Positivisme
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Conception : Clarification - Explicitation
- Le positivisme est un courant philosophique fondé au XIXe siècle par Auguste Comte, à la fois héritier et critique des Lumières du XVIIIe siècle.
- Le positivisme s'en tient aux relations entre les phénomènes et ne cherche pas à connaître leur nature intrinsèque : il met l'accent sur les lois scientifiques et refuse la notion de cause.
- Il construit une philosophie des sciences qui part des mathématiques pour aller jusqu'à la sociologie et la science politique, ainsi qu'une philosophie de l'histoire qui conçoit le processus historique comme une avancée vers davantage de rationalité scientifique (« positive ») et moins de théologie et de spéculation métaphysique sur les réalités transcendantes [« la loi des trois états »].
- Il s’agit d’une grande loi historique qui assujettit le développement de l’intelligence humaine, aussi bien chez l’individu que dans l’espèce. Cette histoire n’est pas contingente ; elle ne résulte pas d’un malheureux accident mais d’une nécessité invariable. Les diverses fractions de l’Humanité parcourent les mêmes étapes à des vitesses différentes mais selon le même ordre, ou plutôt c’est l’Humanité, comme être collectif, qui est en train de parcourir l’ensemble. Ces trois états, nommés théologique, métaphysique, positif, sont présentés comme des états de la connaissance, mais à chacun d’eux correspond un régime, c’est-à-dire à la fois un régime politique et une manière de vivre, un développement de l’imagination et du sentiment.
- L’état théologique
- Il est caractérisé par la croyance en des agents doués de volonté, qui expliquent tous les phénomènes frappants de la nature. Cet état qui a duré fort longtemps, se décompose en trois moments principaux :
- le fétichisme, qui attribue aux objets eux-mêmes une vie, une pensée, des intentions semblables aux nôtres. L’affectivité y prédomine - le polythéisme, qui peuple la nature d’êtres fictifs, personnels et invisibles - le monothéisme, qui concentre tout le pouvoir en un seul Être suprême.
- L’état métaphysique
- L'état métaphysique, aussi appelé état abstrait, désigne le siècle des Lumières et notamment les encyclopédistes. Auguste Comte leur reproche de raisonner à partir de la supposition abstraite et métaphysique d'un contrat social primitif comme le fait notamment Jean-Jacques Rousseau et de raisonner à partir des droits individuels communs à tous les hommes, aboutissant aux idées de liberté et de souveraineté du peuple.
Beaucoup de philosophes, ainsi que certains pères fondateurs des États-Unis, se définissent en ce XVIIIe siècle comme déistes, position purement métaphysique.
- L’esprit positif
- Dans l'état scientifique, aussi appelé état positif, l'esprit humain renonce temporairement à comprendre l'origine ou l'éventuelle destination de l'univers, jusqu'à plus ample informé. Il renonce de ce fait à la question du « pourquoi ? » chère à Aristote (et source de plusieurs de ses erreurs en physique) et recherche par l'usage unique du raisonnement et de l'observation les lois effectives de la nature « c’est-à-dire leurs relations véritables de succession et de similitude ». L'entrée dans l'état scientifique s'accompagne de l'abandon de l'étiologie au profit d'une explication législative, c'est-à-dire fondée sur des lois invariables..
L'expérience et la méthode expérimentale
- * Le positivisme met en avant l'expérience. "Nous donnerons au mot expérience, [...], le même sens général qu'il conserve partout. Le savant s'instruit chaque jour par l'expérience ; par elle il corrige incessamment ses idées scientifiques, ses théories, les rectifie pour les mettre en harmonie avec un nombre de faits de plus en plus grand, et pour approcher de plus en plus de la vérité. On peut s'instruire, c'est-à-dire acquérir de l'expérience sur ce qui nous entoure, de deux manières, empiriquement et expérimentalement". Dans les sciences, "l'expérience est toujours acquise en vertu d'un raisonnement précis établi sur une idée qu'a fait naître l'observation et que contrôle l'expérience" (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, Paris, Garnier Flammarion, 1966, p. 41).
La méthode expérimentale constitue la pièce maîtresse de l'argumentation dans les sciences positives. Elle est fondée sur la distinction nette des faits et de la théorie ; la mise en place d'un ensemble expérimental permet de corroborer la théorie par les résultats d’expérience, les faits garantissent la justesse de la théorie ou viennent l'invalider, mais pas seulement. Plus généralement, il y a une interaction des deux ; les faits suscitent de nouvelles théories qui auront à être vérifiées et ainsi de suite. Dans cette conception, l'investigateur n'entre pas dans le dispositif expérimental. Il est considéré comme un observateur neutre dont la personnalité n'intervient pas (ou seulement comme source d'erreurs d'interprétation). L'observateur est le miroir des faits « objectifs ».
Claude Bernard définit très clairement le procédé inductivo-déductif : l'observation fait naître des idées qui seront contrôlées par l'expérimentation et éventuellement réfutées. L'expérience est toujours liée au raisonnement, elle se fait selon une théorie rationnelle, ce n'est pas un cheminement au hasard selon d'obscures intuitions. Le raisonnement causaliste est indissociable de la méthode expérimentale. Dans ce cas, la causalité concerne des faits précisément définis. Il s’agit uniquement des causes dites « prochaines » qui sont conçues dans une inspiration empiriste empruntée à David Hume.
Causalité ou légalité ?
- Le principe de causalité généralement appliqué se traduit par quelques énoncés traditionnels : tout fait a une cause et il n'y a pas d'effet sans cause ; les mêmes causes produisent les mêmes effets ; la cause précède ou accompagne son effet ; la disparition ou la cessation de la cause entraîne la disparition ou la cessation de son effet. Dans l'enchaînement causal, conçu comme série linéaire, la cause entraîne un effet qui ne peut être lui-même sa propre cause.
Certains, comme Claude Bernard, considèrent les conditions comme les causes du phénomène. Il évite l'écueil métaphysique d'avoir à régresser vers des causes premières, en précisant qu'il ne saurait s’agir que des causes « prochaines ». (Ibid., p. 60-61). La notion de causalité perd tout caractère obscur et en vient dès lors à désigner la série linéaire des faits empiriquement constatables qui se succèdent nécessairement. La recherche de causes précises sera un puissant moteur de l’évolution scientifique tout au long du XIXe siècle. Pourtant, la causalité est suspecte, car elle rappelle certaines notions obscures de la philosophie. C’est pourquoi certains positivistes, dont Auguste Comte, préfèrent une conception légaliste dans laquelle la succession des phénomènes est régie par des relations exprimées par des lois qui permettent de les prévoir. Le mode de production des phénomènes reste inconnu. Pour Ernst Mach, l’idée de dépendance réciproque des phénomènes est appelée à remplacer celle de causalité. On doit établir des fonctions et des processus pour expliciter cette interdépendance constatée des faits.
- Les inflexions du positivisme
- Par ailleurs, il est à noter que le positivisme n'est pas fondamentalement réductionniste. Auguste Comte suppose que, pour passer d’un domaine empirique à un autre, il ne suffit pas d’agréger les entités entre elles, il faut ajouter une « nouvelle dimension ontologique ». Émile Durkheim, par exemple, parle de « synthèse ». Pour les auteurs positivistes non réductionnistes, chaque discipline fondamentale posséderait une identité propre correspondant à un domaine de la réalité.
Le philosophe anglais Joseph Needham, en associant les idées d’Auguste Comte sur la classification des sciences et les niveaux d'intégration, a proposé une nouvelle classification des connaissances scientifiques. Il créa le Classification Research Group dont le travail aboutit à une augmentation du nombre de niveaux de réalité et de connaissances scientifiques y afférant (voir l'article Le concept d'émergence). Ernst Mach est le dernier représentant de cette génération positiviste, et il va prendre certaines libertés avec la doctrine. Plus que par ses travaux proprement scientifiques, c'est par ses travaux épistémologiques qu'Ernst Mach influença ses contemporains (La connaissance et l'erreur, 1905). Il ajoute au courant positiviste de langue allemande des conceptions venues des travaux sur l’énergie que nous verrons après. Cette proposition se fait au détriment de la physique traditionnelle, centrée sur la mécanique. Sur le plan épistémologique, il considère que la connaissance débute par l'émergence de concepts de base simples qui doivent pouvoir être remis en question lorsque la recherche l'impose. Selon lui, il existe des régions scientifiques bien distinctes qui correspondent au type de phénomène étudié. On voit que, dans l'ensemble, le courant positiviste n'est pas réductionniste. Il admet des domaines, ou régions scientifiques, distincts correspondant à des classes de phénomènes différents.
Positivisme scientifique d'Auguste Comte
- Le positivisme scientifique d'Auguste Comte affirme que l'esprit scientifique va, par une loi inexorable du progrès de l'esprit humain, nommée loi des trois états, remplacer les croyances théologiques ou les explications métaphysiques.
- Le positivisme scientifique correspond au Cours de philosophie positive, écrit de 1830 à 1842, avec la loi des trois états.
En devenant «positif», l'esprit renoncerait à la question «pourquoi ?», c'est-à-dire à chercher les causes premières des choses.
Il se limiterait au «comment», c'est-à-dire à la formulation des lois de la nature, exprimées en langage mathématique, en dégageant, par le moyen d'observations et d'expériences répétées, les relations constantes qui unissent les phénomènes, et permettent d'expliquer la réalité des faits.
- *Domaines influencés par le positivisme
- Le positivisme a exercé une influence considérable dans la deuxième moitié du XIXe siècle et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
- * * Médecine
- La médecine a été chronologiquement le premier domaine influencé par le positivisme, à travers des personnalités comme :
le docteur Robinet, Pierre Laffitte (1823-1903), "converti" en 1845, qui prit la tête de l'"Église positiviste" (société positiviste), après la mort d'Auguste Comte, Claude Bernard, médecin et physiologiste français ; C'est par la médecine que l'influence s'est transmise à l'Amérique latine.
- * * Philosophie
- L'influence d'Auguste Comte s'est transmise à :
Ernest Renan, écrivain, philosophe, philologue et historien français [1] Hippolyte Taine philosophe et historien ; pendant l'entre-deux guerres dans le Cercle de Vienne (positivisme logique) et se fait sentir de nos jours dans le néopositivisme contemporain, qui est une forme de scientisme.
- * * Enseignement
- Les lois sur l'enseignement primaire de Jules Ferry (28 mars 1882) se sont inspirées du positivisme. Marcellin Berthelot introduisit l'esprit positiviste dans l'enseignement secondaire lorsqu'il fut ministre de l'instruction publique (1886-1887).
Droit L'influence a été très forte sur le droit, à travers le mouvement du positivisme juridique :
Théories du normativisme et de l'État de droit de Hans Kelsen, qui a donné le droit positif français, Théorie de l'État de service de Léon Duguit.
- * * Littérature, fiction et linguistique
- Auguste Comte a influencé :
Jules Verne qui, dans Les voyages extraordinaires (54 volumes), publiés par son éditeur Pierre-Jules Hetzel, a donné une certaine vision du monde à la jeunesse de cette époque. Émile Littré, philologue et médecin français, auteur d'un dictionnaire. Linguistique : les mots "altruisme", "synergie", sont d'origine positiviste. Le mot "sociologie" a été inventé par Sieyès et non par Auguste Comte, qui l'a seulement popularisé. Émile Zola expose dans Le roman expérimental sa volonté d'étendre les idées de Claude Bernard au roman, qui selon lui partage avec la médecine le fait d'être encore considéré comme un art alors qu'il faudrait le pratiquer comme une science.
- * * Économie
- Mélangée avec d'autres idéologies, l'influence s'est manifestée aussi dans l'économie (conjuguée avec le saint-simonisme). John Stuart Mill, économiste anglais, fut séduit par les idées de Comte, mais s'en détourna vers 1842).
Sociologie Auguste Comte est souvent considéré en France comme l'un des précurseurs de la sociologie. En fait, le terme de sociologie fut créé par Sieyès, et l'étude des phénomènes sociaux était antérieure à Comte (voir sociologie). Il n'en reste pas moins vrai que, dans l'évolution de la pensée occidentale des deux derniers siècles, le positivisme de Comte a influencé des sociologues comme Émile Durkheim, ou Herbert Spencer (utilitarisme anglais). Pour expliquer la psychologie de l'Homme, Auguste Comte crée une Triade basé sur les principes d'action de l'Homme :
la race (l'atavisme), le milieu social, le moment l'époque.
- * * Politique Surtout à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle :
*Les mouvements socialistes au XIXe siècle ont été marqués par le positivisme. Claude Allègre, dans son dictionnaire amoureux de la science, note que Jean Jaurès, sans doute marqué par son époque, aurait assisté aux banquets dits républicains de la "secte" positiviste ; le général André, à l'origine de la loi sur le service militaire de 1905, impliqué dans l'affaire des fiches, a côtoyé la société positiviste et présidé l'inauguration de la statue d'Auguste Comte place de la Sorbonne en 1902. Charles Maurras et plusieurs personnalités de l'Action française ont été influencés par le positivisme. Jacques Prévotat dans les catholiques et l'Action française indique que Charles Maurras a eu une "nuit d'extase" après la lecture de la Synthèse subjective d'Auguste Comte.
- Ernest Renan, Ernst Mach, parmi bien d'autres, ont repris une approche particulièrement voisine.
Conceptions erronées et origines possibles
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Conceptions: Origines possibles
- Les idées du positivisme puisent leur source dans certaines formulations de d'Alembert et Turgot, ainsi que par leurs amis et élèves Lagrange et Condorcet. On cherchait en effet dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle à expliquer le progrès de l'esprit humain (Condorcet) par le développement des "sciences positives" (mathématiques, physique, chimie,...). Le courant philosophique du positivisme commença à se structurer en France dans la première moitié du XIXe siècle. Ce terme fut propagé par Saint-Simon (Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon) et encore davantage popularisé en philosophie par Auguste Comte, qui travailla étroitement avec Saint-Simon, dont il fut le secrétaire de 1817 à 1824.
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Éléments graphique
Stratégie de changement conceptuel
- Aborder les courants de pensées qui lui sont opposés par exemple:
- ..................
- .................
Questions possibles
Bibliographie
Pour citer cette page: ([1])
ABROUGUI, M & al, 2020. Positivisme. In Didaquest [en ligne]. <http:www.didaquest.org/wiki/Positivisme>, consulté le 18, décembre, 2024
- http://www.histophilo.com/positivisme.php
- http://rogergaraudy.blogspot.com/2017/08/mecanisme-et-positivisme-en-philosophie.html
- https://philosciences.com/philosophie-et-science/methode-scientifique-paradigme-scientifique/115-positivisme-scientifique
- http://www.toupie.org/Dictionnaire/Positivisme.htm
- http://faculty.marianopolis.edu/c.belanger/civilisation/textes/glossaireo-z.htm
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