * . | + | * http://ludovicgadeau-psychotherapie.com/le-concept-dempirisme-approche-philosophique/ |
− | * .. | + | * https://laviedesidees.fr/L-empirisme-ses-voies-et-ses.html |
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Version actuelle datée du 11 juin 2022 à 16:13
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Conception : Clarification - Explicitation
- Etymologie : du grec ancien empeiria, expérience.
- L'empirisme est une doctrine philosophique qui considère que l'origine de toutes connaissances humaines ne provient que de l'expérience sensible, de l'observation. Ainsi nos sens sont à la source de nos connaissances. De l'accumulation d'observations et de faits mesurables, on peut en extraire des lois générales par un raisonnement inductif (inductivisme), allant du concret à l'abstrait.
- Francis Bacon (1561-1626), John Locke (1632-1704) et David Hume (1711-1776) étaient des philosophes empiristes.
- L'empirisme s'oppose au rationalisme et à la théorie des idées innées dans notre esprit (innéisme). Il se méfie des théories et des argumentations, pour n'accepter que ce qui est réel. Empirisme - Rationalisme, Empirisme - Innéisme
- Par extension, on appelle "empirisme" toute méthode qui prétend ne s’appuyer que sur l’expérience, sur les données, sans recourir au raisonnement ou à la théorie.
- Dans la vie courante l'empirisme est une manière de se comporter en tenant compte principalement des circonstances et sans principes prédéterminés.
- Synonyme : pragmatisme.
- On dit qu'une politique est empiriste si elle ne se fonde que sur les faits sans faire appel à de la théorie.
- Défendu depuis l’Antiquité, l’empirisme renvoie à l’idée que l’observation et l’expérience sensible jouent un rôle central dans l’acquisition et la justification de nos croyances, qu’elles soient ordinaires (je crois que le chat est dans le jardin parce que je viens de l’y voir), ou beaucoup plus sophistiquées, comme celles qu’entretiennent les scientifiques (d’après les résultats d’analyses et la nature des artéfacts retrouvés à proximité, ce squelette est celui d’un Aurignacien).
- Si l’empirisme s’accorde bien avec les intuitions du sens commun, il ne va épistémologiquement pas de soi. En effet, toute expérience n’est pas nécessairement porteuse de vérité : les apparences sont parfois trompeuses, et même le paléoanthropologue le plus scrupuleux est susceptible de faire des erreurs. Il semble donc faux d’affirmer que l’expérience suffit à fonder la connaissance : d’une part, elle est toujours limitée (même si toutes les corneilles que j’ai vues jusqu’à présent étaient noires je ne peux pas conclure que toutes les corneilles sont noires), et d’autre part il faut qu’elle soit conduite et interprétée avec un minimum de méthode et de raison, sans quoi, comme Bouvart et Pécuchet dans le roman éponyme de Flaubert, on peut en tirer les conclusions les plus farfelues. Mais alors quelle est la place que joue l’expérience sensible dans l’élaboration de notre connaissance ?
- Pour mieux saisir en quoi consiste la doctrine de l’empirisme, nous partirons d’une définition qui la caractérise par l’adhésion à trois thèses : une thèse psychologique ; une thèse épistémologique ; et enfin, une thèse sémantique. Nous verrons comment, au cours de l’histoire de la philosophie occidentale, différents auteurs ont tenté d’articuler ces trois thèses de manière cohérente et les difficultés auxquelles ils ont alors été confrontés. La plus délicate d’entre elles est le fait que l’empirisme semble faire le lit du scepticisme, bien plus que de permettre de fonder la connaissance. Nous aurons ainsi l’occasion de nous pencher sur les origines de l’empirisme comme méthode dans l’art médical, puis son développement et son élaboration comme doctrine proprement philosophique durant la Modernité. Nous verrons alors comment, par le recours à l’analyse logique et sémantique des énoncés, des philosophes de première moitié du 20ième siècle ont tenté d’écarter la menace sceptique qui semble toujours attachée à l’empirisme et l’empêche de jouer pleinement son rôle en théorie de la connaissance. L’échec de cette tentative et les alternatives qui ont alors été proposées pour rendre compte de la valeur de la connaissance empirique malgré tout nous permettront finalement de mieux saisir les termes dans lesquels se présente aujourd’hui le débat épistémologique, notamment concernant la valeur de l’expérience perceptuelle comme preuve ou justification.
- En philosophie, le terme « empirisme » désigne un courant de pensée très ancien, mais dont on considère qu’il a connu son plein épanouissement aux 17ème et 18ème siècles, sous la plume de philosophes britanniques tels que Thomas Hobbes, John Locke, George Berkeley ou encore David Hume. Tel qu’on le présente d’ordinaire, cet « empirisme britannique » se serait constitué en réaction au « rationalisme continental », mouvement sous la bannière duquel on enrôle habituellement des auteurs tels que Platon, René Descartes, Nicolas Malebranche ou encore Gottfried Leibniz. L’opposition entre empirisme et rationalisme reposerait alors sur un désaccord concernant la source de la connaissance : tandis que pour l’empirisme, celle-ci dérive essentiellement de l’expérience sensible et est en ce sens a posteriori, pour le rationalisme elle n’est au contraire rendue possible et garantie que par la raison, et a donc un fondement a priori (indépendante de l’expérience).
Conceptions erronées et origines possibles
- Empirisme naïf est un empirisme qui valorise une conception de réalisme scientifique, c'est à dire il consiste à prendre le discours scientifique comme réalité du monde. Le terme naïf n'est pas péjoratif, mais indique qu'il s'agit de s'en tenir au discours scientifique pour appréhender la réalité - ce qui est le point de vue de nombreux scientifiques. Ainsi, un adepte du réalisme tiendra pour existants les électrons et les champs magnétiques.
- Au début du 20ième siècle, et rompant définitivement avec l’héritage aristotélicien, la révolution initiée notamment par G. Frege, A. Whitehead et B. Russell en logique a des conséquences très importantes sur la manière dont on conçoit la signification et la validité des énoncés logico-mathématiques et scientifiques, et aussi, plus généralement, celle des énoncés descriptifs du langage naturel. L’expérience sensible demeure cependant centrale pour la détermination de la signification et de la valeur de vérité des énoncés : à part peut-être dans les cas où l’on a affaire à des tautologies, il ne suffit pas qu’une expression soit logiquement bien formée pour qu’elle ait un sens, et encore moins pour qu’elle soit vraie et nous apprenne effectivement quelque chose sur le monde. Pour des auteurs tels que G. E. Moore, B. Russell et L. Wittgenstein (voir Moore, 1925 et 1939 ; Russell, 1911 et 1989 ; Wittgenstein, 2001), il faut encore que cette expression soit validée par l’expérience, au sens où l’on doit pouvoir établir une relation de correspondance entre les mots ou ce qu’ils disent, et les faits perceptibles qu’ils prétendent décrire (voir, dans cette Encyclopédie, l’article Vérité).
Conceptions: Origines possibles
- L’empirisme : doctrine relative à la nature de la connaissance, qu’on peut résumer par la formule : « il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens». L’empirisme fait donc de la sensation, et plus largement de l’expérience la source des idées et de la connaissance. Par exemple l’idée de la connexion nécessaire entre des phénomènes ou causalité (eau pure / 0° / glace) est-elle une idée a priori que l’esprit possède de manière innée ou un dérivé de l’habitude de voir le phénomène se reproduire (un principe a posteriori) ? David Hume l’affirme, contre Leibniz ou Kant par exemple, pour qui « il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens excepté l’entendement lui-même » Leibniz ou « toute notre connaissance commence avec l’expérience mais toute notre connaissance ne dérive pas de l’expérience », Kant.
- L'empirisme en tant que courant s'est développé et s'est renforcé au Royaume-Uni, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le terme, étymologiquement, vient du grec empeiria qui signifie expérience, et le suffixe -ismo indique qu'il s'agit d'une doctrine.
- L'un des plus lointains antécédents de l'empirisme se trouve chez les sceptiques. Le scepticisme était basé sur le fait de douter de tout, jusqu'à ce que quelque chose soit soigneusement vérifié et prouvé, il était mis en doute. Et même ainsi, ils pouvaient continuer à douter, car ils croyaient que l'être humain n'était pas capable, cognitivement parlant, de connaître la vérité des choses. L'empirisme y est lié en ce que le doute les émeut aussi, et l'expérience et la soumission des choses à leur vérification est ce qui valide le savoir.
- Les représentants les plus importants de l'empirisme étaient principalement des philosophes :
François Bacon (1561-1626). Thomas Hobbes (1588-1679). John Locke (1632-1704). George Berkeley (1685-1753). David Hume (1711-1776).
- De l'empirisme quelques caractéristiques générales peuvent être extraites :
La méthode inductive comme stratégie de recherche. La connaissance est subjective, il n'y a pas d'idées innées, mais l'être humain par l'expérience acquiert la connaissance. La capacité des êtres humains à acquérir des connaissances est limitée. La vérité n'est pas absolue, à cause de ce qui a été dit au point précédent.
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Éléments graphique
Stratégie de changement conceptuel
- La réflexion et le problème du réductionnisme
- À la maxime qui constitue la première doxa sur l’empirisme, il faut tout d’abord répondre avec André Charrak que son Nihil recouvre en réalité un problème qui est celui de toutes les histoires naturelles de l’esprit : la place accordée à la réflexion comme voie d’accès aux idées et à travers elles à l’esprit lui-même, au-delà des sens. La réflexion, qui occupe la première partie de l’ouvrage, est une invention récente qui trace une frontière entre, d’une part, la noétique des classiques héritée d’Aristote et de Proclus, qui subordonne la définition des entités mentales à des enjeux purement gnoséologiques (et dont relève encore Descartes dans une certaine mesure), et la psychologie du XVIIIe siècle d’autre part, qui constitue une enquête empirique sur les phénomènes psychiques indépendamment de leur investissement dans les procédures de connaissance.
- Absente donc chez Descartes, on voit la réflexion balbutier chez un Gassendi, mais elle ne s’introduit véritablement que chez Locke, qui l’interprète comme une perception ou expérience interne des idées prises comme objet. On sait que Brentano, suivant les pas de Locke dans sa Psychologie de 1874, fera de la perception interne des phénomènes psychiques le second critère de distinction de ces mêmes phénomènes psychiques d’avec les phénomènes physiques, après sa fameuse thèse d’intentionnalité. Introduite ainsi comme instrument d’une ascension des sens vers l’esprit, la réflexion est toutefois convertie en problème, une fois passée au crible de la critique leibnizienne de Locke (sur laquelle nous reviendrons dans un second temps). Leibniz identifie chez Locke un principe radicalement étranger à la voie de l’expérience qu’il prétendait embrasser : l’impossibilité de dériver les idées de réflexion de la sensation elle-même accuse chez l’auteur de l’Essai quelque chose comme une « innéité résiduelle de l’esprit ». Après Leibniz, les empiristes devront choisir entre les deux voies d’une seule et unique alternative : soit tenter dans une certaine mesure de réduire précisément les idées de réflexion à la sensation elle-même – c’est ce qu’André Charrak appelle la « phénoménalisation de la réflexion », et qu’il attribue exemplairement à un Condillac. Soit, mais c’est une autre réponse empirique au même problème, prendre acte du caractère inéliminable des actes réflexifs en tant qu’ils nous dévoilent quelque chose comme la nature de l’esprit – et c’est cette fois la dernière philosophie de Rousseau qui est convoquée.
- L’ « expérience pure » [écrit James] est le nom que j’ai donné au flux immédiat de la vie, lequel fournit la matière première de notre réflexion ultérieure, avec ses catégories conceptuelles. Il n’y a que les nouveaux-nés, ou les hommes plongés dans un demi-coma dû au sommeil, à des drogues, à des maladies ou à des coups, dont on peut supposer qu’ils ont une expérience pure au sens littéral d’un cela qui n’est encore aucun quoi défini, bien qu’il s’apprête à être toutes sortes de quoi, riche aussi bien d’unité que de pluralité, mais dans des rapports non apparents, changeant au fur et à mesure mais de façon si confuse que ses phases s’interpénètrent et que l’on ne peut discerner aucun point, qu’il soit de distinction ou d’identité
Questions possibles
Bibliographie
Pour citer cette page: (- Dogmatisme)
ABROUGUI, M & al, 2022. Empirisme - Dogmatisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/Empirisme_-_Dogmatisme>, consulté le 21, novembre, 2024
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