Différences entre versions de « Histoire des éclogites et de leur interprétation géodynamique »

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*En 1822, [[Haüy]] créa le nom " [[éclogite]] ", mais de [[Saussure]] avait déjà observé cette roche dans [[les Alpes]] quatre décennies auparavant. Cette " roche de choix " suscita l'intérêt de nombreux [[pétrographes]] européens, en particulier allemands et scandinaves. En France, elle fut particulièrement étudiée par [[Auguste Rivière]], [[Alfred Lacroix]] et [[Yvonne Brière]]. Son origine demeura cependant longtemps énigmatique, considérée tout à tour comme [[magmatique]] ou métamorphiq]]. L'[[hypothèse]] d'un [[métamorphisme]] de [[roches gabbroïques]] s'imposa lorsqu'on observa des transitions entre des [[gabbros]] non métamorphisés et certaines éclogites. En 1903, en comparant la [[densité]] des paragenèses éclogitiques et gabbroïques, [[Friedrich Becke]] montra que les éclogites sont l'équivalent de haute [[pression]] des gabbros. Vers 1920, Eskola introduisit l'importante notion de faciès métamorphique, qui comporte, entre autres, un faciès éclogite caractérisé par une formation à haute pression. Toutefois, quelques chercheurs nièrent la nécessité de hautes pressions pour former les éclogites. Dans les années 1960, de nouvelles considérations sur la pression d'eau favorisèrent l'idée selon laquelle les éclogites n'étaient qu'un équivalent anhydre des [[amphibolites]]. Finalement, le développement de la [[pétrologie expérimentale]] et l'application de la [[thermodynamique]] démontrèrent que les éclogites sont des [[roches métamorphiques]] de haute pression, formées à grande profondeur.
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*En 1822, [[Haüy]] créa le nom " [[éclogite]] ", mais [[de Saussure]] avait déjà observé cette roche dans [[les Alpes]] quatre décennies auparavant. Cette " roche de choix " suscita l'intérêt de nombreux [[pétrographes]] européens, en particulier allemands et scandinaves. En France, elle fut particulièrement étudiée par [[Auguste Rivière]], [[Alfred Lacroix]] et [[Yvonne Brière]]. Son origine demeura cependant longtemps énigmatique, considérée tout à tour comme [[magmatique]] ou métamorphiq]]. L'[[hypothèse]] d'un [[métamorphisme]] de [[roches gabbroïques]] s'imposa lorsqu'on observa des transitions entre des [[gabbros]] non métamorphisés et certaines éclogites. En 1903, en comparant la [[densité]] des [[paragenèses éclogitiques]] et gabbroïques, [[Friedrich Becke]] montra que les éclogites sont l'équivalent de haute [[pression]] des gabbros. Vers 1920, Eskola introduisit l'importante notion de faciès métamorphique, qui comporte, entre autres, un faciès éclogite caractérisé par une formation à haute pression. Toutefois, quelques chercheurs nièrent la nécessité de hautes pressions pour former les éclogites. Dans les années 1960, de nouvelles considérations sur la pression d'eau favorisèrent l'idée selon laquelle les éclogites n'étaient qu'un équivalent anhydre des [[amphibolites]]. Finalement, le développement de la [[pétrologie expérimentale]] et l'application de la [[thermodynamique]] démontrèrent que les éclogites sont des [[roches métamorphiques]] de haute pression, formées à grande profondeur.
  
 
Parallèlement, ces roches furent impliquées dans diverses [[hypothèses géodynamiques]]. Vers 1900, l'étude des [[kimberlites]] favorisa la croyance en une abondance d'éclogite à l'intérieur de la Terre. En 1912, [[Fermor]] prédit l'existence d'une couche éclogitique dense dans le manteau. Cette hypothèse fut envisagée jusque vers 1970, époque à laquelle l'alternative d'un [[manteau péridotitique]] s'imposa, après que les expériences sur la transition gabbro-éclogite aient démontré que celle-ci ne pouvait coïncider avec la [[discontinuité de Mohorovicic]]. Par ailleurs, les ceintures métamorphiques de haute pression, à éclogites et glaucophanites, caractéristiques des chaînes alpines, étaient considérées comme des reliques d'ophiolites, épanchées au fond de géosynclinaux, puis métamorphisées par la surcharge liée à l'empilement des nappes. Après l'acceptation de la tectonique des plaques, vers 1970, on admit que ces mêmes ceintures de haute pression étaient de la [[croûte océanique]], transformée en éclogite dans des [[zones de subduction]], puis intégrée aux chaînes de montagne. Curieusement, la formation d'éclogite dans des [[zones de " subsidence "]] (c'est-à-dire de [[subduction]]) avait été envisagée dès 1931 par Holmes, qui avait conçu une théorie de courants de convection dans le manteau. Au cours des années 1980, de nombreux auteurs tentèrent d'appliquer le modèle des ceintures alpines de haute pression aux éclogites incluses dans les terrains gneissiques des [[orogènes]] anciens, mais l'origine de ces dernières demeure encore confuse de nos jours. Lors des deux dernières décennies, certaines de ces [[roches]] furent au cœur du débat sur le métamorphisme d'ultra-haute pression. La découverte, en 1984, de [[coesite]] dans ces roches crustales a propulsé les pressions maximales du [[faciès]] éclogite à quelque 40 kbar, correspondant à des profondeurs de formation de plus de 100 km.
 
Parallèlement, ces roches furent impliquées dans diverses [[hypothèses géodynamiques]]. Vers 1900, l'étude des [[kimberlites]] favorisa la croyance en une abondance d'éclogite à l'intérieur de la Terre. En 1912, [[Fermor]] prédit l'existence d'une couche éclogitique dense dans le manteau. Cette hypothèse fut envisagée jusque vers 1970, époque à laquelle l'alternative d'un [[manteau péridotitique]] s'imposa, après que les expériences sur la transition gabbro-éclogite aient démontré que celle-ci ne pouvait coïncider avec la [[discontinuité de Mohorovicic]]. Par ailleurs, les ceintures métamorphiques de haute pression, à éclogites et glaucophanites, caractéristiques des chaînes alpines, étaient considérées comme des reliques d'ophiolites, épanchées au fond de géosynclinaux, puis métamorphisées par la surcharge liée à l'empilement des nappes. Après l'acceptation de la tectonique des plaques, vers 1970, on admit que ces mêmes ceintures de haute pression étaient de la [[croûte océanique]], transformée en éclogite dans des [[zones de subduction]], puis intégrée aux chaînes de montagne. Curieusement, la formation d'éclogite dans des [[zones de " subsidence "]] (c'est-à-dire de [[subduction]]) avait été envisagée dès 1931 par Holmes, qui avait conçu une théorie de courants de convection dans le manteau. Au cours des années 1980, de nombreux auteurs tentèrent d'appliquer le modèle des ceintures alpines de haute pression aux éclogites incluses dans les terrains gneissiques des [[orogènes]] anciens, mais l'origine de ces dernières demeure encore confuse de nos jours. Lors des deux dernières décennies, certaines de ces [[roches]] furent au cœur du débat sur le métamorphisme d'ultra-haute pression. La découverte, en 1984, de [[coesite]] dans ces roches crustales a propulsé les pressions maximales du [[faciès]] éclogite à quelque 40 kbar, correspondant à des profondeurs de formation de plus de 100 km.

Version du 18 mai 2020 à 18:49

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Résumé - Abstract


  • L'article décrit d'une manière explicite la formation d'une roche "l'éclogite" et l'histoire se sa découverte à travers la description de plusieurs chercheurs au fil du temps.
  • C'est un revue historique sur cette roche qui a été la cause de beaucoup de questions à propos de son origine qui s'est avéré métamorphique. La plus part des chercheurs se basent sur les observations pour fonder les théories et les hypothèses concernant l'éclogite.


Blue-circle-target.png Conclusion L'éclogite est une roche qui s'est avérée avoir une sorte de destinée dans l'histoire des sciences géologiques. Pendant deux siècles, son étude a soulevé de nombreuses questions, hypothèses, théories et controverses, qui dans l'ensemble se sont révélées exceptionnellement fructueuses. Comme nous l'avons vu, cette roche fut à l'origine d'importants concepts de la pétrologie endogène, et fut impliquée dans de nombreuses théories géodynamiques. Son histoire nous livre un bon exemple de la valeur et de l'intérêt de la méthode inductive, qui, en science, est fondée sur l'observation précise des faits.


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