L'empirisme
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Conception : Clarification - Explicitation
- L'empirisme désigne un ensemble de théories philosophiques qui font de l'expérience sensible l'origine de toute connaissance ou croyance et de tout plaisir esthétique. L'empirisme s'oppose en particulier à l'innéisme et plus généralement au rationalisme « nativiste » pour lesquels nous disposerions de connaissances, idées ou principes avant toute expérience.
l'esprit est conçu comme une tabula rasa sur laquelle s'impriment des impressions sensibles il n'y a pas d'idées innées dans l'esprit ou dans l’âme tout discours qu'il soit scientifique ou philosophique et quelque soit son degré de complexité doit toujours pouvoir être ramené à un fait brut, une expérience pure, un objet singulier et immédiat de la sensation
Histoire
Antiquité L’empirisme représentait un courant philosophique dans l’Antiquité ’. Il s'est particulièrement manifesté dans la médecine empirique2, qui a elle-même beaucoup influencé Sextus Empiricus. La secte des Empiriques, fondée au IIIe siècle av. J.-C. par Philinos de Cos, refusait l’idée centrale de la médecine des 'dogmatiques', selon laquelle on peut déterminer les causes cachées des maladies. S’en tenant à ce qui est apparent, les Empiriques ne reconnaissaient que trois procédures : - L’αὐτοψία (autopsia) : observation par soi-même ; - L’ἱστορία (historia) : observation faite par les autres et rapportée par écrit ; - Le « passage au même »3. Il ne semble néanmoins pas que cette forme d'empirisme ait joué un rôle dans l'élaboration du mouvement né en Angleterre, si ce n’est peut-être chez Hume, par l'intermédiaire de l'influence du scepticisme4. Plus d’informations peuvent être trouvées dans l'œuvre de Victor Brochard, La Méthode expérimentale chez les Anciens. Épicurisme : prénotions et simulacres La théorie des prénotions d'Épicure est proche de l'empirisme5, et a été rangée sous cette étiquette par Kant6. Dans l'épistémologie épicurienne, toute connaissance provient de la sensation causée par les simulacres qui sont produits par les corps extérieurs. Aristote et la table rase :
C'est d'Aristote que John Locke reprend la conception de l'esprit comme tabula rasa, la table rase qui reçoit les impressions comme de la cire. En effet, Aristote concevait la connaissance comme l'abstraction de formes intelligibles à partir des objets sensibles, l'abstraction consistant en l'effacement des particularités pour obtenir une définition universelle. L'âme reçoit donc les formes intelligibles passivement (bien qu'elle les contienne toutes en puissance, à l'état de possibles) : c'est l'objet naturel qui est cause directe de la connaissance ; la sensation actualise dans l'âme (l'intellect) la forme intelligible (quiddité) qui signifie dans l'objet naturel sa structure rationnelle ou substance. Jean Philopon rappelle ceci à propos de l'âme selon Aristote : « Aristote la représente par une tablette non écrite et la nomme au sens propre faculté d'apprendre. Platon, cependant, la représente par une tablette écrite et la nomme faculté de s'instruire par remémoration ». Moyen Âge:
Pour ce qui est de la pensée médiévale, on a pu voir en Guillaume d'Ockham un précurseur de l'empirisme, parce qu'il n'admet que des entités singulières dans le monde, c'est-à-dire des faits qui sont objets de l'expérience. Ainsi, toute connaissance doit pouvoir se ramener en définitive à une expérience immédiate et singulière, « intuitive »11. On peut mentionner aussi Roger Bacon, pour qui « aucun discours ne peut donner la certitude, tout repose sur l'expérience ». Renaissance : Francis Bacon :
Francis Bacon (1561-1626) est le père de l'empirisme sous sa forme moderne. Il pose le premier les fondements de la science moderne et de ses méthodes. Dans son étude des faux raisonnements, sa meilleure contribution a été dans la doctrine des idoles. D'ailleurs, il écrit dans le Novum Organum (ou nouvelle logique par opposition à celle d’Aristote) que la connaissance nous vient sous forme d'objets de la nature, mais que l'on impose nos propres interprétations sur ces objets. D'après Bacon, nos théories scientifiques sont construites en fonction de la façon dont nous voyons les objets ; l'être humain est donc biaisé dans sa déclaration d'hypothèses. Pour Bacon, la science véritable est la science des causes. S’opposant à la logique aristotélicienne qui établit un lien entre les principes généraux et les faits particuliers, il abandonne la pensée déductive, qui procède à partir des principes admis par l’autorité des Anciens, au profit de l’interprétation de la nature, où l’expérience enrichit réellement le savoir. En somme, Bacon préconise un raisonnement et une méthode fondés sur le raisonnement expérimental : « L'empirique, semblable à la fourmi, se contente d'amasser et de consommer ensuite ses provisions. Le dogmatique, telle l'araignée ourdit des toiles dont la matière est extraite de sa propre substance. L'abeille garde le milieu ; elle tire la matière première des fleurs des champs, puis, par un art qui lui est propre, elle la travaille et la digère. (...) Notre plus grande ressource, celle dont nous devons tout espérer, c'est l'étroite alliance de ces deux facultés : l'expérimentale et la rationnelle, union qui n'a point encore été formée. »
L'empirisme moderne:
L'empirisme moderne est un mouvement philosophique qui naît en Angleterre. Il prend racine au XVIe siècle et s'épanouit principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles. Selon le sociologue des sciences Robert King Merton (dans Éléments de théorie et de méthode sociologique, 1965), l'empirisme aurait percé dans le champ scientifique grâce à ses liens étroits avec l'éthique protestante et puritaine. Le développement de la Royal Society de Londres, fondée en 1660 par des protestants, en est ainsi l'expression aboutie : « la combinaison de la rationalité et de l'empirisme, si évidente dans l'éthique puritaine, forme l'essence de la science moderne », explique Merton.
À l'origine, l'empirisme pouvait se concevoir comme un matérialisme (pour Francis Bacon et Thomas Hobbes), dans la mesure où il fut l'une des formes d'opposition à la scolastique17, lors de la naissance de la science moderne (avec Galilée). Bien qu'empirisme et matérialisme aillent souvent de pair, il n'y a pas de lien nécessaire entre les deux (comme le montrent l'immatérialisme de Berkeley et le spiritualisme de James).
L'empirisme définissait des modes de connaissance dérivés de l'expérience et de la logique qui s'affranchissaient de la Révélation. L'empirisme accompagna ainsi la naissance de la science moderne, caractérisée par sa mathématisation et son utilisation massive de la méthode expérimentale. L'apport de Newton à la science s'inscrit dans ce contexte intellectuel empiriste.
Ses principaux représentants sont :
- Francis Bacon (1561-1626), homme politique et philosophe anglais que l'on considère souvent comme le père de l'empirisme ;
- Thomas Hobbes (1588-1679), philosophe anglais matérialiste ;
- Robert Boyle (1627-1691), physicien et chimiste irlandais, qui s'inspira de Francis Bacon, et fut le père de la philosophie naturelle ;
- John Locke (1632-1704), philosophe anglais et fondateur du libéralisme politique ;
- George Berkeley (1685-1753), évêque et philosophe irlandais qui développa un empirisme « immatérialiste » (il n'y a pas de « matière » derrière les phénomènes qui nous apparaissent18) ;
- Voltaire (1694-1778), écrivain qui importa en France les idées de Locke19 ;
- David Hume (1711-1776), philosophe écossais qui développa l'empirisme sceptique ;
- Denis Diderot (1713-1784), écrivain et encyclopédiste qui soutint un « matérialisme enchanté »20 ;
- Étienne Bonnot de Condillac (1714-1780), philosophe français sensualiste influencé par Locke ;
- Claude-Adrien Helvétius (1715-1771), philosophe français sensualiste ;
- Adam Smith (1723-1790), économiste écossais disciple de Hume21 ;
- Edmund Burke (1729-1797), homme politique et philosophe irlandais, théoricien de l'esthétique empiriste ;
- James Mill (1773-1836), philosophe écossais influencé par Hume ;
- John Stuart Mill (1806-1873), fils du précédent, économiste et philosophe anglais qui développa l'utilitarisme inspiré de Jeremy Bentham (1748-1832) ;
- William James (1842-1910), philosophe américain qui développa un empirisme radical qu'il nomma « pragmatisme » ;
- Moritz Schlick (1882-1936), empirisme logique (cf. Cercle de Vienne) ;
- et Rudolf Carnap (1891-1970), empirisme logique.
Les Lumières françaises et anglaises (Enlightenment, voir aussi Lumières écossaises) sont majoritairement empiristes, contrairement aux Lumières allemandes (Aufklärung), lesquelles sont moins hostiles à la religion et plus idéalistes.
L'empirisme se distingue assez nettement du positivisme, dans la mesure où ce dernier met davantage l'accent sur l'explication des phénomènes par des formulations mathématiques. Il est vrai qu'Auguste Comte (1798-1857) appuya sa philosophie en partie sur celle de Francis Bacon, mais cela n'est pas suffisant pour trouver beaucoup de points communs entre l'empirisme et le positivisme22.
L'empirisme radical est une variante défendue par William James (1842-1910) et qui affirme, comme l'empirisme classique, qu'il ne faut rien ajouter à l'expérience, mais aussi, ce qui fait sa spécificité, qu'il ne faut rien lui retirer : nous avons une expérience des relations, qui sont aussi réelles que les termes de l'expérience23.
Il ne faut néanmoins pas confondre l'empirisme avec le pragmatisme de Charles Sanders Peirce (ce dernier parlait d'ailleurs de « pragmaticisme »24) ou Richard Rorty. L'empirisme se fonde sur l'expérience, le pragmatisme sur l'action.
Conceptions erronées et origines possibles
- la raison ne joue pas un rôle dans le processus de la connaissance
Empirisme naïf est un empirisme qui valorise une conception de réalisme scientifique, c'est à dire il consiste à prendre le discours scientifique comme réalité du monde. Le terme naïf n'est pas péjoratif, mais indique qu'il s'agit de s'en tenir au discours scientifique pour appréhender la réalité - ce qui est le point de vue de nombreux scientifiques. Ainsi, un adepte du réalisme tiendra pour existants les électrons et les champs magnétiques.................................................................................
Conceptions: Origines possibles
- L’empirisme : doctrine relative à la nature de la connaissance, qu’on peut résumer par la formule : « il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens». L’empirisme fait donc de la sensation, et plus largement de l’expérience la source des idées et de la connaissance. Par exemple l’idée de la connexion nécessaire entre des phénomènes ou causalité (eau pure / 0° / glace) est-elle une idée a priori que l’esprit possède de manière innée ou un dérivé de l’habitude de voir le phénomène se reproduire (un principe a posteriori) ? David Hume l’affirme, contre Leibniz ou Kant par exemple, pour qui « il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens excepté l’entendement lui-même » Leibniz ou « toute notre connaissance commence avec l’expérience mais toute notre connaissance ne dérive pas de l’expérience », Kant................................................................................
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Références
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Éléments graphique
Stratégie de changement conceptuel
- Par sa logique inductive l'empirisme accompagne la naissance de la science moderne basée sur l'expérience
- l'empirisme met l'accent sur la méthode expérimentale
- l'empirisme constitue le fondement de la théorie associationniste dans le processus d'apprentissage
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Questions possibles
- [[quelle est l'origine de la connaissance?
qu'est ce qui valide une théorie? quels sont les principaux courants de pensée épistémologique ?]]
- quels sont les principes de l'empirisme et quels sont les fondateurs de ce courant ?
- quel est l'apport de l'empirisme dans l'évolution de la pensée scientifique ?
Bibliographie
Pour citer cette page: ([1])
ABROUGUI, M & al, 2020. L'empirisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/L%26%2339;empirisme>, consulté le 21, novembre, 2024
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Empirisme#Controverse_entre_le_rationalisme_et_l'empirisme
- John Locke: Essai sur l'entendement humain (1689), ;
George Berkeley:Trois dialogues entre Hylas et Philonous (1713), ; David Hume: Traité de la nature humaine (1739-1740), ; David Hume Enquête sur l'entendement humain (1748), ; ..................
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