Différences entre versions de « Morale »
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Version du 26 février 2009 à 13:43
La morale (du latin moralitas, « façon, caractère, comportement approprié ») se rapporte au concept de l'action humaine qui concerne les sujets du juste et de l'injuste, également désignés sous le nom « bien et mal ».
La morale est un ensemble de règles de conduite, de relations sociales, qu'une société se donne et qui varient selon la culture, les croyances, les conditions de vie et les besoins de la société. Ils sont utilisés dans deux contextes : la distinction individuelle d'une part et d'autre part les systèmes de principes parfois appelés « conduite morale » partagés au sein d'une communauté culturelle, religieuse, civile ou philosophique.
Les morales personnelles définissent et distinguent parmi de bonnes et mauvaises intentions, motivations ou actions qui ont été apprises, engendrées, ou autrement développées par les individus composant ces communautés.
Morale et Éthique
En français, morale et éthique ont des sens souvent confondus.
Ainsi le Petit Larousse donne les définitions suivantes :
Morale (du latin mores, mœurs) :
- Ensemble des règles d'action et des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société,
- Théorie des fins des actions de l'homme,
- Précepte, conclusion pratique que l'on veut tirer d'une histoire.
Éthique, Philosophie (du grec ethikos, moral, de éthos mœurs) :
- Doctrine du bonheur des hommes et des moyens d'accès à cette fin,
- Ensemble particulier de règles de conduite (syn. morale),
- Partie théorique de la morale.
Le Petit Robert quant à lui donne :
Morale : science du bien et du mal, des principes de l'action ; théorie de l'action humaine en tant qu'elle est soumise au devoir et a pour but le bien...
Éthique : science de la morale ; ensemble des conceptions morales de quelqu'un ; décrit un comportement.
La morale est généralement rattachée à une tradition idéaliste (de type kantienne) qui distingue entre ce qui est et ce qui doit être, alors que l'éthique est liée à une tradition matérialiste (de type spinoziste) qui cherche seulement à améliorer le réel par une attitude raisonnable de recherche du bonheur de tous.
Quant à la déontologie, (gr. deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et logos science), c'est la discipline qui traite des devoirs à remplir, sur un plan professionnel.
Aperçu historique
La morale chez Descartes
La question morale est abordée par Descartes dans les Principes de la philosophie (1644), comme découlant de sa conception de la métaphysique :
- « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n’est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières. »
Ainsi, Descartes fonde la morale sur la « connaissance des autres sciences », dans l'esprit du Discours de la méthode [1].
De Spinoza à aujourd'hui
S'intéressant à l'éthique d'entreprise, le philosophe André Comte-Sponville (dans Le Capitalisme est-il moral ?, Albin Michel), pour éviter d'employer le terme morale de façon inadéquate, distingue donc quatre ordres, parmi lesquels on trouve l'ordre moral et l'ordre éthique.
Pour préciser la distinction entre morale et éthique, il se réfère à Spinoza et à Kant : il entend par morale tout ce qu'on fait par devoir (de l'ordre de la volonté), et par éthique tout ce qu'on fait par amour (de l'ordre du sentiment).
Morale contemporaine
Distinction entre morale individuelle et morale sociale
Dans la théologie catholique, en théologie morale, plus particulièrement dans les cours de théologie sectorielle, on distingue la morale individuelle et la morale sociale.
La morale sociale est assez voisine dans ses principes de l'éthique sociale.
Débats contemporains
La plupart des débats contemporains concernent la morale sociale :
- l'éthique de la responsabilité dans le domaine technique et scientifique (Hans Jonas),
- la responsabilité sociale des entreprises,
- la bioéthique,
- les droits des animaux,
- l'éthique des affaires,
- les droits de l'homme,
- la tolérance,
- le moralisme ou le rigorisme, formes intégristes de la morale.
Ils concernent aussi la morale individuelle dans les questions sexuelles, ce qui relève de la transmission entre générations.
Citations
« Nous n'avons besoin de morale que faute d'amour » (André Comte-Sponville, Le Capitalisme est-il moral ?, Albin Michel)
Clément Rosset donne cette définition de la morale : « J'appelle morale toute forme de pensée qui sacrifie à la tentation de mettre entre elle et le réel le rempart d'une représentation quelconque d'idée ou de mots dont Marcel Aymé dit qu'ils ont l'étrange pouvoir de tenir à distance les vérités les plus éclatantes ». (Clément Rosset - Le monde et ses remèdes éditions PUF)
Quand Proudhon définit la morale, il écrit : « La Justice est le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti de la dignité humaine en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise et à quelque risque que nous expose sa défense. »
Pour Rimbaud, « La morale est la faiblesse de la cervelle . Acquise sans aucune réflexion, elle s'imprime en nous à nos dépens. Elle est un danger si elle n'est atténuée par la pensée raisonnable.»
Pour Charles Péguy, « La morale est un enduit qui rend l'homme imperméable à la grâce. »
Note
- ↑ Voir en particulier la sixième partie du discours de la méthode
Voir aussi
Bibliographie
Modèle:Wikisource Modèle:Wikiquote
- Phédon, Platon
- Éthique à Nicomaque, Aristote
- Les politiques, Aristote
- Lettres, Épicure
- La République, Cicéron
- Des Lois, Cicéron
- Des biens et des maux, Cicéron
- Des devoirs, Cicéron
- Manuel, Entretiens, Épictète
- De la vie heureuse, Sénèque le Jeune
- Contre les moralistes, Sextus Empiricus
- Contre le mensonge, Augustin d'Hippone
- Traité des passions, Descartes
- Traité de morale, Malebranche
- Éthique, Spinoza
- Fondation de la métaphysique des mœurs, Kant
- Métaphysique des mœurs, Kant
- Critique de la raison pratique, Kant
- Essai philosophique concernant l'entendement humain, Locke
- Essais de théodicée, Leibniz
- Déontologie ou science de la morale, Bentham
- Fondements de la morale et de la religion, Maine de Biran
- Système de l'éthique, Fichte
- Les deux sources de la morale et de la religion, Henri Bergson
- Traité de la nature humaine, Hume
- Enquête sur les principes de la morale, Hume
- Justine ou les malheurs de la vertu, Sade
- Principes de la philosophie du droit, Hegel
- Le Fondement de la morale, Schopenhauer
- L'unique et sa propriété, Stirner
- L'utilitarisme, Mill
- Les bases de la morale évolutionniste, Spencer
- L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Weber
- Le formalisme en éthique et l'éthique matérielle des valeurs, Scheler
- Aurore, réflexions sur les préjugés moraux, Nietzsche
- Par-delà bien et mal, Nietzsche
- Généalogie de la morale, Nietzsche
- Le Traité des vertus, Le paradoxe de la morale Vladimir Jankélévitch
- Pour un catastrophisme éclairé Jean-Pierre Dupuy
- Le capitalisme est-il moral ? André Comte-Sponville, Albin Michel (2004)
- Le Principe Responsabilité, Hans Jonas
- La morale en tant que science morale, Angèle Kremer-Marietti
Articles connexes
- Éthique
- Bien
- Mal
- Conscience
- Liberté
- Responsabilité
- Théologie morale
- Droit
- Justice
- Utilitarisme
- Féminisme
- Samuel von Pufendorf
- Vertu
Liens externes
- La maladie morale du patriotisme
- Fairness Judgments: Genuine Morality or Disguised Egoism? Psychological Article on Fairness (registration required)
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